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Causeur: L’ombre du Z

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Causeur: L’ombre du Z
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« Allongeant son ombre immense
Sur le monde et sur Paris,
Quel est ce spectre aux yeux gris
Qui surgit dans le silence ? »[1]

Non, ce n’est pas Fantômas, c’est Éric Zemmour, le crypto-candidat dont l’ombre plane sur le début de la campagne présidentielle, selon une image largement répandue dans les médias. Au-delà des clichés, Causeur a voulu mieux comprendre les tenants et aboutissants du phénomène Zemmour qui suscite toute une gamme de réactions allant de simples jugements négatifs ou positifs à des fantasmes adulatoires ou haineux. Dans un grand entretien avec l’homme lui-même, Élisabeth Lévy et Gil Mihaely l’interrogent sur le choix du pilier central de son discours : le refus de l’immigration de masse et de l’islamisation qui en découle. Selon lui, l’arrêt des flux migratoires est une première étape nécessaire pour refranciser la France. Et il y a urgence : nous sommes déjà en guerre civile. S’estimant soutenu par une majorité de Français, « peuple éminemment politique », il table sur l’union des classes populaires et de la bourgeoisie pour rallier les patriotes à sa cause. Analysant les critiques dont il est l’objet, Élisabeth Lévy soutient que les détracteurs d’Éric Zemmour refusent de voir que son succès s’explique par l’angoisse existentielle des Français quant à leur avenir comme peuple. Le presque candidat y répond à sa façon et avec ses mots, d’une manière souvent brutale qui en choque plus d’un. Mais que l’on adhère ou pas à son discours, la violence de la haine qu’il suscite choque encore plus. Ali Tahir demande s’il peut y avoir un vote musulman en faveur d’Éric Zemmour. C’est concevable. Beaucoup de Français musulmans se retrouvent dans ses propos : sécurité, immigration, valeurs familiales… Certains seraient même prêts à voter pour lui, mais ses attaques contre l’islam pourraient les décourager. Gil Mihaely explique que les attaques de Bernard-Henri Lévy contre Éric Zemmour révèlent deux visions radicalement opposées. Pour BHL (juif de France), les positions de Zemmour en font un traître à l’identité juive. Pour le presque candidat (Français juif), BHL est un traître à la nation. De quoi gêner la « communauté ». Dans quelle mesure Zemmour a-t-il raison de défendre partiellement le régime de Vichy ? Stéphane Amar a interrogé Alain Michel, historien de la Shoah et rabbin du mouvement Conservative, qui a publié en 2012 Vichy et la Shoah : enquête sur le paradoxe français (Éditions CLD). Cette étude ébranle toutes nos certitudes sur l’attitude du régime envers les Juifs, nourrissant la réflexion de Zemmour sur Vichy et les polémiques qui s’en sont suivies. Le Mois de Marsault offre une vision saisissante de la manière dont le pas-encore-candidat s’est introduit dans la campagne présidentielle.

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Côté actu, Élisabeth Lévy réagit aux propos d’Emmanuelle Wargon, qui affirme que « le modèle d’urbanisation pavillonnaire constitue aujourd’hui un non-sens écologique, économique et social. Il mène à une impasse. » La ministre déléguée chargée du Logement n’a tout simplement pas compris que pour la France périphérique, « le rêve pavillonnaire est le moyen de dire merde à une collectivité qui l’a laissée tomber. » L’historien et philosophe Marcel Gauchet, qui vient de publier Macron, les leçons d’un échec (Stock), se confiant à Élisabeth Lévy et moi, nous livre son bilan de la présidence du locataire actuel de l’Élysée. En proposant des solutions à tous les problèmes sans en chercher leur cause, Emmanuel Macron s’est agité dans le vide pendant cinq ans. Son arrogance de surdiplômé a alimenté la haine des élites. Mais en dehors de la communication présidentielle, le macronisme n’a rien produit. Comment échapper à la tutelle de la Cour européenne des droits de l’homme, véritable « gouvernement des juges » européen. Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public, explique que, les traités rendant quasi impossible une sortie de cette institution, la France pourrait se contenter d’ignorer ses condamnations, quitte à encourir des sanctions. L’Algérie mène-t-elle une stratégie gagnante sur la scène internationale ? Non ! répond Jean-Baptiste Noé. Isolé diplomatiquement, en proie à une faillite économique et politique, ce pays est de plus en plus agressif à l’égard de ses voisins marocains et français. Qu’en est-il de la stratégie internationale de la France ? Selon Harold Hyman, l’humiliation de la France dans l’affaire des sous-marins australiens n’est pas due à une question de diesel français ou de nucléaire américain. M. Macron a fait les frais des tensions entre la Chine et l’Australie. Sa diplomatie du « en même temps » ne peut fonctionner dans une région du monde que se disputent Washington et Pékin.

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Sous notre rubrique « Culture et humeurs », Bérénice Levet salue la publication du nouveau livre d’Alain Finkielkraut. Dans L’après littérature, ce dernier déplore la disparition d’une époque littéraire qui ne dictait pas aux romanciers leur façon de dépeindre « la réalité du réel » et ne les terrorisait pas à coup de doctrines néoféministe, antiraciste et wokiste. Or, la société française et la culture européenne ont justement été bâties par des écrivains capables de dépeindre l’ambiguïté, la complexité et la singularité des choses humaines. Yannis Ezziadi a interrogé Alain Montcouquiol, qui, s’il se rêvait torero, est devenu l’un des plus grands écrivains de cet univers fait d’éclat et de tragique. Un livre de Frédéric Pajak est toujours une plongée dans un monde parallèle et vertigineux. Selon Jonathan Siksou, son dernier titre, J’irai dans les sentiers, n’échappe pas à la règle. Si le roman d’Ayn Rand (1905-1982), La Grève, a été vendu à 10 millions d’exemplaires en anglais, c’est en vain que, traduit en français, il a été proposé par un philanthrope américain à plusieurs grandes maisons qui l’ont toutes refusé avant que le livre ne trouve enfin un éditeur. Erwan Seznec mène l’enquête sur les raisons de cette étrange frilosité. Steven Sampson interroge Lionel Shriver, romancière américaine expatriée au Royaume-Uni, qui défend le mâle blanc dans son dernier roman, où un sexagénaire se laisse séduire par l’omniprésente culture du sport. Enfin, Emmanuel Tresmontant nous fait visiter l’atelier d’Ivan Lulli, le dernier ébéniste-sculpteur du centre de Paris. Si les politiciens pratiquent la langue de bois, nous préférons que le bois soit entre les mains d’un vrai artiste.

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[1] Robert Desnos, « La complainte de Fantômas »



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est directeur adjoint de la rédaction de Causeur.

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