Accueil Monde L’Égypte veille à ce que son patrimoine ne soit pas récupéré par les thèses “afrocentristes”

L’Égypte veille à ce que son patrimoine ne soit pas récupéré par les thèses “afrocentristes”

Quand les autorités égyptiennes voient noir...


L’Égypte veille à ce que son patrimoine ne soit pas récupéré par les thèses “afrocentristes”
Le Rijksmuseum van Oudheden est le musée archéologique national des Pays-Bas D.R.

Après le psychodrame autour du documentaire Netflix présentant une reine Cléopâtre noire [1], les autorités égyptiennes s’en prennent à un musée hollandais. Depuis longtemps, l’Égypte suscite une fascination dans la pop culture américaine.


Organisée en juin par le Musée National des Antiquités de Leyde (Pays-Bas), c’est une exposition qui a fait rapidement monter la harissa au nez des Égyptiens. Intitulée « Kemet » – un ancien mot signifiant la terre noire – elle s’est concentrée sur l’influence offerte par l’Égypte ancienne dans la musique de jazz, de funk, de soul, de la pop, de reggae ou encore du rap, faisant défiler diverses célébrités dans des tenues ressemblant à des reines égyptiennes antiques. Parmi lesquelles se trouvait la chanteuse Beyoncé, surnommée « Queen B » par ses groupies, représentée en reine Néfertiti. Reste que les Égyptiens appelaient leur terre « noire » à cause du limon noir que les crues du Nil déposaient sur ses rives, à l’origine de la richesse du pays, ce qui n’a rien à voir avec la peau noire…


Accusant le musée de soutenir une « théorie afrocentriste » qui prétend que les Africains à la peau foncée étaient les véritables dirigeants de l’Égypte antique, le secrétaire général du Conseil suprême d’archéologie égyptienne, Mostafa Waziri a pointé du doigt une volonté manifeste de falsifier l’Histoire de la part des organisateurs hollandais. 

Dans la foulée, Le Caire a décidé de retirer aux archéologues de ce musée le droit de faire des fouilles sur le site où ils travaillaient jusqu‘ici. « Les autorités égyptiennes ont parfaitement le droit de mettre fin à un permis de fouilles ; après tout, c’est leur terre et leur patrimoine. Le musée considère cependant que l’argument sous-jacent à cette décision est incorrect » a regretté le directeur du musée. Wim Weijland a également déclaré que la justification avancée par les Égyptiens était « sans fondement », qu’il « ne présenterait aucune excuse et qu’il ne modifierait pas l’exposition »

Peu de temps avant, la sortie d’un docu-fiction produit par Netflix, consacré à Cléopâtre VII, dernière souveraine lagide au destin romanesque et mythifiée de son vivant, avait déjà contraint l’Égypte à sortir de sa réserve. Le ministre égyptien des Antiquités était intervenu et avait rappelé que la pharaonne avait la « peau blanche et des traits hellénistiques ». Bien loin des remarques du conservateur de l’exposition, l’égyptologue Daniel Soliman a dénoncé les réactions épidermiques des autorités égyptiennes et affirmé qu’elles n’étaient dues qu’à l’émergence « d’un nationalisme croissant en Égypte et d’un sentiment anti-noirs ».


[1] https://www.causeur.fr/qui-aura-la-peau-de-cleopatre-netflix-261312



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Journaliste , conférencier et historien.

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