Procès des Femen de Notre-Dame: l’absolution


La violence faite aux femmes est une réalité trop sérieuse pour en rire et la Justice, consciente de cette gravité, n’hésite pas à frapper lourdement la brutalité masculine. Elle semble cependant confondre les genres. Le 12 février 2013, huit chastes Femen passent le porche de Notre-Dame de Paris. En cette année de jubilé des 850 ans de la cathédrale, la foule est nombreuse pour venir admirer les nouvelles cloches qui, avant d’être installées, sont exposées dans la nef. C’est là que ces pénitentes se dénudent pour crier, seins nus, « Pope no more » (Plus de pape) et « In gay we trust » (Nous croyons en l’homosexualité),  tout en faisant teinter la cloche de Saint Marcel, posée devant elles, avec un bout de bois. Cette intrusion de la langue de Shakespeare dans un temple où le latin a lui-même été proscrit ne fut pas du goût des surveillants qui les évacuèrent manu militari.

La dorure de la cloche ayant pris un sacré coup lors de ces incantations, ces dévotes furent poursuivies pour dégradation et finalement relaxées en première instance, mais les intégristes du Parquet firent appel. La nouvelle audience fut l’occasion d’entendre l’une des prévenues déclarer qu’elles n’ont fait « qu’exercer leur liberté d’expression », elles qui, selon leur avocate, ne sont que de pauvres brebis égarées « victimes de violences de la part de ceux qu’elles dérangent ». Car cette  controverse des temps modernes déplaça le sujet. Il ne fut plus question de la violation d’un lieu de culte, (une église ça ne compte pas, qui peut donc s’en préoccuper), ni de dégradation, (il fut rapidement établi qu’il n’y avait pas d’éléments suffisants pour leur imputer cette responsabilité), mais bien de la manière vigoureuse avec laquelle ces illuminées furent mises à la porte.

Quiconque a déjà vu des images de leurs extases publiques sait qu’elles n’y mettent pas fin sur une simple prière et qu’il faut souvent y mettre les mains. Et malheur à celui qui pourrait avoir celles-ci un peu lourdes. Les Femen sont des femmes. Le 29 octobre dernier, la Cour d’appel de Paris les a toutes absoutes mais a condamné deux surveillants à des peines d’amende de 1000 et 300 euros, avec sursis, l’une des vertueuses ayant eu une dent cassée. A eux la repentance, quant à la canonisation…



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Journaliste. Dernière publication "Vivre en ville" (Les éditions du Cerf, 2023)

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