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Retraites: adresse aux vieux cons

L’édito politique de Jérôme Leroy


Retraites: adresse aux vieux cons
Jérôme Leroy © Hannah ASSOULINE

La jeunesse, comme du côté de Rennes, entre dans le mouvement des retraites. Ça ne plait pas aux vieux. Mais attention, comme il y a jeune et jeune, il y a vieux et vieux…


Il semblerait d’après des sondages persistants que neuf actifs sur 10 refusent la contre-réforme des retraites avec départ à 64 ans. On peut donc en déduire, que ce sont ceux qui ne sont plus actifs qui restent pour.

Et parmi ceux qui ne sont plus actifs, on trouve les vieux. Mais il y a vieux et vieux. Les vieux, comme les actifs, sont traversés par la lutte des classes. Il y a les vieux pauvres, qui ne sont pas non plus pour cette contre-réforme des retraites. Donc seuls les vieux riches sont pour. Et les vieux riches sont les derniers, dans ce pays, à soutenir Macron. Avec la droite, ce qui désormais revient au même. Ils pourraient au moins avoir la décence de se taire. Mais le vieux de droite, en plus est donneur de leçons. Il ne peut s’empêcher de commencer ses phrases, par « Moi, de mon temps… » Le vieux de droite est souvent aussi un vieux con sentencieux, sauf quand il s’appelle Jacques Laurent ou Jean Dutourd. Mais c’était un autre temps. Ils étaient certes de droite mais n’étaient ni cons ni sentencieux, parce qu’ils étaient écrivains et drôles.

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Parmi les remarques prudhommesques des vieux de droite quand ils constatent que les lycéens ont rejoint le mouvement contre la réforme des retraites, il y a celle qui consiste à dire: « Quoi, penser à la retraite à 16 ans? Moi, à leur âge, je…. etc… » J’ai envie de leur dire :

– Toi, tais-toi: à leur âge, tu ne bougeais pas une oreille car tu étais déjà de droite. Soit par peur de déplaire au maître, soit parce que tu avais compris que tu étais du bon côté des rapports de production et que tu trouvais ça très bien comme ça.

– Toi, quand tu avais 17 ans, tu n’avais pas passé tes années collège ou tes années lycée confiné avec papa maman ou avec un masque avant de rentrer à six heures pour cause de couvre-feu. Tout ça, précisément au moment où la vie est amusante, où les hormones chantent joyeusement comme l’a si bien décrit San Antonio: « C’est beau l’adolescence. Y a que ça d’authentique. C’est juste un moment privilégié de la vie pendant lequel les individus ne sont pas trop débectants. Y a des lambeaux de poésie tortillés autour de leur bitoune. Mais ça ne dure pas très longtemps. »

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– Toi, tu n’as pas embrayé la fin du Covid par une guerre ouverte en Europe avec menace nucléaire à la clef, et tu pouvais te projeter à 30 ans sans avoir devant toi la perspective imminente d’un effondrement écologique. Et toi, de manière plus prosaïque, tu n’avais pas à te fader Parcoursup, invention d’un rare sadisme qui fait passer les problèmes de Joseph K pour une promenade de santé.

Alors, oui, tais-toi, vieux de droite, toi qui adores la citation usée que cette vieille folle antisémite de Jouhandeau avait lancé aux étudiants de 68: « Dans trente ans, vous serez tous notaires. » Non, dans 30 ans, ils se voient surtout, non sans raison, loqueteux et scrofuleux dans les convois d’on ne sait quelle déroute bactériologique.

Alors, oui, encore une fois, tais-toi: tu n’as pas compris ou tu fais semblant de ne pas comprendre. Ce n’est pas contre la réforme qu’ils manifestent mais surtout contre ce dont elle est le symptôme.

Ils manifestent contre Macron et son monde. Ils manifestent contre la culture de mort que fait régner le libéralisme en phase terminale. Ils manifestent pour vivre sur Terre, d’une vie réellement humaine.

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