Accueil Culture « La Vie d’Adèle » ou les malheurs de Sapho

« La Vie d’Adèle » ou les malheurs de Sapho


« La Vie d’Adèle » ou les malheurs de Sapho

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« Spielberg et ses jurés osent La Vie d’Adèle », a titré Le Monde pour saluer la remise de la Palme d’or au réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kechiche. Osées, certaines scènes de cette romance lesbienne le sont assurément. En recevant la suprême récompense cannoise, le réalisateur de L’Esquive n’y est pas allé par quatre chemins : « Je voudrais dédier ce prix à cette belle jeunesse de France, que j’ai rencontrée durant ce film et qui m’a beaucoup appris sur l’esprit de liberté et du vivre-ensemble. Et à une autre jeunesse, pour la révolution tunisienne. Et pour leur aspiration à vivre librement, s’exprimer librement et aimer librement. » Peut-être touché par la grâce de son sujet – ou par celle de François Hollande –, le cinéaste n’a pas appelé nos banlieues à se soulever, comme il l’avait fait dans Les Inrocks (12 février 2011). À moins qu’il ait eu peur de casser l’ambiance glamour.[access capability= »lire_inedits »]
S’il est trop tôt pour juger La Vie d’Adèle, qui ne sortira sur les écrans qu’à l’automne, les médias tunisiens glosent d’ores et déjà sur cette idylle entre deux jeunes filles. À Tunis, le gouvernement dominé par les islamistes d’Ennahda a, par la voix du ministre de la Culture,  pondu un très diplomatique communiqué de félicitations : le prix est un « motif de fierté » nationale qui vient récompenser un film « particulier, pouvant susciter des réserves chez une partie du public tunisien ». Joli euphémisme. Devançant courageusement la censure des autorités locales, le producteur Brahim Chioua a annoncé au magazine Elle l’amputation d’une « scène de sexe explicite de dix minutes» que Kechiche a consenti à couper au montage pour permettre la distribution du film en Tunisie. Une distribution pourtant confinée aux salles feutrées « des festivals et non en salles de cinéma », précise Chioua. Bref, La Vie d’Adèle sera réservé aux critiques et purs cinéphiles tunisiens pendant que le vulgum pecus se consolera devant un plat de pâtes à la harissa et un feuilleton de ramadan bien niais. Liberté pour tous, disait-il…[/access]

*Photo : itélé.

Juin 2013 #3

Article extrait du Magazine Causeur



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