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Le centre du Mexique, nouveau champ de guerre du narcotrafic

Pour une poignée de pesos


Le centre du Mexique, nouveau champ de guerre du narcotrafic
Une femme en pleurs après l'attaque du centre de réhabilitation de Irapuato, 26 morts © CHINE NOUVELLE/SIPA Numéro de reportage: 00970526_000006

Il n’y a pas que sous la caméra de Sergio Leone que de paisibles bourgades peuvent être terrorisées par deux clans rivaux. Au Mexique, l’État de Guanajuato en est le théâtre. Et ça fait très mal.


Le 21 juin, la Garde nationale mexicaine et les autorités de l’État de Guanajuato, dans le centre du Mexique, ont arrêté 26 membres présumés du cartel Santa Rosa de Lima. Bilan des courses : un modeste kilo d’amphétamines et deux millions de pesos mexicains (huit-mille euros). Cela pourrait prêter à sourire sauf que la chère mama et une sœur du patron présumé du cartel, El Marro (le marteau), ont été menottées.

Tout pour ma mère…

La vengeance ne s’est pas fait prier. Le lendemain même, à 26 endroits différents, d’innocents camions et voitures ont été incendiés par des disciples d’El Marro dans 13 villes de l’État de Guanajuato, notamment Celaya et Salamanca. Visiblement fort ému, le gourou a tenu à exprimer dans une vidéo sa gratitude envers « les femmes qui ont aidé ma famille » en brûlant les maudits camions. « Il n’y pas de mot assez fort pour les remercier de m’avoir donné un coup de main […] contre ces fils de putes », a-t-il ajouté au bord des larmes. Dans une autre vidéo, le trentenaire a souligné que sa maman avait subi des violences policières avant de gratifier ces derniers de quelques noms d’oiseau.

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Boucherie à Irapuato: 26 morts

La mère du « marteau » aurait été arrêtée grâce à la précieuse aide de quelques membres du cartel Jalisco Nueva Generación, des brigands contre lesquels El Marro se dispute la région. Après quoi ceux-ci auraient été persécutés par des hirondelles d’El Marro. Ils ont donc engagé une course poursuite sur la nationale Irapuato-León avec la voiture des avocats de la dame, -oui, elle en a plusieurs-, suite à quoi l’engin a fait des tonneaux. Un des avocats  a rendu l’âme. Jeudi dernier, quatre sicarios ont alors fait irruption dans une « annexe de récupération », centre de désintoxication pour toxicomanes d’Irapuato. Après avoir sommé ces derniers de se coucher, ils ont mitraillé dans le tas, en laissant 26 morts. Des survivants ont affirmé à la gazette mexicaine El Milenio qu’avant d’entamer le massacre, les tyrans auraient crié « nous venons de la part d’El Marro !». Il semble en effet qu’outre à des toxicomanes, le centre de désintoxication offrait l’asile à des personnes fuyant le cartel d’El Marro.

Petite ville attachante avec de charmantes églises coloniales et de grandes usines de construction automobile, notamment du pays du soleil levant (Mazda), Irapuato fut jadis paisible. L’auteur de ces lignes peut en témoigner puisqu’il y a vécu durant un an de 2014 à 2015. Alors qu’il s’est montré fort décontracté face au virus corona, le Président du Mexique Andrés Manuel Lopez Obrador semble prendre cet attentat au sérieux. Lors d’une conférence de presse, celui qui s’est fait élire sur un programme anti-corruption a assuré tenir à « faire une révision du fonctionnement des instances en charge de la justice dans l’État de Guanajuato » et a affirmé qu’il n’allait « pas abandonner le peuple de l’État de Guanajuato ».

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Reste à voir si ses promesses prendront forme. Selon une habitante jointe par téléphone et qui souhaite rester anonyme, « ces dernières années, de nombreux bars et restaurants ont fermé à Irapuato en raison de la guerre des cartels. Et encore maintenant, la situation empire chaque jour ». En 2019, 34 582 personnes ont officiellement perdu la vie par homicide au Mexique.

Mise à jour : le sombre western continue. Samedi midi, 4 personnes ont été assassinées dans un garage à motos de Celaya.

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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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