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Quand l’extrême gauche française tombe d’accord avec Erdogan

Mélenchon / Erdogan : frères amis?


Quand l’extrême gauche française tombe d’accord avec Erdogan
La Secrétaire nationale d'Europe Ecologie les Verts Marine Tondelier, photgraphiée à Douai (59) le 24 juin 2023 © FRANCOIS GREUEZ/SIPA

La haine de la France, à la source des émeutes, fait bien le lien entre violence et immigration, n’en déplaise à la gauche. La posture politicienne scandaleuse adoptée par Jean-Luc Mélenchon ne doit pas occulter les propos tout aussi problématiques tenus ailleurs par d’autres membres de la Nupes. Quant au gouvernement, il donne l’impression de vouloir gagner du temps face à ce séparatisme qui s’aggrave, observe notre chroniqueuse.


« La fin justifie les moyens » selon Alma Dufour, députée insoumise de Seine-Maritime, venant au secours des pillards qui ont mis le feu à la France. « Et si le pillage avait à voir avec la pauvreté ? Les marques avec le sentiment de relégation » gémit Sandrine Rousseau, ressortant des placards la vieille culture de l’excuse. « Sans justice, il n’y aura pas de paix, ce n’est pas une menace, ce sont des faits » explique doctement Marine Tondelier. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il dénonce : « les chiens de garde nous ordonnent d’appeler au calme. Nous appelons à la Justice ». Le problème, c’est que ces belles déclarations ne témoignent pas de l’émotion ressentie face à la mort d’un jeune délinquant de 17 ans, mais sont tenues alors que la France est mise à sac par des jeunes émeutiers qui utilisent un fait divers pour laisser libre cours à leur haine de la France et à leur sauvagerie.

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Et c’est bien ce qui fascine Jean-Luc Mélenchon et les insoumis. Tout à leur rêve de révolution, ils jettent de l’huile sur le feu car la seule chose qui les intéresse est la mise en cause systématique de la police et la déstabilisation du pouvoir. Il faut donc entendre l’appel à la justice du chef de file des insoumis comme un permis de ravager le pays au nom d’une oppression subie.

Les émeutes : une réponse au racisme systémique selon la gauche

En effet, selon la gauche, les émeutes sont une réponse au racisme de la police et à la persécution des musulmans dans le pays. Exactement le narratif des Frères musulmans comme le président turc, Erdogan, qui  accuse la France « d’une oppression constante exercée sur des populations majoritairement musulmanes ». Le président algérien n’est pas en reste ; il demande à la France d’assurer la protection de ses ressortissants… Le pompon est décroché par les Iraniens, qui, entre deux pendaisons, trouvent le temps de demander au gouvernement français de « mettre fin au traitement violent de sa population » ! Il faut rappeler que ces pays travaillent activement à des politiques de déstabilisation des pays européens et de la France au premier lieu. Erdogan, parce qu’en tant que frère musulman, il obéit à l’agenda de la confrérie tout en poursuivant son rêve d’empire. Quant à l’Algérie, elle n’arrive pas à exister sans se confronter à son ancien colonisateur, car c’est la France qui a fait d’une sorte de colonie ottomane composée d’un agrégat de tribus rivales, un État cohérent. Ces pays ont une influence forte sur leurs ressortissants et les travaillent au cœur pour empêcher toute intégration. L’acceptation de la culture et des mœurs françaises étant incompatible avec le normatif islamique, ils utilisent le discours d’une fausse persécution pour ancrer leurs ressortissants dans le refus de l’assimilation. Ce faisant, ils les condamnent à être de nulle part, un moyen habile d’en faire les futurs chair à canon de la déstabilisation politique qui vient. Au-delà de l’agacement que peut susciter leur ingérence dans les affaires de la France, ils ont une vraie influence sur le comportement de leur communauté et ils sèment les graines de la violence que nous subissons.

La députée Mathilde Panot, marche pour Nahel, Nanterre, 29 juin 2023 © JEANNE ACCORSINI/SIPA

Des Français choqués par la haine de la France exprimée par les émeutiers

Les Français, eux, sont surtout inquiets de voir la France ravagée par des bandes de pilleurs, pratiquant razzia et politique de la terre brûlée. Ils voient avec stupéfaction cette violence être cautionnée par une partie de la gauche. Et surtout, ils sont confrontés une fois de plus au déni de leurs dirigeants qui refusent de faire le lien entre politique d’immigration et émeutes. Or quelque chose a cédé. Non seulement aujourd’hui il n’y a plus de frontières symboliques et les hordes de pillards déferlent dans les centres-villes, mais tout le territoire est touché : plus personne ne se sent à l’abri. Les Français sentent bien qu’émeutes et pillages se renouvelleront au moindre incident et que force n’est pas restée à la loi. Ils anticipent le fait que bien peu d’émeutiers paieront pour leurs actes et que les familles qui exhibent sur internet le produit de leurs pillages ne seront pas sanctionnées.

Nanterre, 29 juin 2023 © Michel Euler/AP/SIPA

De l’assignation à l’émotion collective… à la manifestation du refus de celle-ci (l’exemple de la cagnotte)

Ils ont vu la haine de ces émeutiers contre ce qu’ils sont, leur absence de limites et l’impossibilité d’intervention. Ils ont bien compris que les politiques étaient terrorisés à l’idée qu’un émeutier meurt, tant ils appréhendent la violence des banlieues. Car il y a quelque chose d’effrayant dans le soulèvement communautariste auquel nous avons assisté, c’est qu’il dit clairement qu’aujourd’hui, selon la prédiction de Gérard Collomb, ancien ministre de l’Intérieur, nous sommes passés de « côte à côte » à « face à face ». Et l’affaire des cagnottes l’illustre. La cagnotte pour la famille du policier auteur du coup de feu a dépassé toutes les espérances. Elle a agi comme un référendum et les Français ont manifesté leur soutien aux policiers, une façon en creux d’indiquer leur rejet des émeutes, leur sentiment que celles-ci étaient illégitimes mais aussi leur refus de faire du jeune délinquant tué, un George Floyd français. En participant massivement à la cagnotte ils ont indiqué qu’ils refusaient de s’associer à une émotion collective qu’ils ne ressentaient pas mais qui était impossible à contester sauf à passer pour un monstre.

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D’abord parce que lorsqu’on voit la vidéo, on peut comprendre le tir. Les deux policiers sont plaqués contre un mur, le conducteur a commis plusieurs infractions et a un comportement dangereux, si on se projette dans la situation on ressent le danger. On n’a pas le sentiment d’être face à un crime raciste ou une bavure manifeste, mais face à une tragédie qui aurait pu être évitée, dans laquelle chacun des protagonistes porte une part de responsabilité. Un jeune homme de 17 ans est mort et c’est toujours regrettable, mais, pour éviter d’autres décès, ne vaudrait-il pas mieux indiquer qu’en refusant d’obtempérer et en conduisant comme un chauffard on prend des risques certains, plutôt que de faire passer un petit délinquant pour un martyr du racisme systémique ?

La dimension communautaire des émeutes

On peut aussi s’interroger sur ces explosions de violence transformées en appel à la justice alors que face à de vraies injustices, jamais les banlieues ne se révoltent : Mohammed Merah a tué des enfants innocents, à bout portant, dans une école. Et pourtant rien ne s’est passé ! Le meurtre de Samuel Paty n’a pas déclenché de tels émois. On peut brûler une jeune fille enceinte dans un terrain vague et invoquer une forme de crime d’honneur, cela ne dérange pas grand monde non plus. Non : pour qu’une certaine France s’embrase, il faut que le mort soit musulman et mâle si possible et le coupable présumé, un policier. On est dans de la vengeance communautaire et non dans la réclamation de la justice. Car les émeutiers n’avaient rien à réclamer : le policier a été arrêté et inculpé et le président l’avait même déjà condamné au mépris de toute justice justement en espérant qu’une forfaiture empêcherait l’émeute… Il aura perdu ainsi son honneur et aura vu la France ravagée quand même.

Le refus de regarder en face la signification de cet épisode

De ce triste épisode, il semble qu’aucune leçon ne sera tirée. Le refus de faire le lien entre immigration et violence communautariste, le refus même de qualifier la dimension communautaire de ces émeutes est en soi révélatrice. Or le problème est important. Si seuls 10% des émeutiers sont étrangers, selon Gérald Darmanin, la majeure partie est française. Mais celle-ci est issue de cette immigration africaine et maghrébine dont une partie, hélas pas si minoritaire, n’a pas été intégrée et ne partage ni nos mœurs, ni nos principes ni notre culture. Leur tradition n’est pas la maîtrise et le refus de la violence mais au contraire le culte de la virilité et de la force. Refuser les valeurs de la France est devenue un mode d’affirmation de soi chez certains et cette affirmation passe par la revendication ethnico-religieuse. Or notre façon d’être une nation, de faire nation exige un dépassement des origines pour se fondre dans une histoire, des valeurs et un projet commun. C’est exactement ce que refuse une partie de la population dûment munie de papiers français. Elle théorise le refus de la France au nom de la fidélité aux origines et à l’appartenance à l’oumma. Un refus qui va jusqu’à la haine. Face à ce constat, nos politiques paraissent vouloir gagner du temps.

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Sauf que ces faits sont à la fois sus et tus depuis 30 ans, que la situation ne cesse de se dégrader et qu’aucune mesure forte n’est prise. Or il y a des pistes de clarification. Cela passe par la suspension du droit du sol, le refus de la double nationalité et donc l’obligation de choisir à quel monde on souhaite appartenir (celui où les hommes sont considérés comme égaux ou celui où certains sont infériorisés parce que femmes, trop noirs, ou non musulmans comme dans les pays où règne l’islam), des sanctions fortes contre délinquants et émeutiers qui les privent de la solidarité nationale, le refus automatique de renouvellement de carte de séjour ou d’accès à la nationalité en cas de participation à des émeutes, la perte de son logement HLM… Toutes ces pistes devraient pouvoir être discutées.

Car le pire dans cette histoire est qu’il y a, dans les cités, des gens qui souhaitent s’intégrer et d’autres, parfaitement assimilés, qui vont pâtir de l’image désastreuse que donnent d’eux les émeutiers.

Le refus du gouvernement de faire une loi immigration courageuse et répondant aux enjeux actuels montre une fois de plus que les voyous ont gagné : au terme de ce déchainement de violence nos dirigeants refusent toujours de regarder la situation en face. Rendez-vous aux prochaines émeutes.




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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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