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Entrepreneurs : pédagogie pour parlementaires

Une proposition de Sophie de Menthon, présidente d’un mouvement patronal “poil à gratter”


<strong>Entrepreneurs : pédagogie pour parlementaires</strong>
Sophie de Menthon IBO/SIPA

Nous avons assisté à la déferlante de nouveaux parlementaires à l’Assemblée nationale. 


Beaucoup d’entre nous caressent l’espoir de voir ainsi corrigés quelques défauts des hémicycles précédents, en particulier la faible influence des rares chefs d’entreprise parlementaires. 

Les entrepreneurs du mouvement patronal ETHIC veulent faire de la pédagogie sur la réalité du terrain entrepreneurial pour les nouveaux parlementaires dont beaucoup avouent leur incompétence. Il faut proposer de façon inédite des échanges précis et éventuellement un programme de travail. Les entrepreneurs considèrent que la richesse et la prospérité de notre pays viennent de nos 3 millions d’entrepreneurs et qu’il est indispensable que les députés qui votent les lois et contrôlent leur application, apprennent et comprennent les ressorts de la vie des entreprises.

Les entreprises n’attendent pas des aides, pas de subventions (qui ne font que compenser des prélèvements) ou de niches à base d’effets de seuil, contrairement à ce que l’on veut faire croire. Elles ont besoin de liberté dans l’exercice de leur métier ainsi que de clarté et de bienveillance administrative. Nous ne sommes ni des mendiants ni des profiteurs (tout en cherchant le profit, bien sûr !) mais des créateurs d’emplois et de richesses au cœur du succès collectif du pays. Dans la période critique que nous allons vivre, l’heure d’une vraie compréhension politique et parlementaire est venue. Le programme de pédagogie parlementaire détaillera le fonctionnement d’une entreprise, un programme évolutif qui selon les parlementaires, les partis et les bonnes volontés pourront organiser des ateliers et des rencontres. Notre intérêt commun est que les parlementaires considèrent les chefs d’entreprise comme des partenaires et pas seulement comme des assujettis qui doivent appliquer des règles déconnectées de la réalité.

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On nous donne des leçons inutiles sans arrêt, aussi basiques que de nous contraindre à numériser pour éviter de gâcher du papier, pour la protection de l’environnement. Peut-on penser qu’il existe un seul entrepreneur qui n’ait pas déjà pris cela en considération ? En revanche, de leur côté, les services publics qui ont intégré la relation informatique, en ont profité pour éliminer toute possibilité de contact humain : impossible de parler à qui que ce soit, on multiplie les formulaires complexes et intrusifs (en papier aussi !)

Les entrepreneurs progressent comme ils le peuvent, avec les moyens dont ils disposent, en essayant de maintenir et de former leurs salariés tout en veillant à leur nécessaire rentabilité, et les aides et les incitations peuvent être des accélérateurs ou des dépannages exceptionnels en période de crise. 

Une « loi »  sur le pouvoir d’achat, sur le principe, n’est-ce pas un contresens ? On voit à cette occasion se multiplier les propositions de chèques (essence, énergie, alimentation, etc.). L’État s’en attribue le fruit, mais qui paie finalement sinon les patrons ? Augmenter toutes les prestations sociales (RSA, APL, allocations, etc.), qui paie encore ? Le pouvoir d’achat dépend du chéquier du chef d’entreprise ! Hélas, la généreuse augmentation du SMIC est par exemple totalement contreproductive. A-t-on demandé aux chefs d’entreprise leur avis sur les effets pervers qui en découlent, en particulier pour d’autres salariés ? A-t-on une idée de la disparition d’emplois et même d’entreprises, qui en résulterait ? Le programme de « sensibilisation » doit être illustré : prendre des textes de la précédente législature et montrer quelles ont été les conséquences directes pour la rentabilité et la pérennité d’entreprises prospères. Il faut des cas concrets et étoffés de disparitions ou au contraire de créations d’entreprises d’où l’importance de la rencontre entre les chefs d’entreprise et les élus locaux travaillant ensemble dans le même sens, pour la prospérité du territoire et donc du pays. 

Pour tous les textes de loi à visée économique il faut rencontrer des chefs d’entreprise pour un éclairage sur leurs conséquences, mais avant de voter, pas après ! Le garagiste pourrait ainsi dire aux parlementaires ce qu’il pense de la voiture électrique, les grandes surfaces alimentaires de l’emballage alimentaire, le boulanger du prix de l’énergie… et ils remarqueraient ainsi que si les particuliers peuvent être satisfaits du plafonnement du prix de l’électricité et du gaz, les entreprises elles, reçoivent des notes multipliées par trois, quatre ou cinq selon les secteurs.

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Une entreprise pour survivre doit viser sans arrêt la croissance. Le bon chef d’entreprise a un personnel compétent et mobilisé, il doit veiller au bien-être de ses salariés pour conserver leur implacable motivation et ce n’est pas le résultat d’injonctions politiques. Bien connaître les préoccupations des patrons, c’est aussi faire évoluer les mentalités et en particulier arrêter la stratégie de la carotte et du bâton ! Il faut surtout étudier les conséquences sur les entreprises des votes du parlement. Depuis des décennies aucune étude impliquant les chefs d’entreprise n’est faite au moment de la présentation des textes de lois au parlement et on a le sentiment que « l’intendance (les entreprises !) suivra ». Il y a aussi et surtout les salariés qui ont des demandes réelles que les patrons connaissent et qui sont loin d’être celles de leurs représentants officiels aux tables de négociation. Par exemple, dans les PME, la plupart préfèrent les primes aux augmentations à cause des avantages qu’ils pourraient perdre par ailleurs… Le bien-être au travail qui n’est pas dans les tableaux Excel des fonctionnaires de contrôle, c’est le quotidien des patrons et c’est un impératif. Pour les patrons, c’est là l’essentiel de l’effort RSE qui va bien au-delà des contraintes légales. En revanche, la générosité de certaines règles du chômage est dommageable à tout le marché du travail.

Quelle est la contribution des entreprises à la richesse de la nation ? On la chiffre ? On la dit ? Il serait également judicieux que l’on se souvienne d’épisodes du passé, du redressement du pays opéré par les entreprises au sortir de la guerre 39-45 et de l’émergence d’une industrie prospère et créatrice d’emplois… puis des raisons d’un déclin qui aujourd’hui a touché l’industrie surtout et aussi les entreprises de services. 

Aucune différence entre les groupes des parlementaires souhaitant compléter leurs connaissances ne sera faite ! Une initiative apolitique, sachant que cette réflexion s’est instaurée après avoir reçu une demande du Rassemblement national. Attention à la tentation de partis qui pensent être favorables aux entreprises et qui estiment donc en savoir plus que les autres… Le dialogue élu/chef d’entreprise est essentiel pour les citoyens, il faut pour la première fois l’étoffer et le faire vivre, l’avenir économique et les nécessaires réformes de la France en dépendent.

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