Accueil Culture Lao Tseu l’a dit, il faut trouver la voie. Moi, je l’ai trouvée…

Lao Tseu l’a dit, il faut trouver la voie. Moi, je l’ai trouvée…

La Voie suprême vue par trois textes taoïstes inédits en français


Lao Tseu l’a dit, il faut trouver la voie. Moi, je l’ai trouvée…
Rue en Chine. Image d'illustration Unsplash.

Le taoïsme est l’un des courants de pensée, avec le confucianisme, qui a marqué le plus la civilisation chinoise. Un petit ouvrage, publié aux Éditions Rivages, offre une introduction inédite et parfaite à ce pilier de la pensée chinoise…


Le taoïsme est un des courants de pensée majeur de la civilisation chinoise. Religion ou philosophie, difficile de trancher. Le taoïsme est un peu les deux, présentant autant une vision du monde qu’un ensemble de rites. 

Sous le titre de Le Livre de la contemplation intérieure, la sinologue Catherine Despeux nous offre trois textes très anciens relatifs au taoïsme. Il s’agit de courts poèmes didactiques, en l’occurrence trois méditations sur des concepts tirés du Tao-tö king de Lao tseu. « Ces textes, écrit Catherine Despeux dans sa préface, comprennent la quintessence de la démarche mystique du taoïste qui, pour trouver ou réaliser le Dao, la Voie, inverse son esprit et retourne à ses origines. » Leurs auteurs en sont restés anonymes, on sait juste que les deux premiers vivaient sous la dynastie des Tang (618-907 après Jésus-Christ) et le troisième un peu plus tard, au XIIIe siècle. 

Des textes faits pour la méditation

Ces trois morceaux du Canon taoïste ont été lus et relus au cours des âges. Ils sont propices à une méditation, que la préfacière caractérise de la manière suivante : le « méditant […] apprend à maîtriser son esprit pour laisser surgir ce qui est authentique, le Réel, en chinois zhen ». Dans une telle méditation, le moi « s’abandonne dans une confiance totale en la Voie dont le potentiel est infini, car, dans cette vacuité, rien ne peut être entravé et par conséquent tout est possible ». La recherche spirituelle, ici, est celle du plus grand dépouillement de soi, afin d’accéder à la Voie dans sa plénitude. Définir ce qu’est la Voie (Tao ou Dao) est tout l’enjeu de cette démarche spirituelle. Le premier poème dit par exemple : « La Voie de la contemplation intérieure / Consiste à calmer son âme et à fixer son esprit… » Cela pourra peut-être paraître trop simple, mais dans la pratique la Voie est une chose redoutable. Le grand savant Marcel Granet faisait remarquer en 1934 que, pour les taoïstes, le mot tao exprime « l’Ordre efficace qui domine puissance indéfinie ‒ l’ensemble des réalités apparentes, tout en restant, quant à lui, rebelle à toute réalisation déterminée ». Le « non-faire » est un élément central du taoïsme, son point de départ. 

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La naissance de l’univers

Le premier texte, sans doute le plus passionnant, évoque l’origine du monde. Comme dans le Timée de Platon, il essaie d’en percer le mystère : « Au dixième mois, le Souffle fut suffisant, / Et toutes les formes, parfaites. / L’harmonie originelle qu’il était le reput, / Et cela continûment. » On perçoit, à travers une telle description mythologique, une tentative de représenter le monde dans sa fraîcheur initiale. La contemplation intérieure permet alors à l’homme d’y avoir accès, grâce à la méditation. Catherine Despeux note : « La contemplation intérieure est celle de la contemplation du monde, qui n’est rien sans le regard que chaque individu lui porte. » C’est une manière d’être en accord avec la Voie, et cela vient du « cœur/esprit », pour reprendre la formule du troisième poète anonyme recueilli par Catherine Despeux.

Les grandes religions se rejoignent

On le voit, ce bref livre ouvre de grandes questions. Les trois poèmes rassemblent en eux, de manière magnifiquement concentrée, les interrogations essentielles, non seulement du taoïsme, mais aussi de toute grande religion traditionnelle. La Chine reste un continent qui a beaucoup à nous apprendre, et d’abord sur le chapitre de notre propre métaphysique occidentale en déclin. Personnellement, j’ai toujours constaté sans surprise qu’un lien existait entre le taoïsme chinois et l’enseignement de Jésus, pour peu qu’on mette au second plan tout l’aspect très technique que le premier a fini par développer sous l’influence du bouddhisme. Demeure un unum necessarium, qui s’incarne profondément dans le concept de Voie, commun aux deux religions.

Anonyme chinois, Le Livre de la contemplation intérieure et autres textes taoïstes. Traduit du chinois et préfacé par Catherine Despeux. Éd. Rivages poche, collection « Petite Bibliothèque ».

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Jacques-Emile Miriel, critique littéraire, a collaboré au Magazine littéraire et au Dictionnaire des Auteurs et des Oeuvres des éditions Robert Laffont dans la collection "Bouquins".

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