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La fin du monde, c’est maintenant


La fin du monde, c’est maintenant

apocalypse fin monde

À l’heure où vous lisez cette chronique, nous sommes le vendredi 21 décembre et la fin du monde a eu lieu ou est en cours si on en croit les Mayas. En même temps, les Mayas n’ont même pas été fichus d’inventer la roue, les moules-frites et le marxisme, alors, bon, leurs prévisions, hein…

Mais admettons qu’ils aient raison. Que faire ? comme disait Lénine en 1902 et ma mère devant un rôti resté trop longtemps au four.

Il semble indispensable d’éteindre le gaz. D’abord parce qu’il a terriblement augmenté et qu’il est inutile d’alourdir la facture.

Vous pouvez également annuler vos rendez-vous que vous avez eu tellement de mal à obtenir avec vos dentistes, vos ophtalmos, vos rhumatologues : vous éviterez ainsi leurs dépassements d’honoraires, ils seront bien eus. Quant à vous, rassurez-vous, on oublie vite qu’on a mal aux dents quand les zombies cernent votre maison.

Pensez également à préparer une liste des personnes que vous aimeriez bien éliminer vous-même avant que l’apocalypse ne s’en charge. Vous me  direz, à quoi ça sert, on va tous y passer ? Mais si, je vous assure, survivre de quelques heures aux affreux, aux méchants et aux salauds qui vous ont pourri la vie sera un plaisir incomparable.

Les caissières à temps partiel imposé payées au smic horaire et qui viennent d’être augmentée de 3 centimes par heure pourront ainsi étrangler elles-mêmes le patron, pardon le manager, du magasin avec des rouleaux de tickets de caisse avant de se servir dans les rayons d’épicerie fine et de rapporter de quoi faire enfin une vraie bonne bouffe de Noël dans leur quartier.

N’écoutez surtout pas la télé pendant la fin du monde. Vous risqueriez de tomber sur les mêmes journalistes, un peu plus pâles, qui ne vous informeront pas mais passeront les mêmes images en boucle que vous aurez déjà vues dans les films catastrophes car rien ne ressemble plus à une fin du monde qu’une autre fin du monde. Quand aux éditorialistes économiques, ils vous expliqueront que la fin du monde, c’est la faute aux déficits, que nous avons été trop dépensiers, que les Français n’ont jamais bien compris les nécessité de la rigueur et que si le travail avait été flexibilisé, on n’en serait pas là. Que maintenant, avec les chutes de météorites géantes, ça va favoriser l’évasion fiscale et dissuader les investisseurs. Arnaud Montebourg passera pour dire qu’il n’y a pas de fatalité et qu’il suffit de nationaliser lesdites météorites en attendant de retrouver des repreneurs avant que Jean-Marc Ayrault ne le démente en annonçant qu’il est préférable de demander aux météorites de reconsidérer leur position et d’envisager un plan social où elles s’écraseront équitablement sur les pauvres, les classes moyennes et les riches. François Hollande commencera un discours solennel depuis l’Elysée en annonçant « la fin du monde, c’est maintenant » avant que les programmes ne cessent définitivement.

Donc, vous voyez bien, la télé, oubliez-là.

J’en reviens à l’attaque de zombies.

C’est l’hypothèse la plus probable car une bonne partie de la population est déjà zombifiée.

Si, si.

Peuvent être ainsi classés dans la catégorie des zombies, par exemple, les jeunes qui restent derrière leurs consoles de jeux pendant plus de dix-huit heures d’affilée, (pire qu’un travailleur chinois) ou encore cette partie des pauvres qui approuvent l’exil fiscal de Depardieu parce qu’après tout « il fait ce qu’il veut avec son argent ».

D’après les films que j’ai vus sur la question, les zombies, il faut leur tirer des balles dans la tête pour les stopper ou alors se sauver. Mais comme vous êtes en France, vous n’avez pas forcément d’armes sous la main, ce qui vous évite de tuer vingt six personnes dont vingt mômes en bas âge et que même après ça, on vous explique que légiférer sur les flingues, c’est atteindre à la liberté individuelle.

Donc, il vous reste une solution, vous sauver.

Pour ma part, c’est ce que je ferai. Du côté de Tarnac ou Notre Dame des Landes. Par-là, il y a des chances qu’ils survivent car ça fait un bout de temps qu’ils pensent à la fin du monde capitaliste, (ou plutôt à son suicide) et comment s’auto-organiser sur des bases différentes où la coopération prime sur la compétition.

Comme ça, dans les ruines fumantes de l’ancien monde, j’aurai peut-être enfin la chance de voir se construire une société enfin réellement communiste.

*Photo : Chad Palomino.



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