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L’ONU parangon du respect des Droits de l’homme ?


L’ONU parangon du respect des Droits de l’homme ?
Salle des Droits Humains et de l'Alliance des Civilisations du Palais des Nations, Genève Ludovic Courtès 5 août 2015 Creative Commons sur Wikipedia https://commons.wikimedia.org/wiki/File:UN_Geneva_Human_Rights_and_Alliance_of_Civilizations_Room.jpg

Le Français Éric Tistounet, le chef du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, est accusé d’avoir harcelé les membres de l’ONG, UN Watch, et d’avoir manipulé les listes d’intervenants pour les empêcher de s’exprimer. UN Watch porte plainte.


Le Conseil des Droits de l’homme des Nations unies (UNHRC) est né officiellement en 2006, mais il s’agit de la transformation d’une entité existante, la Commission des Droits de l’Homme. Cette dernière avait été créée en 1946 « afin de mettre en place la trame juridique internationale qui protège nos libertés et droits fondamentaux ». Si le Conseil a pris la place de la Commission, c’était pour remettre un peu d’ordre, en contrebalançant « l’approche sélective qui guidait ses travaux, sa politisation, avec pour corollaire sa polarisation » et en apportant « plus de transparence à la politique des droits de la personne » des États candidats à devenir membres du Comité : 13 Africains, 13 Asiatiques, 13 Latino-américains, 8 Caribéens, 6 Européens de l’est et 7 Européens de l’ouest + « autres » (notamment les USA). Il ne s’agissait pas des régions où le Conseil serait amené à enquêter, mais de celles d’où viendraient ceux qui y prennent les décisions. Ceux qui ont remarqué que les régions où se concentrent les démocraties sont défavorisées, levez la main ! Vous avez gagné : en 2022, les démocraties représentent 31,9% des États membres. Parmi les autres, on peut citer l’Érythrée, la Somalie, la Lybie, la Mauritanie, le Soudan, la Chine, le Pakistan, Russie, la Bolivie, Cuba, le Venezuela, le Qatar et les États arabes unis, au nombre de ceux qui partagent au mieux le souci de leur population et le respect de leurs voisins.

Quis custodiet ipsos custodes?

United Nations Watch est une organisation non gouvernementale basée à Genève, dont le mandat est de surveiller les activités des Nations Unies à l’aune de leur propre Charte. Elle fait une priorité de la lutte contre l’antisémitisme et toutes les formes de racisme et de discrimination. L’ONG a été fondée en 1993 par un militant des droits civiques, Morris B. Abram, ancien représentant permanent des États-Unis auprès de l’ONU. Alfred H. Moses, l’ancien ambassadeur des Etats-Unis à la Roumanie, en est aujourd’hui le président et Hillel Neuer le directeur exécutif. En tant qu’ONG accréditée avec un statut consultatif spécial, UN Watch participe activement à l’ONU. En collaboration avec 20 autres ONG internationales, elle organise chaque année le Sommet de Genève pour les droits de l’homme et la démocratie.

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En 2006, l’ONU avait promis que « le point de l’ordre du jour n°8 visant Israël » de l’ancienne Commission des droits de l’homme, serait supprimé. En réalité, ce point 8 est simplement devenu le point 7, comme l’explique un texte de UN Watch : « Chaque session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies consacre un point spécial de l’ordre du jour à la « situation des droits de l’homme en Palestine et dans les autres territoires arabes occupés », qui est définie par la résolution 5/1 du UNHRC comme comprenant « les violations des droits de l’homme et les incidences de l’occupation par Israël de la Palestine et des autres territoires arabes occupés ». Les neuf autres points de l’ordre du jour permanent du Conseil sont tous génériques et ne font pas référence à un pays ou une situation particulière. Il n’y a pas de point spécial à l’ordre du jour sur l’Iran, la Syrie, la Corée du Nord ou tout autre pays. Il n’y a qu’Israël ».

UN Watch porte plainte

Le 6 octobre 2022, UN Watch porte plainte pour « harcèlement, censure et discrimination systématiques » contre le chef de l’UNHRC, Éric Tistounet, qui, comme son nom l’indique, est français. Cette plainte intervient un an après que le directeur exécutif de UN Watch, Hillel Neuer, aurait été interrompu et censuré au moment où, devant le Conseil des Droits de l’homme qui débattait du point 7, il dénonçait l’incitation à la haine anti-juive des enseignants de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA).

Vidéo de la chaîne YouTube de UN Watch, postée le 5 octobre 2021.

Selon la lettre motivant la plaint, une ancienne collaboratrice d’Éric Tistounet a témoigné que ce dernier a ordonné à son personnel, de manière systématique, de « violer les règles de l’ONU afin d’annuler ou de marginaliser subrepticement la participation de UN Watch aux débats du Conseil des droits de l’homme ». En outre, il aurait créé au sein du Conseil un climat de harcèlement et de discrimination contre le personnel de l’ONG. Selon des emails qui ont fuité, Éric Tistounet aurait chargé ses collaborateurs de prendre des mesures pour empêcher l’accès de Hillel Neuer aux locaux de l’ONU à Genèvre où il devait témoigner devant le UNHRC. Enfin, des listes des intervenants pour certaines séances démontreraient qu’Éric Tistouent aurait manipulé les résultats du système d’inscription automatique afin que les intervenants de UN Watch se trouvent privés de temps de parole. Par exemple, lors de la 50e séance qui s’est tenue en juin-juillet 2022, UN Watch s’est inscrit pour 36 dialogues interactifs avec des experts de l’ONU, mais on ne lui a jamais donné la parole, alors que d’autres ONG, qui avaient demandé moins d’interventions, ont reçu jusqu’à 10 créneaux.

L’ONG demande donc que « des mesures correctives soient prises pour que UN Watch puisse à nouveau exercer son droit de parole au Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur un pied d’égalité avec toutes les autres ONG ». Étrangement, on a beaucoup plus parlé de cette plainte contre un Français dans les médias anglophones que dans les médias français…

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essayiste, conférencière, traductrice, auteur de plus de 30 ouvrages, dont plusieurs sur les conflits du Moyen-Orient

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