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Génération trans: «Je ressens donc je suis»

Comment expliquer l’euphorie transgenre?


Génération trans: «Je ressens donc je suis»
Marche pour les droits des personnes transgenres, 28 juin 2021, Madrid © Guillermo Gutierrez Carrascal SOPA Images/SIPA

La dysphorie de genre, causes et effets. Une tribune libre de Sophie Audugé, déléguée générale de SOS Education.


Aux États-Unis, en 2008, un étudiant sur 2 000 s’identifiait transgenre. 13 ans plus tard, en 2021, ils sont 100 fois plus nombreux : 1 sur 20 se disent transgenres. En Suède, en 2001, 12 jeunes de moins de 25 ans étaient diagnostiqués dysphoriques. 17 ans plus tard, en 2018, ils étaient 1 900. Au Royaume-Uni, les demandes de transition d’enfants augmentent de 2 570 % par an.

Que s’est-il passé ces deux dernières décennies dans nos sociétés occidentales auprès de la jeune génération pour provoquer une telle « euphorie transgenre » ? Ce sujet loin d’être anodin est à prendre très au sérieux, car les transitions de genre engagées par certains enfants dans l’hexagone ne sont pas sans risques. Elles s’avèrent souvent irréversibles et peuvent créer beaucoup de tourments, sans réellement répondre à un besoin identitaire. 

Mais attention : pour aborder un tel sujet, il faut prendre des gants. Il s’agit là d’une question épineuse, qui nécessite quelques préalables.

Génération TikTok et Photoshop

Rappelons pour commencer que nous parlons ici d’enfants. Et plus précisément de la génération gavée d’injonctions identitaires contradictoires, faites d’images photoshopées édifiant dans l’imaginaire des jeunes un idéal esthétique plastique, inatteignable si l’on s’en tient à ce dont dame nature dote l’immense majorité de l’espèce humaine !

Une sémantique lourde de sens

Il faut le dire sans l’ombre d’un doute: orientation sexuelle, identité sexuelle et identité de genre sont des notions très différentes. Ne soyons pas dupes, mêler les trois constitue la pierre angulaire d’un processus d’endoctrinement de masse.

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Par ce biais sémantique, il devient impossible d’interroger la notion d’identité de genre sans être automatiquement accusé d’homophobie ou de transphobie. Pourtant il convient d’interroger cette notion nouvelle, car elle cible une population vulnérable.

Une idéologie fléchée sur les enfants

En effet, l’emballement actuel porte sur des enfants mal dans leur peau qui se mettent dans la tête qu’ils sont nés dans le mauvais corps, alors que la majorité d’entre eux ne fait que connaître un trouble identitaire propre à l’adolescence. Sous la doctrine actuelle d’affirmer, l’identité de genre telle que dit la ressentir l’enfant, l’adulte participe à la mise sous le tapis d’une souffrance identitaire bien réelle que malheureusement la transition vers l’autre genre ne résoudra sans doute pas. Le fait d’apposer l’étiquette de dysphorie de genre est un passeport pour la prise d’hormones et des chirurgies aux conséquences physiques et psychiques lourdes et irréversibles, dont l’enfant n’a absolument pas conscience.

Une idéologie genrée qui ne dit pas son nom

Le genre est une construction sociale, alors que le sexe est un organe physique constaté à la naissance, associé à un processus de développement biologique global de l’être humain, corrélé au cerveau.

Se focaliser sur le genre relève d’un parti pris idéologique qui édicte en norme de référence les stéréotypes de genre, tout en prétendant lutter contre.

Rappelons que le fonctionnement biologique systémique, qui régit le développement et la maturité émotionnelle de l’être humain sexué, comporte des phases de bouleversement hormonal et identitaire qui se stabilisent pour près de 90% des jeunes après la puberté. Le nier relève du déni de réalité.

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Aujourd’hui, on assiste à une croissance sans précédent du nombre de jeunes adolescents qui s’auto déclarent, du jour au lendemain, « être nés dans le mauvais corps ». Ce sont en grande majorité des filles, sans aucun antécédent dans la petite enfance, qui ont eu connaissance de la dysphorie de genre sur les réseaux sociaux et dans les médias. Les scientifiques parlent de dysphorie à déclenchement rapide et tardif.

Génération filles à barbe

Les chiffres vertigineux qui inquiètent les médecins, les pédiatres et les psys, ravissent les industries pharmaceutiques et les cliniques privées de chirurgie esthétique. Il faut dire que le changement de genre induit la prise de médicaments à vie… (bloqueurs de puberté, hormones du sexe opposé) et diverses chirurgies pour atteindre les marqueurs physiques du genre ressenti, chirurgie plastique (front, cou, voix…) et chirurgie plus lourde : ablation ou constitution, du haut (seins et torse) ou du bas (changement de sexe).

Tout ceci s’organise dans une mouvance trans affirmative portée par des lobbys internationaux d’une puissance inouïe qui infiltrent tous les pans de la société mercantile. Évidemment l’envers du décor n’est jamais évoqué : patient à vie, chirurgies invasives, risques sur la santé physique et psychique… rien de cette face noire n’est annoncé, seule la belle histoire et le pays des rêves est donné à voir. Le dernier bastion franchi étant bien sûr la décision des studios Disney de recruter 50% d’acteurs transgenres dans leurs prochaines productions. Les acteurs en herbe savent ce qu’ils leur restent à faire pour jouer dans un film Disney.

En France, où en sommes-nous ?

En France, l’infiltration est plus récente mais elle n’en est pas moins inquiétante tant la contagion se répand via les réseaux sociaux par le cercle « d’amis » et maintenant par des clusters dans les écoles. Les autres pays font tous marche arrière, mais dans l’hexagone nous allons droit dans le mur. En effet, le 29 septembre 2021, une circulaire intitulée : “Pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire” du ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer, a été diffusée à l’ensemble des personnels de l’éducation nationale. Cette circulaire Blanquer, sous l’apparence d’un véritable manifeste, a vocation à fixer les règles d’accueil des élèves transgenres à l’école. Sous couvert de tolérance et de politique soi-disant inclusive, elle n’en constitue pas moins une véritable bombe à retardement pour nos enfants, en cela qu’elle fait entrer une idéologie militante dans les établissements scolaires alors que la France était jusqu’à maintenant plutôt préservée de ce phénomène véritablement anglo-saxon. Elle normalise et banalise également une pratique qui n’est pas sans risque pour les enfants. Rappelons tout de même que l’école n’a pas pour rôle de diffuser des idéologies, mais de transmettre des savoirs.

Et les parents dans tout ça ?

En réalité, pour les jeunes embrigadés dans l’euphorie trans, sous perfusion d’injonctions trans affirmatives diffusées par les réseaux d’influence sur internet, ils ne parlent déjà plus de leurs parents, mais de leurs géniteurs, quand ils dévoilent leur transidentité. Elle doit être accueillie comme une évidence, un fait avéré par leur ressenti indiscutable : je suis né(e) dans le mauvais corps, un point c’est tout, vous devez l’accepter… Les parents découvrent alors, stupéfaits, que depuis plusieurs mois leur enfant est sous emprise. Il a été adopté par une famille arc-en-ciel qui l’aime et l’accueille comme il se ressent.

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Pour les parents, le choix est cornélien : accepter de faire le deuil de leur enfant tel qu’il est né et accepter le changement de sexe ou résister à la contagion idéologique trans affirmative. Mais la résistance bienveillante a un coût très élevé pouvant aller jusqu’à la rupture. Les parents découvrent alors leur enfant en colère, borné, refusant d’aborder posément le sujet et d’entendre une autre voix que la sienne. Certains révèlent une agressivité voire une violence dans leurs propos ou leurs gestes. Ce qui revient le plus dans les récits est la perte de tout attachement émotionnel avec la famille : les ponts sont parfois déjà coupés du côté de l’enfant. 

Un phénomène qui masque souvent d’autres pathologies

Pour les parents qui ont l’intime conviction que leur enfant traverse une crise identitaire profonde, une phase de déprime, ou qu’il souffre d’autres pathologies influant sur son état psychologique, c’est tout simplement un cauchemar qui démarre. Pourtant, là encore, les pays du nord qui ont une dizaine d’années d’avance sur nous constatent que parmi ces jeunes se déclarant être nés dans le mauvais corps tardivement (12-14 ans), une majorité d’entre eux souffrent d’autres pathologies, certaines corrélées à des spécificités cognitives (dépressions, troubles alimentaires, traumas consécutifs à des abus, spectre autistique, haut potentiel, TDAH…).

Pour l’enfant, se convaincre d’être dysphorique de genre permet d’étouffer cette souffrance, mais de manière très éphémère. Quand l’effet d’euphorie va redescendre, l’enfant aura compris que changer de sexe n’était qu’une illusion, et la chute sera brutale. Comme en témoigne cette dé-transitionneuse dans le documentaire anglais Transgender Kids : Who knows best ? « Si je m’adressais à une fille atteinte de dysphorie de genre qui déteste son corps autant que j’ai détesté le mien, je lui dirais de sortir dehors, d’aller jouer dans la boue, de grimper aux arbres, de trouver une manière d’habiter son corps selon ses propres volontés. Maintenant à cause de ma transition, j’aurai pour toujours un corps de femme effrayant. J’aurai toujours une poitrine plate et une barbe et je ne peux plus rien. »

Un homme averti en vaut deux

Rappelons que nous parlons d’enfants qui n’ont pas la maturité de savoir de manière certaine ce qui est bon pour eux. Oui, un enfant peut se tromper sur lui-même et ce faisant, se mettre en danger. C’est à nous les adultes de l’en protéger. Cela ne veut pas dire ne pas entendre cet appel à l’aide, cette souffrance véritable. Cela veut dire accompagner son enfant, maintenir le lien autant que possible avec lui, gagner du temps, et mener un travail exploratoire avec des professionnels de santé.

Pour certains, une infime partie, ce long chemin aboutira au constat que le changement de sexe est vital. Mais ils sauront qu’il est coûteux à tout point de vue et notamment sur leur santé physique. Ils pourront alors compter sur l’amour inconditionnel de leur famille qui les aura accompagnés dans ce parcours complexe à la recherche de leur identité. SOS Éducation, comme d’autres associations françaises, propose aux parents et aux personnels éducatifs des temps d’échange, une information documentée, et une mise en lien afin d’agir au mieux dans l’intérêt supérieur de l’enfant.

Il convient, pour les familles traversant cette épreuve, d’être accompagnées au plus près en trouvant les soutiens les plus compréhensifs et les plus aptes à les épauler. Il va falloir néanmoins s’armer de courage pour éviter que cette idéologie ne bouleverse trop notre jeunesse, et aider nos jeunes à retrouver des espaces d’enchantement pour qu’ils ne versent pas dans des doctrines cousues de fil blanc.

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