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Shopping à Londres


Shopping à Londres
photo : LoopZilla
photo : LoopZilla

Faire son shoping à Londres, quel plaisir ! Les soldes sont de vraies soldes, pas question là-bas d’attendre les dernières semaines pour bénéficier de remises à 70%. Et quel accueil ! Il n’y a pas à dire, les British savent y faire.

Courtoisie, décence, élégance, art de vivre, tout ce qui faisait de la France le pays défenseur de la civilisation occidentale bien avant d’être celui des Droits de l’homme, se retrouvent chez nos ennemis historiques d’hier. Nelson, perché sur la colonne de Trafalgar, a bien de quoi se réjouir. Son « peuple de boutiquiers » nous donne une leçon de savoir-vivre quand celui-ci, chez nous, subit un sacré revers. « Partout où il y a des mœurs douces, il y a du commerce et partout où il y a du commerce, il y a des mœurs douces[1. L’Esprit des Lois, XX, 1]. » Les remarques de Montesquieu sur la douceur du commerce qui civilise les mœurs semblent encore d’actualité chez les Grands-Bretons, n’en déplaise aux bonnes âmes antilibérales pour qui le mercantilisme anglo-saxon est le Grand Satan à abattre.
Oui, les Anglais sont des commerçants et c’est tant mieux. Ils n’ont pas oublié le double sens du mot « commerce » qui signifie, à la fois, échange de biens mais également la civilité, un comportement policé utile à la vie en société.

C’est bien simple, là-bas vous êtes un véritable client servi par des véritables vendeurs. Vous entrez dans un magasin, vous êtes visible, vous existez. Un vendeur vient vers vous. L’allure est dynamique, le ton agréable. Il vous demande, avec cet accent anglais tellement chantant qui donne tout de suite une tonalité élégante aux propos, s’il peut vous aider à trouver votre bonheur. Et alors là, il faut voir avec quel dévouement il se décarcasse pour que vous repartiez content. Il n’y a pas votre taille, « no problem », les appels fusent entre les magasins. Des retouches sont nécessaires, « no problem », elles seront faites dans journée, ça tombe bien vous êtes à Londres pour le week-end, donc attendre une semaine comme à Paris aurait été difficile. Vous êtes à la National Gallery, votre portable vibre, c’est un texto du magasin vous prévenant que vos emplettes vous attendent : le modèle à votre taille trouvé et les retouches effectuées, vous n’avez plus qu’à passer le payer. Et si vous essayez mille et une choses et que, finalement, vous préférez ne rien acheter, aucune exaspération ne vient crisper le visage du vendeur, mais un élégant « Thank you Madam, have a good day ! » vous est adressé.

C’est ça l’esprit commerçant. Politesse oblige ! Loin d’être réservé au secteur de la mode, ce sens du service est généralisé à toute la société. Vous n’avez qu’à prendre le métro pour vous en apercevoir. Les employés de l’Underground sont à votre disposition pour vous aider et ne se sentent pas humiliés pour autant. Il est impensable qu’ils vous laissent vous dépatouiller tout seul et cela même un dimanche matin. Ils vous aident sans rouspéter ni traîner les pieds, tout simplement par sens du devoir, parce qu’ils ont une certaine idée de l’utilité publique.

Chez nous, tomber sur quelqu’un de serviable et de bien intentionné relève de l’exception. Chez les Brits, ce comportement est absolument normal. Pourquoi diable ? Et bien sans doute parce qu’ils ont une idée claire et précise de leur rôle au sein de la société et qu’ils se sentent estimés et valorisés pour leur utile contribution.
À aucun moment vous n’avez l’impression qu’ils se sentent dégradés par leur travail, comme c’est bien trop souvent le cas en France, où le sentiment conscient ou inconscient d’une humiliation sociale provoque rancœur et ressentiment à l’égard du client.

Aux esprits épris de républicanisme qui sont, en ce moment, taraudés par la question « La France est-elle en déclin ? » j’ai envie de dire : traversez la Manche et vous verrrez que la Perfide Albion nous tend le miroir où se reflète notre décadence.

Soldes

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