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Suisse : Malaise dans la confédération


Suisse : Malaise dans la confédération

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Pureté, puritanisme, putain : cherchez l’erreur. Il n’y en a pas. Les racines pur et put ont grandi dans la même région anatomique, et avec le « Ça-Graal », la coupe n’est jamais loin des lèvres. Une gorgée de temps en temps, d’accord, mais pas tout le temps, sinon y’a malaise dans la civilisation. Jusqu’au dimanche 3 mars, y’avait malaise dans la Confédération. Ce jour-là, lors d’un référendum d’initiative populaire, les Suisses ont massivement demandé une loi limitant la gloutonnerie des dirigeants des entreprises helvétiques cotées en Bourse. Le principe étant plébiscité par le peuple, il revient à présent au Parlement de poser l’anneau gastrique, au moyen d’une loi.[access capability= »lire_inedits »]
C’est la fin, croit-on, des arrangements juteux entre amis patrons, qui eux aussi ont eu leur « Sofitel ». Deux semaines avant la votation, le président de la « pharma » Novartis, Daniel Vasella, sur le départ, se faisait prendre la main au panier – 72 millions de francs suisses (60 millions d’euros) –, prix de son silence dans un environnement manifestement hyperconcurrentiel. Face à la réprobation générale, il renonçait à ce parachute doré, mais comme on dit, le mal était fait. En période révolutionnaire, reconnaître ses fautes, c’est les commettre une deuxième fois ; on n’échappe pas au châtiment, ici, celui des urnes.
La fuite à Varennes de Vasella prendra la forme d’un exil en famille aux États-Unis, a-t-on appris.
De quoi cette révolution suisse est-elle le nom ? C’est là qu’on se calme. Le référendum piloté et gagné par le sénateur Thomas Minder, du parti de la droite nationale UDC et lui-même chef d’une PME fabriquant du dentifrice, par ailleurs opposé à la libre circulation des biens et des personnes, marque la victoire des actionnaires sur les administrateurs des grosses boîtes.
Le 3 mars, il y a eu rappel à l’ordre. À l’ordre moral. Le tribunal de l’éthique protestante a sanctionné une déviance du capitalisme et non le capitalisme en tant que tel qui, par la grâce du peuple, sort purifié du bordel et de la débauche où l’avaient plongé quelques-uns. C’est moins rougeoyant que le « Grand Soir ». Salade de cervelas, et au lit ! Pas drôles, ces Suisses…[/access]

*Photo : hello nelly.

Avril 2013 #1

Article extrait du Magazine Causeur



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est journaliste.

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