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L’antisémitisme est-il devenu une maladie psychiatrique ?

Épidémie de "déséquilibrés" en France


L’antisémitisme est-il devenu une maladie psychiatrique ?
Riccardo di Segni, rabbin de la grande synagogue de Rome rend hommage à Mireille Knoll, mars 2018. SIPA. AP22183739_000002

Il y a un an, Sarah Halimi, 65 ans, était battue avec un acharnement bestial au cri d’Allahou Akbar, d’invocation du « Sheitan », de versets du Coran et d’insultes, puis défenestrée par Kobili Traoré, un voisin qu’elle connaissait depuis plus de vingt ans.

Son visage et son corps témoignaient du calvaire enduré : hématomes, plaies déchirées, zones contuses avec plaies, hémorragies, larges zones ecchymotiques, fracas multi-fragmentaire, fractures et autres plaies nombreuses. Les premiers policiers sur site n’ont pas réussi à l’identifier en dépit de ses papiers d’identité. Son visage, méconnaissable, était déformé par les coups. Mais le légiste est formel : la mort sera due à un polytraumatisme par chute d’un lieu élevé. Elle était donc encore en vie quand son assassin l’a jetée par-dessus le balcon hurlant aux policiers en contrebas qu’une femme allait se suicider. Voilà une conscience bien aiguisée pour un homme dont le discernement aurait été altéré par des « bouffées délirantes aiguës ».

Poursuivi par le « Sheitan »

Pendant les 20 minutes qu’a duré la mise à mort de Sarah Halimi, certains voisins, après avoir prévenu la police, ont assisté – impuissants – à cette scène d’horreur. Leurs témoignages sont glaçants.

Qu’ils aient habité dans le même immeuble ou de l’autre côté de la cour, à une vingtaine de mètres, que leurs chambres aient donné sur rue ou sur cour, ils sont unanimes. C’est à travers les fenêtres fermées, parfois en dépit d’un double vitrage, qu’ils ont été réveillés par les cris « d’une femme d’un certain âge qui est en train de souffrir le martyre », « le bruit de la viande qui se fait cogner », le « bruit des coups de poings sur la chair », « un bruit lourd et sourd comme une personne qui tape quelqu’un allongé par terre ». Ils évoquent un « acharnement bestial », une « torture ». Cela donne une idée terrifiante du supplice qu’a subi Sarah Halimi.

A lire aussi: Sarah Halimi : autopsie d’un crime antisémite

Traore, qui habitait à l’étage inférieur depuis plus de vingt ans, savait parfaitement dans quel appartement il se rendait en passant par le balcon mitoyen. Il savait qu’il se retrouverait chez Sarah Halimi, dont tous les voisins savaient qu’elle était juive orthodoxe et dont la porte d’entrée portait une mezouza (objet de culte juif) sur le montant extérieur. Il n’y allait pas par hasard. C’est bien Sarah Halimi qui était visée. D’ailleurs, il n’a été violent avec personne d’autre tout au long de cette journée pendant laquelle il s’est dit poursuivi par le « Sheitan ». Sarah Halimi, elle, a été sauvagement frappée avec les poings et probablement avec un téléphone retrouvé maculé de sang. Son tortionnaire s’est acharné sur son visage pour en effacer les traits et l’a jetée par-dessus le balcon, comme pour expulser un corps étranger de l’immeuble, un corps de juif.

A ce jour pourtant, et en dépit de tous ces éléments, les circonstances aggravantes de la préméditation et d’actes de tortures et de barbarie, n’ont pas été retenues…

Coupable mais pas responsable ?

Une expertise et un complément d’expertise par le Docteur Zagury ont révélé que Traoré souffrait d’un discernement altéré mais pas aboli. Une nuance qui n’en est pas une puisqu’elle permettrait un renvoi devant la Cour d’Assises. Depuis son crime, Traoré n’a pas effectué le moindre jour de détention et a pu profiter de la visite de sa famille. Interné, il bénéficie d’un traitement et va mieux, petit à petit.

Une nouvelle expertise psychiatrique a pourtant été ordonnée par le magistrat instructeur, qui a désigné un collège de trois experts, pas moins. En cas de confirmation de l’altération du discernement, ce sera le renvoi en Cour d’assises et il deviendra compliqué de le contester. Traoré devra alors répondre de ses actes. Si, en revanche, le collège d’experts venait à se prononcer pour l’abolition du discernement, le risque serait un procès escamoté. Personne n’oserait l’imaginer…

Restons prudents…

Il y a moins d’un mois, c’est une autre femme juive, Mireille Knoll, âgée de 85 ans, qui était assassinée chez elle, elle aussi par un voisin qu’elle connaissait depuis son enfance. Mais cette fois-ci, il y a un complice. Assassinée de onze coups de couteau, là encore au cri d’Allahou akbar, puis le corps brûlé pour tenter d’effacer le crime ou la victime. Peut-être bien les deux. Aucune « trace de lutte ou de maintien » n’auraient été relevées sur le corps de Madame Knoll. Et pour cause. Sérieusement handicapée par la maladie de Parkinson, l’assassin pouvait commettre son crime ignoble sans trop d’inquiétude. Il savait que sa victime ne pourrait pas se défendre. Pire que ça, Mireille Knoll a été assassinée dans son lit médicalisé. Rien, et certainement pas la victime, n’aurait pu empêcher les mis en cause de voler les maigres ressources de cette dernière si tel avait été leur objectif. Tuer n’était pas nécessaire. Il y avait donc d’autres motivations à ce crime épouvantable.

Une motivation antisémite par exemple. Le voisin meurtrier de Madame Knoll savait qu’elle était juive et aurait confié à son complice que « les juifs étaient toujours riches ». Sempiternels clichés. La cambrioler aurait suffi. La poignarder au cri d’Allahou akbar, c’était en plus. Il n’est pas interdit aux voyous d’être antisémites.

A ce titre et contrairement à l’affaire de Sarah Halimi, la circonstance aggravante d’antisémitisme a immédiatement été retenue. Mais il convient de rester prudent. On apprend que le bourreau de Mireille Knoll était alcoolique et aurait été interné en hôpital psychiatrique.

A ce rythme, la France risque de devenir un immense asile de fous.



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