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France Syrie : une longue et belle histoire commune


On approche à grands pas du 30ème anniversaire du 10 mai 1981 et de ses commémorations. Aussi aimerais-je y apporter ma modeste contribution. Et puisque la Syrie a fait les gros titres, pourquoi ne pas s’intéresser à la question « Mitterrand et la Syrie », ou plus précisément – car le sujet est vaste – la France et la Syrie de mai 1981 à mai 1982 ? Après tout, il n’y a pas de raison de ne pas le faire, alors, juste faisons le !

Eh bien tout d’abord, l’accueil fait à la victoire socialiste française par le parti Baas, officiellement tout aussi socialiste, au pouvoir au Damas est, comment dirai-je, un peu mitigé. Ainsi, le 4 septembre 1981, Louis Delamare, l’ambassadeur de France au Liban, est assassiné. Selon Olivier d’Ormesson, la Syrie aurait commandité le meurtre avec dans l’intention de punir le président français fraîchement élu pour ses efforts diplomatiques visant à résoudre pacifiquement la guerre civile au Liban.

Le subtil message du socialiste syrien au socialiste français a été reçu 5 sur 5. La preuve ? Cinq mois après le meurtre de Pierre Delamare les troupes d’Assad père écrasent dans un bain de sang terrible l’insurrection des Frères musulmans à Hama. La répression fait entre 10 000 et 20 000 morts mais François Mitterrand ne condamne pas le massacre. Cela dit, on intimide pas si facilement le vieux renard de l’Elysée : début mars 1982, les ruines de Hama encore fumantes, il se rend en visite officielle en Israël, pays qui quelques mois auparavant avait annexé le Golan, perdu par la Syrie en 1967 !

Mais Assad, non plus, ne se laisse pas abattre facilement. Ainsi, le 22 avril 1982 le prestataire de services en terrorisme Carlos organise pour le compte de Damas un attenant à la voiture piégée contre le siège du journal syrien d’opposition Al Watan Al Arabi, rue Marbeuf, à Paris. Un mort, 63 blessés.

Pour enfoncer le clou, Assad décide de célébrer avec fracas le premier anniversaire de la victoire socialiste. Le 24 mai 1982 – en Orient la ponctualité n’est pas une valeur fondamentale – une R12 bourrée de plus de 50 kilos d’explosifs explose dans la cour de l’ambassade de France à Beyrouth. Bilan : 11 personnes, dont 6 membres de l’ambassade, tuées, 27 blessées. Pas grand-chose à côté de Hama.

En fin de compte, tout cela n’a pas empêché un François Mitterrand de moins en moins rancunier et son ministre des affaires étrangères Roland Dumas (nommé en décembre 1982) d’entretenir des relations plus au moins cordiales avec le régime syrien et certains de ses personnages clés. Après tout, comme disait le Parrain, « It’s just business, nothing personal »

Les Iraniens ont observé et retenu la leçon. Quelques années plus tard ils appliqueront la même méthode contre la France avec le même succès.



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est historien et directeur de la publication de Causeur.

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