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François Fillon ouvre la voie à un gouvernement de salut public


François Fillon ouvre la voie à un gouvernement de salut public

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Comme on pouvait s’y attendre, les commentateurs embarrassés n’ont pas souligné l’immense portée des propos tenus le 8 septembre par M. Fillon sur Europe 1, propos confirmés le 10 au Figaro et que son auteur n’a pas cherché à amoindrir en dépit des récriminations de plusieurs caciques de son parti et des intimidations de la gauche. Pourtant, en appelant les électeurs UMP à choisir, en l’absence de leur candidat au second tour, entre « le moins sectaire » des candidats PS ou Rassemblement Bleu Marine restés en lice, en précisant tranquillement que ce choix peut se faire au bénéfice du RBM, l’ancien Premier ministre fait sauter d’un coup le verrou par lequel François Mitterrand enferma la droite française dans la division éternelle. De cette nouveauté, il nous faut comprendre les causes et les conséquences.

M. Fillon incarne un réalisme politique qui, s’il n’est pas toujours étranger à certaine lecture du gaullisme,  n’en mélange pas moins, à l’occasion, le pire et le meilleur. Nous l’avons combattu lorsque, ministre de l’Education, il a « par réalisme » introduit l’anglais dès l’école primaire; puis lorsque, Premier ministre, il oublia son opposition à l’Europe supranationale, imposant à sa majorité un traité de Lisbonne qui raya d’un trait le Non français au référendum de 2005 – et probablement le référendum lui-même. Ce type de réalisme niant la souveraineté nationale et la souveraineté populaire est celui-là même qui fit jadis admettre à une classe politique écrasée par le constat d’une réalité adverse un armistice auquel de Gaulle opposa le réalisme supérieur d’un avenir libre toujours offert à la France; le même réalisme d’abandon inspira plusieurs mesures du quinquennat Sarkozy dont il endossa sinon la paternité du moins la responsabilité. En bien des points, M. Fillon, homme d’Etat, homme de Gouvernement, a mis de côté une inspiration gaulliste dont on espérait, après le retrait de notre maître commun Philippe Séguin, qu’il reprendrait l’esprit, l’audace et l’exigence.

Il est des réalismes qui, lorsqu’ils dérangent les conforts de pensée et les routines du fil de l’eau, sont cependant nécessaires, et nous avons félicité M. Fillon quand il eut le courage de dire la réalité de nos Finances publiques, tentant de les redresser sans toutefois en avoir les moyens. Ce même réalisme l’incite aujourd’hui à ouvrir la porte à des accords locaux à droite, et à donner en somme un permis de voter RBM, contredisant de façon spectaculaire la vieille incantation au Front Républicain qu’il entonnait encore lors des cantonales de mars 2011 puis sa sortie sur « le Front national assassin du général de Gaulle », qui était d’un autre âge : c’est qu’il ne pouvait ignorer la réalité neuve d’un Rassemblement Bleu Marine dont un des partis constitutifs, le SIEL, est explicitement gaulliste, et qui commence à recueillir, ici ou là, comme à Béziers, le soutien de M. Dupont Aignan; ni ignorer l’évidence qu’un nombre croissant de Français comprennent que Marine le Pen est désormais seule à relever le gant de la souveraineté qui fut le ressort de l’aventure gaulliste sous les trois espèces de la souveraineté nationale, populaire et civilisationnelle. Il ne peut pas ne pas voir, à la différence d’un état-major UMP aveugle et paniqué, que l’effet d’entraînement du jeune RBM est tel qu’il attire à lui nombre de cadres, élus locaux et électeurs au point que l’hypothèse dans laquelle il se place, l’exclusion de l’UMP à l’issue du premier tour, va s’avérer en maintes communes.  Réaliste, M. Fillon l’est aussi en ce qu’il vise, autant que les partis cités, le sectarisme de son parti, juxtaposition de sectes devenue machine à exclure.

Le  10 mai, j’ai adressé une lettre ouverte à MM. Copé et Fillon pour les inviter, sans animosité, à comprendre le mouvement populaire qui s’esquisse et à n’y point faire obstacle afin que, perclus de coups de poignard que M. Hollande et ses ministres ne cessent de multiplier, notre pays accouche d’un large rassemblement à vocation majoritaire, et d’un Gouvernement de salut public que la force propre de Marine le Pen et ses soutiens imposeront tôt ou tard.  Si M. Copé et la direction de l’UMP, dont le SIEL n’a jamais attendu grand chose, ont répondu par le mépris, s’acharnant à exclure des responsables locaux qui ont rejoint des listes RBM menées par le  SIEL, à Gamaches (Somme), Gonesse (Val d’Oise) et bientôt ailleurs, toute autre fut l’attitude de l’entourage de M. Fillon, dont il faut croire que l’instinct gaulliste, celui du Rassemblement national, n’est pas tout à fait émoussé.

Le SIEL continuera à oeuvrer pour que Marine le Pen, tournant à son tour les vieilles pages, puisse reprendre au bond la nouvelle réalité politique et forge les alliances nécessaires à la constitution d’un Gouvernement de Salut Public seul capable d’arracher notre pays aux ornières qui le paralysent, de restaurer son indépendance, de rétablir sa politique à commencer par ses frontières qui en sont la condition, et de sauvegarder sa civilisation, laquelle s’effrite de toutes parts. Il souhaite que le RBM, tout en accueillant les déçus d’une gauche que M. Hollande détruit sans retour, cesse d’attribuer le même degré d’ignominie à un PS tombé dans tous les pièges de l’européo-mondialisme et à une UMP qui compte des patriotes dans ses rangs (et quelquefois les plus élevés), afin qu’il puisse réunir autour de Marine Le Pen les équipes qui, animées par le seul sens du service de la nation et la seule exigence de la culture d’Etat, pourront sans tarder gouverner la France.



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Paul-Marie Coûteaux est député français au Parlement européen, président du Rassemblement pour l’Indépendance de la France.

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