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Pourquoi je vote Sarkozy


Le 6 mai prochains, je glisserai dans l’urne un bulletin au nom de Nicolas Sarkozy. C’est ce que j’aurais fait il y a cinq ans si j’avais eu l’âge requis. Je n’ai jamais eu l’occasion de m’en expliquer ailleurs que dans des débats houleux avec mon entourage bobo, qui a toujours vu là au mieux une provocation, au pire la manifestation d’une sombre profondeur fasciste.

Je vote Sarkozy parce que la République des arts, des lettres et des médias le déteste, le conspue, l’insulte et, c’est un comble, le méprise. Un comble, car il me semble que le chef de l’État tient en général des propos plus intelligents, plus construits et plus sportifs que la plupart de ces alcooliques illettrés qui ne tiendraient pas un quart d’heure face à lui, si l’occasion leur était donnée de débattre (mais ils n’aiment pas tellement le débat, parce qu’ils n’en ont pas l’habitude).

Je vote Sarkozy, c’est parce que je n’ai pas envie de voter comme Le Monde, comme les dealers, comme Gérard Miller, comme les fonctionnaires territoriaux ; parce que je préfère soutenir le candidat de Nadine Morano, qui a au moins un peu de courage, que celui de Yannick Noah.[access capability= »lire_inedits »]

Je vote Sarkozy parce qu’il a du punch. Je vote Sarkozy parce qu’il est positif, parce qu’il promet et promeut l’effort, parce qu’il angoisse tout le monde quand il entre dans une salle de réunion, parce qu’il gravit des côtes, parce qu’il sait négocier avec ses homologues en préservant l’intérêt de la France.

Tant pis si j’aggrave mon cas, car ce n’est pas tout. Je vote Sarkozy parce que le seul pays européen où le pouvoir d’achat des ménages ait augmenté depuis cinq ans, c’est la France (statistiques de l’Insee, de l’OCDE et du FMI) ; parce que le chômage a explosé au Portugal, en Espagne, en Italie, en Grèce, au Royaume-Uni et aux États-Unis dans des proportions sans commune mesure avec la hausse française ; parce que la « question prioritaire de constitutionnalité[1. La question prioritaire de constitutionnalité (QPC) est le droit reconnu à toute personne qui est partie à un procès ou une instance de soutenir qu’une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit. Si les conditions de recevabilité de la question sont réunies, il appartient au Conseil constitutionnel, saisi sur renvoi par le Conseil d’État et la Cour de cassation de se prononcer et, le cas échéant, d’abroger la disposition législative. La question prioritaire de constitutionnalité a été instaurée par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008.] » est une avancée majeure pour notre droit ; parce que le statut d’auto-entrepreneur est une avancée majeure pour notre économie ; parce que l’autonomie des universités est une avancée majeure pour notre enseignement ; parce que les internats d’excellence sont une avancée majeure pour nos banlieues.

Je vote Sarkozy parce que son premier Garde des Sceaux s’appelait Rachida, et qu’une Rachida à la chancellerie, c’était un missile d’espoir pour toutes les Rachida de France. Parce que, contrairement à ce que prétendent Joseph Macé-Scaron et tous les autres, le débat sur l’identité nationale n’était nullement indigne et que, sans la mauvaise foi abyssale qu’on lui a opposée, il aurait permis de soulever une question fondamentale. Parce que demander à des citoyens de siéger dans les tribunaux correctionnels, c’est humaniser la répression, regarder la misère ou l’horreur en face, et faire progresser la justice. Parce que défiscaliser les heures supplémentaires, c’est réhabiliter la sueur et tordre le cou à la flemme. Parce que ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux, c’est avoir le courage de s’ouvrir sur le reste de la planète.

Je vote Sarkozy parce que le pouvoir de l’argent, qui est le pouvoir tout court, passe aux mains du Brésil, de l’Inde et de la Chine, qui n’auront que faire de nos vieilles lunes égalitaristes. Parce qu’il faudra opposer une réponse ferme à l’islamisme qui se répand, corrompant les âmes fragiles. Parce que les classes moyennes ne résisteront pas aux hausses d’impôts des socialistes. Parce que les entreprises, surtout les petites, qui n’ont pas de conseillers fiscaux mais créent des emplois, se noient déjà dans les taxes et les règles et que la gauche ne sait inventer que des taxes et des règles. Parce que les banlieues ont trop souffert du discours victimaire et que Sarkozy les invite à retrousser leurs manches quand Hollande les écrase de sa sociologie muchiello-wieviorkienne.

Je vote Sarkozy parce qu’il faut arrêter de faire croire aux étudiants qu’ils trouveront du travail avec un bac + 5 en anthropologie ; aux sexagénaires que l’heure de la retraite a sonné ; à toute la misère du monde que la France l’attend les poches pleines ; aux millionnaires qu’ils peuvent s’installer en Belgique ou en Suisse sans devenir apatrides ; aux descendants des peuples colonisés qu’ils sont à jamais esclaves de l’esclavage qui déshumanisa leurs pères ; aux collectivités locales qu’elles peuvent recruter autant d’agents que les groupes du CAC 40 ; aux fonctionnaires qu’on peut aller au bureau vingt heures par semaine ; aux fumeurs d’herbe qu’ils sont sur la bonne voie ; à Audrey Pulvar qu’elle est une résistante ; et aux socialistes qu’ils peuvent échapper à un travail sur eux-mêmes.

Je vote Sarkozy parce que les Français sont un grand peuple, héritier d’une histoire encore plus grande que lui, et qu’il faudra être à la hauteur de cette histoire ; à la hauteur de nos rois, de nos généraux, de nos empereurs, de nos peintres, de nos musiciens et de nos poètes ; à la hauteur des soldats tombés pour la France, de nos veuves, de nos orphelins, de nos pupilles.

Sarkozy a de la gueule. Il se tient mal, prend des libertés avec la syntaxe (« Si y’en a que ça démange de licencier… »), a épousé Marie-Antoinette et nommé Frédéric Lefebvre ministre, mais il a de la gueule. De plus, il porte des mocassins à glands, preuve s’il en faut encore une, de son goût pour la transgression.

Je préfère voter comme Fabrice Luchini que comme Pascale Clark. Je préfère voter pour un ancien avocat que pour un homme qui n’a jamais mis les pieds dans une SARL. Je préfère voter pour celui qui cite Péguy que pour celui qui ne cesse d’invoquer cette vieille canaille de Mitterrand, lequel était beaucoup plus à droite que Chirac. Je préfère voter pour celui qui veut moins de pauvres que pour celui qui fera tout pour qu’il y ait moins de riches. Je ne veux pas voir Harlem Désir au gouvernement, ni Olivier Poivre d’Arvor rue de Valois[2. Il se dit qu’Olivier Poivre d’Arvor, actuel directeur de France Culture, se verrait bien au ministère de la Culture, sis rue de Valois à Paris.]. Je ne veux pas que la dame des 35 heures récidive.

J’aimerais bien qu’on laisse les gens qui ont sué toute leur vie transmettre quelque chose à leurs enfants. J’aimerais bien que les familles de vieille noblesse désargentée conservent leurs anciennes bâtisses, même si c’est pour y avoir froid l’hiver et devoir y passer tous leurs étés. J’aimerais bien qu’on continue à fabriquer des voitures, des avions, des trains et des services en porcelaine. J’aimerais bien qu’on puisse encore rêver de devenir milliardaire, capitaine d’industrie, richissime patron de presse ou rock-star défoncée de chagrin. J’aimerais bien qu’on n’oublie pas que la France est la fille aînée de l’Église, qu’elle n’a pas commencé à la Révolution et que Versailles est autre chose qu’un musée où on peut impunément accrocher des homards en plastique.

Je vote Sarkozy parce que j’aime la France ; parce que je veux qu’elle garde son âme et reste cette patrie conquérante et fière qui met les pieds dans le plat, la « République une et indivisible, notre royaume de France » ; je veux la France forte, je vote Sarkozy et toutes les larmes de tous les inrockuptibles réunis n’y pourront rien changer.[/access]

Avril 2012 . N°46

Article extrait du Magazine Causeur



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est juriste, ancien éditeur du magazine Spring et auteur de "Le soleil, l'herbe, et une vie à gagner", avec Thierry Consigny (JC Lattès). Il est membre de l'UMP.

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