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Mélenchon, Hamon, Jadot: l’union des trois n’aura pas lieu


Mélenchon, Hamon, Jadot: l’union des trois n’aura pas lieu
Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, Paris, 2010. Sipa. Numéro de reportage : 00592325_000014.
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Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, Paris, 2010. Sipa. Numéro de reportage : 00592325_000014.

Pour l’instant, une alliance entre Mélenchon et Hamon, c’est non. L’un, Mélenchon, refuse de s’atteler à un « corbillard », comprendre le Parti socialiste. L’autre, Hamon, plus patient, est néanmoins obligé de la jouer serrer entre les reliquats encombrants du vallsisme et un bilan de quinquennat qu’il faut absolument renier sans trop le montrer. Hamon est même allé au Portugal ce week-end, pour nous rappeler qu’il s’agit  non seulement du pays le plus charmant d’Europe mais qu’il est aussi le siège de l’unique expérience de gauche plurielle en Europe depuis fin 2015, une expérience qui marche avec un Premier ministre socialiste qui a préféré trouver sa majorité avec la vraie gauche de gauche plutôt qu’avec les libéraux sortants et sortis.

Rien de non-négociable

Las, Mélenchon, tout à une vision messianique de sa personne, occupe une après-midi sur sa chaîne YouTube pour expliquer son programme et le chiffrer avec pas mal d’économistes sérieux (Généreux, Liêm Hoang-Ngoc) qu’on entend jamais sur BFM ou Inter car ils ne sont pas de stricte orthodoxie libérale comme Seux ou Doze. Il a raison de le faire, d’ailleurs, ça nous change de Macron qui ne chiffre rien parce qu’il n’a rien n’a chiffrer, n’ayant pas de programme sinon de viser la niche très restreinte, on le reconnaîtra,  des anticolonialistes anti-mariage pour tous.

Il a raison, Mélenchon de chiffrer son programme, mais il a tort quand il le fait contre Hamon alors qu’en matière de programme, encore une fois, il n’y a rien qui ne soit pas négociable dans la mesure où les deux proposent de sortir de la logique austéritaire, ordolibérale, et pensent que la croissance classique ne reviendra pas, qu’il s’y substituera une transition écologique qui créera des emplois même si tout cela ne doit pas empêcher de constater que le travail s’en va, et que ce n’est pas plus mal, l’homme n’étant pas fait pour travailler mais pour aider, créer, aimer, bref s’émanciper dans un temps libéré que la productivité induite par le mode de production capitaliste n’a jamais, ou si peu, redistribué. On pourra relire l’indémodable Droit à la Paresse de Lafargue, sur ce problème qui ne date pas d’hier.

Mais bon, apparemment, comme l’a remarqué Hamon, les logiques d’appareil sont les plus fortes, ce qui prouve bien que la France Insoumise, qui n’est pas sans ressemblance dans le côté télé-évangéliste avec En Marche de Macron, est un appareil comme un autre.

Un peu tard dans la saison

C’est bien dommage que l’union des trois (Hamon, Mélenchon, Jadot) n’ait pas lieu ou alors aurait lieu après la victoire de Marine Le Pen à la présidentielle, au moment des législatives. Il sera un peu tard dans la saison, à vrai dire, puisque comme Hamon l’a également fait remarquer, ce que les électeurs de gauche réclament, c’est une union avant, et pas après les présidentielles, quand tout le monde, dans les circonscriptions criera au sauve-qui-peut. C’est d’autant plus désespérant que ce comportement est induit par la logique de la Vème république et que Hamon comme Mélenchon et ses partenaires, veulent d’une VIème. En cas de victoire après les législatives, pour les deux, l’idée serait celle d’une assemblée s’érigeant en constituante et proposant la nouvelle république par référendum, bref que le président élu se chargerait de piloter le changement, guère plus, avant de voir ses prérogatives régaliennes singulièrement restreintes.

Désespérer l’électeur de gauche  alors que l’addition des voix de Hamon et de Mélenchon sans compter celles des écologistes et des communistes, les qualifie d’emblée pour le second tour, voire les place devant Marine Le Pen, c’est absolument irresponsable. Les pétitions appelant à l’union, sous une forme ou sous une autre, qui fleurissent un peu partout, témoignent pourtant de ce désir à gauche, à la base,  de ne pas voir se jouer le destin du pays dans un tête à tête entre un candidat de droite plombé par les affaires au discours inaudible, une candidate de droite extrême qui a Trump et Poutine pour modèle ou un Lecanuet illuminé et incohérent. On en est pourtant là.



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