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Commissariat attaqué à La Courneuve: tout va bien, Mme la marquise!

Neuf suspects interpellés suite à l'émeute. La République agit-elle assez sévèrement contre les séditieux qui visent la police?


Commissariat attaqué à La Courneuve: tout va bien, Mme la marquise!
Le commissariat de police de la Courneuve (93), au lendemain de l'attaque par 50 délinquants, 18 mars 2024 © Clotilde GOURLET / AFP

Quatre jours après la mort de Wanys, un jeune de La Courneuve (93), après son refus d’obtempérer à Aubervilliers, l’attaque du commissariat de la ville dans la nuit de dimanche à lundi est venue nous rappeler l’état alarmant de quartiers entiers minés par le communautarisme. Déplacé sur place, le préfet de Police Laurent Nunez a affirmé que « nous allons sécuriser le commissariat et la ville dans les heures et les jours qui viennent ». Autrefois, ce sont les commissariats qui servaient à sécuriser les quartiers; dans la France d’Emmanuel Macron, ce sont les commissariats qu’il faut sécuriser! On est en réalité au-delà du séparatisme – les évènements de La Courneuve sont de véritables signes de sécession, observe notre chroniqueuse.


Les attaques de commissariats deviennent monnaie courante en France. Celle de la Courneuve en est l’illustration. Or nul ne met en avant le caractère symbolique désastreux de telles attaques, qui disent pourtant clairement la fin du consentement au contrat social et la volonté de détruire les institutions qui le protègent. Pourtant ces attaques sont des signes de sécession et de pré-guerre civile.

Nul non plus ne réfléchit à ce que cela signifie en termes d’échec politique. Non seulement le gouvernement ne contrôle plus l’entièreté de son territoire : certains quartiers sont aujourd’hui aux mains des caïds au point que même les policiers sont devenus des cibles et les commissariats, des objectifs ; mais il a même abandonné cet objectif de base. En tout cas il ne se donne pas les moyens de le remplir. Car si les attaques de commissariats se multiplient, il n’y a que peu ou pas d’informations sur les sanctions reçues par les voyous. Or seuls la lourdeur des sanctions et le fait de les assumer politiquement et de les revendiquer peuvent changer la donne. Parce que si l’Etat n’est même plus en mesure de protéger ses policiers, que signifie l’existence d’un Etat de droit et surtout quel est son avenir ? Si les commissariats deviennent les abcès de fixation des voyous des cités, cela augure mal de l’aptitude du pouvoir à protéger ses citoyens. Or sans sécurité, nul ne peut accomplir ses devoirs et exercer ses droits. Sans sécurité, pas de citoyenneté. Emmanuel Macron se dit prêt à faire la guerre à la Russie au nom de nos principes démocratiques, qu’il ramène déjà l’ordre à La Courneuve, au nom de ces mêmes principes.

Une attaque de commissariat en mode commando

Mais revenons justement sur ce qui s’est passé à La Courneuve. L’attaque du commissariat a eu lieu dans la nuit du dimanche 17 mars. Une cinquantaine d’individus ont lancé des tirs de mortiers d’artifice et de projectiles divers. Cagoulées et habillées en noir, ces personnes ont attaqué en commando, parfaitement à l’aise dans leurs baskets : elles savent en effet qu’elles ne risquent pas grand-chose. Voire même que cette attaque va renforcer leur réputation au sein du quartier et le « respect » qu’on leur témoigne.

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La raison de cette attaque ? La mort d’un jeune homme de 18 ans, percuté à scooter par une voiture de police, suite à une fuite lors d’un refus d’obtempérer. Il faut être clair : rien dans cette histoire ne justifie que le commissariat soit attaqué. Sauf à penser que les policiers ont fait exprès de percuter le jeune homme, ce que les premières informations ne montrent pas. On est plutôt ici dans le cadre d’un accident lié à la volonté de fuir du conducteur du scooter.

Violences claniques et refus du contrat social

Que le drame déclenche une forte émotion, on peut le comprendre. Même responsable de l’accident, mourir à 18 ans est toujours malheureux. Que le jeune homme se soit tué en percutant une voiture de police peut expliquer la colère de la famille envers les forces de l’ordre. Mais en quoi cela justifie-t-il ces violences claniques et l’attaque de l’institution ? En quoi cela autorise-t-il la tentative de tuer des policiers et de s’emparer d’un commissariat ? Il n’y a aucune logique à ces comportements, sauf à penser et dire qu’il ne s’agit pas d’un accident mais que la police est la milice d’un pouvoir qui ciblerait les jeunes arabo-musulmans des quartiers, n’hésitant pas à les tuer. Or c’est exactement avec cette lecture orientée et systématique que les militants islamistes et gauchistes radicalisent leurs cibles et les mobilisent contre les institutions de la République.

Le séparatisme alimente la haine communautariste comme celle des institutions. Elles ne sont plus vues comme un bien commun mais comme les rivales honnies d’une culture d’origine et d’une appartenance religieuse, à qui il faut en permanence donner des gages de non-intégration. D’où le fait que dans les quartiers, « Français » soit devenu une insulte.

Le policier attaqué en tant que représentant d’une loi honnie

Ainsi, ce qui s’est passé est la énième illustration du refus d’assimilation d’une partie de la jeunesse, pourtant souvent née en France, mais marquée par le déni de la loi et le refus de s’y soumettre au nom du respect des origines. Or les premiers qui ont à faire respecter la loi sont les policiers. C’est parce qu’ils sont responsables de l’ordre public qu’ils sont seuls à pouvoir exercer une violence légitime. Le policier peut se servir de la violence pour arrêter et mettre fin aux agissements d’un individu, car il le fait dans un cadre précis et au nom de la Loi. C’est exactement ce que ne comprennent pas les caïds pour qui ne compte que le rapport de force. Trop frustres pour s’élever au niveau conceptuel qu’implique le rapport à la loi, ils en restent à la logique tribale où celui qui se soumet est un faible et où celui qui exerce la violence et les abus, un exemple de virilité. Dans ce cadre, il fallait venger un des leurs, victime d’une bande rivale, celle de la police.

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Cette logique tribale est régressive et les sociétés fondées sur elle sont des sociétés violentes, peu créatives, inégalitaires et répulsives. Le pire est que contrairement à ce qui est mis en avant, il n’y a pas tant de solidarité dans le clan, pas plus dans les quartiers d’ailleurs. Le système qui se met en place est plutôt un régime de hiérarchie et de mise sous coupe : les services rendus valent forme de possession et impliquent souvent beaucoup de renvois d’ascenseur. Le chantage à l’appartenance est permanent, il faut toujours donner des gages, montrer que « l’on n’oublie pas d’où on vient », traduire « ce que tu devras toute ta vie aux caïds du quartier ». Peu d’égalité, peu de liberté et beaucoup de contrôle social, voilà la soi-disant solidarité des quartiers. Or le contrôle social n’est pas de la solidarité, c’est un maillage culturel et religieux qui valorise et rétribue l’appartenance d’origine et l’identité de quartier, parce que celle-ci est destinée à nourrir la sécession avec la France et le refus de la loi. Elle isole et met une partie de la population entre les mains de leaders qui unissent parfois logique mafieuse, emprise religieuse et chantage identitaire.

Des logiques de sécession alimentées par l’extrême-gauche comme par la gauche de gouvernement

Ces logiques ont été exacerbées et malheureusement légitimées par la gauche autant que par les extrêmes islamo-gauchistes. Le discours sur le racisme de l’État a, par exemple, longtemps fait les beaux jours des réunions de quartiers du PS et des écologistes. Je me souviens notamment de la campagne des Législatives de 2012 où, à Cergy (95), le candidat de gauche expliquait à des jeunes avachis sur leurs chaises, en jogging et qui n’avaient l’idée ni d’enlever leur capuche ni d’ôter leur casquette, que s’ils ne trouvaient pas de boulot, c’est parce que la société était raciste. Je me souviens aussi de cette mère qui était venu me voir, j’étais alors suppléante, pour me dire « déjà on n’arrive pas à les lever le matin, ils fument toute la journée, c’est pas avec un discours comme tient M. le Maire qu’on va les sortir de là ». Elle avait plus de bon sens que le futur député.

Cette délégitimation de l’État, nourrie par des partis de gouvernement qui furent aux affaires est aujourd’hui diffusée par l’ensemble de la gauche, de façon très violente dans la communication de LFI et encore centrale dans celle du PS ou d’EELV. Cela explique que les représentations de base du jeune de banlieue, notamment arabo-musulman, unissent victimisation permanente, hystérisation des origines, rejet du pays dont il a la nationalité, justification de la violence et refus de la loi. Cette posture et ce discours sont souvent les seules représentations politiques qui lui ont été transmises. Hélas ce cocktail prédispose à l’échec personnel pour mieux le transformer en marqueur d’injustice collective. Ce qui justifie in fine la violence contre l’Etat, la haine du Blanc et des institutions, la dénonciation des violences policières.

Un avocat spécialisé dans la mise en accusation de la police

Bien sûr on pourrait éviter de s’enferrer dans cette impasse avec un peu de courage politique et institutionnel. Mais à chaque fois qu’un jeune issu de la « diversité » est en cause, des avocats activistes essaient d’en faire des symboles afin de mettre en accusation un pays qu’ils paraissent détester. Première victime de cette volonté de politisation : la quête de vérité.

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Il faut dire que l’avocat de la famille du jeune homme, Yassine Bouzrou, n’a pas été choisi par hasard. Si on se moque de gagner son procès mais que l’on veut politiser une affaire pour créer le désordre, il est l’homme de la situation. Activiste politique avant tout, l’homme sème le chaos pour entraîner la confusion, crée des affaires dans l’affaire, hystérise les débats, radicalise les positions. Son but : créer une autre affaire Traoré. Mais s’il y arrive, c’est avant tout parce que la Justice est complaisante et les institutions pas à la hauteur. L’affaire Traoré n’aurait jamais dû prendre ces proportions et dans le cas de l’attaque du commissariat, l’affaire mise en avant n’a, semble-t-il, pas plus de substance ; mais à la limite, peu importe. Il est temps d’arrêter de se cacher derrière son petit doigt et de prendre les attaques de commissariat pour ce qu’elles sont : des ébauches de guerre civile. A ce titre, ceux qui s’y livrent doivent être durement sanctionnés. Si le gouvernement se donnait comme objectifs de rendre ces attaques impossibles en créant un protocole d’intervention en mode commando, hyper-réactif, susceptible de capturer un maximum de jeunes sur le fait et de les traduire en jugement, en procédure accéléré, avec des peines plancher élevées, on pourrait parler de début de reconquête de territoire. Tout le reste n’est que du blabla.


Selon CNews, certains des voyous interpellés sont connus de la police, notamment pour des violences urbaines lors des émeutes ayant suivi la mort de Nahel



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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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