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Guerre commerciale: quand le monde s’éveillera, la Chine tremblera

La Chine pourrait vite s'essouffler face aux offensives des Etats-Unis


Guerre commerciale: quand le monde s’éveillera, la Chine tremblera
Une femme passe à côté d'un vendeur de produits dérivés de l'armée américaine à Pékin en Chine, mars 2018. SIPA. AP22181606_000008

La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine a déjà lieu. Si la Chine vient de répliquer à l’offensive de Donald Trump, elle pourrait vite s’essouffler. Surtout si l’Europe finit par suivre son cousin américain…


Donald Trump a été élu sur un programme de protection de l’industrie et des emplois américains. Et il fait ce qu’il avait annoncé, pendant que les médias ne se focalisent que sur des affaires privées, inventées, déformées ou amplifiées. D’autres commentateurs, ignorants du droit américain ou formatés (comme l’ancien président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet) critiquent ses actions pour ses changements d’axes fréquents sans comprendre qu’il s’agit là de l’essence même de son habileté à négocier.

Donald Trump remet l’Empire à côté du village

Il a, par exemple, annoncé aux Canadiens et aux Européens son intention de taxer les importations d’acier (25%) et d’aluminium (10%) avant de revenir sur cette mesure, mais en maintenant la surtaxation sur les métaux chinois… Il semble qu’il ait négocié avec ces partenaires occidentaux une action concertée – ou en tout cas une neutralité – dans sa confrontation avec la Chine.

Rappelons qu’après avoir obtenu le visa de l’United States International Trade Commission (USITC), comportant des élus démocrates et républicains, les Etats-Unis avaient lourdement taxé les lave-linge coréens et les panneaux photovoltaïques chinois… L’USITC fonctionne selon des critères juridiques étrangers à l’esprit de l’OMC (et inconnus en droit français) qui sont simplement de savoir si une importation « peut ou non affecter l’industrie américaine ». Plusieurs enquêtes de ce type sont en cours, par exemple sur les fabricants de toners chinois.

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Mal connues et, encore moins, analysées en France, de nouvelles taxes sur les importations chinoises viennent d’être instituées par l’administration américaine, toujours après avis positif de l’USITC. Le 12 mars, c’est un autre comité (le CFIUS) pour l’investissement étranger aux États-Unis qui avait recommandé à l’administration Trump de bloquer l’OPA hostile du fabricant de semi-conducteurs chinois Broadcom sur l’entreprise de technologie sans fil américaine Qualcomm. Puis Washington avait adopté les mesures sur l’acier et l’aluminium. Et, déjà, on annonce des mesures pour protéger les technologies américaines et mettre fin au système des joint ventures que Pékin impose aux investisseurs étrangers sur son territoire, ce qui permet aux entreprises chinoises d’acquérir à peu de frais les brevets et know-how des géants américains. Le président Trump a annoncé, le 22 mars, que les États-Unis imposeraient de nouvelles taxes sur quelque 60 milliards de dollars d’importations chinoises. Les États-Unis doivent dévoiler d’ici peu la liste de 1.300 (!) produits chinois qui pourraient être surtaxés à la suite de l’enquête dite « section 301 » sur les transferts de technologies.

Xi Jinping tombe dans le piège de Donald Trump

Pour ne pas perdre la face, les Chinois – s’imaginant sans doute pouvoir à terme renégocier avec les Etats-Unis comme les Européens l’ont fait – sont tombés dans le piège tendu par le président Trump et ont, à leur tour, taxé en douanes, le 26 mars, pas moins de 128 produits américains : notamment le porc, le vin et certains fruits. Depuis le 2 avril, ces produits importés en Chine seront frappés de droits de douane supplémentaires de 15 à 25 %.

Le déficit commercial entre la Chine et les Etats-Unis est gigantesque (près de 400 milliards $) mais le président chinois Xi Jinping, exalté par le statut quasi impérial dont il vient de se doter, a précipitamment et imprudemment mordu à l’appât de Donald Trump. Il n’en sortira pas sans dommages. L’économie chinoise, calquée sur le plan de développement japonais des années 1960, a absolument besoin d’exporter pour survivre et absorber les ondes sociales de son immense exode rural. Nul ne peut prédire quelles en seront les conséquences sur l’économie chinoise puis, inévitablement, sur la situation politique intérieure de l’Empire du Milieu. Le ton des médias chinois, dopés au succès industriel et militaire du pays, est menaçant: ils proclament que la Chine n’a pas peur d’une guerre commerciale et retrouvent leur rhétorique communiste agressive. Aux Etats-Unis, même les démocrates qui détestent le plus Donald Trump adoptent ses éléments de langage, telle la sénatrice Elizabeth Warren qui, après avoir rencontré vendredi et samedi le vice-premier ministre Liu He, stratège de la politique économique, a déclaré avoir eu « une discussion approfondie sur la façon dont les mesures chinoises qui faussent les échanges commerciaux finissent par porter préjudice aux travailleurs américains». On voit que l’on se rapproche des élections mid term !

La course aux désarmements

Et le mouvement ne semble pas près de s’achever car le président Trump vient de signer un mémorandum donnant pour instructions au représentant des États-Unis pour le commerce extérieur (USTR) d’envisager une augmentation des droits de douane sur certains produits que la Chine exporte vers les États-Unis, y compris dans les domaines de l’aérospatial, de l’armement, de la machinerie et des technologies de l’information et de la communication. D’après une enquête de l’USTR, certaines actions politiques et pratiques du gouvernement chinois, liées au transfert de technologies, à la propriété intellectuelle et à l’innovation, étaient déraisonnables ou discriminatoires et imposaient un fardeau ou des restrictions sur le commerce américain.

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Donald Trump a demandé aux départements et organismes compétents de collaborer avec le secrétaire au Trésor pour proposer des mesures visant à remédier aux préjudices causés aux États-Unis par les pratiques d’investissements de la Chine en matière d’acquisition des technologies sensibles qui ne sont pas encore entièrement couvertes par les textes en vigueur. Le 25 mars, le président déclarait: « Sous mon gouvernement, le vol de la prospérité américaine prendra fin. Nous allons défendre notre industrie et créer – enfin – un système concurrentiel équitable pour les travailleurs américains ». Il ressort en effet de l’enquête précitée que la Chine obligerait les entreprises américaines à céder leurs droits de propriété intellectuelle pour avoir accès aux marchés chinois, par exemple en exigeant que les entreprises automobiles étrangères (à énergies nouvelles) concèdent les technologies entrant dans leur fabrication. Robert Lighthizer, le représentant des États-Unis pour le Commerce extérieur, a diffusé un communiqué dénonçant « les pratiques commerciales injustes et sans précédent de la Chine [qui] représentent un sérieux défi non seulement pour les États-Unis, mais aussi pour nos alliés et partenaires à travers le monde ». C’est un message en direction des Européens. Saurons-nous saisir cette opportunité et suivre le « brise-glace » ? S’il peut être gênant pendant quelque temps pour les Etats-Unis (et l’Europe) d’importer moins de Chine, mais avec un effet reconstituant à terme de leur tissu industriel, il peut être fatal bien plus vite pour la Chine de ne plus exporter…

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