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Biden, c’est bien le nom d’un président américain, n’est-ce pas?

Joe Biden confond Macron et Mitterrand, mais de son côté Donald Trump peut affirmer que Orban est “le dirigeant de la Turquie”


Biden, c’est bien le nom d’un président américain, n’est-ce pas?
Robert Bauer, CBS, 11 février. DR.

Interrogations autour du déclin cognitif de Joe Biden. Il conserve une bonne mémoire, selon son avocat, mais pas question de publier les transcriptions censées le démontrer ! Dimanche dernier, l’avocat du président américain, maitre Robert Bauer a écarté sur CBS la question de la publication des transcriptions de l’audition de Biden par Robert Hur, alors qu’il prétend qu’elles prouvent que les propos de ce dernier sur l’état cognitif du président américain sont sans fondement.


Les défaillances mentales de Joe Biden font les gros titres des journaux outre-Atlantique, ces derniers jours, après la publication des mentions peu flatteuses du rapport du procureur spécial Robert Hur quant à sa mémoire.
Nombre de médias assurent que les capacités du président commencent à décliner, mais la question n’est pas nouvelle. Si depuis quelques mois certains articles de presse affirment que Biden est victime d’usure, ses capacités cognitives faisaient déjà l’objet de critiques en 2016. Diverses vidéos le montrent dans des situations inquiétantes, obéissant même sans broncher à un « lapin géant » (!) (notre vidéo ci-dessous).
Le 11 février, l’avocat de Biden était l’invité de Margaret Brennan, journaliste animant Face the Nation sur CBS, une émission penchant légèrement vers le centre gauche. Robert Bauer, par ailleurs époux de la conseillère principale de Biden, Anita Dunn, s’est escrimé à tenter de discréditer le rapport de Hur, un républicain nommé par le procureur général des États-Unis, autrement dit le ministre fédéral de la Justice, censé être relativement indépendant du président depuis le scandale du Watergate.
Dans sa note interne confidentielle, le procureur spécial Hur recommande de ne pas poursuivre Biden concernant les documents classifiés que ce dernier avait conservés après son départ de la vice-présidence en janvier 2017. Mais il motive son propos en mettant en cause la santé mentale du président, l’illustrant par le fait que Biden ne se souvient plus de la date de la mort de son fils aîné, Beau, ou de celles de son mandat de veep. L’état cognitif de Biden serait tel qu’un tribunal pourrait difficilement obtenir de lui des réponses : « Nous avons également considéré qu’au procès, M. Biden se présenterait probablement à un jury, comme il l’a fait lors de notre interview de lui, comme un vieil homme sympathique, bien intentionné. Il ressort de nos interactions directes avec lui et de nos observations que c’est quelqu’un au sujet de qui de nombreux jurés voudront considérer qu’il y a un doute raisonnable. Il serait difficile de convaincre un jury de le condamner […] pour un crime grave requérant un état mental permettant d’agir volontairement. »

Bob Baueur, l’avocat de Joe Biden, s’est voulu rassurant sur CBS, 11 février. Capture CBS.

Question embarrassante sur CBS

Lorsque Bauer a déployé ses effets de manche, son indignation et déclaré que les allusions du rapport à la mémoire de Biden étaient inexactes, Mme Brennan a souligné qu’il avait assisté à l’interrogatoire de plus de deux jours et lui a demandé si le président avait rencontré des difficultés à se rappeler des détails. Usant de la langue de bois, son avocat a répondu que Biden avait répondu directement aux questions et « livré ses meilleurs souvenirs » dont il pense qu’ils sont utiles à l’enquête. Mme Brennan a poursuivi en lui demandant s’il était favorable à la publication des transcriptions à partir desquels a été rédigé le rapport, mais le conseil juridique du président a répondu que c’était au gouvernement de décider, le document étant classifié. La journaliste n’a pas lâché le morceau et a voulu savoir s’il recommanderait qu’elles soient rendues publiques si elles corroboraient ses propres souvenirs, à quoi l’avocat et époux de la conseillère principale du président a répondu qu’il n’était pas un spécialiste du processus en cours. Sans doute aucun, il n’avait pas été briefé en amont de l’émission !

Hur, un républicain, est accusé de partialité, mais c’est le ministre Merrick Garland qui a publié la note confidentielle que lui a remis le procureur spécial. Il ne pouvait cependant l’enfouir après s’être engagé l’an dernier à publier tous les rapports autant que possible. Le procureur spécial a-t-il orienté ses notes en sachant que la confidentialité mentionnée ne servirait qu’à le dédouaner politiquement ? Les démocrates disent que oui, les républicains soutiennent son approche sur le plan juridique. Toujours est-il que si Garland est fortement critiqué pour ne pas avoir caviardé les remarques ravageuses du rapport, les faits mentionnés ne constituent pas une surprise totale, même si la plupart des médias omettaient de parler du comportement du président.

Des dénégations ne pouvant cacher les faits

Biden et son entourage ont affiché une indignation bien ostensible, le président s’exclamant même : « Comment diable ose-t-il ? » concernant son supposé oubli quant à la disparition de son fils. Peu après, il a confondu ses homologues égyptien et mexicain. Si la question de son état mental fait assez souvent l’objet de gros titres depuis quelques jours, on pouvait cependant déjà constater d’inquiétantes confusions depuis qu’il était revenu sous le feu des projecteurs en vue de l’élection de 2020. Notamment en ce qui concerne son fils décédé. Quelques jours avant la présidentielle, il avait d’abord présenté sa petite-fille comme étant son fils lors d’une visite à Philadelphie. En novembre 2022, il a affirmé que son fils avait perdu la vie en Irak alors qu’il est décédé aux États-Unis.
La compassion que l’on peut ressentir pour un père qui a perdu son enfant ne suffit pas à effacer les doutes. Et les doutes sont lourds tant le président américain multiplie les incohérences, les comportements étranges et erratiques que ses défenseurs expliquent par ses difficultés d’élocution. Sans doute ces difficultés expliquent-t-elles qu’il ait mordillé un doigt de son épouse alors qu’elle discourait durant la campagne de 2020, qu’il ait tenté de serrer la main manquante d’un soldat amputé, qu’il serre des mains imaginaires. Etc.
Si les multiples chutes de Biden ont été largement relayées par les médias, que ce soit à vélo, sur une estrade ou en embarquant dans Air Force One, des attitudes plus troublantes ont été tout autant ignorées. C’est notamment le cas d’un épisode autour de Pâques, il y a deux ans, où une personne déguisée en lapin a détourné le président des journalistes auxquels il répondait concernant la politique étrangère. Biden s’est plié aux consignes du lagomorphe démocrate !

Le New York Post a souligné que la personne ainsi accoutrée était probablement Meghan Hays, la responsable des relations avec la presse de la Maison-Blanche. On la voit en photo dans ce costume le même jour. Rien qui n’aide à mettre sous le boisseau la question qu’agitent depuis le début de sa présidence de nombreux républicains, celle concernant le réel pouvoir du président. Biden ne semble pas toujours savoir où il va, comme lorsqu’il a fallu qu’un agent du Secret Service lui indique qu’il devait marcher dans l’allée alors qu’il s’égarait quasiment sur la pelouse de la Maison-Blanche après avoir quitté Marine one, l’hélicoptère présidentiel. Mais ses propos et attitudes ne semblent pas inquiéter ses conseillers et l’ensemble de son gouvernement qui ont une direction.
Le médecin de la présidence, le Dr Kevin O’Connor, a déclaré l’an dernier que Biden « demeure apte au travail et s’acquitte pleinement de toutes ses responsabilités sans exception ni accommodement ». L’éventualité de son retrait de la course à la présidentielle a été balayée d’un revers de main et le président triomphe dans les urnes des primaires démocrates.




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