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Enseignant à Tourcoing: un métier à rixe

Au lycée Sévigné, les professeurs ont exercé leur droit de retrait après un incident lié au voile d'une étudiante


Enseignant à Tourcoing: un métier à rixe
Lors des questions au gouvernement, la ministre Anne Genetet a affirmé que "menacer un professeur, c'est menacer la République", Assemblée nationale, 8 octobre 2024. Capture La Chaine Parlementaire / Youtube.

Dans la ville de Gérald Darmanin, les caméras de surveillance d’un lycée attestent qu’une enseignante a été vilipendée, puis molestée, parce qu’elle demandait à une élève musulmane de retirer son voile islamique. Les autres élèves ne se sont pas portés à son secours. La délinquante a été placée en garde à vue et a interdiction de mettre les pieds dans le lycée. Le député Darmanin monte au créneau pour dénoncer ces « faits extrêmement graves ». Mais bizarrement, il y a quelques jours, lancien ministre de l’Intérieur jouait la carte victimaire alors qu’il quittait la place Beauvau.


À Tourcoing, une jeune fille voilée a frappé son professeur dans l’enceinte du lycée Sévigné, car l’enseignante lui a demandé d’ôter son voile. L’histoire est révélatrice à bien des niveaux, et en rappelle beaucoup d’autres.

D’abord, cela fait partie de ces signaux récurrents qui montrent l’avancée de l’islamisation chez des jeunes Français. Cela témoigne surtout de leur détermination à imposer les marqueurs de l’islamisme et de la radicalité, là où ils n’ont rien à y faire, mais où leur capacité à l’imposer montre à la fois la force du religieux et la faiblesse de nos institutions.

Je parle de l’école.

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Cette jeune femme suivait une formation technique et médicale, dans le soin à la personne. Or, il y a déjà 10 ans, certaines IFSI, écoles d’infirmières et d’aides-soignantes étaient ciblées par les islamistes, car beaucoup de formations étant faites au sein des lycées, ils y voyaient l’opportunité d’imposer le voile dans ces établissements en jouant sur le fait que nombre de filles devenaient majeures durant la formation… Cela m’avait été signalé dès 2016, mais les professeurs qui ont voulu se battre contre le phénomène ont été sévèrement réprimandés par l’administration qui leur a fait comprendre que sous peine d’être considérés comme des suppôts fascistes, il fallait qu’ils se taisent et que parler à la presse aurait de lourdes conséquences.

Gérald Darmanin, un curieux équilibriste

Ensuite, cet épisode intervient peu de temps après la sortie récente de Gérald Darmanin, alors sur le départ de la place Beauvau, geignant que s’il avait mis en avant son deuxième prénom, Moussa, il n’aurait jamais été ministre de l’Intérieur. Pour régner à Tourcoing, mieux vaut ne pas miser sur la République, la ville est, comme Roubaix, aux mains des islamistes au point que l’on ne se sent plus en France dans certains quartiers. Curieusement, le fait que M. Darmanin l’ait dirigée et qu’il soit l’homme fort du secteur n’a rien changé à cette implantation radicale. Parce qu’il n’a rien fait contre ? C’est en tout cas ce que disent ses opposants. En attendant, la sortie médiatique de l’ancien ministre aux côtés de Bruno Retailleau ne devait rien au hasard. Elle était à la fois communautariste, victimaire et clientéliste. Il faut dire que Gérald « Moussa » Darmanin est double. Ministre de l’Intérieur, il revêt une robe de chambre d’autorité et se pare des insignes de la République. Mais pour garder son territoire de Tourcoing et sa baronnie locale, il n’hésite pas à donner des gages au communautarisme. Des gages identitaires et victimaires, en rejoignant la liste des pleureuses racialistes, donc. En expliquant que s’il avait mis en avant le prénom de Moussa, il n’aurait pu être ministre, Gérald Darmanin semble nous dire que la France est structurellement et hypocritement raciste, puisqu’elle systématiserait le refus d’accès aux responsabilités et qu’elle le ferait au nom de l’appartenance ethnico-religieuse de façon dissimulée pour mieux manipuler ceux qu’elle opprime. Gérald Darmanin a-t-il surjoué la posture républicaine lorsqu’il était au gouvernement, pour mettre moins d’un mois à relancer la carte communautariste et clientéliste en redevenant député de Tourcoing ? Les premiers à qui il semble donner des gages sont donc à aller chercher dans la communauté arabo-musulmane la plus radicalisée, car cette posture victimaire racialiste est évidemment la porte d’accès privilégiée de l’islamisme pour faire des ravages dans les banlieues. Cela ne peut que laisser envieux quant à la souplesse des adducteurs et la malléabilité de la conscience de M. Darmanin, mais démontre qu’il n’est sans doute pas l’homme dont la France a besoin pour résister à la pression du totalitarisme islamiste.

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On pouvait donc à bon droit sourire devant la prise de parole faussement indignée de l’ancien ministre de l’Intérieur. À lui comme aux autres politiciens qui pensent que l’on peut n’avoir aucune colonne vertébrale, car la politique c’est adapter son discours en fonction des intérêts du groupe constitué que l’on a en face, il serait temps de montrer la sortie. Ils sont plus qu’inutiles, ils sont destructeurs. Mais la question est moins celle des renoncements de Gérald Darmanin que la réaction du nouveau gouvernement.

Anne Genetet affiche une certaine fermeté, mais le gouvernement sera-t-il ferme ?

En effet, la fermeté ne se décrète pas, elle se montre. Et pas seulement dans les discours. Elle se base sur une doctrine, autrement dit un regard clair porté sur la montée de l’islamisme, sur la façon dont il s’en prend à la société, sur ses cibles privilégiées, et en face sur la manière dont les institutions peuvent le combattre. Le discours d’Anne Genetet, la ministre de l’Éducation nationale, suite à l’agression, a été assez juste, mais, à la fin, on aimerait quand même des annonces un peu plus consistantes que : « l’élève ne retournera pas dans l’établissement jusqu’à son conseil de discipline ». Si on veut être efficace dans la lutte contre une idéologie politique totalitaire, il faut que cette lutte soit claire, visible et assumée.

Dans un cas pareil, la jeune fille doit évidemment être exclue d’office pour fait de violence et traduite en justice pour atteinte à l’intégrité physique de son professeur. Mais elle devrait aussi être interdite de se présenter à un concours de la fonction publique, et perdre temporairement ses droits citoyens. Bien sûr, tout cela doit être inscrit à son casier judiciaire et ne doit pas en être effacé. En règle générale, on ne devrait pas effacer les faits de violences sur une personne dans un casier judiciaire. Et, bien sûr il faut que l’affaire lui coûte cher, à elle et à sa famille. Une amende très lourde doit être exigée. Et si la jeune fille avait été mineure, il aurait été utile que sa famille perde un certain nombre d’aides (logement social si c’est le cas, aides sociales diverses). En effet, la solidarité nationale suppose que nous partagions un monde commun, que nous soyons unis à travers des principes structurants, comme l’égalité ou les libertés publiques. Ce n’est pas le fait que nous vivions sur le même territoire qui nous unit, mais le fait que nous ayons choisi de partager un destin parce que nous avons su nous doter d’un commun. Celui qui revendique violemment son appartenance à une idéologie qui fait de notre modèle culturel, politique et social, sa cible, n’a rien à faire parmi nous et ne devrait pas bénéficier de la solidarité citoyenne des hommes libres. Celui qui refuse le contrat social qui nous lie n’a pas à en bénéficier.

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Au vu de l’expérience des gouvernements Macron précédents, nous allons attendre pour voir si la promesse de fermeté affichée donne des résultats. Nous avons été habitués depuis trop longtemps à de la communication stérile pour pouvoir encore nous enthousiasmer, et si la réaction de la ministre de l’Éducation est forte, elle n’a en réalité rien de particulièrement disruptif. Nous verrons donc ce qui va concrètement arriver à la jeune islamiste, avant de louer ou de critiquer qui que ce soit. C’est dire à quel point de circonspection nous en sommes face à nos représentants politiques…

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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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