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Daniel Grardel, le peintre qui aime les écrivains

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Chaque semaine, Philippe Lacoche nous donne des nouvelles de Picardie…


La province, elle non plus, ne manque pas d’idées. Le peintre, dessinateur et bédéiste amiénois Daniel Grardel a exposé ses œuvres du 7 au 15 décembre derniers, à la galerie La Dodane, au cœur du quartier Saint-Leu, à Amiens. Il possède ce qu’il est convenu d’appeler une patte. Il évolue loin, si loin, de la peinture abstraite qui, il faut l’avouer, par ses excès abscons, commence à nous gaver grave comme disent les jeunes. Il ne s’adonne pas non plus au réalisme ou au naturalisme pictural. Non, Grardel (instituteur retraité, sosie des regrettés Ricet Barrier et de Pierre Vassiliu) est ailleurs. Il pratique une manière de peinture foraine très colorée, rock’ n’roll, sensuelle et érotique, provocatrice parfois ; il prend plaisir à décrire des scènes nocturnes issues des bistrots de la capitale picarde. Des scènes pour la plupart échappées de son imagination ; il truffe celles-ci de personnages amiénois (artistes, élus – dont Fred Thorel, ancien adjoint à la culture, qui ne sort jamais sans son inénarrable nœud papillon en bois !) mais aussi de chanteurs, comédiens, peintres connus et reconnus qu’il affectionne (Gainsbourg, Chris Evans, Lucky Blondo, Annie Philippe, Christophe, etc.). Ces toiles pourraient faire penser à celles de Clovis Trouille, autre picard de grand talent né à La Fère, dans l’Aisne. Les filles, très peu vêtues, arborent de soyeux porte-jarretelles ; les hommes y boivent plus que de raison et fument avec volupté. Bref : nous sommes à mille yeux du nauséeux wokisme ambiant et de la police de la bien-pensance. (Au cours de cette même exposition, une ultra féministe locale s’est déplacée jusqu’à la galerie pour s’en prendre à Daniel qu’elle a sermonné, lui reprochant de peindre des femmes-objets à la vertu contestable. On est en droit d’éclater de rire devant tant d’imbécillité.)

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Notre homme n’aime pas seulement la peinture et le rock’n’roll ; il adore également la littérature. Ainsi a-t-il a eu l’idée d’inviter chaque jour quelques-uns de ses amis écrivains à dédicacer leurs livres ; Isabelle Marsay, le comédien et réalisateur Jean-Michel Noirey, Elisabeth Grardel, Patrick Poitevin (auteur de percutants polars dont le dernier, L’être de cachets, paru aux éditions des Petits Ruisseaux), Patrick Kaczmarek (médecins de famille et militant), Claude Tillier, Jean-Louis Crimon, Hervé Jovelin (qui vient de sortir Evangile de l’Imbécile, chez L’Harmattan), etc. Vedette yé-yé des sixties, Annie Philippe se déplaça de Paris à la galerie de la Dodane pour rendre visite à son ami Grardel ; elle était accompagnée du réalisateur Nicolas Engel qui a adapté des comédies musicales à Mogador et monte actuellement le spectacle Tootsie, à Montréal. Il tourne également un documentaire sur l’ex-fiancée de Claude François. Ce jour-là, les fans des années soixante se déplacèrent nombreux. L’ambiance était chaude et le Chinon d’excellente qualité. Christophe et Gainsbourg prirent la peine de sortir des toiles de Daniel pour saluer Annie, ravie. La soirée se prolongea fort tard dans les bistrots du quartier Saint-Leu. Mais ceci est une autre histoire…

Paris n’est plus

Les photographes Yves Marchand et Romain Meffre immortalisent partout dans le monde les édifices abandonnés et les quartiers fantômes. Dans Les Ruines de Paris, aidés par l’IA, ils fixent l’avenir d’une capitale désertée en proie à la nature sauvage. Une poésie singulière soulignée par la plume de Nathan Devers.


L’imaginaire de la ruine est confronté, en 2024, à l’épouvantable réalité des apocalypses urbaines. Difficile de poétiser, dans le sillage du peintre Hubert Robert, quand s’offre quotidiennement à nous l’image térébrante de cités réduites à l’état de squelette. Le duo de photographes formé par Yves Marchand et Romain Meffre explore depuis plus de vingt ans la mélancolie de ces désastres sans frontières. Ils se sont fait connaître par leur travail à la chambre, illustrant, dans la tradition technique des grands maîtres, la déréliction de Detroit, cette ancienne capitale étasunienne de l’automobile dont la crise économique de 2008 a signé l’arrêt de mort. Par la suite, passant de l’île fantôme japonaise de Gunkan-Jima à Budapest, Marchand et Meffre ont patiemment documenté nombre de sites désertés ou promis à la démolition, ou encore ces édifices remarquables que certains programmes de rénovation ont voué à une improbable dénaturation, tels l’Hôtel-Dieu de Lyon ou la Samaritaine à Paris.

Paris en ruine ? On n’y est pas encore, malgré les offensives en vert-de-gris de la maire Hidalgo, si impatiente de transformer la capitale en forêt vierge. En prolongement de l’exposition de nos photographes, « Les Ruines de Paris », les éditions Albin Michel publient un beau livre au titre homonyme, lequel reproduit, en doubles pages, les quelque soixante tirages accrochés aux cimaises de la galerie Polka.

Non point « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! » mais, assisté de l’intelligence artificielle (ChatGPT et Midjourney), un Paris dystopique, spectral, pétrifié, veuf de toute présence humaine, rendu à la vie végétative et silencieuse d’un cimetière. Les images spectaculaires d’Yves Marchand et Romain Meffre renvoient moins à la science-fiction qu’à la rêverie picturale qui sourdait de la peinture académique quand elle s’avisait de hanter les vestiges de l’Antiquité.

Figé dans la mort telle une autre Pompéi, leur Paris virtuel ne doit pas son anéantissement à quelque catastrophe naturelle : son esseulement lépreux, buissonneux, fracturé, semble venir de plus loin – du funeste écoulement des siècles, peut-être. Une végétation invasive s’est insinuée dans la pierre de taille, le fleuve sorti de son lit nappe l’asphalte envahi de joncs ou d’herbes folles… Et plus âme qui vive ! Mais rien dans ces aires à l’abandon, dans ces jachères qui s’éternisent ne paraît suggérer la survenue d’un fléau récent, d’un siège ou d’une mise à sac qui auraient mis en fuite ou décimé les habitants de la défunte Ville lumière.

« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » L’oracle valéryen résonne sur Les Ruines de Paris. Tour Montparnasse éventrée ; pont Alexandre III pris dans la touffeur d’une jungle verdâtre ; arche de La Défense maculée de coulures érugineuses ; vestiges d’une tour Eiffel entaillée dans le no man’s land d’un Champ-de-Mars où – trait d’ironie raillant la saga de la piétonnisation de Paris ? – gît un essaim d’épaves automobiles ; musée d’Orsay déshabillé de ses chefs-d’œuvre et dont le sol est constellé de paperasse ; pyramide de Pei brisée comme une coupe de cristal ; obélisque de Louxor assailli de plantes grimpantes sur une place de la Concorde dévorée par la sève sylvestre – encore un vœu municipal exaucé ? – ; lavomatiques, clubs de gym, boutiques, brasseries, terrasses de café, tous laissés dans leur ultime état de service ; quartiers haussmanniens vacants, comme atteints d’agoraphobie ; Notre-Dame sous l’emprise de la flore telle un nouvel Angkor Vat… L’image la plus saisissante d’entre toutes est la place de l’Étoile changée en plaine embroussaillée, cernée de grands arbres, et au centre de laquelle l’Arc de triomphe, comme absorbé par la terre, se hérisse de pousses sauvages !

Une singulière poésie émane de ces sites dévastés par l’uchronie. Elle est saluée par le talent de plume du jeune écrivain Nathan Devers, dans le texte critique qui accompagne cet album : « Désormais, écrit-il, le photographe n’est plus sommé d’éterniser l’instant, d’archiver ce qui est déjà là, d’enregistrer ce qui défile derrière son objectif. À condition d’étendre ses outils, de solliciter cette nouvelle technique [l’IA], il peut figurer les possibles qui se cachent dans chaque chose. Et sa palette s’étend. Elle embrasse un deuxième horizon, plus puissant que celui de la mer : la perspective de la futurition. Avec cette émancipation, la photographie cesse d’être l’art de l’effectif. Elle embrasse le point de vue de la ruine, de l’absence qui restera de nous. »

Comme un Paris fantôme surgi de nos songes.

À lire

Les Ruines de Paris, photographies de Yves Marchand et Romain Meffre, texte de Nathan Devers, Albin-Michel, 2024.

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À voir

 « Les Ruines de Paris », Galerie Polka, 14, rue des Jardins-Saint-Paul, 75004 Paris. Jusqu’au 18 janvier 2025.

Charlie et la chocotterie

En 2015, la France criait « Je suis Charlie ». Dix ans plus tard, de peur d’être taxé d’extrême droite par le camp du Bien ou poignardé par un djihadiste, nul n’ose voir et encore moins dire que la version frériste de l’islam s’impose plus ou moins à bas bruit. Soumise aux Insoumis, la gauche ne combat pas la censure, elle l’encourage.


J’ai eu de la chance. Si j’avais commenté en direct l’attaque survenue à Magdebourg dans la soirée du 20 décembre, j’aurais dénoncé à grands cris un nouvel attentat islamiste. Un individu originaire du Golfe qui fonce, au volant d’un véhicule, dans une foule joyeuse célébrant une tradition chrétienne, faisant au moins cinq morts et des dizaines de blessés, le crime était signé. C’est ce qu’on appelle le biais de confirmation. Nous avons déjà vu le film : à Nice, le 14 juillet 2016. Depuis les attentats à la bombe de Madrid, qui ont fait 192 morts en mars 2004, ce sont les islamistes qui sèment la terreur en Europe et pas l’« extrême droite » comme pourrait le croire un malheureux condamné à n’écouter que France Inter et à ne lire que Le Monde.

Sauf que Magdebourg ressemble à l’exception qui confirme la règle, même si le curieux pedigree de l’assassin incite à la prudence. D’origine saoudienne, réfugié depuis près de vingt ans, entré en guerre contre l’islam – en 2016, le docteur A. (la presse allemande ne donne pas son nom) venait en aide aux femmes ayant fui l’Arabie saoudite –, il était paraît-il mécontent de l’islamisation de l’Allemagne. Un apostat qui combat l’islamisation en fonçant dans un marché de Noël, c’est tordu, en tout cas un brin psychiatrique, d’ailleurs Taleb A., ça ne s’invente pas, était psychiatre. Personne n’a parlé de déséquilibré.

Mais aujourd’hui, nous sommes réunis, comme tout le pays, pour célébrer la saint-Charlie avec les grandes orgues émotionnelles et les rodomontades martiales de circonstances – Nous n’accepterons jamais, nous ne céderons pas… ou « N’ayons plus peur ! » comme nous le proclamons crânement en « une ». Il y aura (il y a au moment où vous lisez ce numéro) du flonflon républicain, du refus de la barbarie, de la France forte quand elle est unie, du vivre-ensemble, du vous n’aurez pas ma haine, tous les exorcismes rituels que l’on ressort pour les grands anniversaires. Dans ces conditions, pourquoi ressasser un événement dramatique certes, mais presque banal, et qui n’a même pas eu lieu chez nous ? Et quel rapport avec notre bande de rigolos assassinés pour des petits dessins ?

Le rapport, c’est que, pour le camp du Bien, l’attentat de Magdebourg est un joker idéologique, la reconduction d’un droit au déni dont il use et abuse. Il lui permet de revendiquer haut et fort sa cécité. Pour une fois qu’il a un bout de réel de son côté. Le progressiste aussi tient bon – Nous ne verrons pas, nous ne saurons pas.

Les chefs à plumes du Nouveau Front populaire (et les centaines d’ectoplasmes militants qui propagent leurs hautes pensées) connaissent leur minute d’extase quand la ministre allemande de l’Intérieur lâche l’un de leurs mots préférés avec « génocide » : le terroriste était « islamophobe ». Le bonheur de nos idiots utiles serait complet si, en prime, c’était un petit gars bien de chez nous, mais un tueur islamophobe, c’est déjà cadeau. Glory alleluiah, il soutiendrait l’AFD – qui n’en organise pas moins une manifestation contre l’immigration massive. Faure et les autres ne se tiennent plus de joie et fondent sur Jordan Bardella et Marine Le Pen, traités de « vautours » parce qu’ils ont dégainé trop vite – à rapace, rapace et demi. Tout ça c’est du racisme antimusulmans, pépie Faure. Je dirais même plus, de la haine antimusulmans, renchérit Bompard qui conclut sentencieusement : « N’oubliez jamais que l’extrême droite tue. » Comme d’habitude, « le réel est reporté à une date ultérieure » (Muray).

Comme le recommandait je ne sais plus quel « théoricien » d’Al-Qaïda, les djihadistes ont tué avec tout ce qui leur tombait sous la main : couteaux, kalachnikovs, haches, ceintures d’explosifs, bombes, camions. En France, depuis 2012, ils ont assassiné des enfants, des journalistes, des policiers, des juifs, des chrétiens, des musulmans trop français, des professeurs (tous en tant que tels) et des centaines de Français innocents. Après les opérations soigneusement préparées par les multinationales du terrorisme, on a vu apparaître des PME locales et des autoentrepreneurs. Au-delà des morts, des blessés, des endeuillés, ils ont soumis nos existences à un régime de contrôle permanent. Tout déplacement, tout rassemblement, toute célébration collective, sans parler des raouts planétaires façon JO, doit répondre à des standards sécuritaires qui exigent que nos rues soient hérissées de grilles et parsemées de blocs de béton. Le terrorisme islamiste ne se contente pas de tuer, il nous pourrit la vie.

Sans surprise, les commissaires politiques de la gauche soumise et leurs proxys médiatiques n’en démordent pas : le danger, c’est l’extrême droite, l’antisémitisme, c’est l’extrême droite (pas celui qui casse la gueule aux juifs en tout cas, mais c’est un détail), le racisme, c’est l’extrême droite, l’homophobie, c’est l’extrême droite (amusant). Et plus que tout, l’islamophobie, crime suprême contre la dignité humaine (bien qu’on ait parfaitement le droit de ne pas aimer l’islam), c’est l’extrême droite. Certes, cette volaille ne fait plus l’opinion commune. Mais elle tient assez de citadelles, dans les rédactions, les universités et les innombrables associations subventionnées pour faire l’opinion qui compte. Et réduire les lanceurs d’alerte au silence.

Ces dernières années, alors que l’islamo-gauche refondait son alliance honteuse dans le soutien à peine masqué au Hamas, l’obsession de l’extrême droite, brandie comme un brevet de Résistance dans toutes les strates de la bonne société politique et médiatique, nous a collectivement désarmés. Autrement dit, pendant que les Frères musulmans étendent leur emprise, tous les beaux esprits du pays prennent la pose et jurent que plus jamais ça, refusant de voir qu’un autre ça arrive par la fenêtre. Par cynisme électoral, paresse intellectuelle, idéologie, intérêts de boutiques et plus encore par peur, ce petit monde se serre les coudes dans un pitoyable Front républicain dont un bon tiers des représentants roucoulent ouvertement avec les ennemis déclarés de la République, votre voile est tellement féministe, chère amie et vous reprendrez bien un peu d’intifada.

En effet, le danger mortel qui menace notre pays et le monde que nous aimons, ce n’est pas le terrorisme armé, largement tenu en respect par les services de sécurité et, il faut le souligner, par la justice antiterroriste, peu encline, contrairement aux tribunaux de droit commun, à pratiquer la politique de l’excuse. C’est la terreur à bas bruit qui commence par imposer une norme étrangère dans certains quartiers avant d’exiger qu’elle soit, au nom de l’inclusivité, érigée en règle commune. C’est le séparatisme qu’Emmanuel Macron a promis de combattre pour finir par le câliner, terrifié par la perspective, opportunément agitée sous son nez, d’un embrasement des quartiers.

C’est le lynchage numérique, la calomnie et l’extrême droitisation de quiconque s’aventure hors des clous de la doxa vivre-ensembliste. Ainsi notre ami Pierre Manent a-t-il été couvert de boue pour avoir dit que le nombre de musulmans en Europe ne pouvait pas croître indéfiniment, sauf à accepter que l’Europe ne soit plus l’Europe. Ce philosophe subtil et précis a même été accusé de prôner, accrochez-vous, une « solution finale » pour les musulmans. Certes ses accusateurs sont des abrutis analphabètes, mais d’abord il y en a de plus en plus et ensuite, on sait très bien qu’une ânerie repostée des milliers de fois devient une vérité virale.

Le 11 janvier 2015, des millions de Français se sont dits prêts, sinon à mourir, à se battre pour leur liberté. Et ils se sont battus pour leur retraite. Contrairement au Danemark, la France n’a pas eu besoin d’inscrire dans la loi l’interdiction du blasphème, parce que tout le monde ou presque a intégré la contrainte, les uns parce qu’ils considèrent les musulmans comme des victimes et que les victimes ont toujours raison (sauf quand elles ont tort comme celles de Charlie), les autres (dont nombre de mes amis cathos) parce qu’il ne faut pas se moquer de la religion des autres, et la majorité parce qu’elle ne veut pas risquer un coup de couteau pour un mot de trop. Nul ne se risquera plus à publier une caricature de Mahomet, ce qui est vraiment triste pour les musulmans, privés de cette normalisation ultime qu’est le fait d’être un objet de moqueries, demandez aux blondes et aux Belges.

Tous les indicateurs le prouvent : la France de 2025 est plus islamisée que celle de 2015, Gilles Kepel a même inventé l’expression « djihadisme d’atmosphère » pour décrire l’imprégnation des esprits. L’école, les clubs sportifs, l’hôpital sont sous pression, demain, ce sera peut-être l’armée et la police. Sur le front de la liberté d’expression, le bilan n’est pas plus glorieux. Certes, le grand bazar d’internet et l’avènement des médias Bolloré permettent aux voix dissidentes de se faire entendre, mais la police du langage ne désarme pas. La seule chose qui ait progressé, c’est la prise de conscience collective. Mais la France CNews peut bien aboyer, la caravane politique passe avec son cortège de lâchetés, soumissions et accommodements.

Puisque nous sommes entre nous, permettez-moi un aveu. Parmi les titres auxquels vous avez échappé, le favori était « L’étrange défaite », qui nous a finalement semblé trop… défaitiste. Préférant commencer l’année avec l’optimisme de la volonté plutôt qu’avec le pessimisme de la raison, nous avons finalement décidé de nous adresser à tous une injonction au combat, c’est-à-dire à l’intelligence, l’irrévérence et la rigolade. Oui, n’ayons plus peur ! Et pour nous donner du cœur au ventre, conservons une seule image de 2024, celle d’une jeune fille déambulant en sous-vêtements devant l’université Azad de Téhéran, altière et libre, défi vivant aux miliciens de la vertu. En plus, elle a gagné ! La justice iranienne n’a retenu aucune charge contre elle, elle n’a même pas été exclue de l’université. Et nous, ici, nous reculerions devant trois internautes mal embouchés ? N’oublions pas cette héritière de Shéhérazade et de la reine Esther, sa longue chevelure tombant sur ses reins, ses bras croisés sur son ventre nu. On ne connaît pas son nom. Mais son courage nous oblige.

Itinéraire d’une veuve très noire

Si la plupart de ses petites copines islamistes ont été tuées durant dix années de guerre, Le Parisien nous donne de bonnes nouvelles d’Hayat Boumeddiene. La djihadiste la plus recherchée de France est toujours vivante en Syrie…


En ce sinistre anniversaire des massacres perpétrés sur notre sol par des terroristes islamistes en janvier 2015, voilà que l’on est amené à reparler de la veuve de l’un de ces monstres, Amedy Coulibaly.

D’origine malienne mais natif de Juvisy-sur-Orge, celui-ci s’est tout d’abord illustré dans la délinquance, à ses débuts, celle pudiquement qualifiée de mineure, puis, comme de juste, il a assez vite dérivé vers la grande, la majeure. Braquage de banque, etc. 

Ensuite, converti à l’islam le plus radical, passant du banditisme à la fureur terroriste, Coulibaly abattra froidement, à Montrouge, le 8 janvier 2015, la policière Clarisse Jean-Philippe et blessera grièvement un agent municipal de voirie. 

Le lendemain même, à l’Hyper Casher de la Porte de Vincennes à Paris, il exécute quatre personnes – juives – qu’il a prises en otages. Il sera lui-même abattu peu après par les policiers du RAID et de la BRI.

Or, à ce moment-là, sa veuve, Hayat Boumeddiene, ne se trouve déjà plus sur le sol français. Elle a filé quelques jours plus tôt en Syrie en compagnie des frères Belhoucine, dont Mohamed qui, croit-on savoir, aurait été ici, en France, le référent, le maître à penser et à agir de Coulibaly. 

Celui-ci a épousé – religieusement mais non civilement – Hayat Boumeddiene en 2009 et c’est dans ce moment que la jeune femme opte pour le port du voile intégral, ce qui l’amène à quitter son emploi de caissière. Cinq ans plus tard, fin 2014, c’est-à-dire quelques semaines avant les attentats, elle se prépare vraisemblablement à quitter la France puisqu’elle vide ses comptes en banque. Parvenue en Syrie, elle se réfugie à Raqqa, alors capitale de l’État islamique où, en raison des « hauts faits » de son mari, elle est fort bien accueillie et généreusement célébrée par la propagande de Daech qui en fait une héroïne.

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À ce jour, elle est bien évidemment toujours recherchée par le Parquet National Antiterroriste français en raison de la condamnation à trente années de prison dont elle a écopé pour son rôle avéré dans la préparation des crimes islamistes commis par son mari et leurs complices. Cependant, elle demeure introuvable. 

Or, rapporte le journal Le Parisien, voilà que, alors qu’on l’a crue morte en 2019, elle serait toujours en vie et constituerait donc encore une menace pour notre pays. On doit ces révélations à une « revenante » du Djihad (on préfère manifestement jouer la prudence dans le choix des termes et parler de « revenante » plutôt que de « repentie ». Cela paraît plus sage, en effet) qui l’aurait côtoyée ces dernières années. 

Veuve, Hayat Boumeddiene ne l’est pas restée bien longtemps. Ayant juste laissé passer ce qu’on nomme élégamment « délai de viduité », délai prescrit par la loi islamique – quatre mois et dix jours – elle se remarie avec un djihadiste tunisien, Abou Talha. Or, celui-ci ne plaisante pas avec cette loi, et l’épouse se voit bientôt littéralement cloîtrée. Ce qui, semble-t-il, ne lui conviendrait qu’à demi.

N’ayant pas d’enfant, et peut-être ne pouvant pas en avoir, elle pousse son conjoint à prendre une seconde épouse. Ce sera une Française convertie à l’islam. Probablement influencée par la généreuse pratique franco-française du regroupement familial, à peine mariée elle fait venir en Syrie son père, sa mère, ses frères et sœurs… 

Puis survient la prise de Raqqa par les forces syriennes. Hayat Boumeddiene se replie alors juste à temps au sein d’une communauté djihadiste dans le village de Bahr, à l’est du pays. Faut-il préciser que toute cette période-là elle se prétend Syrienne ?

En 2018, son second mari ayant été tué lors de combats, elle se constitue prisonnière auprès des forces kurdes et c’est dans le camp de réfugiés où elle est envoyée que le témoin évoqué, la « revenante », la retrouve. « Je te croyais morte ! » s’étonne-t-elle. « C’était le but », lui répond Hayat. Hayat qui va se faire appeler désormais Oum Abdallah, ce qui signifie « Mère d’un adorateur de Dieu ». Rien de plus commode pour se fondre dans la population, de très nombreuses femmes ayant à cœur de porter ce nom saint. 

Puis les Turcs passent à l’attaque contre les Kurdes. La veuve prend la fuite au bon moment – Déguerpir à temps : une de ses aptitudes les plus remarquables, à l’évidence -. Elle gagne alors la région d’Idlib où elle se fond au sein du groupe islamique HTS (Hayal Tahir al-Shan). 

Cependant, nous apprend encore la « revenante », la deux fois veuve ne s’est pas limitée à changer d’identité, de nationalité. Elle aurait aussi totalement modifié son apparence physique. Le témoin la décrit comme étant désormais « à peine reconnaissable ». Une question : méconnaissable au point de passer inaperçue si, dans le grand mouvement de population que connaît la Syrie depuis le changement de régime, elle s’avisait de revenir chez nous pour y parfaire le travail de mort initié par Coulibaly, son premier époux ?

Les autorités françaises n’excluent pas cette éventualité car, s’il y a une chose, une seule, à laquelle cette jeune femme d’à présent trente-six ans s’est bien gardée d’apporter le moindre correctif, c’est assurément sa soumission à l’islamisme radical et à sa barbarie terroriste.

Source: Le Parisien

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Brest: y’a des Zazou dans mon quartier

L’influenceur Zazou Youcef, qui appelait sur Tiktok la communauté algérienne à commettre des attentats, a été arrêté par la police hier. L’affaire témoigne des nuisances fortes d’une véritable contre-société en France.


Il appelait sur les réseaux sociaux à commettre des attentats en France. À défaut de savoir quel sort lui réservera la justice, l’influenceur algérien Zazou Youcef a été interpellé par la police suite à la mobilisation des réseaux sociaux. Ceux-ci ont largement diffusé ses vidéos et interpellé Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, pour qu’il agisse. Ce dernier a effectivement réagi. L’homme a été arrêté ce vendredi 3 janvier, révélant au passage qu’il avait déjà été condamné à de multiples reprises pour des faits de droit commun et qu’il faisait l’objet d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) non exécutée, une situation malheureusement fréquente.

Un déferlement de haine

Suivi par plus de 400 000 personnes sur TikTok, cet Algérien en situation irrégulière alternait appels à la haine et incitations au meurtre dans de nombreuses vidéos. Dans l’une d’entre elles, il évoquait la guerre civile en Algérie dans les années 1990, qui avait vu les islamistes du GIA massacrer brutalement ceux qui tentaient de vivre à l’occidentale. Il pourrait également faire référence aux attentats des années 1990 en France, orchestrés par Khaled Kelkal, lui aussi membre du GIA. Compte tenu de l’argumentation incohérente de Zazou Youcef, les deux interprétations sont possibles. « On va faire comme dans les années 90. On va tirer sur vous (…) Vous voulez sortir le 1er janvier ? Tirez sur eux, il faut faire parler la poudre. Président Tebboune, tirez sur eux, ils veulent le chaos », déclarait-il. Dans une autre vidéo, il accompagnait ses propos de gestes simulant des égorgements et ponctués de violents « Nique ta mère », clamant : « Venez nous affronter. Si vous avez quelque chose à dire, on est là. On va vous niquer, pisser sur vous, vous violer, puis niquer votre mère… Vive l’Algérie, moi je vais vous achever. »

Un autre influenceur algérien, résidant à Grenoble et suivi par 70 000 personnes sous le pseudonyme « imadtintin », a également publié une vidéo incitant au meurtre. Il y appelle à brûler vif, tuer et violer sur le sol français toute personne critiquant l’Algérie ou son régime, se vantant par ailleurs, en tant qu’ancien militaire, de savoir manier les armes. Naturellement, il exprime son soutien à Zazou Youcef. Sous leurs vidéos, des centaines de messages de soutien reprennent cette rhétorique violente, vulgaire et exaltée, une rhétorique calquée sur celle du régime algérien.

Ce déferlement de haine, justifié au nom de « l’amour de l’Algérie », représente la version hystérique de discours plus policés portés par des représentants autoproclamés d’une diaspora algérienne souvent liée au régime. Si tous les Algériens en France ne soutiennent pas ce régime corrompu, ceux qu’on entend le plus et qui s’érigent en porte-voix des Français d’origine algérienne ternissent leur image. Ils accusent la France d’« islamophobie », salissent des écrivains comme Boualem Sansal — injustement emprisonné — et attisent la haine auprès d’une jeunesse souvent influencée par l’islamisme radical. Pourtant, cela fait des années que Boualem Sansal et Kamel Daoud alertent sur ces méthodes et insistent sur notre aveuglement face à la constitution d’une contre-société en France.

Un conflit de loyauté

Cette haine, profondément enracinée, est une forme de compensation. Elle prospère sur les réseaux sociaux, alimentée par les islamistes et entretenue par le régime algérien. La logique est claire : lorsqu’un pouvoir fonde sa légitimité sur la haine de l’ancien colonisateur et ne parvient pas, plus de 60 ans après l’indépendance, à construire une légitimité par ses propres actions, il ne peut fédérer que par la foi et la haine. La figure de l’ennemi sert de ciment au sentiment national. Ici, cet ennemi, c’est nous. Cette rhétorique délétère devient une composante identitaire pour beaucoup. Pour les Algériens qui s’installent en France, les propagandes islamiste et nationaliste créent un conflit de loyauté : s’intégrer en France serait, pour les premières, trahir sa foi, et pour les secondes, renier le combat héroïque pour l’indépendance. Cela rend leur situation souvent inextricable.

Une prise de conscience nécessaire

Il est urgent que nos élus reconnaissent les ingérences de l’Algérie en France, son rôle dans les tensions au sein de la diaspora, et sa volonté de structurer celle-ci en un outil de pression, voire en une cinquième colonne. Ces manœuvres compliquent considérablement la vie des Français d’origine algérienne. Les tensions liées à la double nationalité deviennent insolubles lorsque les deux modèles culturels s’opposent, surtout quand l’un des deux pays — en l’occurrence l’Algérie — alimente sa propre légitimité sur la diabolisation de l’autre.

Pourquoi Boualem Sansal et Kamel Daoud sont-ils haïs par le régime algérien ? Parce qu’en évoquant la « décennie noire » et la guerre civile, ils ramènent ce pays à une histoire qu’il cherche à effacer au profit d’un récit mythique où la France joue éternellement le rôle du méchant.

Il est temps d’en tirer les conséquences. Cela passe par l’exécution systématique des OQTF, le recours à la déchéance de nationalité pour les fauteurs de trouble, mais surtout par une prise de conscience collective et un changement de rapport de force. La dénonciation des accords de 1968 constituerait un signal fort montrant que la France a pris conscience de l’enjeu et se donne les moyens d’agir enfin.

Le miracle de Noël d’Emmanuelle Ménard

Enquiquineurs, squatteurs, dealers : pas certaine que, sur ces questions, François Bayrou soit l’homme de la situation. On lui laissera le bénéfice du doute, au moins pendant la trêve des confiseurs. D’ici là, très bonne année 2025 à tous !


Opération « Place nette »

En septembre dernier, une enquête Ipsos révélait que la majorité des Français était préoccupée par la criminalité et la violence. Béziers ne déroge pas à la règle et nous sommes régulièrement saisis par des riverains qui se plaignent de squatteurs et autres dealers au bas de leur immeuble. Après en avoir longuement parlé avec le préfet de l’Hérault, sensibilisé à ces questions, une opération « Place nette » d’envergure a été organisée sur deux semaines dans le centre-ville de Béziers. Avec quelques déceptions, qui donnent parfois l’impression de vouloir vider l’océan avec une petite cuillère ; mais aussi quelques résultats, comme des confiscations d’argent dans les caisses de magasins en délicatesse avec le fisc, des saisies de drogue facilitées par les chiens de la police municipale, et quelques découvertes de travailleurs clandestins ou autres marchands de sommeil qui seront dûment poursuivis. Pas de quoi invoquer la magie de Noël, mais constater que nous pouvons nous aussi casser les pieds aux voyous me met du baume au cœur…

Gilles Goujon

Un moment hors du temps. Une soirée toute en délicatesse. Nous sommes invités Robert [Ménard] et moi à un dîner chez un concessionnaire de voitures haut de gamme, animé par le chef trois étoiles Gilles Goujon. Nous connaissons bien Gilles et avons de l’amitié et de l’admiration pour lui. Jovial, bon vivant, chaleureux, talentueux. Durant la soirée, il nous raconte son combat pour la gastronomie française, son amour de notre pays à travers sa cuisine et ses vins, et son agacement, voire son écœurement devant certains chefs qui se « couchent » pour obtenir des récompenses. Gilles Goujon fait partie de ces étoilés qui protestent contre le classement établi par la marque San Pellegrino des 50 meilleures tables du monde dans lequel ne figurent qu’une poignée de maisons françaises… Un combattant. Un résistant. Bref, un vrai Biterrois !

Motion de censure

La France insoumise est prête à jouer la politique du pire : faire tomber un gouvernement sans solution de rechange, quitte à priver la France et la Sécurité sociale de budget. Le RN les encourage, tout en invoquant la « responsabilité ». Marine Le Pen comme Jean-Luc Mélenchon sont décidés à jouer la présidentielle anticipée. Les partis politiques ne se soucient que de leur électorat, d’intérêts de boutique et de victoires d’ego. Aucune raison que les choses s’arrangent en 2025…

Marche blanche

Un travailleur agricole marocain d’une soixantaine d’années a été assassiné ce mois de décembre par sa voisine de palier, jeune femme de 22 ans (visiblement accro aux substances illicites) et mère d’une enfant de six ans, pour un motif encore indéterminé. Le dimanche qui a suivi sa mort, l’association franco-marocaine de Béziers a organisé une marche blanche. Alors que nous stationnons devant son domicile, pour un moment de recueillement, j’aperçois un homme qui me fait signe. Je m’approche et il me raconte qu’il habite lui aussi dans cette rue, qu’il ne supporte plus les dealers. J’avise non loin de lui trois jeunes garçons, le visage à moitié dissimulé et je lui demande s’ils font partie des fauteurs de troubles. Il acquiesce discrètement. Je me dirige alors vers la police nationale, stationnée là pour sécuriser la manifestation. Je leur demande s’ils sont au courant que les trois jeunes gens font partie des dealers qui pourrissent la vie du quartier chaque nuit. Ils me répondent « oui, mais ils sont mineurs : ils sont régulièrement contrôlés, mais comme ils n’ont rien ou quasiment rien sur eux… » Je comprends la détresse des habitants du quartier. Nous en discutons régulièrement avec Robert : nous pourrions facilement communiquer au prochain ministre de l’Intérieur une liste de mesures qui ne coûtent rien, applicables pour la plupart sans passer par la loi, et qui permettraient aux forces de l’ordre d’agir beaucoup plus effacement… Avis aux amateurs de solutions !

Agriculteurs

Vendredi 13 décembre, la Coordination rurale manifestait à Béziers, en compagnie de quelques élus du RN, pour protester contre la concurrence déloyale subie par les agriculteurs français. Mais quand, vers 10 heures du matin, par une pluie battante, la situation entre police nationale et agriculteurs a commencé à se tendre, bizarrement, les représentants du parti politique de Marine Le Pen n’étaient plus là. Le maire de Béziers en revanche, oui. Deux manières de faire de la politique…

Crèche de Noël et Hanouka : même combat !

Cela ne nous étonne même plus… C’est la onzième année que le maire de Béziers installe la crèche de Noël dans l’hôtel de ville. Et la onzième année consécutive qu’elle est attaquée en justice. Non plus par les représentants de l’État qui, depuis quelques années maintenant, nous ont lâché les baskets avec cette prétendue atteinte à la laïcité. Mais par la Libre pensée et la Ligue des droits de l’homme. Ils en font une affaire personnelle, semble-t-il. Rien que pour 2024, nous en sommes à cinq procédures en référé ! À croire qu’ils n’ont que ça à faire. « Quel est votre plus grand combat pour les droits de l’homme ? – Combattre la crèche de Noël à Béziers. » Celle-là même qui réunit chaque année plus de 20 000 personnes. Celle qui touche petits et grands, laïcs et croyants, car elle leur rappelle la « crèche de leur enfance… » Celle qui rassemble autour de cette image sacrée de la famille. Du petit contre les puissants. Celle qui fait espérer… Et Dieu sait que les Français ont besoin d’espérer en cette fin d’année.

Grande nouveauté pourtant – et qui m’inquiète beaucoup plus –, la même Ligue des droits de l’homme attaque aussi cette année la célébration de Hanouka – la fête juive des lumières – dans la mairie. Que nous fêtons chaque année depuis onze ans, sans jamais avoir été ennuyés… Décidément, le 7 octobre a fait sauter des digues, et ce n’est pas rassurant.

Drogue suite…

J’apprends à l’instant que la police nationale vient d’arrêter, dans la rue du travailleur marocain assassiné dont je vous parlais plus haut, un homme en possession de plusieurs barrettes de cannabis, 750 euros en espèces et… fiché S ! Un miracle de Noël certainement !

À lire aussi, Emmanuelle Ménard: L’esprit de Noël made in France

Pourquoi la gauche adore détester Michel Onfray

Le 4 novembre dernier, France Inter consacrait une émission entière (« Affaires sensibles » animée par Fabrice Drouelle) à Michel Onfray et à sa supposée dérive droitière. Une heure de procès d’intention, sans contradictoire et sans retenue, pour reprocher au philosophe d’avoir quitté le camp du bien – et donc justifier qu’il n’ait plus sa place sur Radio France. Mais Michel Onfray a-t-il tellement changé ? N’est-ce pas plutôt la gauche qui a changé ?


Pourquoi la gauche déteste-t-elle Onfray ? Entre ostracisme et diffamation, le philosophe Michel Onfray est devenu l’ennemi public numéro un pour de nombreux médias de gauche. Quelles sont les causes de cette détestation et, surtout, que cache-t-elle ? Anatomie d’une haine…

Onfray, cible du sévice public

C’est un fait, Michel Onfray est persona non grata sur les radios et télévisions du service public.
France Inter, par exemple, ne l’a pas invité depuis des années : pas question d’offrir un espace d’expression aux idées souverainistes et de troubler l’entre-soi consensuel des animateurs de gauche et d’extrême-gauche, quasiment hégémoniques sur le service public, et tous ralliés à l’idéologie sans-frontiériste (sans-frontiérisme, c’est l’euphémisme bienséant utilisé pour qualifier le ralliement de la gauche au capitalisme financier et libre-échangiste).

En revanche, si Onfray n’est pas invité sur France Inter, son procès y est instruit, sur le mode des Procès de Moscou, c’est-à-dire sans droit à la défense. Ainsi, le 4 novembre dernier, une émission était donc entièrement consacrée au philosophe : tout d’abord, un Vychinski en herbe l’y a accusé de dérive vers l’extrême-droite ; ensuite, un psychologue auto-proclamé a expliqué cette prétendue dérive droitière par la mort de sa compagne. Aujourd’hui, sur un média financé par l’argent des contribuables, on ne se contente donc plus de calomnier les vivants sans leur accorder de droit de réponse, on exhume aussi une défunte pour lui reprocher un inédit délit de « fascisme post-mortem ». Il était inévitable que cette gauche, adepte du laxisme judiciaire à l’égard des criminels vivants, finisse par condamner les défunts innocents.

Les deux « Minutes » de la haine

La fatwa wokiste qui vise Michel Onfray ne s’arrête cependant pas au service public. Ainsi, dans les pages de Libération et du Monde, il est rituellement maudit et systématiquement extrême-droitisé. Qu’importe que le philosophe défende des valeurs traditionnelles de la gauche comme la solidarité ou le pacifisme ; pour Le Monde, qui n’est pas avare de contresens historiques, baptiser une revue Front Populaire, c’est « séduire »… l’extrême-droite (1), tandis que, pour sa part, Libération titre « Onfray réhabilite un discours d’extrême-droite ! » (2). Le philosophe annoncerait-il la météo ou lirait-il une recette de pâtisserie qu’il serait tout de même lepénisé, fascisé, nazifié. Les deux médias susnommés -qui ont publié en 1977 la tribune pro-pédophile de Matzneff- demeurent néanmoins les prescripteurs officiels de la morale publique et continuent à décerner les brevets de civisme et de respectabilité.

Pour masquer sa transition idéologique de l’internationalisme ouvrier (qui fut un mouvement social émancipateur) vers le capitalisme mondialiste (qui est un système économique d’aliénation des travailleurs, au sens marxiste du terme), la gauche se contente dorénavant et paresseusement de nazifier ses contradicteurs : la « reductio ad hitlerum » la dispense de formuler des arguments. Ainsi, ceux qui prônent un contrôle et une limitation de l’immigration sont systématiquement qualifiés de racistes et d’islamophobes, une qualification qui les… disqualifie moralement dans le débat public.

Hormis quelques esprits libres comme Michel Onfray, nul ne remarque que cette vision immigrationniste est servilement alignée sur celle du MEDEF et du patronat allemand. En effet, le Moloch capitaliste a sans cesse besoin de chair fraîche immigrée à ubériser et à mettre en concurrence avec le prolétariat local, afin d’exercer une pression à la baisse sur les salaires. Et la gauche, devenue complice de cette Traite négrière contemporaine, cautionne; elle en redemande même, telle l’idiote utile du grand patronat transnational qu’elle est devenue. Lénine, relève-toi, ils sont devenus f…inanciers !

La gauche et le peuple : petite histoire d’une grande trahison

La gauche déteste Onfray parce que ce dernier lui reproche d’avoir sacrifié la vertu de la République en se couchant devant les marchés. Elle le déteste aussi parce qu’il lui rappelle ce qu’elle a été et ce qu’elle n’est plus : une force révolutionnaire qui a mené et remporté de nombreuses luttes sociales au service du peuple.

Telle la Statue du Commandeur, le philosophe énonce inlassablement et imperturbablement les félonies successives de notre gauche désormais populophobe. Liste (non exhaustive, car 10 volumes n’y suffiraient pas) :

-d’abord, la trahison économique et sociale initiale avec le « tournant de la rigueur » (traduction : le coming out libéral du Parti Socialiste), décidé par Mitterrand en 1983, et mis en place par le très européiste ministre de l’économie Jacques Delors.

-ensuite, la trahison de la démocratie avec le coup d’État de février 2008, lorsque l’abstention de nombreux  parlementaires de gauche a aidé à la ratification du très libéral Traité de Lisbonne, désavouant ainsi le referendum populaire de 2005 qui avait dit « non » au projet de Constitution européenne.

-puis, la trahison de la laïcité avec la conversion de toute l’extrême-gauche et d’une large fraction de la gauche à l’islamogauchisme. Les anticléricaux et bouffeurs de curés d’autrefois sont devenus les supplétifs et les idiots utiles des barbus patriarcaux, antisémites et homophobes. Désormais, c’est à gauche qu’on milite pour le port de signes religieux sexistes à l’école publique. Jules Ferry, relève-toi, ils sont devenus f…anatiques !

– enfin, la trahison de l’idéal pacifiste avec l’alignement pavlovien de nombreux parlementaires et ministres de gauche sur les positions atlantistes et bellicistes, depuis les interventions américaines en Irak et en Afghanistan jusqu’au conflit russo-ukrainien, en passant par les bombardements sur la Libye. Pour un Chevènement qui a démissionné, combien de ministres de gauche sont restés en place ? La soupe est bonne au gouvernement, même et surtout quand elle est préparée par les marchands d’armes. Jean Jaurès, relève-toi, ils sont devenus f…aucons !

Pour être un philosophe institutionnel et célébré par les médias de service public, Michel Onfray aurait dû, à l’instar de BHL (« Belliciste en Hermès et Lacoste » !), se proclamer de gauche tout en renonçant à toutes les valeurs de gauche. Bernard-Henri Lévy se prétend en effet de gauche alors qu’il est l’infatigable VRP de toutes les guerres américaines, un philosophe qui n’éprouve aucun complexe moral à redonner le moral au complexe militaro-industriel, un homme qui n’a pas d’alibi pour avoir entraîné Nicoléon le Petit dans l’a-Libye, c’est-à-dire dans l’anéantissement de toute structure étatique en Libye, désormais livrée au chaos et aux groupes terroristes. Une suggestion de titre pour le prochain film-pensum de BHL : « OTAN en emporte les vies »…

La Gauche-Pinocchio contre Jiminy Onfray

Une constante relie toutes les trahisons évoquées ci-dessus : l’adhésion d’une très large partie de la gauche à l’idéologie maastrichtienne, cache-sexe européen de la mondialisation ultralibérale. D’Artagnan tué en 1673 devant Maastricht, on aurait pourtant dû se méfier de Milady Von der Leyen !

L’élu maastrichtien de gauche -je ne parle pas de l’ère géologique du Crétacé mais de l’hère néo-illogique qu’est le partisan de l’Union Européenne- sait qu’il ne peut pas se prétendre de gauche et adhérer, « en même temps », à cette Europe antisociale du libre-échangisme et du dieu-marché ; alors il hait Michel Onfray pour l’avoir mis en face de sa schizophrénie politique et de ses reniements.

Bien loin d’une capitale qui fait aujourd’hui de la peine, artisan qui forge amoureusement des pensées philosophiques chez lui en province (Caen on a que l’amour…), Michel Onfray préfère sertir l’idée au logis que servir l’idéologie. Il est la conscience, le Jiminy Cricket de la Gauche-Pinocchio, celui qui lui souffle inlassablement à l’oreille qu’elle ment au peuple depuis qu’elle s’est convertie voilà 40 ans au capitalisme mondialiste et financier. Dans la version initiale du conte (pas dans celle, édulcorée, de Disney), Pinocchio, exaspéré, écrasait l’insecte incarnant sa conscience. Aujourd’hui, malgré la violence de l’ostracisme et de la diffamation, le philosophe, quant à lui, ne s’écrase pas : le cri qu’est Onfray retentit malgré les cris d’orfraie de cette gauche de la trahison.

La droite ne l’aime pas non plus !

La droite européiste (y en a-t-il une autre ?) n’aime pas davantage Michel Onfray. Elle ne l’aime pas parce qu’il est toujours de gauche, bien sûr, mais aussi parce qu’elle n’est pas parvenue à le débaucher, à le récupérer au moment où elle n’a plus de philosophe d’envergure depuis les disparitions de Raymond Aron et de Jean-François Revel. 

Il y a bien François-Xavier Bellamy, mais il est à la philosophie ce que Macron est à la politique : on ne peut en effet pas prétendre que la nation est le « seul cadre dans lequel s’exprime la souveraineté des peuples » et déclarer « en même temps » que le « terme de souverainisme est réducteur » (3).

Tandis que le véritable philosophe doute, s’interroge et remet en cause; le sans-frontiériste maastrichtien croit en les textes saints que sont pour lui les traités européens. Tandis que le philosophe privilégie l’Homme, le libéral maastrichtien le réduit à une variable d’ajustement microéconomique. L’adhésion à Maastricht, c’est l’anti-philosophie : voilà pourquoi, malgré ses indéniables qualités intellectuelles, l’européiste Bellamy n’écrira jamais une Métaphysique des montants compensatoires monétaires d’Aristote à Schopenhauer ou un De la Politique Agricole Commune dans la pensée nietzschéenne.

Le philosophe, le révolutionnaire et le politicien (aka « Le bon, la brute et le truand »)

Onfray n’aime pas Robespierre, du moins la lecture que Mélenchon en fait. Pourtant, il y a du Robespierre chez le philosophe : ne surnommait-on pas Maximilien « l’Incorruptible » ? L’indépendance de Michel Onfray interroge en effet le microcosme médiatico-politique : quel est donc ce psychorigide normand à lunettes rectangulaires qu’on ne peut pas acheter par une sinécure à la direction d’un institut culturel surnuméraire ou bien par un secrétariat d’Etat à l’intitulé farfelu ? Bref, quel est cet individu déconcertant des cons certains et refusant des honneurs qu’il considère comme déshonneur ?

« Ôte-toi de mon soleil ! », disait Diogène à Alexandre le Grand qui lui demandait ce qu’il désirait. « Ôte-moi de ton soleil !», réplique Michel Onfray (que dieu gêne ?) à tel anima-tueur de télé qui le désire-hait. En effet, le philosophe sait qu’aucun projecteur de plateau-télé n’éclairera jamais aussi fort que les Lumières. Or, dans les studios, ce n’est pas Jean-Jacques que l’on croise, mais Aurélien Rousseau, Sandrine Rousseau et Adrien Quatennens (cherchez : c’est également un Rousseau).

De l’Union Soviétique à l’Union Européenne : la xénocratie en marche…

A un siècle d’intervalle, Léon Blum (chef du Front Populaire, le gouvernement) et Michel Onfray (fondateur de Front Populaire, le journal) affichent la même préoccupation souverainiste et la même volonté de lutte contre la xénocratie : à l’instar du socialiste Blum qui avait refusé de se soumettre à la tutelle politique de Moscou en ne signant pas l’adhésion de la SFIO à l’Internationale communiste, Onfray rejette la tutelle économique de Bruxelles et la supranationalité antidémocratique imposées par la Commission européenne, dont pas un seul des membres n’est élu.

Le « tout-marché » des maastrichtiens d’aujourd’hui est l’équivalent dogmatique du « tout-Etat » des communistes d’autrefois et les co-misères européens sont les héritiers des commissaires politiques soviétiques : des technocrates fanatiques, dénués de la moindre empathie et au service d’une idéologie mortifère.

Le 27 décembre 1920, dans un discours mémorable au Congrès de Tours (qui allait aboutir à la scission de la gauche française entre socialistes et communistes), Léon Blum disait à ceux qui renonçaient au socialisme et à la démocratie pour devenir les vassaux des communistes russes, tueurs de masse : «il faut que quelqu’un reste pour garder la vieille maison». Aujourd’hui, alors que la gauche européiste a renoncé au peuple et s’est associée aux assassins de la nation française, c’est Michel Onfray qui garde la «vieille maison».


(1) Avec sa nouvelle revue « Front populaire », Michel Onfray séduit les milieux d’extrême droite (lemonde.fr)

(2) «Onfray réhabilite un discours d’extrême droite» – Libération (liberation.fr)

(3) Bellamy : «Une Europe qui permet de ne plus subir la mondialisation» – Le Parisien

Une névrose mondialisée

2024 a vu les fantasmes autour du prétendu « privilège blanc » ou de la domination mondiale des juifs prospérer. La raison finira-t-elle par supplanter ces passions collectives ? La haine sera-t-elle remplacée par un intérêt bien compris ? Les élites occidentales réussiront-elles un jour à se libérer de leurs illusions néfastes ?


L’émergence de ces interrogations trouve ses racines au Moyen-Orient, où la lutte des Palestiniens s’est muée en emblème central de la révolte contre le monde occidental et ses privilèges historiques. Dans ce contexte, des ouvrages comme Mein Kampf se transforment en best-sellers en Turquie, tandis que des textes comme les Protocoles des Sages de Sion s’ancrent profondément en Égypte et en Iran. Les fantômes d’Hitler et de Goebbels semblent renaître, réanimant des théories du complot à propos des Juifs qui refont surface avec une intensité alarmante. Certains soutiennent que les Juifs auraient établi à Tel Aviv un prétendu centre de commandement pour ce qu’ils appellent la « domination talmudique mondiale ».

Parallèlement, la réapparition d’un nouveau racialisme soulève des questions troublantes, ravivant des notions de hiérarchie raciale. Les Blancs, accusés de jouir indûment de privilèges, seraient désormais désignés comme des opprimés par leurs propres maîtres, les Juifs, qui contrôleraient le pouvoir et seraient tenus responsables de tous les conflits qui empêchent l’humanité d’accéder à la paix. Les Noirs américains, les Africains et les musulmans se retrouvent ainsi victimes d’un impérialisme et d’un racisme qui les ont colonisés, réduits en esclavage et exterminés. La cause palestinienne, avec ses images poignantes d’enfants, de vieillards et de femmes sans défense abattus par les forces israéliennes, devient le modèle d’une lutte désespérée. Les victimes de la police américaine, comme George Floyd et française comme  Adama Traoré, et les Palestiniens martyrisés par l’armée israélienne, deviennent les symboles d’une oppression universelle.

Diabolisation d’Israël : une constante historique

La diabolisation d’Israël s’inscrit dans une tradition bien établie, où les véritables génocidaires ont souvent eu recours à la fabrication de mythes pour justifier leurs actes. Des révolutionnaires de la Terreur aux Hutus du Rwanda, en passant par les communistes staliniens et les maoïstes, chaque groupe a cherché à projeter la culpabilité sur un ennemi désigné, souvent en manipulant les émotions collectives. Ces acteurs politiques exploitent la colère et l’injustice ressenties par les masses, offrant des promesses d’une époque où les privilèges seraient abolis, où un âge d’or émergerait pour les démunis. En conséquence, les « dominateurs » sont livrés à la vindicte populaire, et les peuples, angoissés par les crises et abandonnés par des dirigeants incompétents, abandonnent la voix de la raison au profit de nouvelles dictatures, de nouvelles prisons.

Cependant, la conquête du pouvoir ne suffit pas à épuiser les significations de cette diabolisation d’Israël et de l’Occident blanc. Le malaise actuel dans la relation à l’autorité peut éclairer certains des errements d’une partie de la jeunesse des pays occidentaux. Contrairement à un totalitarisme qui s’appuie sur une autorité absolue, la démocratie moderne révèle ses propres faiblesses. Dans une psychologie individuelle, l’enfant confronté à une figure paternelle omnipotente idéalise ce maître tout en se diabolisant lui-même, croyant qu’il ne pourra jamais atteindre ce niveau de perfection. En revanche, lorsque l’autorité présente des faiblesses, elle devient un exutoire pour les frustrations individuelles, et cette dynamique peut mener à une diabolisation de l’autorité elle-même.

La diabolisation des États-Unis a pris forme après la guerre du Vietnam, période durant laquelle les limites de la démocratie américaine ont été mises en lumière. De la même manière, la diabolisation d’Israël a débuté après 1967, lorsque l’occupation de la Cisjordanie, de Gaza et du Golan a exacerbé les tensions et les relations conflictuelles avec une population considérée comme occupée.

Une utopie de réconciliation générale

Le processus de diabolisation est complexe, tant dans les dynamiques individuelles que collectives. Il s’agit d’une stratégie courante dans les propagandes visant à décrédibiliser l’adversaire en le dépeignant comme monstrueux. Cette diabolisation a également des implications internes, entravant la lutte contre les doctrines asservissantes. Comment expliquer la diabolisation d’Israël par une partie de la gauche européenne, accompagnée d’une critique acerbe de la civilisation occidentale ? Une telle prise de position semble souvent dénuée de fondements politiques rationnels, et l’importance des émotions dans nos choix idéologiques est souvent sous-estimée.

Benjamin Netanyahu devant une carte de Gaza, Jérusalem, 2 septembre 2024 © Ohad Zwigenberg/UPI/Shutterstock/SIPA

Les blessures d’enfance peuvent engendrer des visions du monde, particulièrement lorsque ces perceptions sont partagées collectivement et renforcées par des campagnes de propagande. Des œuvres comme Le Ruban blanc de Haneke illustrent comment l’éducation autoritaire dans le monde germanique au début du XXe siècle a pu jouer un rôle dans l’émergence du nazisme. Les modes d’éducation, qu’ils soient communs à une époque ou à une classe sociale, forgent les destinées individuelles et collectives. Au Rwanda, j’ai été témoin des conséquences d’une culture d’obéissance aveugle à l’autorité, où la soumission à la figure parentale est inculquée dès l’enfance.

Il est difficile de saisir comment la diabolisation d’Israël s’opère chez des personnes qui ne se revendiquent pas antisémites, mais qui expriment pourtant leur compassion pour les victimes de la Shoah. Beaucoup d’enfants issus de milieux favorisés ont grandi avec un amour conditionnel, ce qui peut générer en eux une violence réactive face à des figures d’autorité perçues comme oppressives. Cette rébellion s’étend à des entités qu’ils jugent capables de les réduire en esclavage : les nations, les armées, les colonisateurs, les institutions religieuses. Leur quête d’un amour universel les conduit à soutenir les opprimés, parfois sans discernement. Ils aspirent à une utopie de réconciliation générale, désireux d’effacer les différences et les conflits.

Ainsi, une génération européenne se sent coupable de ne pas aimer, refoulant une haine projetée sur des figures parentales détestées, et refuse de reconnaître la violence qu’elle retourne contre des représentations du mal. Paradoxalement, cette génération, tout en jouissant de privilèges, trouve des justifications à la violence de ceux qu’elle considère comme des victimes. Elle rejette le racisme et la guerre, aspirant à un amour universel qui unirait tous les êtres humains, parfois sans voir les dangers sous-jacents, tels que le fanatisme radical ou la haine envers les Blancs et les Juifs. Son empathie se concentre sur les victimes de la Shoah, mais souvent elle ne reconnaît pas les souffrances des Israéliens, considérés comme des « colonisateurs » injustement établis sur une terre qui ne leur appartient pas. Cette quête de justice et de liberté conduit paradoxalement à rejoindre des mouvements véritablement antisémites, qui ne voient dans Israël qu’une incarnation du Juif éternel, dominateur et sanguinaire.

Une victimisation persistante

Du côté arabe, en revanche, il n’existe ni repentir ni culpabilité, mais plutôt une victimisation qui refuse toute forme de responsabilité collective. Les Allemands, après leur défaite en 1945, ont été contraints de quitter des terres ancestrales, laissant derrière eux maisons, fermes et infrastructures. Les Polonais ont remplacé les Allemands, et les Hindous et les musulmans d’Inde ont dû échanger des territoires. Les Grecs ont quitté l’Anatolie, mais les Arabes de 1948 continuent de revendiquer un retour vers des maisons qu’ils n’ont peut-être jamais connues. Malgré le fait que les véritables réfugiés soient nombreux dans le monde, ceux qui se désignent comme Palestiniens continuent de vivre dans des camps, soutenus par l’UNRWA. Pourquoi une telle disparité ? Peut-être parce que le monde arabo-musulman peine à accepter l’existence d’un État souverain pour des Juifs autrefois soumis.

Les Palestiniens contemporains sont nourris quotidiennement par le rêve d’un retour vers un Israël qu’ils jugent illégitime, vers des villages parfois inexistants, dans des villes bâties par des Juifs qui ont su s’imposer dans le monde moderne. Cette situation représente un gaspillage incommensurable d’énergie et d’opportunités pour une jeunesse arabe qui pourrait s’accommoder des avancées qu’apporte cet « ennemi » en matière de développement et d’intelligence, tout en jalousant sa liberté et son audace. Les check-points et le mur de séparation, issus des intifadas et du terrorisme, ne masquent pas le fait que les villes palestiniennes peuvent être plus prospères que de nombreuses localités égyptiennes ou maghrébines, sans parler de la situation déplorable du Yémen ou de la Syrie. Alors, la raison finira-t-elle un jour par remplacer ces passions collectives ? La haine cèdera-t-elle le pas à un intérêt partagé ? Les élites occidentales, en quête d’un monde meilleur, parviendront-elles à se défaire de leurs illusions nocives ? Nous pouvons nourrir cet espoir, tout en restant lucides face à l’évolution d’un monde en proie à des luttes de pouvoir entre nations et religions, et sous l’emprise d’élites occidentales qui, par un masochisme véritablement névrotique, semblent préparer la décadence et l’effacement de leurs propres peuples.

Incendie de Notre-Dame: le feu des questionnements (incorrects) reprend

Des chaînes de mails continuent de circuler, affirmant qu’on nous cache la vérité. Hurler au complotisme n’y change rien, au contraire.


L’intense joie de la réouverture solennelle de la cathédrale passée, voilà que se ravive le foisonnement des interrogations qui, dès les premiers jours, en avril 2019, avait déferlé sur les réseaux sociaux et dans les conversations des dîners en ville. Le sinistre était-il dû à une cause naturelle ou un acte de malveillance, à une action terroriste ?

Or, très vite – trop vite, peut être bien – l’hypothèse d’une intention criminelle devait être officiellement écartée par les autorités. « Les premiers rapports des pompiers et des enquêteurs sur place ont rapidement exclu l’hypothèse d’un acte volontaire » pouvait-on lire dans l’ensemble de la presse les jours suivants. D’ailleurs, l’enquête immédiatement ouverte annonçait la couleur. Elle porterait exclusivement sur la « destruction involontaire par incendie. » Involontaire, on évacuait donc d’emblée du champ des investigations toute intervention humaine malveillante. C’était évidemment aller vite en besogne, cela à un moment où, tout naturellement, on n’avait à fournir aucun argument dûment étayé par les faits pour se permettre de trancher aussi péremptoirement. En règle générale, il n’y pas mieux pour susciter la suspicion que la précipitation qu’on met à chercher à rassurer les populations. On ne sait rien encore de l’évènement, du drame, de ses tenants et aboutissants qu’on exclut délibérément tout un champ possible d’explications. Cela a toujours l’effet inverse à celui recherché, puisque l’affirmation ne peut sembler que gratuite tant qu’on ne dispose pas d’arguments solides, vérifiables capables de la rendre absolument indiscutable. J’ai le souvenir d’un drame sur lequel j’ai beaucoup travaillé : la mort de Pierre Bérégovoy, survenue le 1er mai 1993. Il n’était pas encore admis à l’hôpital de Nevers, aucun examen n’avait donc été pratiqué, aucun acte d’enquête mené, que les dépêches officielles – oui, officielles, Préfecture de la Nièvre, Palais de l’Élysée – affirmaient qu’il ne pouvait s’agir que d’un suicide. Là aussi, la précipitation ne fit évidemment que susciter la défiance.

Cinq ans après l’incendie de Notre-Dame, il semble bien qu’aucune réponse technique, scientifique, prouvant sans conteste possible la thèse accidentelle n’ait été apportée, réduisant une fois pour toutes à néant le soupçon d’intention criminelle. Et c’est ainsi que, ces deniers jours, refleurissent les mises en doute. Là, encore, une initiative prise dans les débuts n’aura réussi qu’à nourrir le feu latent : les sceptiques, les non convaincus par la « vérité » imposée se virent exclus des réseaux sociaux. Initiative maladroite et surtout stupide. Aujourd’hui, donc, les réserves émises alors refont surface, provenant souvent, reconnaissons-le, de personnes ayant une certaine expérience, soit de ces chantiers d’exception, des réglementations rigoureuses, voire tatillonnes, qui les régissent, ou encore disposant d’une expertise des incendies proprement dits, leur apparition, leur propagation, leur aspect selon les matériaux concernés.

Bien entendu, pour circonstanciées, argumentées qu’elles soient ces mises en  cause ne constituent en aucune façon une preuve suffisante. Loin de là. Et pour ma part, je me garde bien de donner dans cette précipitation à conclure que je me permettais précisément de reprocher aux autorités dans leurs affirmations des premières heures. Il me semble seulement que, devant cet incendie, ce désastre, relevant de notre histoire au sein de laquelle il tiendra à jamais une place considérable, on ne peut pas – et on ne doit pas – clore si tôt et surtout avec une telle apparence de légèreté, la recherche de la vérité. Enfin, de grâce, qu’on n’aille pas se défausser en hurlant au complotisme. Car jamais aucune question, si dérangeante, si iconoclaste soit-elle ne saurait être reléguée sans examen dans cette poubelle-là. Jamais. Les réponses sont parfois de ce tonneau-là. Jamais aucune question. Toutes doivent avoir droit de cité, ne serait-ce que par esprit de méthode.

LES TÊTES MOLLES - HONTE ET RUINE DE LA FRANCE

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Politiquement show

En Grande Bretagne, la téléréalité est devenue une stratégie politique comme une autre. Les exemples qui suivent interrogent la réserve des figures françaises à mêler vie publique et mise en scène personnelle.


À l’exception de Jean Lassalle, qui a participé en 2023 à l’émission « Les traîtres » sur M6, et de François Ruffin, qui vient de sortir au cinéma un film, Au boulot1, dans lequel il se met en scène dans son quotidien, le personnel politique français n’aime guère communiquer en dehors du cadre classique des estrades et des interviews.

Au Royaume-Uni en revanche, il n’est pas rare qu’une figure prometteuse de Westminster choisisse d’apparaître dans un programme de téléréalité. En 2022, le patron de Reform UK, Nigel Farage, a ainsi concouru à l’émission « Je suis une célébrité, sortez-moi de là ! » sur ITV. La même année, on a pu voir la conservatrice Penny Mordaunt, ancienne leader de la Chambre des communes, s’exhiber en maillot de bain dans « Splash », toujours sur ITV, tandis qu’en 2016, c’est la BBC qui embauchait un ex-ministre du Trésor, le travailliste Ed Balls, dans la version britannique de « Danse avec les stars ». Pourquoi se livrer à de telles pitreries ?

Sans doute parce que l’exercice a plutôt réussi à Donald Trump, lui-même ancien animateur du show « The Apprentice » sur NBC entre 2008 et 2015. Sauf que le nouveau président américain ne s’est pas servi de la télévision pour « faire peuple ». Au contraire, son émission, véritable hymne à l’argent, lui a permis de montrer qui il était vraiment : un milliardaire décomplexé. Une rare franchise qui plaît manifestement à ses partisans.

En Angleterre, celui qui a peut-être le mieux compris cela s’appelle Jacob Rees-Mogg. Pour revenir en selle après une cruelle défaite aux dernières élections, cet ex-ministre des Opportunités du Brexit dans le gouvernement de Boris Johnson, pur produit de l’establishment britannique, père de six enfants, est depuis le 2 décembre le héros d’une série diffusée sur la plateforme Discovery +, dans laquelle on le voit assumer pleinement sa vie de château et ses convictions de catho tradi. Une émission qui frôle souvent la caricature, notamment dans une séquence où une femme de chambre montre comment elle repasse les mouchoirs de poche du maître de maison. Surprise, si, sur les réseaux sociaux, certains téléspectateurs sont moqueurs, d’autres applaudissent l’élégance très « Downton Abbey » de Rees-Mogg !

Reste dès lors une question : avec son goût des voitures polluantes et sa légendaire collection de costumes sur mesure, François Fillon ne regagnerait-il pas le cœur des Français en ouvrant aux caméras les portes de son manoir dans la Sarthe ?


  1. Lire https://www.causeur.fr/au-boulot-francois-ruffin-294537 ↩︎

Daniel Grardel, le peintre qui aime les écrivains

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© Photo : Philippe Lacoche

Chaque semaine, Philippe Lacoche nous donne des nouvelles de Picardie…


La province, elle non plus, ne manque pas d’idées. Le peintre, dessinateur et bédéiste amiénois Daniel Grardel a exposé ses œuvres du 7 au 15 décembre derniers, à la galerie La Dodane, au cœur du quartier Saint-Leu, à Amiens. Il possède ce qu’il est convenu d’appeler une patte. Il évolue loin, si loin, de la peinture abstraite qui, il faut l’avouer, par ses excès abscons, commence à nous gaver grave comme disent les jeunes. Il ne s’adonne pas non plus au réalisme ou au naturalisme pictural. Non, Grardel (instituteur retraité, sosie des regrettés Ricet Barrier et de Pierre Vassiliu) est ailleurs. Il pratique une manière de peinture foraine très colorée, rock’ n’roll, sensuelle et érotique, provocatrice parfois ; il prend plaisir à décrire des scènes nocturnes issues des bistrots de la capitale picarde. Des scènes pour la plupart échappées de son imagination ; il truffe celles-ci de personnages amiénois (artistes, élus – dont Fred Thorel, ancien adjoint à la culture, qui ne sort jamais sans son inénarrable nœud papillon en bois !) mais aussi de chanteurs, comédiens, peintres connus et reconnus qu’il affectionne (Gainsbourg, Chris Evans, Lucky Blondo, Annie Philippe, Christophe, etc.). Ces toiles pourraient faire penser à celles de Clovis Trouille, autre picard de grand talent né à La Fère, dans l’Aisne. Les filles, très peu vêtues, arborent de soyeux porte-jarretelles ; les hommes y boivent plus que de raison et fument avec volupté. Bref : nous sommes à mille yeux du nauséeux wokisme ambiant et de la police de la bien-pensance. (Au cours de cette même exposition, une ultra féministe locale s’est déplacée jusqu’à la galerie pour s’en prendre à Daniel qu’elle a sermonné, lui reprochant de peindre des femmes-objets à la vertu contestable. On est en droit d’éclater de rire devant tant d’imbécillité.)

A lire aussi: Notre-Dame, des vitraux vitreux

Notre homme n’aime pas seulement la peinture et le rock’n’roll ; il adore également la littérature. Ainsi a-t-il a eu l’idée d’inviter chaque jour quelques-uns de ses amis écrivains à dédicacer leurs livres ; Isabelle Marsay, le comédien et réalisateur Jean-Michel Noirey, Elisabeth Grardel, Patrick Poitevin (auteur de percutants polars dont le dernier, L’être de cachets, paru aux éditions des Petits Ruisseaux), Patrick Kaczmarek (médecins de famille et militant), Claude Tillier, Jean-Louis Crimon, Hervé Jovelin (qui vient de sortir Evangile de l’Imbécile, chez L’Harmattan), etc. Vedette yé-yé des sixties, Annie Philippe se déplaça de Paris à la galerie de la Dodane pour rendre visite à son ami Grardel ; elle était accompagnée du réalisateur Nicolas Engel qui a adapté des comédies musicales à Mogador et monte actuellement le spectacle Tootsie, à Montréal. Il tourne également un documentaire sur l’ex-fiancée de Claude François. Ce jour-là, les fans des années soixante se déplacèrent nombreux. L’ambiance était chaude et le Chinon d’excellente qualité. Christophe et Gainsbourg prirent la peine de sortir des toiles de Daniel pour saluer Annie, ravie. La soirée se prolongea fort tard dans les bistrots du quartier Saint-Leu. Mais ceci est une autre histoire…

Paris n’est plus

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Création de Yves Marchand et Romain Meffre, conçue avec l’aide du logiciel Midjourney © Yves Marchand, Romain Meffre/Polka

Les photographes Yves Marchand et Romain Meffre immortalisent partout dans le monde les édifices abandonnés et les quartiers fantômes. Dans Les Ruines de Paris, aidés par l’IA, ils fixent l’avenir d’une capitale désertée en proie à la nature sauvage. Une poésie singulière soulignée par la plume de Nathan Devers.


L’imaginaire de la ruine est confronté, en 2024, à l’épouvantable réalité des apocalypses urbaines. Difficile de poétiser, dans le sillage du peintre Hubert Robert, quand s’offre quotidiennement à nous l’image térébrante de cités réduites à l’état de squelette. Le duo de photographes formé par Yves Marchand et Romain Meffre explore depuis plus de vingt ans la mélancolie de ces désastres sans frontières. Ils se sont fait connaître par leur travail à la chambre, illustrant, dans la tradition technique des grands maîtres, la déréliction de Detroit, cette ancienne capitale étasunienne de l’automobile dont la crise économique de 2008 a signé l’arrêt de mort. Par la suite, passant de l’île fantôme japonaise de Gunkan-Jima à Budapest, Marchand et Meffre ont patiemment documenté nombre de sites désertés ou promis à la démolition, ou encore ces édifices remarquables que certains programmes de rénovation ont voué à une improbable dénaturation, tels l’Hôtel-Dieu de Lyon ou la Samaritaine à Paris.

Paris en ruine ? On n’y est pas encore, malgré les offensives en vert-de-gris de la maire Hidalgo, si impatiente de transformer la capitale en forêt vierge. En prolongement de l’exposition de nos photographes, « Les Ruines de Paris », les éditions Albin Michel publient un beau livre au titre homonyme, lequel reproduit, en doubles pages, les quelque soixante tirages accrochés aux cimaises de la galerie Polka.

Non point « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! » mais, assisté de l’intelligence artificielle (ChatGPT et Midjourney), un Paris dystopique, spectral, pétrifié, veuf de toute présence humaine, rendu à la vie végétative et silencieuse d’un cimetière. Les images spectaculaires d’Yves Marchand et Romain Meffre renvoient moins à la science-fiction qu’à la rêverie picturale qui sourdait de la peinture académique quand elle s’avisait de hanter les vestiges de l’Antiquité.

Figé dans la mort telle une autre Pompéi, leur Paris virtuel ne doit pas son anéantissement à quelque catastrophe naturelle : son esseulement lépreux, buissonneux, fracturé, semble venir de plus loin – du funeste écoulement des siècles, peut-être. Une végétation invasive s’est insinuée dans la pierre de taille, le fleuve sorti de son lit nappe l’asphalte envahi de joncs ou d’herbes folles… Et plus âme qui vive ! Mais rien dans ces aires à l’abandon, dans ces jachères qui s’éternisent ne paraît suggérer la survenue d’un fléau récent, d’un siège ou d’une mise à sac qui auraient mis en fuite ou décimé les habitants de la défunte Ville lumière.

« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » L’oracle valéryen résonne sur Les Ruines de Paris. Tour Montparnasse éventrée ; pont Alexandre III pris dans la touffeur d’une jungle verdâtre ; arche de La Défense maculée de coulures érugineuses ; vestiges d’une tour Eiffel entaillée dans le no man’s land d’un Champ-de-Mars où – trait d’ironie raillant la saga de la piétonnisation de Paris ? – gît un essaim d’épaves automobiles ; musée d’Orsay déshabillé de ses chefs-d’œuvre et dont le sol est constellé de paperasse ; pyramide de Pei brisée comme une coupe de cristal ; obélisque de Louxor assailli de plantes grimpantes sur une place de la Concorde dévorée par la sève sylvestre – encore un vœu municipal exaucé ? – ; lavomatiques, clubs de gym, boutiques, brasseries, terrasses de café, tous laissés dans leur ultime état de service ; quartiers haussmanniens vacants, comme atteints d’agoraphobie ; Notre-Dame sous l’emprise de la flore telle un nouvel Angkor Vat… L’image la plus saisissante d’entre toutes est la place de l’Étoile changée en plaine embroussaillée, cernée de grands arbres, et au centre de laquelle l’Arc de triomphe, comme absorbé par la terre, se hérisse de pousses sauvages !

Une singulière poésie émane de ces sites dévastés par l’uchronie. Elle est saluée par le talent de plume du jeune écrivain Nathan Devers, dans le texte critique qui accompagne cet album : « Désormais, écrit-il, le photographe n’est plus sommé d’éterniser l’instant, d’archiver ce qui est déjà là, d’enregistrer ce qui défile derrière son objectif. À condition d’étendre ses outils, de solliciter cette nouvelle technique [l’IA], il peut figurer les possibles qui se cachent dans chaque chose. Et sa palette s’étend. Elle embrasse un deuxième horizon, plus puissant que celui de la mer : la perspective de la futurition. Avec cette émancipation, la photographie cesse d’être l’art de l’effectif. Elle embrasse le point de vue de la ruine, de l’absence qui restera de nous. »

Comme un Paris fantôme surgi de nos songes.

À lire

Les Ruines de Paris, photographies de Yves Marchand et Romain Meffre, texte de Nathan Devers, Albin-Michel, 2024.

Les Ruines de Paris: Quand l'intelligence artificielle prédit l'avenir

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À voir

 « Les Ruines de Paris », Galerie Polka, 14, rue des Jardins-Saint-Paul, 75004 Paris. Jusqu’au 18 janvier 2025.

Charlie et la chocotterie

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Manifestation du 11 janvier 2015 à Paris, en hommage aux victimes des attaques contre Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher © AP Photo/Peter Dejong/Sipa

En 2015, la France criait « Je suis Charlie ». Dix ans plus tard, de peur d’être taxé d’extrême droite par le camp du Bien ou poignardé par un djihadiste, nul n’ose voir et encore moins dire que la version frériste de l’islam s’impose plus ou moins à bas bruit. Soumise aux Insoumis, la gauche ne combat pas la censure, elle l’encourage.


J’ai eu de la chance. Si j’avais commenté en direct l’attaque survenue à Magdebourg dans la soirée du 20 décembre, j’aurais dénoncé à grands cris un nouvel attentat islamiste. Un individu originaire du Golfe qui fonce, au volant d’un véhicule, dans une foule joyeuse célébrant une tradition chrétienne, faisant au moins cinq morts et des dizaines de blessés, le crime était signé. C’est ce qu’on appelle le biais de confirmation. Nous avons déjà vu le film : à Nice, le 14 juillet 2016. Depuis les attentats à la bombe de Madrid, qui ont fait 192 morts en mars 2004, ce sont les islamistes qui sèment la terreur en Europe et pas l’« extrême droite » comme pourrait le croire un malheureux condamné à n’écouter que France Inter et à ne lire que Le Monde.

Sauf que Magdebourg ressemble à l’exception qui confirme la règle, même si le curieux pedigree de l’assassin incite à la prudence. D’origine saoudienne, réfugié depuis près de vingt ans, entré en guerre contre l’islam – en 2016, le docteur A. (la presse allemande ne donne pas son nom) venait en aide aux femmes ayant fui l’Arabie saoudite –, il était paraît-il mécontent de l’islamisation de l’Allemagne. Un apostat qui combat l’islamisation en fonçant dans un marché de Noël, c’est tordu, en tout cas un brin psychiatrique, d’ailleurs Taleb A., ça ne s’invente pas, était psychiatre. Personne n’a parlé de déséquilibré.

Mais aujourd’hui, nous sommes réunis, comme tout le pays, pour célébrer la saint-Charlie avec les grandes orgues émotionnelles et les rodomontades martiales de circonstances – Nous n’accepterons jamais, nous ne céderons pas… ou « N’ayons plus peur ! » comme nous le proclamons crânement en « une ». Il y aura (il y a au moment où vous lisez ce numéro) du flonflon républicain, du refus de la barbarie, de la France forte quand elle est unie, du vivre-ensemble, du vous n’aurez pas ma haine, tous les exorcismes rituels que l’on ressort pour les grands anniversaires. Dans ces conditions, pourquoi ressasser un événement dramatique certes, mais presque banal, et qui n’a même pas eu lieu chez nous ? Et quel rapport avec notre bande de rigolos assassinés pour des petits dessins ?

Le rapport, c’est que, pour le camp du Bien, l’attentat de Magdebourg est un joker idéologique, la reconduction d’un droit au déni dont il use et abuse. Il lui permet de revendiquer haut et fort sa cécité. Pour une fois qu’il a un bout de réel de son côté. Le progressiste aussi tient bon – Nous ne verrons pas, nous ne saurons pas.

Les chefs à plumes du Nouveau Front populaire (et les centaines d’ectoplasmes militants qui propagent leurs hautes pensées) connaissent leur minute d’extase quand la ministre allemande de l’Intérieur lâche l’un de leurs mots préférés avec « génocide » : le terroriste était « islamophobe ». Le bonheur de nos idiots utiles serait complet si, en prime, c’était un petit gars bien de chez nous, mais un tueur islamophobe, c’est déjà cadeau. Glory alleluiah, il soutiendrait l’AFD – qui n’en organise pas moins une manifestation contre l’immigration massive. Faure et les autres ne se tiennent plus de joie et fondent sur Jordan Bardella et Marine Le Pen, traités de « vautours » parce qu’ils ont dégainé trop vite – à rapace, rapace et demi. Tout ça c’est du racisme antimusulmans, pépie Faure. Je dirais même plus, de la haine antimusulmans, renchérit Bompard qui conclut sentencieusement : « N’oubliez jamais que l’extrême droite tue. » Comme d’habitude, « le réel est reporté à une date ultérieure » (Muray).

Comme le recommandait je ne sais plus quel « théoricien » d’Al-Qaïda, les djihadistes ont tué avec tout ce qui leur tombait sous la main : couteaux, kalachnikovs, haches, ceintures d’explosifs, bombes, camions. En France, depuis 2012, ils ont assassiné des enfants, des journalistes, des policiers, des juifs, des chrétiens, des musulmans trop français, des professeurs (tous en tant que tels) et des centaines de Français innocents. Après les opérations soigneusement préparées par les multinationales du terrorisme, on a vu apparaître des PME locales et des autoentrepreneurs. Au-delà des morts, des blessés, des endeuillés, ils ont soumis nos existences à un régime de contrôle permanent. Tout déplacement, tout rassemblement, toute célébration collective, sans parler des raouts planétaires façon JO, doit répondre à des standards sécuritaires qui exigent que nos rues soient hérissées de grilles et parsemées de blocs de béton. Le terrorisme islamiste ne se contente pas de tuer, il nous pourrit la vie.

Sans surprise, les commissaires politiques de la gauche soumise et leurs proxys médiatiques n’en démordent pas : le danger, c’est l’extrême droite, l’antisémitisme, c’est l’extrême droite (pas celui qui casse la gueule aux juifs en tout cas, mais c’est un détail), le racisme, c’est l’extrême droite, l’homophobie, c’est l’extrême droite (amusant). Et plus que tout, l’islamophobie, crime suprême contre la dignité humaine (bien qu’on ait parfaitement le droit de ne pas aimer l’islam), c’est l’extrême droite. Certes, cette volaille ne fait plus l’opinion commune. Mais elle tient assez de citadelles, dans les rédactions, les universités et les innombrables associations subventionnées pour faire l’opinion qui compte. Et réduire les lanceurs d’alerte au silence.

Ces dernières années, alors que l’islamo-gauche refondait son alliance honteuse dans le soutien à peine masqué au Hamas, l’obsession de l’extrême droite, brandie comme un brevet de Résistance dans toutes les strates de la bonne société politique et médiatique, nous a collectivement désarmés. Autrement dit, pendant que les Frères musulmans étendent leur emprise, tous les beaux esprits du pays prennent la pose et jurent que plus jamais ça, refusant de voir qu’un autre ça arrive par la fenêtre. Par cynisme électoral, paresse intellectuelle, idéologie, intérêts de boutiques et plus encore par peur, ce petit monde se serre les coudes dans un pitoyable Front républicain dont un bon tiers des représentants roucoulent ouvertement avec les ennemis déclarés de la République, votre voile est tellement féministe, chère amie et vous reprendrez bien un peu d’intifada.

En effet, le danger mortel qui menace notre pays et le monde que nous aimons, ce n’est pas le terrorisme armé, largement tenu en respect par les services de sécurité et, il faut le souligner, par la justice antiterroriste, peu encline, contrairement aux tribunaux de droit commun, à pratiquer la politique de l’excuse. C’est la terreur à bas bruit qui commence par imposer une norme étrangère dans certains quartiers avant d’exiger qu’elle soit, au nom de l’inclusivité, érigée en règle commune. C’est le séparatisme qu’Emmanuel Macron a promis de combattre pour finir par le câliner, terrifié par la perspective, opportunément agitée sous son nez, d’un embrasement des quartiers.

C’est le lynchage numérique, la calomnie et l’extrême droitisation de quiconque s’aventure hors des clous de la doxa vivre-ensembliste. Ainsi notre ami Pierre Manent a-t-il été couvert de boue pour avoir dit que le nombre de musulmans en Europe ne pouvait pas croître indéfiniment, sauf à accepter que l’Europe ne soit plus l’Europe. Ce philosophe subtil et précis a même été accusé de prôner, accrochez-vous, une « solution finale » pour les musulmans. Certes ses accusateurs sont des abrutis analphabètes, mais d’abord il y en a de plus en plus et ensuite, on sait très bien qu’une ânerie repostée des milliers de fois devient une vérité virale.

Le 11 janvier 2015, des millions de Français se sont dits prêts, sinon à mourir, à se battre pour leur liberté. Et ils se sont battus pour leur retraite. Contrairement au Danemark, la France n’a pas eu besoin d’inscrire dans la loi l’interdiction du blasphème, parce que tout le monde ou presque a intégré la contrainte, les uns parce qu’ils considèrent les musulmans comme des victimes et que les victimes ont toujours raison (sauf quand elles ont tort comme celles de Charlie), les autres (dont nombre de mes amis cathos) parce qu’il ne faut pas se moquer de la religion des autres, et la majorité parce qu’elle ne veut pas risquer un coup de couteau pour un mot de trop. Nul ne se risquera plus à publier une caricature de Mahomet, ce qui est vraiment triste pour les musulmans, privés de cette normalisation ultime qu’est le fait d’être un objet de moqueries, demandez aux blondes et aux Belges.

Tous les indicateurs le prouvent : la France de 2025 est plus islamisée que celle de 2015, Gilles Kepel a même inventé l’expression « djihadisme d’atmosphère » pour décrire l’imprégnation des esprits. L’école, les clubs sportifs, l’hôpital sont sous pression, demain, ce sera peut-être l’armée et la police. Sur le front de la liberté d’expression, le bilan n’est pas plus glorieux. Certes, le grand bazar d’internet et l’avènement des médias Bolloré permettent aux voix dissidentes de se faire entendre, mais la police du langage ne désarme pas. La seule chose qui ait progressé, c’est la prise de conscience collective. Mais la France CNews peut bien aboyer, la caravane politique passe avec son cortège de lâchetés, soumissions et accommodements.

Puisque nous sommes entre nous, permettez-moi un aveu. Parmi les titres auxquels vous avez échappé, le favori était « L’étrange défaite », qui nous a finalement semblé trop… défaitiste. Préférant commencer l’année avec l’optimisme de la volonté plutôt qu’avec le pessimisme de la raison, nous avons finalement décidé de nous adresser à tous une injonction au combat, c’est-à-dire à l’intelligence, l’irrévérence et la rigolade. Oui, n’ayons plus peur ! Et pour nous donner du cœur au ventre, conservons une seule image de 2024, celle d’une jeune fille déambulant en sous-vêtements devant l’université Azad de Téhéran, altière et libre, défi vivant aux miliciens de la vertu. En plus, elle a gagné ! La justice iranienne n’a retenu aucune charge contre elle, elle n’a même pas été exclue de l’université. Et nous, ici, nous reculerions devant trois internautes mal embouchés ? N’oublions pas cette héritière de Shéhérazade et de la reine Esther, sa longue chevelure tombant sur ses reins, ses bras croisés sur son ventre nu. On ne connaît pas son nom. Mais son courage nous oblige.

Itinéraire d’une veuve très noire

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DR.

Si la plupart de ses petites copines islamistes ont été tuées durant dix années de guerre, Le Parisien nous donne de bonnes nouvelles d’Hayat Boumeddiene. La djihadiste la plus recherchée de France est toujours vivante en Syrie…


En ce sinistre anniversaire des massacres perpétrés sur notre sol par des terroristes islamistes en janvier 2015, voilà que l’on est amené à reparler de la veuve de l’un de ces monstres, Amedy Coulibaly.

D’origine malienne mais natif de Juvisy-sur-Orge, celui-ci s’est tout d’abord illustré dans la délinquance, à ses débuts, celle pudiquement qualifiée de mineure, puis, comme de juste, il a assez vite dérivé vers la grande, la majeure. Braquage de banque, etc. 

Ensuite, converti à l’islam le plus radical, passant du banditisme à la fureur terroriste, Coulibaly abattra froidement, à Montrouge, le 8 janvier 2015, la policière Clarisse Jean-Philippe et blessera grièvement un agent municipal de voirie. 

Le lendemain même, à l’Hyper Casher de la Porte de Vincennes à Paris, il exécute quatre personnes – juives – qu’il a prises en otages. Il sera lui-même abattu peu après par les policiers du RAID et de la BRI.

Or, à ce moment-là, sa veuve, Hayat Boumeddiene, ne se trouve déjà plus sur le sol français. Elle a filé quelques jours plus tôt en Syrie en compagnie des frères Belhoucine, dont Mohamed qui, croit-on savoir, aurait été ici, en France, le référent, le maître à penser et à agir de Coulibaly. 

Celui-ci a épousé – religieusement mais non civilement – Hayat Boumeddiene en 2009 et c’est dans ce moment que la jeune femme opte pour le port du voile intégral, ce qui l’amène à quitter son emploi de caissière. Cinq ans plus tard, fin 2014, c’est-à-dire quelques semaines avant les attentats, elle se prépare vraisemblablement à quitter la France puisqu’elle vide ses comptes en banque. Parvenue en Syrie, elle se réfugie à Raqqa, alors capitale de l’État islamique où, en raison des « hauts faits » de son mari, elle est fort bien accueillie et généreusement célébrée par la propagande de Daech qui en fait une héroïne.

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À ce jour, elle est bien évidemment toujours recherchée par le Parquet National Antiterroriste français en raison de la condamnation à trente années de prison dont elle a écopé pour son rôle avéré dans la préparation des crimes islamistes commis par son mari et leurs complices. Cependant, elle demeure introuvable. 

Or, rapporte le journal Le Parisien, voilà que, alors qu’on l’a crue morte en 2019, elle serait toujours en vie et constituerait donc encore une menace pour notre pays. On doit ces révélations à une « revenante » du Djihad (on préfère manifestement jouer la prudence dans le choix des termes et parler de « revenante » plutôt que de « repentie ». Cela paraît plus sage, en effet) qui l’aurait côtoyée ces dernières années. 

Veuve, Hayat Boumeddiene ne l’est pas restée bien longtemps. Ayant juste laissé passer ce qu’on nomme élégamment « délai de viduité », délai prescrit par la loi islamique – quatre mois et dix jours – elle se remarie avec un djihadiste tunisien, Abou Talha. Or, celui-ci ne plaisante pas avec cette loi, et l’épouse se voit bientôt littéralement cloîtrée. Ce qui, semble-t-il, ne lui conviendrait qu’à demi.

N’ayant pas d’enfant, et peut-être ne pouvant pas en avoir, elle pousse son conjoint à prendre une seconde épouse. Ce sera une Française convertie à l’islam. Probablement influencée par la généreuse pratique franco-française du regroupement familial, à peine mariée elle fait venir en Syrie son père, sa mère, ses frères et sœurs… 

Puis survient la prise de Raqqa par les forces syriennes. Hayat Boumeddiene se replie alors juste à temps au sein d’une communauté djihadiste dans le village de Bahr, à l’est du pays. Faut-il préciser que toute cette période-là elle se prétend Syrienne ?

En 2018, son second mari ayant été tué lors de combats, elle se constitue prisonnière auprès des forces kurdes et c’est dans le camp de réfugiés où elle est envoyée que le témoin évoqué, la « revenante », la retrouve. « Je te croyais morte ! » s’étonne-t-elle. « C’était le but », lui répond Hayat. Hayat qui va se faire appeler désormais Oum Abdallah, ce qui signifie « Mère d’un adorateur de Dieu ». Rien de plus commode pour se fondre dans la population, de très nombreuses femmes ayant à cœur de porter ce nom saint. 

Puis les Turcs passent à l’attaque contre les Kurdes. La veuve prend la fuite au bon moment – Déguerpir à temps : une de ses aptitudes les plus remarquables, à l’évidence -. Elle gagne alors la région d’Idlib où elle se fond au sein du groupe islamique HTS (Hayal Tahir al-Shan). 

Cependant, nous apprend encore la « revenante », la deux fois veuve ne s’est pas limitée à changer d’identité, de nationalité. Elle aurait aussi totalement modifié son apparence physique. Le témoin la décrit comme étant désormais « à peine reconnaissable ». Une question : méconnaissable au point de passer inaperçue si, dans le grand mouvement de population que connaît la Syrie depuis le changement de régime, elle s’avisait de revenir chez nous pour y parfaire le travail de mort initié par Coulibaly, son premier époux ?

Les autorités françaises n’excluent pas cette éventualité car, s’il y a une chose, une seule, à laquelle cette jeune femme d’à présent trente-six ans s’est bien gardée d’apporter le moindre correctif, c’est assurément sa soumission à l’islamisme radical et à sa barbarie terroriste.

Source: Le Parisien

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Brest: y’a des Zazou dans mon quartier

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L’influenceur Zazou Youcef, qui appelait sur Tiktok la communauté algérienne à commettre des attentats, a été arrêté par la police hier. L’affaire témoigne des nuisances fortes d’une véritable contre-société en France.


Il appelait sur les réseaux sociaux à commettre des attentats en France. À défaut de savoir quel sort lui réservera la justice, l’influenceur algérien Zazou Youcef a été interpellé par la police suite à la mobilisation des réseaux sociaux. Ceux-ci ont largement diffusé ses vidéos et interpellé Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, pour qu’il agisse. Ce dernier a effectivement réagi. L’homme a été arrêté ce vendredi 3 janvier, révélant au passage qu’il avait déjà été condamné à de multiples reprises pour des faits de droit commun et qu’il faisait l’objet d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) non exécutée, une situation malheureusement fréquente.

Un déferlement de haine

Suivi par plus de 400 000 personnes sur TikTok, cet Algérien en situation irrégulière alternait appels à la haine et incitations au meurtre dans de nombreuses vidéos. Dans l’une d’entre elles, il évoquait la guerre civile en Algérie dans les années 1990, qui avait vu les islamistes du GIA massacrer brutalement ceux qui tentaient de vivre à l’occidentale. Il pourrait également faire référence aux attentats des années 1990 en France, orchestrés par Khaled Kelkal, lui aussi membre du GIA. Compte tenu de l’argumentation incohérente de Zazou Youcef, les deux interprétations sont possibles. « On va faire comme dans les années 90. On va tirer sur vous (…) Vous voulez sortir le 1er janvier ? Tirez sur eux, il faut faire parler la poudre. Président Tebboune, tirez sur eux, ils veulent le chaos », déclarait-il. Dans une autre vidéo, il accompagnait ses propos de gestes simulant des égorgements et ponctués de violents « Nique ta mère », clamant : « Venez nous affronter. Si vous avez quelque chose à dire, on est là. On va vous niquer, pisser sur vous, vous violer, puis niquer votre mère… Vive l’Algérie, moi je vais vous achever. »

Un autre influenceur algérien, résidant à Grenoble et suivi par 70 000 personnes sous le pseudonyme « imadtintin », a également publié une vidéo incitant au meurtre. Il y appelle à brûler vif, tuer et violer sur le sol français toute personne critiquant l’Algérie ou son régime, se vantant par ailleurs, en tant qu’ancien militaire, de savoir manier les armes. Naturellement, il exprime son soutien à Zazou Youcef. Sous leurs vidéos, des centaines de messages de soutien reprennent cette rhétorique violente, vulgaire et exaltée, une rhétorique calquée sur celle du régime algérien.

Ce déferlement de haine, justifié au nom de « l’amour de l’Algérie », représente la version hystérique de discours plus policés portés par des représentants autoproclamés d’une diaspora algérienne souvent liée au régime. Si tous les Algériens en France ne soutiennent pas ce régime corrompu, ceux qu’on entend le plus et qui s’érigent en porte-voix des Français d’origine algérienne ternissent leur image. Ils accusent la France d’« islamophobie », salissent des écrivains comme Boualem Sansal — injustement emprisonné — et attisent la haine auprès d’une jeunesse souvent influencée par l’islamisme radical. Pourtant, cela fait des années que Boualem Sansal et Kamel Daoud alertent sur ces méthodes et insistent sur notre aveuglement face à la constitution d’une contre-société en France.

Un conflit de loyauté

Cette haine, profondément enracinée, est une forme de compensation. Elle prospère sur les réseaux sociaux, alimentée par les islamistes et entretenue par le régime algérien. La logique est claire : lorsqu’un pouvoir fonde sa légitimité sur la haine de l’ancien colonisateur et ne parvient pas, plus de 60 ans après l’indépendance, à construire une légitimité par ses propres actions, il ne peut fédérer que par la foi et la haine. La figure de l’ennemi sert de ciment au sentiment national. Ici, cet ennemi, c’est nous. Cette rhétorique délétère devient une composante identitaire pour beaucoup. Pour les Algériens qui s’installent en France, les propagandes islamiste et nationaliste créent un conflit de loyauté : s’intégrer en France serait, pour les premières, trahir sa foi, et pour les secondes, renier le combat héroïque pour l’indépendance. Cela rend leur situation souvent inextricable.

Une prise de conscience nécessaire

Il est urgent que nos élus reconnaissent les ingérences de l’Algérie en France, son rôle dans les tensions au sein de la diaspora, et sa volonté de structurer celle-ci en un outil de pression, voire en une cinquième colonne. Ces manœuvres compliquent considérablement la vie des Français d’origine algérienne. Les tensions liées à la double nationalité deviennent insolubles lorsque les deux modèles culturels s’opposent, surtout quand l’un des deux pays — en l’occurrence l’Algérie — alimente sa propre légitimité sur la diabolisation de l’autre.

Pourquoi Boualem Sansal et Kamel Daoud sont-ils haïs par le régime algérien ? Parce qu’en évoquant la « décennie noire » et la guerre civile, ils ramènent ce pays à une histoire qu’il cherche à effacer au profit d’un récit mythique où la France joue éternellement le rôle du méchant.

Il est temps d’en tirer les conséquences. Cela passe par l’exécution systématique des OQTF, le recours à la déchéance de nationalité pour les fauteurs de trouble, mais surtout par une prise de conscience collective et un changement de rapport de force. La dénonciation des accords de 1968 constituerait un signal fort montrant que la France a pris conscience de l’enjeu et se donne les moyens d’agir enfin.

Le miracle de Noël d’Emmanuelle Ménard

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Emmanuelle et Robert Ménard © Alain ROBERT/SIPA

Enquiquineurs, squatteurs, dealers : pas certaine que, sur ces questions, François Bayrou soit l’homme de la situation. On lui laissera le bénéfice du doute, au moins pendant la trêve des confiseurs. D’ici là, très bonne année 2025 à tous !


Opération « Place nette »

En septembre dernier, une enquête Ipsos révélait que la majorité des Français était préoccupée par la criminalité et la violence. Béziers ne déroge pas à la règle et nous sommes régulièrement saisis par des riverains qui se plaignent de squatteurs et autres dealers au bas de leur immeuble. Après en avoir longuement parlé avec le préfet de l’Hérault, sensibilisé à ces questions, une opération « Place nette » d’envergure a été organisée sur deux semaines dans le centre-ville de Béziers. Avec quelques déceptions, qui donnent parfois l’impression de vouloir vider l’océan avec une petite cuillère ; mais aussi quelques résultats, comme des confiscations d’argent dans les caisses de magasins en délicatesse avec le fisc, des saisies de drogue facilitées par les chiens de la police municipale, et quelques découvertes de travailleurs clandestins ou autres marchands de sommeil qui seront dûment poursuivis. Pas de quoi invoquer la magie de Noël, mais constater que nous pouvons nous aussi casser les pieds aux voyous me met du baume au cœur…

Gilles Goujon

Un moment hors du temps. Une soirée toute en délicatesse. Nous sommes invités Robert [Ménard] et moi à un dîner chez un concessionnaire de voitures haut de gamme, animé par le chef trois étoiles Gilles Goujon. Nous connaissons bien Gilles et avons de l’amitié et de l’admiration pour lui. Jovial, bon vivant, chaleureux, talentueux. Durant la soirée, il nous raconte son combat pour la gastronomie française, son amour de notre pays à travers sa cuisine et ses vins, et son agacement, voire son écœurement devant certains chefs qui se « couchent » pour obtenir des récompenses. Gilles Goujon fait partie de ces étoilés qui protestent contre le classement établi par la marque San Pellegrino des 50 meilleures tables du monde dans lequel ne figurent qu’une poignée de maisons françaises… Un combattant. Un résistant. Bref, un vrai Biterrois !

Motion de censure

La France insoumise est prête à jouer la politique du pire : faire tomber un gouvernement sans solution de rechange, quitte à priver la France et la Sécurité sociale de budget. Le RN les encourage, tout en invoquant la « responsabilité ». Marine Le Pen comme Jean-Luc Mélenchon sont décidés à jouer la présidentielle anticipée. Les partis politiques ne se soucient que de leur électorat, d’intérêts de boutique et de victoires d’ego. Aucune raison que les choses s’arrangent en 2025…

Marche blanche

Un travailleur agricole marocain d’une soixantaine d’années a été assassiné ce mois de décembre par sa voisine de palier, jeune femme de 22 ans (visiblement accro aux substances illicites) et mère d’une enfant de six ans, pour un motif encore indéterminé. Le dimanche qui a suivi sa mort, l’association franco-marocaine de Béziers a organisé une marche blanche. Alors que nous stationnons devant son domicile, pour un moment de recueillement, j’aperçois un homme qui me fait signe. Je m’approche et il me raconte qu’il habite lui aussi dans cette rue, qu’il ne supporte plus les dealers. J’avise non loin de lui trois jeunes garçons, le visage à moitié dissimulé et je lui demande s’ils font partie des fauteurs de troubles. Il acquiesce discrètement. Je me dirige alors vers la police nationale, stationnée là pour sécuriser la manifestation. Je leur demande s’ils sont au courant que les trois jeunes gens font partie des dealers qui pourrissent la vie du quartier chaque nuit. Ils me répondent « oui, mais ils sont mineurs : ils sont régulièrement contrôlés, mais comme ils n’ont rien ou quasiment rien sur eux… » Je comprends la détresse des habitants du quartier. Nous en discutons régulièrement avec Robert : nous pourrions facilement communiquer au prochain ministre de l’Intérieur une liste de mesures qui ne coûtent rien, applicables pour la plupart sans passer par la loi, et qui permettraient aux forces de l’ordre d’agir beaucoup plus effacement… Avis aux amateurs de solutions !

Agriculteurs

Vendredi 13 décembre, la Coordination rurale manifestait à Béziers, en compagnie de quelques élus du RN, pour protester contre la concurrence déloyale subie par les agriculteurs français. Mais quand, vers 10 heures du matin, par une pluie battante, la situation entre police nationale et agriculteurs a commencé à se tendre, bizarrement, les représentants du parti politique de Marine Le Pen n’étaient plus là. Le maire de Béziers en revanche, oui. Deux manières de faire de la politique…

Crèche de Noël et Hanouka : même combat !

Cela ne nous étonne même plus… C’est la onzième année que le maire de Béziers installe la crèche de Noël dans l’hôtel de ville. Et la onzième année consécutive qu’elle est attaquée en justice. Non plus par les représentants de l’État qui, depuis quelques années maintenant, nous ont lâché les baskets avec cette prétendue atteinte à la laïcité. Mais par la Libre pensée et la Ligue des droits de l’homme. Ils en font une affaire personnelle, semble-t-il. Rien que pour 2024, nous en sommes à cinq procédures en référé ! À croire qu’ils n’ont que ça à faire. « Quel est votre plus grand combat pour les droits de l’homme ? – Combattre la crèche de Noël à Béziers. » Celle-là même qui réunit chaque année plus de 20 000 personnes. Celle qui touche petits et grands, laïcs et croyants, car elle leur rappelle la « crèche de leur enfance… » Celle qui rassemble autour de cette image sacrée de la famille. Du petit contre les puissants. Celle qui fait espérer… Et Dieu sait que les Français ont besoin d’espérer en cette fin d’année.

Grande nouveauté pourtant – et qui m’inquiète beaucoup plus –, la même Ligue des droits de l’homme attaque aussi cette année la célébration de Hanouka – la fête juive des lumières – dans la mairie. Que nous fêtons chaque année depuis onze ans, sans jamais avoir été ennuyés… Décidément, le 7 octobre a fait sauter des digues, et ce n’est pas rassurant.

Drogue suite…

J’apprends à l’instant que la police nationale vient d’arrêter, dans la rue du travailleur marocain assassiné dont je vous parlais plus haut, un homme en possession de plusieurs barrettes de cannabis, 750 euros en espèces et… fiché S ! Un miracle de Noël certainement !

À lire aussi, Emmanuelle Ménard: L’esprit de Noël made in France

Pourquoi la gauche adore détester Michel Onfray

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Michel Onfray © Hannah Assouline

Le 4 novembre dernier, France Inter consacrait une émission entière (« Affaires sensibles » animée par Fabrice Drouelle) à Michel Onfray et à sa supposée dérive droitière. Une heure de procès d’intention, sans contradictoire et sans retenue, pour reprocher au philosophe d’avoir quitté le camp du bien – et donc justifier qu’il n’ait plus sa place sur Radio France. Mais Michel Onfray a-t-il tellement changé ? N’est-ce pas plutôt la gauche qui a changé ?


Pourquoi la gauche déteste-t-elle Onfray ? Entre ostracisme et diffamation, le philosophe Michel Onfray est devenu l’ennemi public numéro un pour de nombreux médias de gauche. Quelles sont les causes de cette détestation et, surtout, que cache-t-elle ? Anatomie d’une haine…

Onfray, cible du sévice public

C’est un fait, Michel Onfray est persona non grata sur les radios et télévisions du service public.
France Inter, par exemple, ne l’a pas invité depuis des années : pas question d’offrir un espace d’expression aux idées souverainistes et de troubler l’entre-soi consensuel des animateurs de gauche et d’extrême-gauche, quasiment hégémoniques sur le service public, et tous ralliés à l’idéologie sans-frontiériste (sans-frontiérisme, c’est l’euphémisme bienséant utilisé pour qualifier le ralliement de la gauche au capitalisme financier et libre-échangiste).

En revanche, si Onfray n’est pas invité sur France Inter, son procès y est instruit, sur le mode des Procès de Moscou, c’est-à-dire sans droit à la défense. Ainsi, le 4 novembre dernier, une émission était donc entièrement consacrée au philosophe : tout d’abord, un Vychinski en herbe l’y a accusé de dérive vers l’extrême-droite ; ensuite, un psychologue auto-proclamé a expliqué cette prétendue dérive droitière par la mort de sa compagne. Aujourd’hui, sur un média financé par l’argent des contribuables, on ne se contente donc plus de calomnier les vivants sans leur accorder de droit de réponse, on exhume aussi une défunte pour lui reprocher un inédit délit de « fascisme post-mortem ». Il était inévitable que cette gauche, adepte du laxisme judiciaire à l’égard des criminels vivants, finisse par condamner les défunts innocents.

Les deux « Minutes » de la haine

La fatwa wokiste qui vise Michel Onfray ne s’arrête cependant pas au service public. Ainsi, dans les pages de Libération et du Monde, il est rituellement maudit et systématiquement extrême-droitisé. Qu’importe que le philosophe défende des valeurs traditionnelles de la gauche comme la solidarité ou le pacifisme ; pour Le Monde, qui n’est pas avare de contresens historiques, baptiser une revue Front Populaire, c’est « séduire »… l’extrême-droite (1), tandis que, pour sa part, Libération titre « Onfray réhabilite un discours d’extrême-droite ! » (2). Le philosophe annoncerait-il la météo ou lirait-il une recette de pâtisserie qu’il serait tout de même lepénisé, fascisé, nazifié. Les deux médias susnommés -qui ont publié en 1977 la tribune pro-pédophile de Matzneff- demeurent néanmoins les prescripteurs officiels de la morale publique et continuent à décerner les brevets de civisme et de respectabilité.

Pour masquer sa transition idéologique de l’internationalisme ouvrier (qui fut un mouvement social émancipateur) vers le capitalisme mondialiste (qui est un système économique d’aliénation des travailleurs, au sens marxiste du terme), la gauche se contente dorénavant et paresseusement de nazifier ses contradicteurs : la « reductio ad hitlerum » la dispense de formuler des arguments. Ainsi, ceux qui prônent un contrôle et une limitation de l’immigration sont systématiquement qualifiés de racistes et d’islamophobes, une qualification qui les… disqualifie moralement dans le débat public.

Hormis quelques esprits libres comme Michel Onfray, nul ne remarque que cette vision immigrationniste est servilement alignée sur celle du MEDEF et du patronat allemand. En effet, le Moloch capitaliste a sans cesse besoin de chair fraîche immigrée à ubériser et à mettre en concurrence avec le prolétariat local, afin d’exercer une pression à la baisse sur les salaires. Et la gauche, devenue complice de cette Traite négrière contemporaine, cautionne; elle en redemande même, telle l’idiote utile du grand patronat transnational qu’elle est devenue. Lénine, relève-toi, ils sont devenus f…inanciers !

La gauche et le peuple : petite histoire d’une grande trahison

La gauche déteste Onfray parce que ce dernier lui reproche d’avoir sacrifié la vertu de la République en se couchant devant les marchés. Elle le déteste aussi parce qu’il lui rappelle ce qu’elle a été et ce qu’elle n’est plus : une force révolutionnaire qui a mené et remporté de nombreuses luttes sociales au service du peuple.

Telle la Statue du Commandeur, le philosophe énonce inlassablement et imperturbablement les félonies successives de notre gauche désormais populophobe. Liste (non exhaustive, car 10 volumes n’y suffiraient pas) :

-d’abord, la trahison économique et sociale initiale avec le « tournant de la rigueur » (traduction : le coming out libéral du Parti Socialiste), décidé par Mitterrand en 1983, et mis en place par le très européiste ministre de l’économie Jacques Delors.

-ensuite, la trahison de la démocratie avec le coup d’État de février 2008, lorsque l’abstention de nombreux  parlementaires de gauche a aidé à la ratification du très libéral Traité de Lisbonne, désavouant ainsi le referendum populaire de 2005 qui avait dit « non » au projet de Constitution européenne.

-puis, la trahison de la laïcité avec la conversion de toute l’extrême-gauche et d’une large fraction de la gauche à l’islamogauchisme. Les anticléricaux et bouffeurs de curés d’autrefois sont devenus les supplétifs et les idiots utiles des barbus patriarcaux, antisémites et homophobes. Désormais, c’est à gauche qu’on milite pour le port de signes religieux sexistes à l’école publique. Jules Ferry, relève-toi, ils sont devenus f…anatiques !

– enfin, la trahison de l’idéal pacifiste avec l’alignement pavlovien de nombreux parlementaires et ministres de gauche sur les positions atlantistes et bellicistes, depuis les interventions américaines en Irak et en Afghanistan jusqu’au conflit russo-ukrainien, en passant par les bombardements sur la Libye. Pour un Chevènement qui a démissionné, combien de ministres de gauche sont restés en place ? La soupe est bonne au gouvernement, même et surtout quand elle est préparée par les marchands d’armes. Jean Jaurès, relève-toi, ils sont devenus f…aucons !

Pour être un philosophe institutionnel et célébré par les médias de service public, Michel Onfray aurait dû, à l’instar de BHL (« Belliciste en Hermès et Lacoste » !), se proclamer de gauche tout en renonçant à toutes les valeurs de gauche. Bernard-Henri Lévy se prétend en effet de gauche alors qu’il est l’infatigable VRP de toutes les guerres américaines, un philosophe qui n’éprouve aucun complexe moral à redonner le moral au complexe militaro-industriel, un homme qui n’a pas d’alibi pour avoir entraîné Nicoléon le Petit dans l’a-Libye, c’est-à-dire dans l’anéantissement de toute structure étatique en Libye, désormais livrée au chaos et aux groupes terroristes. Une suggestion de titre pour le prochain film-pensum de BHL : « OTAN en emporte les vies »…

La Gauche-Pinocchio contre Jiminy Onfray

Une constante relie toutes les trahisons évoquées ci-dessus : l’adhésion d’une très large partie de la gauche à l’idéologie maastrichtienne, cache-sexe européen de la mondialisation ultralibérale. D’Artagnan tué en 1673 devant Maastricht, on aurait pourtant dû se méfier de Milady Von der Leyen !

L’élu maastrichtien de gauche -je ne parle pas de l’ère géologique du Crétacé mais de l’hère néo-illogique qu’est le partisan de l’Union Européenne- sait qu’il ne peut pas se prétendre de gauche et adhérer, « en même temps », à cette Europe antisociale du libre-échangisme et du dieu-marché ; alors il hait Michel Onfray pour l’avoir mis en face de sa schizophrénie politique et de ses reniements.

Bien loin d’une capitale qui fait aujourd’hui de la peine, artisan qui forge amoureusement des pensées philosophiques chez lui en province (Caen on a que l’amour…), Michel Onfray préfère sertir l’idée au logis que servir l’idéologie. Il est la conscience, le Jiminy Cricket de la Gauche-Pinocchio, celui qui lui souffle inlassablement à l’oreille qu’elle ment au peuple depuis qu’elle s’est convertie voilà 40 ans au capitalisme mondialiste et financier. Dans la version initiale du conte (pas dans celle, édulcorée, de Disney), Pinocchio, exaspéré, écrasait l’insecte incarnant sa conscience. Aujourd’hui, malgré la violence de l’ostracisme et de la diffamation, le philosophe, quant à lui, ne s’écrase pas : le cri qu’est Onfray retentit malgré les cris d’orfraie de cette gauche de la trahison.

La droite ne l’aime pas non plus !

La droite européiste (y en a-t-il une autre ?) n’aime pas davantage Michel Onfray. Elle ne l’aime pas parce qu’il est toujours de gauche, bien sûr, mais aussi parce qu’elle n’est pas parvenue à le débaucher, à le récupérer au moment où elle n’a plus de philosophe d’envergure depuis les disparitions de Raymond Aron et de Jean-François Revel. 

Il y a bien François-Xavier Bellamy, mais il est à la philosophie ce que Macron est à la politique : on ne peut en effet pas prétendre que la nation est le « seul cadre dans lequel s’exprime la souveraineté des peuples » et déclarer « en même temps » que le « terme de souverainisme est réducteur » (3).

Tandis que le véritable philosophe doute, s’interroge et remet en cause; le sans-frontiériste maastrichtien croit en les textes saints que sont pour lui les traités européens. Tandis que le philosophe privilégie l’Homme, le libéral maastrichtien le réduit à une variable d’ajustement microéconomique. L’adhésion à Maastricht, c’est l’anti-philosophie : voilà pourquoi, malgré ses indéniables qualités intellectuelles, l’européiste Bellamy n’écrira jamais une Métaphysique des montants compensatoires monétaires d’Aristote à Schopenhauer ou un De la Politique Agricole Commune dans la pensée nietzschéenne.

Le philosophe, le révolutionnaire et le politicien (aka « Le bon, la brute et le truand »)

Onfray n’aime pas Robespierre, du moins la lecture que Mélenchon en fait. Pourtant, il y a du Robespierre chez le philosophe : ne surnommait-on pas Maximilien « l’Incorruptible » ? L’indépendance de Michel Onfray interroge en effet le microcosme médiatico-politique : quel est donc ce psychorigide normand à lunettes rectangulaires qu’on ne peut pas acheter par une sinécure à la direction d’un institut culturel surnuméraire ou bien par un secrétariat d’Etat à l’intitulé farfelu ? Bref, quel est cet individu déconcertant des cons certains et refusant des honneurs qu’il considère comme déshonneur ?

« Ôte-toi de mon soleil ! », disait Diogène à Alexandre le Grand qui lui demandait ce qu’il désirait. « Ôte-moi de ton soleil !», réplique Michel Onfray (que dieu gêne ?) à tel anima-tueur de télé qui le désire-hait. En effet, le philosophe sait qu’aucun projecteur de plateau-télé n’éclairera jamais aussi fort que les Lumières. Or, dans les studios, ce n’est pas Jean-Jacques que l’on croise, mais Aurélien Rousseau, Sandrine Rousseau et Adrien Quatennens (cherchez : c’est également un Rousseau).

De l’Union Soviétique à l’Union Européenne : la xénocratie en marche…

A un siècle d’intervalle, Léon Blum (chef du Front Populaire, le gouvernement) et Michel Onfray (fondateur de Front Populaire, le journal) affichent la même préoccupation souverainiste et la même volonté de lutte contre la xénocratie : à l’instar du socialiste Blum qui avait refusé de se soumettre à la tutelle politique de Moscou en ne signant pas l’adhésion de la SFIO à l’Internationale communiste, Onfray rejette la tutelle économique de Bruxelles et la supranationalité antidémocratique imposées par la Commission européenne, dont pas un seul des membres n’est élu.

Le « tout-marché » des maastrichtiens d’aujourd’hui est l’équivalent dogmatique du « tout-Etat » des communistes d’autrefois et les co-misères européens sont les héritiers des commissaires politiques soviétiques : des technocrates fanatiques, dénués de la moindre empathie et au service d’une idéologie mortifère.

Le 27 décembre 1920, dans un discours mémorable au Congrès de Tours (qui allait aboutir à la scission de la gauche française entre socialistes et communistes), Léon Blum disait à ceux qui renonçaient au socialisme et à la démocratie pour devenir les vassaux des communistes russes, tueurs de masse : «il faut que quelqu’un reste pour garder la vieille maison». Aujourd’hui, alors que la gauche européiste a renoncé au peuple et s’est associée aux assassins de la nation française, c’est Michel Onfray qui garde la «vieille maison».


(1) Avec sa nouvelle revue « Front populaire », Michel Onfray séduit les milieux d’extrême droite (lemonde.fr)

(2) «Onfray réhabilite un discours d’extrême droite» – Libération (liberation.fr)

(3) Bellamy : «Une Europe qui permet de ne plus subir la mondialisation» – Le Parisien

Une névrose mondialisée

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Charles Rojzman. Photo: D.R.

2024 a vu les fantasmes autour du prétendu « privilège blanc » ou de la domination mondiale des juifs prospérer. La raison finira-t-elle par supplanter ces passions collectives ? La haine sera-t-elle remplacée par un intérêt bien compris ? Les élites occidentales réussiront-elles un jour à se libérer de leurs illusions néfastes ?


L’émergence de ces interrogations trouve ses racines au Moyen-Orient, où la lutte des Palestiniens s’est muée en emblème central de la révolte contre le monde occidental et ses privilèges historiques. Dans ce contexte, des ouvrages comme Mein Kampf se transforment en best-sellers en Turquie, tandis que des textes comme les Protocoles des Sages de Sion s’ancrent profondément en Égypte et en Iran. Les fantômes d’Hitler et de Goebbels semblent renaître, réanimant des théories du complot à propos des Juifs qui refont surface avec une intensité alarmante. Certains soutiennent que les Juifs auraient établi à Tel Aviv un prétendu centre de commandement pour ce qu’ils appellent la « domination talmudique mondiale ».

Parallèlement, la réapparition d’un nouveau racialisme soulève des questions troublantes, ravivant des notions de hiérarchie raciale. Les Blancs, accusés de jouir indûment de privilèges, seraient désormais désignés comme des opprimés par leurs propres maîtres, les Juifs, qui contrôleraient le pouvoir et seraient tenus responsables de tous les conflits qui empêchent l’humanité d’accéder à la paix. Les Noirs américains, les Africains et les musulmans se retrouvent ainsi victimes d’un impérialisme et d’un racisme qui les ont colonisés, réduits en esclavage et exterminés. La cause palestinienne, avec ses images poignantes d’enfants, de vieillards et de femmes sans défense abattus par les forces israéliennes, devient le modèle d’une lutte désespérée. Les victimes de la police américaine, comme George Floyd et française comme  Adama Traoré, et les Palestiniens martyrisés par l’armée israélienne, deviennent les symboles d’une oppression universelle.

Diabolisation d’Israël : une constante historique

La diabolisation d’Israël s’inscrit dans une tradition bien établie, où les véritables génocidaires ont souvent eu recours à la fabrication de mythes pour justifier leurs actes. Des révolutionnaires de la Terreur aux Hutus du Rwanda, en passant par les communistes staliniens et les maoïstes, chaque groupe a cherché à projeter la culpabilité sur un ennemi désigné, souvent en manipulant les émotions collectives. Ces acteurs politiques exploitent la colère et l’injustice ressenties par les masses, offrant des promesses d’une époque où les privilèges seraient abolis, où un âge d’or émergerait pour les démunis. En conséquence, les « dominateurs » sont livrés à la vindicte populaire, et les peuples, angoissés par les crises et abandonnés par des dirigeants incompétents, abandonnent la voix de la raison au profit de nouvelles dictatures, de nouvelles prisons.

Cependant, la conquête du pouvoir ne suffit pas à épuiser les significations de cette diabolisation d’Israël et de l’Occident blanc. Le malaise actuel dans la relation à l’autorité peut éclairer certains des errements d’une partie de la jeunesse des pays occidentaux. Contrairement à un totalitarisme qui s’appuie sur une autorité absolue, la démocratie moderne révèle ses propres faiblesses. Dans une psychologie individuelle, l’enfant confronté à une figure paternelle omnipotente idéalise ce maître tout en se diabolisant lui-même, croyant qu’il ne pourra jamais atteindre ce niveau de perfection. En revanche, lorsque l’autorité présente des faiblesses, elle devient un exutoire pour les frustrations individuelles, et cette dynamique peut mener à une diabolisation de l’autorité elle-même.

La diabolisation des États-Unis a pris forme après la guerre du Vietnam, période durant laquelle les limites de la démocratie américaine ont été mises en lumière. De la même manière, la diabolisation d’Israël a débuté après 1967, lorsque l’occupation de la Cisjordanie, de Gaza et du Golan a exacerbé les tensions et les relations conflictuelles avec une population considérée comme occupée.

Une utopie de réconciliation générale

Le processus de diabolisation est complexe, tant dans les dynamiques individuelles que collectives. Il s’agit d’une stratégie courante dans les propagandes visant à décrédibiliser l’adversaire en le dépeignant comme monstrueux. Cette diabolisation a également des implications internes, entravant la lutte contre les doctrines asservissantes. Comment expliquer la diabolisation d’Israël par une partie de la gauche européenne, accompagnée d’une critique acerbe de la civilisation occidentale ? Une telle prise de position semble souvent dénuée de fondements politiques rationnels, et l’importance des émotions dans nos choix idéologiques est souvent sous-estimée.

Benjamin Netanyahu devant une carte de Gaza, Jérusalem, 2 septembre 2024 © Ohad Zwigenberg/UPI/Shutterstock/SIPA

Les blessures d’enfance peuvent engendrer des visions du monde, particulièrement lorsque ces perceptions sont partagées collectivement et renforcées par des campagnes de propagande. Des œuvres comme Le Ruban blanc de Haneke illustrent comment l’éducation autoritaire dans le monde germanique au début du XXe siècle a pu jouer un rôle dans l’émergence du nazisme. Les modes d’éducation, qu’ils soient communs à une époque ou à une classe sociale, forgent les destinées individuelles et collectives. Au Rwanda, j’ai été témoin des conséquences d’une culture d’obéissance aveugle à l’autorité, où la soumission à la figure parentale est inculquée dès l’enfance.

Il est difficile de saisir comment la diabolisation d’Israël s’opère chez des personnes qui ne se revendiquent pas antisémites, mais qui expriment pourtant leur compassion pour les victimes de la Shoah. Beaucoup d’enfants issus de milieux favorisés ont grandi avec un amour conditionnel, ce qui peut générer en eux une violence réactive face à des figures d’autorité perçues comme oppressives. Cette rébellion s’étend à des entités qu’ils jugent capables de les réduire en esclavage : les nations, les armées, les colonisateurs, les institutions religieuses. Leur quête d’un amour universel les conduit à soutenir les opprimés, parfois sans discernement. Ils aspirent à une utopie de réconciliation générale, désireux d’effacer les différences et les conflits.

Ainsi, une génération européenne se sent coupable de ne pas aimer, refoulant une haine projetée sur des figures parentales détestées, et refuse de reconnaître la violence qu’elle retourne contre des représentations du mal. Paradoxalement, cette génération, tout en jouissant de privilèges, trouve des justifications à la violence de ceux qu’elle considère comme des victimes. Elle rejette le racisme et la guerre, aspirant à un amour universel qui unirait tous les êtres humains, parfois sans voir les dangers sous-jacents, tels que le fanatisme radical ou la haine envers les Blancs et les Juifs. Son empathie se concentre sur les victimes de la Shoah, mais souvent elle ne reconnaît pas les souffrances des Israéliens, considérés comme des « colonisateurs » injustement établis sur une terre qui ne leur appartient pas. Cette quête de justice et de liberté conduit paradoxalement à rejoindre des mouvements véritablement antisémites, qui ne voient dans Israël qu’une incarnation du Juif éternel, dominateur et sanguinaire.

Une victimisation persistante

Du côté arabe, en revanche, il n’existe ni repentir ni culpabilité, mais plutôt une victimisation qui refuse toute forme de responsabilité collective. Les Allemands, après leur défaite en 1945, ont été contraints de quitter des terres ancestrales, laissant derrière eux maisons, fermes et infrastructures. Les Polonais ont remplacé les Allemands, et les Hindous et les musulmans d’Inde ont dû échanger des territoires. Les Grecs ont quitté l’Anatolie, mais les Arabes de 1948 continuent de revendiquer un retour vers des maisons qu’ils n’ont peut-être jamais connues. Malgré le fait que les véritables réfugiés soient nombreux dans le monde, ceux qui se désignent comme Palestiniens continuent de vivre dans des camps, soutenus par l’UNRWA. Pourquoi une telle disparité ? Peut-être parce que le monde arabo-musulman peine à accepter l’existence d’un État souverain pour des Juifs autrefois soumis.

Les Palestiniens contemporains sont nourris quotidiennement par le rêve d’un retour vers un Israël qu’ils jugent illégitime, vers des villages parfois inexistants, dans des villes bâties par des Juifs qui ont su s’imposer dans le monde moderne. Cette situation représente un gaspillage incommensurable d’énergie et d’opportunités pour une jeunesse arabe qui pourrait s’accommoder des avancées qu’apporte cet « ennemi » en matière de développement et d’intelligence, tout en jalousant sa liberté et son audace. Les check-points et le mur de séparation, issus des intifadas et du terrorisme, ne masquent pas le fait que les villes palestiniennes peuvent être plus prospères que de nombreuses localités égyptiennes ou maghrébines, sans parler de la situation déplorable du Yémen ou de la Syrie. Alors, la raison finira-t-elle un jour par remplacer ces passions collectives ? La haine cèdera-t-elle le pas à un intérêt partagé ? Les élites occidentales, en quête d’un monde meilleur, parviendront-elles à se défaire de leurs illusions nocives ? Nous pouvons nourrir cet espoir, tout en restant lucides face à l’évolution d’un monde en proie à des luttes de pouvoir entre nations et religions, et sous l’emprise d’élites occidentales qui, par un masochisme véritablement névrotique, semblent préparer la décadence et l’effacement de leurs propres peuples.

Incendie de Notre-Dame: le feu des questionnements (incorrects) reprend

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Image d'illustration.

Des chaînes de mails continuent de circuler, affirmant qu’on nous cache la vérité. Hurler au complotisme n’y change rien, au contraire.


L’intense joie de la réouverture solennelle de la cathédrale passée, voilà que se ravive le foisonnement des interrogations qui, dès les premiers jours, en avril 2019, avait déferlé sur les réseaux sociaux et dans les conversations des dîners en ville. Le sinistre était-il dû à une cause naturelle ou un acte de malveillance, à une action terroriste ?

Or, très vite – trop vite, peut être bien – l’hypothèse d’une intention criminelle devait être officiellement écartée par les autorités. « Les premiers rapports des pompiers et des enquêteurs sur place ont rapidement exclu l’hypothèse d’un acte volontaire » pouvait-on lire dans l’ensemble de la presse les jours suivants. D’ailleurs, l’enquête immédiatement ouverte annonçait la couleur. Elle porterait exclusivement sur la « destruction involontaire par incendie. » Involontaire, on évacuait donc d’emblée du champ des investigations toute intervention humaine malveillante. C’était évidemment aller vite en besogne, cela à un moment où, tout naturellement, on n’avait à fournir aucun argument dûment étayé par les faits pour se permettre de trancher aussi péremptoirement. En règle générale, il n’y pas mieux pour susciter la suspicion que la précipitation qu’on met à chercher à rassurer les populations. On ne sait rien encore de l’évènement, du drame, de ses tenants et aboutissants qu’on exclut délibérément tout un champ possible d’explications. Cela a toujours l’effet inverse à celui recherché, puisque l’affirmation ne peut sembler que gratuite tant qu’on ne dispose pas d’arguments solides, vérifiables capables de la rendre absolument indiscutable. J’ai le souvenir d’un drame sur lequel j’ai beaucoup travaillé : la mort de Pierre Bérégovoy, survenue le 1er mai 1993. Il n’était pas encore admis à l’hôpital de Nevers, aucun examen n’avait donc été pratiqué, aucun acte d’enquête mené, que les dépêches officielles – oui, officielles, Préfecture de la Nièvre, Palais de l’Élysée – affirmaient qu’il ne pouvait s’agir que d’un suicide. Là aussi, la précipitation ne fit évidemment que susciter la défiance.

Cinq ans après l’incendie de Notre-Dame, il semble bien qu’aucune réponse technique, scientifique, prouvant sans conteste possible la thèse accidentelle n’ait été apportée, réduisant une fois pour toutes à néant le soupçon d’intention criminelle. Et c’est ainsi que, ces deniers jours, refleurissent les mises en doute. Là, encore, une initiative prise dans les débuts n’aura réussi qu’à nourrir le feu latent : les sceptiques, les non convaincus par la « vérité » imposée se virent exclus des réseaux sociaux. Initiative maladroite et surtout stupide. Aujourd’hui, donc, les réserves émises alors refont surface, provenant souvent, reconnaissons-le, de personnes ayant une certaine expérience, soit de ces chantiers d’exception, des réglementations rigoureuses, voire tatillonnes, qui les régissent, ou encore disposant d’une expertise des incendies proprement dits, leur apparition, leur propagation, leur aspect selon les matériaux concernés.

Bien entendu, pour circonstanciées, argumentées qu’elles soient ces mises en  cause ne constituent en aucune façon une preuve suffisante. Loin de là. Et pour ma part, je me garde bien de donner dans cette précipitation à conclure que je me permettais précisément de reprocher aux autorités dans leurs affirmations des premières heures. Il me semble seulement que, devant cet incendie, ce désastre, relevant de notre histoire au sein de laquelle il tiendra à jamais une place considérable, on ne peut pas – et on ne doit pas – clore si tôt et surtout avec une telle apparence de légèreté, la recherche de la vérité. Enfin, de grâce, qu’on n’aille pas se défausser en hurlant au complotisme. Car jamais aucune question, si dérangeante, si iconoclaste soit-elle ne saurait être reléguée sans examen dans cette poubelle-là. Jamais. Les réponses sont parfois de ce tonneau-là. Jamais aucune question. Toutes doivent avoir droit de cité, ne serait-ce que par esprit de méthode.

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Politiquement show

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© D.R.

En Grande Bretagne, la téléréalité est devenue une stratégie politique comme une autre. Les exemples qui suivent interrogent la réserve des figures françaises à mêler vie publique et mise en scène personnelle.


À l’exception de Jean Lassalle, qui a participé en 2023 à l’émission « Les traîtres » sur M6, et de François Ruffin, qui vient de sortir au cinéma un film, Au boulot1, dans lequel il se met en scène dans son quotidien, le personnel politique français n’aime guère communiquer en dehors du cadre classique des estrades et des interviews.

Au Royaume-Uni en revanche, il n’est pas rare qu’une figure prometteuse de Westminster choisisse d’apparaître dans un programme de téléréalité. En 2022, le patron de Reform UK, Nigel Farage, a ainsi concouru à l’émission « Je suis une célébrité, sortez-moi de là ! » sur ITV. La même année, on a pu voir la conservatrice Penny Mordaunt, ancienne leader de la Chambre des communes, s’exhiber en maillot de bain dans « Splash », toujours sur ITV, tandis qu’en 2016, c’est la BBC qui embauchait un ex-ministre du Trésor, le travailliste Ed Balls, dans la version britannique de « Danse avec les stars ». Pourquoi se livrer à de telles pitreries ?

Sans doute parce que l’exercice a plutôt réussi à Donald Trump, lui-même ancien animateur du show « The Apprentice » sur NBC entre 2008 et 2015. Sauf que le nouveau président américain ne s’est pas servi de la télévision pour « faire peuple ». Au contraire, son émission, véritable hymne à l’argent, lui a permis de montrer qui il était vraiment : un milliardaire décomplexé. Une rare franchise qui plaît manifestement à ses partisans.

En Angleterre, celui qui a peut-être le mieux compris cela s’appelle Jacob Rees-Mogg. Pour revenir en selle après une cruelle défaite aux dernières élections, cet ex-ministre des Opportunités du Brexit dans le gouvernement de Boris Johnson, pur produit de l’establishment britannique, père de six enfants, est depuis le 2 décembre le héros d’une série diffusée sur la plateforme Discovery +, dans laquelle on le voit assumer pleinement sa vie de château et ses convictions de catho tradi. Une émission qui frôle souvent la caricature, notamment dans une séquence où une femme de chambre montre comment elle repasse les mouchoirs de poche du maître de maison. Surprise, si, sur les réseaux sociaux, certains téléspectateurs sont moqueurs, d’autres applaudissent l’élégance très « Downton Abbey » de Rees-Mogg !

Reste dès lors une question : avec son goût des voitures polluantes et sa légendaire collection de costumes sur mesure, François Fillon ne regagnerait-il pas le cœur des Français en ouvrant aux caméras les portes de son manoir dans la Sarthe ?


  1. Lire https://www.causeur.fr/au-boulot-francois-ruffin-294537 ↩︎