Accueil Politique Remaniement: et à la fin, c’est encore Macron le patron

Remaniement: et à la fin, c’est encore Macron le patron

Le président a gagné son bras de fer contre Edouard Philippe


Remaniement: et à la fin, c’est encore Macron le patron
LUDOVIC MARIN / AFP

Après des jours d’attente, Emmanuel Macron a remporté son bras de fer contre Edouard Philippe. Avec notamment Christophe Castaner à l’Intérieur, Jupiter a créé le nouveau gouvernement a son image. 


Le remaniement est donc arrivé. Sans se presser. Ce grand remaniement. Ce beau remaniement. Avec sa Culture et son grand Beauvau. Quinze jours pour en arriver là. Nous nous étions quittés en nous demandant qui de l’Elysée ou de Matignon aurait les clefs du camion. Avec le nom du titulaire du ministère de l’Intérieur comme indice principal. Le bras de fer a duré. Emmanuel Macron y souhaitait un proche. Edouard Philippe y voulait de la compétence. L’Elysée a gagné, de guerre lasse.

Edouard Philippe reste passager

Certes Christophe Castaner, homme du premier cercle macronien, qui cumulait déjà les Relations avec le Parlement et la direction du parti présidentiel, n’hérite pas d’un ministère aux mêmes contours que celui de Gérard Collomb. Ainsi, les collectivités territoriales sont désormais rattachées au ministère de la Cohésion du territoire, dont est maintenant chargé Jacqueline Gourault. Certes il sera épaulé par l’ancien patron de la DGSI, Laurent Nuñez, nommé secrétaire d’Etat. L’identité de ce dernier semble aussi une victoire du parti LREM où on ruait dans les brancards à l’idée d’y voir un sarkozyste comme Péchenard ou Castex.

Mais finalement, Edouard Philippe est bien mal récompensé d’avoir été à peu près le seul à tenir debout depuis cet été.

Non seulement, il n’a pas pu imposer ses choix à l’Intérieur mais ce remaniement n’est sans doute pas à la hauteur de ce qu’il réclamait. Le week-end dernier, on évoquait un nouveau pacte avec Alain Juppé, lequel aurait annoncé son entrée officielle dans la majorité présidentielle, participant à un colloque bordelais avec Nathalie Loiseau, chargée de l’Europe au Quai d’Orsay. Jean-Pierre Raffarin avait lui aussi préparé le terrain sur RTL la semaine dernière. Tout était prêt pour sceller ce nouvel élargissement à droite de la majorité. On évoquait même l’entrée de Dominique Bussereau à la Cohésion des territoires. Si ce scénario avait été appliqué, Matignon aurait été considéré comme le vainqueur du remaniement. Edouard Philippe n’obtient in fine que l’entrée de Franck Riester au ministère de la Culture. Faible consolation.

Les clefs du camion sont à l’Elysée

Ce que les juppéistes voulaient obtenir, c’est finalement François Bayrou qui l’a eu en cadeau, récupérant à la fois les Relations avec le Parlement (Marc Fesneau) et les Territoires (Jacqueline Gourault) pour son MoDem. Le maire de Pau, qui avait dû quitter le gouvernement en juin 2017 pour cause de procédure judiciaire concernant son parti, revient donc comme un homme fort de la majorité. Emmanuel Macron prise davantage ses conseils politiques que ceux d’Alain Juppé, et on ne saurait l’en blâmer. Car finalement, ce qu’Edouard Philippe lui demandait, n’était-ce pas une réédition de « l’affaire des jupettes » de l’automne 1995, lorsque Juppé avait obtenu de Chirac une large revue d’effectifs trois mois avant de jeter la France dans la rue, et dix-huit avant de solliciter une dissolution avec l’aide du secrétaire général de l’Elysée Dominique de Villepin ? Peut-être est-ce ce précédent qui a incité le président de la République à ne pas accorder à Matignon ce qu’il souhaitait. « Quand un juppéiste réclame une refonte du gouvernement, tous aux abris ! », lui a-t-on peut-être soufflé.

Les clefs du camion sont donc restées accrochées sur un clou à l’Elysée, et le rapport de forces au sein de la dyarchie de l’Exécutif n’a pas été bouleversé. Mais ce remaniement ne laisse pas d’inquiéter néanmoins. La nomination de Castaner, qui sera chargé du découpage électoral, alors qu’il est (pour l’instant ?), chef du parti majoritaire, pose un sérieux problème démocratique. Inquiet de voir accéder un homme aussi inexpérimenté à un tel poste, et craignant d’assister à une démonstration nouvelle du principe de Peter, un ami tentait de nous rassurer en indiquant qu’on avait déjà vu des hommes se hisser à la hauteur de la tâche alors qu’ils charriaient ce type d’inquiétudes. Celles-ci n’ont pas été levées.



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