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Quand les députés LFI refusent de se lever pour les policiers morts en mission

Ma vie à l'assemblée, la chronique d'Emmanuelle Ménard


Quand les députés LFI refusent de se lever pour les policiers morts en mission
Les députés Mathilde Panot, Éric Coquerel et Sandrine Rousseau participent à la marche interdite en mémoire d’Adama Traoré, 8 juillet 2023. © Chang Martin/SIPA

L’Assemblée nationale, ça se passe dans l’hémicycle et en commission, mais aussi sur le terrain, « en circonscription ». Et la période estivale marie plutôt bien ces deux aspects de la fonction parlementaire. Petit aperçu…


Renouveau démocratique

Lors de la séance de questions au gouvernement du 4 juillet dernier, la plupart des interpellations concernent bien évidemment les émeutes et les violences qui viennent d’avoir lieu un peu partout en France. Alors que la vice-présidente Horizons de l’Assemblée nationale interroge Élisabeth Borne sur la responsabilité d’une partie de la gauche concernant le « sentiment d’exclusion qui nourrit les émeutes », la réponse revient à l’inénarrable Olivier Véran, porte-parole du gouvernement et ministre du… « Renouveau démocratique ». Cette dénomination m’avait échappé… Comme je ne sais pas exactement de quoi il retourne, j’ai consulté son décret de nomination pour apprendre que ledit ministre « prépare, anime et coordonne le travail gouvernemental relatif au renouveau démocratique et au développement de la participation citoyenne sous ses différentes formes ». C’est tout de suite beaucoup plus clair, non ? Avec les résultats que l’on connaît…

Ennemis de l’intérieur

Décidément, cette séance de questions d’actualité n’en finit pas. Et nous n’avons pas tout entendu. Le pire arrive, sans surprise, de la France insoumise. Antoine Léaument, député de l’Essonne, vitupère la police qui s’en prend aux jeunes des quartiers. Sans aucune raison puisque, selon le parlementaire, « il n’existe pas, en République, d’ennemis de l’intérieur ». Comment donc qualifier ceux qui, lors des émeutes du début de l’été, s’en sont pris aux commissariats, aux écoles, aux mairies, aux maisons de quartier, etc., allant même jusqu’à incendier le domicile d’un maire, mettant en danger sa femme et ses deux jeunes enfants ? Quel nom pour qualifier ces criminels ?

Émeutes (suite)

Une semaine plus tard, c’est au tour de Thomas Portes, député LFI de Seine-Saint-Denis, qui, avec son sens de la nuance, apostrophe ainsi Gérald Darmanin : « Vous n’êtes pas le ministre de l’Intérieur, vous êtes le ministre des violences policières ! »Les écologistes ne souhaitant pas être en reste, Sandrine Rousseau entre en piste pour énumérer les victimes de ce qu’elle nomme, elle aussi,« violences policières ». On observera que, quelques minutes plus tôt, La France insoumise a refusé de se lever lorsque Gérald Darmanin a cité les noms des policiers et gendarmes morts dans l’exercice de leur mission. Mais qu’ils montrent un bel enthousiasme à applaudir les noms de Adama Traoré, Rémi Fraisse, et autres Mohamed Gabsi, se réclamant, excusez du peu, de Gandhi et Martin Luther King ! Rien que ça !

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Non-mariage

Pendant ce temps, dans ma belle ville de Béziers, mon maire préféré refuse de marier un étranger avec une jeune Française. Vif émoi à l’extrême gauche, chez les associations d’aide aux étrangers, et dans les médias bien sûr ! Robert Ménard aurait refusé de marier un Algérien ! Ouh, le vilain raciste ! La vérité est bien plus simple : le futur marié est certes algérien, mais surtout clandestin, et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Il est en outre « défavorablement connu des services de police » puisque le jeune fiancé a eu maille à partir avec les forces de l’ordre pour « vol avec violences » et « recel »… Dans ce monde à l’envers, ce n’est pas le clandestin qui est inquiété, mais bien Robert Ménard que La France insoumise, par la voix de deux ou trois de ses élus, s’empresse de dénoncer au procureur. On les a connus moins scrupuleux quand certains d’entre eux défilaient avec leurs écharpes tricolores lors de manifestations interdites au son de « Tout le monde déteste la police ! »… Le bon sens populaire, lui, a largement soutenu le maire de Béziers et c’est tant mieux.

OQTF

Le jeune fiancé algérien a finalement pu être expulsé. Pas avec l’aide des autorités de son pays qui ont refusé jusqu’au bout de délivrer le fameux « laissez-passer consulaire » attestant de sa nationalité. Mais bien grâce à l’administration française, du préfet de l’Hérault à la police de l’air et des frontières. Comme quoi, quand on veut on peut !

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Français de papier

Ma dernière prise de parole à la tribune de l’Assemblée nationale pour cette session concerne le projet de loi de reconstruction des bâtiments détruits durant les émeutes. Nous sommes le 20 juillet. Je termine mon intervention par ces mots : « Il faut surtout s’interroger sur la haine qui anime ces casseurs, ces voleurs. La haine de notre pays. Oui, je dis bien notre pays tant ils ne le vivent pas comme le leur. Ils sont français. Mais seulement de papier. » Aussitôt, l’extrême gauche bondit, me traitant de « sale raciste ! ». Gérald Darmanin a expliqué que lors des émeutes, 90 % de ceux qui y ont participé étaient français… Je pense quant à moi que 90 % des Français ont parfaitement compris l’expression utilisée pour désigner ceux qui ont su si clairement montrer leur mépris et leur détestation de la France…

Féria

Le mois d’août bat son plein. Et la féria de Béziers peut commencer. Un grand cru ! Plus d’un million de personnes dans les rues de la plus ancienne ville de France. Avec des corridas d’exception et deux toros graciés en deux jours. Du jamais-vu et des arènes en liesse. Pendant ce temps, Aymeric Caron, en bon Parisien qu’il est, a fait un déplacement éclair pour venir crier sa détestation de notre culture du Sud : entre 150 et 200 manifestants l’accompagnaient le dimanche 13 août dans les rues de Béziers avec comme leitmotiv : « La corrida va de plus en plus mal et tant mieux, on s’en réjouit ! Elle va mourir, elle va disparaître. » Les organisateurs, eux, constataient une augmentation de la fréquentation des arènes biterroises de plus de 20 % par rapport à l’avant-Covid. Merci Aymeric !

Septembre 2023 – Causeur #115

Article extrait du Magazine Causeur




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Députée, non-inscrite, de la 6ème circonscription de l’Hérault.

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