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Contrôle technique: mon parcours du combattant

Informé d'une "défaillance majeure" de son moteur, Marc Nacht pète une durite


Contrôle technique: mon parcours du combattant
Louis de Funès et Bourvil dans "Le Corniaud".

Assailli par les normes, l’automobiliste se soumet au contrôle technique, aux limitations de vitesse et aux exhortations de son garagiste. Récit épique.


 

Par une journée chère à Agnès Buzyn pour inciter à la prudence par temps de canicule, je conduis ma voiture au contrôle technique, obligatoire tous les deux ans. Il est vrai qu’elle n’est pas toute jeune, ma voiture, mais elle avait été entièrement révisée il y a six mois et tout allait bien.

Mon pot est encrassé

Avec ma charrette, j’étrenne le tout nouveau dispositif ultra-perfectionné de ce contrôle dans mon bled de province. Au bout d’une petite heure à suer par 33°C, je suis informé d’une « défaillance majeure ». Je cite : « l’opacité dépasse les limites réglementaires, en l‘absence de valeur de réception ou les mesures sont instables ». Et tant pis si par 33°C la machine se montre hésitante !

On m’accorde un délai maximal de deux mois pour passer une contre-visite (onéreuse) dans l’espoir de purger mon pot d’échappement de cette diabolique « opacité ».

Et l’employé dévoué à la cause de la salubrité de l’air — dans un coin dominé par le vrombissement des tracteurs et des moissonneuses-batteuses — de m’expliquer sans rire que mon pot est encrassé parce que je ne roule pas assez vite et que le moteur diesel tourne à trop bas régime. Il faudrait donc que je pousse les vitesses (un bon 4000 tr/mn). Cela va de soi sur les routes de la région avec limitation de vitesse à 80 km/h !

Roulons à 180!

D’un rire sardonique, dame Évidence me souffle la solution : rouler à 180, le retrait de mon permis de conduire rendra caduque le contrôle et ses exigences. Et, bénéfice secondaire mais non négligeable par cette température estivale, on me trouvera une place à l’ombre.

Par acquit de conscience, je consulte mon garagiste. La mesure préconisée par le contrôleur ne sert à rien, me dit-il. Il faut décrasser le moteur : coût 220€. Voilà qui est clair pour venir à bout de cette opacité perverse et de mes économies.

Las de se trouver saigné à blanc par les radars piégeux lorsqu’ils dépassent de quelques kilomètres la limitation de vitesse. Ce qui est fréquent pour être à l’heure à son travail. Las de payer contrôle sur contrôle, de plus en plus contraignants, pour leur fidèle bagnole, certains, de plus en plus nombreux, deviennent des zadistes de la route. Ils roulent sans permis et sans assurance, quitte à devenir des dangers publics.

Peu importe : on ne va pas cesser de tirer les pis de la vache à lait qu’est le conducteur respectueux de la loi pour quelques énergumènes poussés à la délinquance.



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Marc Nacht est psychanalyste et écrivain

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