Dans la campagne anglaise, Louise Murguia, une promeneuse bien intentionnée recueille un agneau blessé pour le sauver des « cruautés de l’élevage ». Attentionnée mais peu professionnelle, elle est condamnée par le tribunal à un traitement de six mois contre l’alcoolisme et à six jours de stage de réinsertion sociale !
L’histoire se déroule dans le charmant village du Dorset, Sturminster Newton, qui a inspiré à Thomas Hardy le « Val des petites laiteries » servant de cadre à son chef-d’œuvre Tess d’Urberville.
Je suis vegan et je le reste…
À perte de vue, c’est une mosaïque irrégulière de petits champs, qui ne sont hélas plus divisés par les haies anciennes décrites par l’auteur naturaliste. Le 23 mars, tandis qu’elle promène son chien dans la campagne, une habitante du cru, Louise Murguia, avise dans un pré un agneau qui lui semble avoir la patte cassée. La quadragénaire décide alors de recueillir l’animal chez elle. Sans toutefois en aviser l’éleveur ni consulter un vétérinaire. Dans la foulée, elle poste sur les réseaux sociaux le récit de sa bonne action. « Je suis végétalienne, y écrit-elle. Vous pouvez me détester si vous voulez. J’aime et je respecte les animaux. »
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La publication devient vite virale, car Murguia y détaille les traitements qu’elle prodigue au petit mouton : chaque matin un biberon de lait de vache pour le requinquer suivi d’un shampoing pour rendre sa laine aussi blanche que dans Le Petit Prince. Si beaucoup d’internautes applaudissent ces soins censés être autrement plus éthiques que les cruelles méthodes agricoles, certains comprennent vite que la bête est en danger de mort. Alertée, la police se rend trois semaines plus tard au domicile de Mme Murguia, où l’ovin est retrouvé dans une chambre à coucher très amaigri. Alors qu’à son âge, le poids moyen d’un « Dorset Down » est de dix kilos, celui-ci en pèse seulement cinq. « Je suis soulagé qu’il soit vivant, mais choqué par son mauvais état, déclarera plus tard son propriétaire. Il a fallu plus d’une semaine de soins médicaux intensifs pour assurer sa survie. »
La sauveteuse autoproclamée vient quant à elle d’être condamnée par le tribunal à un traitement de six mois contre l’alcoolisme et à six jours de stage de réinsertion sociale.