Accueil Culture « D’Amour » et de musique

« D’Amour » et de musique

La nouvelle création du chorégraphe Thomas Lebrun au Théâtre de Chaillot


« D’Amour » et de musique
© Frédéric Iovino

Thomas Lebrun présente D’Amour, sur la scène du théâtre de Chaillot, un spectacle chorégraphique autour de la chanson française. Une belle énergie qui s’adresse aussi au jeune public.  


Que ne revoit-on des pièces du chorégraphe Thomas Lebrun aussi belles que La Constellation consternée (2010) ou qu’Avant toute disparition (2016), magnifique composition qui balaya naguère la grande scène du Théâtre de Chaillot d’un souffle épique qui demeure encore dans les mémoires !

Le pernicieux système qui règne en France contraint les rares bons chorégraphes d’aujourd’hui à créer sans cesse de nouveaux spectacles sans pouvoir exploiter suffisamment les précédents, et à délaisser ainsi tout un répertoire qui mériterait d’être maintenu et de pouvoir être découvert, année après année, par des spectateurs toujours plus nombreux.

© Frédéric Iovino

Fantaisie et poésie

Ainsi poussé à créer un nouvel ouvrage, mais avec des moyens très modestes, Thomas Lebrun, qui dirige le Centre chorégraphique national de Tours depuis janvier 2012, livre avec D’Amour une aimable anthologie de chansons de variétés, de celles qui firent rêver, de l’après-guerre à nos jours, des générations de midinettes et d’adolescents boutonneux ainsi que leurs géniteurs. De Charles Trenet à Léonard Bernstein pour le meilleur, de Sheila à Elli et Jacno ou Sagazan pour le moins convaincant, en passant par Edith Piaf, Theo Sarapo, Lady Blackbard ou Richard Sanderson…

A lire aussi: Peer Gynt, une formidable aventure

Conçu comme l’émission radiophonique d’un poste imaginaire, Radio Love, mais qu’on voit illustrée par un joli quatuor de danseurs très plaisamment costumés par Kite Vollard, D’Amour débute sur les chapeaux de roues par des danses libres, facétieuses, délicieusement entraînantes, très genre music-hall, et d’autant plus vivantes quand elles sont accompagnées de chansons pleines de fantaisie ou de poésie. Cela faiblit quelque peu sous l’effet délétère de la chansonnette française dont le niveau ne s’arrange guère au fur et à mesure que l’on avance dans le temps. Il faudrait des chants d’amour d’Espagne ou d’Amérique latine, brûlants, âpres, incandescents, mélodiquement superbes, pour mieux embraser une scène.

Gare à l’excès de guimauve

Mais Thomas Lebrun rétorque avec ironie à la mièvrerie sucrée ou au simplisme, sans verser pour autant dans une dérision qui serait trop cruelle. Et les deux danseuses au chic spontané, à la jolie dégaine (Élodie Cottet et Lucie Gemon), comme les deux danseurs de belle prestance (Sylvain Cassou et Paul Grassin), gomment avec élégance l’excès de guimauve de la chanson française, intervertissant aussi, par petites touches discrètes, les rôles masculins/féminins.

« Aimer la différence et la diversité plutôt que de les rejeter ; accepter, comprendre, respecter les singularités de chacun et chacune ; aimer ce que nous ne sommes pas comme aimer ce que nous sommes », écrit Thomas Lebrun dans le programme. Porté par la chanson, son message de tolérance et d’ouverture est clair, surtout pour un jeune public infiniment attentif aux textes entendus et les percevant pleinement.    

Si D’Amour est évidemment destiné à tous les publics, il l’est plus encore pour un jeune auditoire (dès 7 ans) à qui il est principalement destiné. Les enfants comme les adolescents en font leur miel. Et la pièce, créée à Tours en janvier dernier, doit faire une carrière multiple dans les circuits scolaires.


D’Amour Spectacle « jeune et tout public » de Thomas Lebrun. Théâtre national de Chaillot, Paris, le 14 mars à 19h30, le 15 mars à 15h et 18h, le 16 mars à 11h et 15h ; 01 53 65 30 00 ou https://theatre-chaillot.fr/fr/programmation/2024-2025/damour-thomas-lebrun-ccn-de-tours
À la Ferme de Buisson, à Noisiel, du 10 au 12 avril ; 01 64 62 77 77.

Autres ouvrages de Thomas Lebrun en tournée en France :

L’Envahissement de l’être ; le 18 mars à Montval-sur-Loire, le 25 au Théâtre Gallia de Saintes, le 25 mars au Moulin du Roc de Niort.
Pouce !  Tu, solo tu, le 21 mars. Espace Bernard Glandier, Montpellier.
Dans ce monde, les 30 et 31 mars, au Dôme de Saumur.




Article précédent Cessez-le-feu en Ukraine: quand la pensée univoque entend se substituer au doute
Article suivant C’est dans l’air et c’est pollué

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération