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Comme un trop-plein de vide


Comme un trop-plein de vide

Suivre les débats internes qui font rage au PS est un passe-temps comme un autre. A coup sûr on s’amuse bien, même si on n’y comprend rien – et moins encore à la fin qu’au début…

Les règles de ce jeu nous restent totalement hermétiques (un peu comme, disons, la différence entre feue la Constitution européenne et son « Mini-moi » de Lisbonne).
Sans parler du but du jeu : prendre d’assaut une forteresse vide ? Ou bien ?

En vérité, à la question « Où en est le PS ? », la réponse qui s’impose nous vient tout droit de Michel Audiard dans Les Tontons flingueurs : « éparpillé aux quatre coins de l’Hexagone, façon puzzle ».

Pour comprendre ce Dallas socialiste qui va encore durer deux mois quand même (dans la meilleure hypothèse), mieux vaut poser les vraies questions : où en sont nos Ewing du PS ? Qui est JR ? Et Bobby ? Sue Helen est-elle vraiment alcoolique ? Et qui trompe qui avec qui ? Présenté comme ça, tout de suite ça devient plus intéressant, non ?

Les « motions » actuellement en gestation sont autant d’OPA exclusivement destinées à séduire le plus grand nombre d’actionnaires possible – et notamment les gros porteurs. Le but, c’est de s’imposer, tout simplement – au prix de tous les bluffs et de toutes les trahisons (intellectuelles, personnelles, cartes de crédit acceptées). Retraduite en termes politiciens, cette logique ultralibérale est la seule qui réunisse nos prétendants socialistes : « Vive le rassemblement, pourvu qu’il se fasse autour de moi. »

C’est une loi naturelle : l’affaissement des idées fait gonfler les ego. La droite a connu ça bien avant la gauche : depuis 60 ans au moins, voire 200 pour les plus pessimistes. Ayant tourné le dos, par inconscience ou par lâcheté, aux idéaux authentiquement providentiels dont elle fut la « servante inutile », la droite fourbue et gâteuse n’en finit plus de se raccrocher à de prétendus « hommes providentiels » (c’est-à-dire, en bon allemand, au Fürherprinzip).

J’ai bien peur que notre bonne vieille gauche « Mamie Nova » n’en soit désormais rendue là, elle aussi… Comme si l’idée d’un progrès irréversible de l’homme et de sa condition en avait pris un sacré coup dans l’aile au XXe siècle (20e peut-être, mais à coup sûr n°1 au hit-parade des siècles les plus massacreurs ; et ce n’est pas seulement une question de technologie, ne m’interromps pas !)
Bref, vous avez remarqué ? Plus les idéaux sont morts et enterrés , plus ils trouvent de porte-parole. Un ou deux illuminés au début ; une foule de Rastignac vers la fin.

« Après moi, disait De Gaulle, ce ne sera pas le vide, mais le trop-plein. » Et Dieu sait qu’on en a vu défiler, depuis trente ans, de ces glands qui tentaient d’enfiler le costume du Chêne. Rien à faire : ça flotte !

Mais voici qu’entre-temps, le petit monde de Don Demago, de droite comme de gauche, consciemment ou non, a glissé du modèle gaullien au mitterrandien. Et le mieux, c’est que le mitterrandisme qui tue tout ce qu’il n’avale pas, c’est Sarko qui l’incarne ! Au PS, on est prêt à s’entretuer jusqu’au dernier pour rien – ou au mieux pour empêcher les autres de survivre…

Bref, tout fout le camp ! Nos amis socialistes ne sont même plus dignes de lacer les mocassins de Mitterrand. A force de papillonner entre Bayrou et Besancenot, ces oiseaux-là ne savent même plus où se poser ; alors, comment pourraient-ils s’opposer ?
Entre eux, tout simplement.



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