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Fillon: les affaires n’expliquent pas tout


Fillon: les affaires n’expliquent pas tout
Une militante décroche une affiche de campagne de François Fillon après son élimination au premier tour de la présidentielle, 23 avril 2017. SIPA. AP22043826_000166
Une militante décroche une affiche de campagne de François Fillon après son élimination au premier tour de la présidentielle, 23 avril 2017. SIPA. AP22043826_000166

François Fillon n’a pas été un mauvais Premier ministre. Auparavant, il avait même été un bon ministre des Affaires sociales. Une belle carrière, un beau parcours, dans la meilleure tradition de la droite française. L’ennui c’est qu’il n’a été ni un grand Premier ministre ni le bon chef de parti qui aurait conduit ses troupes à la victoire et à la gloire.

Des 34% d’intentions de vote au premier tour de la présidentielle dont il jouissait en décembre, il a perdu la moitié en l’espace de deux mois. Dans l’esprit de beaucoup de Français, il y a eu emploi fictif et sans-gêne avec les deniers publics de la part de quelqu’un qui prenait des postures éthiques et conseillait aux autres de se serrer la ceinture.

La droite n’a pas le droit de creuser la dette

Mais l’essentiel est ailleurs. François Fillon a écrit en 2006 un livre intitulé La France peut supporter la vérité. Mais la vérité, c’est qu’il a largement contribué à couler la droite, tant en 2017 qu’en 2012. Il y a cinq ans, en effet, la gauche a gagné parce que ses jeunes loups ont martelé indéfiniment un argument massue qui mettait la droite en porte-à-faux avec ses valeurs : la dette de la France s’est considérablement accrue, et comparativement beaucoup plus que dans les autres pays, invoquer la crise de 2008 n’est donc pas une excuse.

Critique dévastatrice que celle d’une droite mauvaise gestionnaire, creusant les déficits. Un paradoxe et un camouflet gravissime. Historiquement, ce n’était arrivé qu’une seule fois. Léon Blum l’avait reproché au Bloc national, fustigeant, en octobre 1924, une droite dilapidant la richesse nationale et « l’impéritie » d’une dette publique portée à 400 milliards de francs. Par la suite, la droite avait amplement fait ses preuves. Raymond Poincaré, en 1928, et Antoine Pinay, en 1959, avaient restauré le franc, jugulé les déficits et « restreint les dépenses », selon la formule de Raymond Barre.

L’exemple anglais

La voix officielle de l’UMP avait beau scander que c’était la faute à la crise, ce creusement de la dette portait un coup au moral. Surtout qu’avant même le krach d’octobre 2008, le tandem Sarkozy-Fillon avait raté ses 100 jours, ce laps de temps où « tout devient possible ». Fillon le reconnut d’ailleurs par la suite : « on a merdé ». C’est exact, mais reste à savoir en quoi exactement. En fait, l’échec de la droite vient de la nullité de ses ministres des Finances.

En effet, la fameuse baisse des prélèvements obligatoires, qui leur est chère, est une impulsion qui se heurtent aux anticipations des acteurs : beaucoup saisissent la baisse des charges comme un ballon d’oxygène, ou un effet d’aubaine, sans jouer le jeu, gageant que l’Etat ne va pas tarder à reprendre, d’une main, ce qu’il vient d’offrir de l’autre. En Angleterre aussi, il y a eu des Premiers ministres velléitaires et dépourvus d’esprit de suite. Le succès de Margaret Thatcher fut d’annoncer qu’elle mènerait son action jusqu’au bout sans changer de politique, afin d’infléchir les anticipations des agents économiques. A ceux qui, en octobre 1980, la pressaient de changer sa politique économique devant le fort taux de chômage, la « Dame de fer » répondait : « je n’ai qu’une chose à dire : la dame n’est pas du genre à faire marche arrière. »

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est politologue et chroniqueur. https://www.facebook.com/crapezmarc/

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