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Six Français sur 10 favorables au nucléaire

Les quatre restants encore victimes de l’écologisme?


Six Français sur 10 favorables au nucléaire
Salle de commandes du réacteur numéro 1 de Fessenheim / Image d'archive © M.ASTAR/SIPA Numéro de reportage: 00741701_000005

Les quatre Français restants défavorables à l’énergie nucléaire sont-ils encore victimes de l’écologisme? Une tribune libre de Bernard Durand, Jean-Paul Oury et Jean-Philippe Vuillez


D’après une enquête Odoxa, 59% des Français sont favorables au nucléaire, alors qu’une majorité y était hostile il y a encore trois ans. L’opinion serait-elle en train de changer ? Comment expliquer ce revirement ? Voici quelques pistes de réflexion.

Un leitmotiv profondément ancré

Il est si commode pour les anti-nucléaires, d’agiter devant le béotien l’épouvantail de cette chose insidieuse – car invisible, imperceptible et sournoise car ses effets sont différés – qu’est la radioactivité… Le débat récemment relancé sur les effets délétères des essais nucléaires français en Polynésie, ou encore le livre Toxique (Sebastien Philippe et Tomas Statius, PUF, 2021) contribuent à infuser cette peur, même si le nucléaire militaire est bien distinct du nucléaire civil.

Les sujets d’inquiétudes ne manquent d’ailleurs pas pour ce dernier, qu’il s’agisse des peurs de fuites de centrales qui pourraient rejeter sans qu’on le sache, de la radioactivité dans l’environnement, des déchets radioactifs que l’on doit enfouir ou encore des déchets à très faible activité… Il existe une phobie de la radioactivité or celle-ci est le plus souvent caricaturée, voire, totalement infondée: notre corps contient tout à fait normalement (« naturellement » !) des radionucléides, responsables d’environ 10% de l’irradiation naturelle de l’organisme[tooltips content= »Un individu de 70 kg contient tout à fait normalement (« naturellement » !) environ 8 400 Bq en moyenne dont 4 400 Bq de potassium 40,  3 700 Bq de carbone 14, 40 Bq de tritium, et même quelques dizaines de Bq de rubidium 87 de polonium 210 (davantage chez les fumeurs). Ces radionucléides, dont l’organisme est forcément le réceptacle (cela correspond à l’abondance isotopique d’éléments aussi fondamentaux et abondants chez les êtres vivants que le potassium et le carbone) sont responsables d’environ 10% de l’irradiation naturelle de l’organisme. »](1)[/tooltips].

La vérité sur les accidents nucléaires

Ceci-dit, les esprits ont été marqués par des accidents spectaculaires et dont on redécouvre aujourd’hui que les conséquences ne sont pas aussi graves que ce que l’on en a dit pendant des années. À l’occasion de l’anniversaire de Fukushima, plusieurs articles viennent de paraitre pour relater une vérité beaucoup moins catastrophiste que celle qui s’est imprimée dans l’opinion jusqu’à présent: cet accident n’a pas provoqué de morts dues à la radioactivité.

A lire aussi: Rémy Prud’Homme : «Fermer la centrale de Fessenheim au nom du CO2 est intellectuellement insupportable»

Dans le même genre, aujourd’hui, quand les experts échangent sur le dossier Tchernobyl ils osent maintenant regarder la vérité en face et s’appuyer sur les vraies données de l’OMS pour reconnaitre qu’il n’y a pas eu une centaine de milliers de morts comme a voulu le faire croire Greenpeace. On sait que ce sont surtout les évacuations mal encadrées et la peur de la radioactivité qui ont entrainé le plus de décès. Une peur que l’on peut et doit maitriser et non encourager. Hélas le travail de sape accompli par les anti-nucléaires a fait son effet.

Latome: un des quatre totems de l’écologisme

Cela fait maintenant des années que l’écologisme (à ne pas confondre avec l’écologie scientifique), dénigre la science prométhéenne[tooltips content= »Jean-Paul Oury, Greta a tué Einstein (VA édition, 2020) »](2)[/tooltips] de manière systématique. Cette idéologie politique voudrait que l’homme cesse de fissionner l’atome, de manipuler le vivant, de propager des ondes et d’utiliser des molécules. Elle s’appuie sur deux méthodes pour y parvenir.

Mettre en scène un risque potentiel pour le faire passer pour un danger réel:  Dans les années 60, les premiers opposants au nucléaire civil ont organisé des actions d’agit-prop pour faire croire qu’il recouvrait les mêmes dangers que le nucléaire militaire et le diaboliser.

– Poser une question non scientifique aux scientifiques par le biais du principe de précaution: On demande, par exemple, aux experts du nucléaire de prouver que les stratégies d’enfouissement des déchets sont absolument sans aucun risque sur les 200 000 années qui viennent, sujet sur lequel un scientifique sérieux ne peut se prononcer… le risque zéro n’existe pas.

Le résultat de ces campagnes étant que l’idéologie prend le pas sur une analyse froide et scientifique, laquelle évaluerait une technologie en fonction d’une balance risque bénéfice et la comparerait aux autres. Mais l’écologisme, on va le voir, ne s’arrête pas à la diabolisation de la science ; il saisit également l’opportunité pour pousser son propre agenda « technologique ».

La transition énergétique en question

Depuis des années on vend à l’opinion que la transition énergétique – qui a pour impératif affiché de diminuer nos émissions de CO2 – passe systématiquement par l’installation de parc d’éoliennes et la désactivation du parc nucléaire. Or il est aisé de démontrer avec des arguments scientifiques et techniques précis qu’en France, les éoliennes ne peuvent pas avoir une action significative sur cette diminution, mais au contraire, que leur généralisation et la destruction de notre parc nucléaire ne peuvent qu’augmenter ces émissions pour les amener au niveau très élevé de l’Allemagne. L’écologisme, qui prétend le contraire, commet donc un abus de confiance caractérisé vis-à-vis des écologistes et plus généralement des Français.

Autrement dit, l’opinion se rend progressivement compte que les éoliennes font courir des risques à l’humanité (du simple renchérissement de l’énergie qui affecte prioritairement les plus pauvres aux terribles black-out) et présentent une quantité d’externalités négatives pour l’environnement (oiseaux, pollution visuelle, déchets, métaux rares, utilisation de centrales à charbon et à gaz…)[tooltips content= »Bernard Durand et Jean-Pierre Riou, 2020: La trahison des clercs, l’éolien et le solaire photovoltaïque en Europe https://aspofrance.org/2020/10/29/leolien-et-le-solaire-photovoltaique-en-europe-la-trahison-des-clercs-par-bernard-durand-et-jean-pierre-riou-01-janvier-2020/« ](3)[/tooltips].

L’écologisme réclamait des éoliennes, le scientifique prenant en compte des considérations écologiques, lui démontrera par A + B que c’est le nucléaire qui apporte de vraies réponses… une vérité qu’il faut encore marteler davantage.

La révolte des scientifiques français 

Les attaques répétées contre le progrès technologique ont eu pour résultat de créer le doute dans l’opinion qui n’est plus persuadée des bienfondés de la science prométhéenne à résoudre les problèmes environnementaux.

Or récemment on a observé une vague de révolte chez les scientifiques qui ont fait des efforts considérables pour vulgariser et expliquer leur action dans les médias. Ils se sont battus à coup de tribunes, de passages médias et de vidéos Youtube pour faire savoir que le nucléaire était la source d’électricité non seulement la plus sûre – en nombre de morts tant immédiates que différées dans le temps par TWh d’électricité produite – mais également la plus apte à fournir une énergie décarbonée.

Quand on analyse le sondage BVA, on peut se dire que ces messages commencent à passer: six Français sur dix ont compris. Il ne reste plus qu’à convaincre les quatre restants.

Bernard Durand, ingénieur, chercheur et naturaliste, auteur de Un vent de folie L’éolien en France, mensonge et arnaque ? (2020, Editions Saint-Léger)
Jean-Paul Oury, Docteur en histoire des sciences et technologies, Auteur de Greta a tué Einstein, VA Presse (2020)
Jean-Philippe Vuillez, Professeur d’université de Biophysique et Médecin nucléaire, ancien Prési-dent de la Société Française de Médecine Nucléaire, membre du HCTISN jusqu’en 2020.

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Bernard Durand est spécialiste de géologie et de géochimie pétrolières. Il fut successivement Directeur de la Division Géologie-Géochimie de l'Institut Français du Pétrole (IFP), Directeur de l'Ecole Nationale Supérieure de Géologie, puis Directeur du Centre Exploration de l'Ecole Nationale Supérieure du Pétrole et des Moteurs et membre du Conseil Scientifique de l'IFP. Il a également présidé de nombreux congrès internationaux et le comité scientifique de l'European Association of Petroleum Geosciences.

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