Pensée unique. Face à Mediapart et à la meute, il est toujours préférable d’assumer ce qu’on a dit, ou pensé. Parce qu’il s’est excusé pour avoir partagé sur des canaux personnels des idées non politiquement correctes, le patron de presse a finalement dû démissionner. Il aurait mieux fait de dire à ses contradicteurs que ses opinions politiques n’affectaient en rien son travail, estime notre chroniqueur.
Philippe Carli, le président du groupe de presse Ebra (1er groupe de la presse quotidienne régionale, avec les Dernières Nouvelles d’Alsace, Le Dauphiné libéré, L’Est républicain etc.), a démissionné. « Dans l’intérêt du groupe Ebra, j’ai décidé de quitter mes fonctions de président ». Cet homme est bien complaisant.
Son départ résulte d’une lâcheté ordinaire, de sa soumission au médiatiquement correct. Quelle faute gravissime avait-il commise ? Il avait « liké » sur LinkedIn des messages émanant de personnalités comme la députée européenne Sarah Knafo par exemple. Mediapart qui met un acharnement compulsif à détruire la liberté d’expression de ceux qui ne partagent pas ses combats et n’adhèrent pas à sa vision hémiplégique, a évidemment épinglé le président Carli.
Ne jamais s’excuser pour ses idées
La CGT, comme il se doit, a réclamé le lundi 27 janvier son départ « en raison de sa proximité affichée avec des figures d’extrême droite ». Et elle l’a donc obtenu. Philippe Carli avait pourtant à sa disposition d’autres solutions, des réponses plus personnelles et déterminées.
Plutôt que de s’excuser d’abord, pour être en définitive renvoyé ensuite avec la pire des offenses : son consentement apparent. Avec des justifications filandreuses destinées à masquer une déroute.
Il pouvait dire qu’il était certes le président du groupe Ebra mais qu’adulte, il faisait ce qu’il voulait et qu’avoir « aimé », à titre personnel, certains messages de Marion Maréchal, d’Éric Zemmour ou de Sarah Knafo ne le disqualifiait pas pour son activité principale. Il pouvait, au lieu de s’aplatir, réagir vigoureusement. Mettre, sans y être contraint, sa démission dans la balance et défendre des principes auxquels le groupe Ebra aurait dû être sensible autant que lui. Il pouvait élégamment rétorquer à Mediapart que ce n’était pas cette inquisition honteuse qui lui ferait jeter l’éponge. Il pouvait poliment suggérer à la CGT de s’occuper de ce qui la regardait et de ne pas imposer son idéologie syndicale à ce qui relevait de la liberté de pensée et d’expression.
Résistance !!
Il pouvait, en résumé, n’être même pas un résistant mais juste assumer ses idées. Au contraire il a accepté d’être dépouillé de sa liberté, de sa responsabilité. Profondément, au détriment de ceux qui se battent pour ne pas voir sacrifier les valeurs foulées aux pieds par Mediapart, la CGT et les éradicateurs d’opinions et de comportements qui ne leur plaisent pas.
Même si modestement je n’ai rien à voir avec la présidence d’un grand groupe de presse et que mes écrits ou mes paroles n’ont évidemment pas la même incidence, il ferait beau voir qu’on prétendît m’interdire, si j’en avais envie, de dire ponctuellement du bien de Jean-Luc Mélenchon, de certains députés LFI, de tel ou telle écologiste, de personnalités avec lesquelles je ne suis pas naturellement accordé !
Je n’aurais pas proposé ce post si l’attitude de Philippe Carli, poussé par d’autres frileux, n’était pas révélatrice de la perte d’une vertu capitale dont le manque est dévastateur dans beaucoup de domaines : intellectuel, politique, social, judiciaire ou médiatique. On a compris qu’il s’agit du courage. Être courageux ne fait pas de vous un héros mais tout simplement un homme.
À Madame Isabelle DEFOURNY, Présidente de MSF 34 Avenue Jean Jaurès 75019 Paris.
À Monsieur Jean-Francois CORTY, Président de MDM 84 Avenue du Président Wilson 93200 Saint-Denis.
Madame la Présidente,
Monsieur le Président,
Chers confrères,
Les signataires souhaitent attirer l’attention de votre organisation sur la situation de l’écrivain français Boualem Sansal, actuellement emprisonné en Algérie depuis plus de deux mois.
Aucune visite n’est autorisée (ni celle de l’ambassadeur de France ni celle de son avocat). Il est affecté d’un cancer de la prostate dont ni le stade ni les symptômes ne sont connus et dont on ne sait s’il est traité.
Nous vous prions de bien vouloir organiser dès que possible une visite d’une de vos équipes compétentes dans ce domaine car nous sommes très inquiets de son état de santé.
Nous savons que vous aurez à cœur de considérer l’urgence de la situation médicale de cet homme, citoyen français, âgé de 80 ans.
Avec nos sentiments confraternels
Dr Richard ROSSIN, ancien secrétaire général de MSF et cofondateur de MDM
Dr Jacky MAMOU, ancien président de MDM
Dr Pierre FOLDES,Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes
Les chirurgiens urologues : Marc MAIDENBERG, Jean Romain GAUTIER, Aladin GOUT, Frederic VAVDIN,Sebastien NOVELLAS,Didier LEGEAIS, Bruno d’ACREMONT, Jean-Christophe BARON,Alberto DOMINGUEZ, Olivier ROUSSEAU,André BENZAQUIN,François VALENTIN,Alain BESANCENEZ,Philippe HERITIER,Franck DUCHENE,Michel CLARACQ
Les 600 membres du comité des blouses blanches
Le Comité de soutien international à Boualem SANSAL
Yann Moix revient avec une « histoire subaquatique du XXe siècle » en alexandrins.
Avec Yann Moix, il faut s’attendre à tout, mais dans la qualité et l’originalité. Pas question de s’endormir sur les lauriers de la renommée littéraire. Le lecteur doit être surpris, malmené parfois. Les dividendes du boursicoteur pépère de la littérature, très peu pour lui. Ici, il nous livre une traversée du XXème siècle, sous l’eau et en alexandrins, excusez du peu. Ce n’est pas Le Bateau ivre de l’éternel gamin turbulent, Rimbaud, avec le regret de « l’Europe aux anciens parapets », c’est direct une plongée parmi de drôles de poissons, un voyage en apnée – titre de l’ouvrage – qui oblige à s’ébrouer efficacement une fois retrouvée la terre ravagée par les multiples fléaux. C’est en quelque sorte une odyssée sous-marine. Le narrateur est accompagné de l’énigmatique Emmanuelle. Ils nagent en eaux troubles, se moquent de celles dites territoriales. Ça bouillonne en permanence, aucun temps mort, au milieu des millions de morts de l’Histoire d’un siècle qui a vu l’effacement de Dieu et la toute-puissance du diable, l’acmé étant la construction des camps d’extermination nazis. Le style de Moix, corseté par le bel alexandrin, prend de la vigueur et de l’allure. Ça tourbillonne, ça éclate, ça pense au bout de la rime jamais trop riche. Poète Moix, vos papiers ! Vous sentez de la tête. Le rythme ne faiblit jamais, avec orgie d’assonances et d’allitérations. On est emportés par ce livre fou, complètement à contre-courant d’une production littéraire qui exhale le poisson crevé.
« Réfugiez-vous dans votre musée imaginaire »
Bien sûr c’est une vision accélérée de l’histoire. Moix ne va pas jouer les profs de collège. On ne rabâche pas, on nage souple et efficace. Le narrateur évoque, mais de quelle façon, les grands événements, comme la Grande guerre, avec la figure de Péguy, un ami de Moix, on évoque 39-45, avec la Collaboration, le duo infernal Pétain/Laval, et tous les vendus au régime hitlérien. Il évoque la Shoah. Extrait de l’évocation de la déshumanisation : « D’un baraquement, dans la lumière/Verte, un squelette voûté, presque horizontal,/Marche, très hagard, dans le monde végétal ;/Il boite. Ses souliers lui font mal ; la pénombre/Cache son visage décharné, son œil sombre. » Puis c’est au tour d’Hiroshima, sans Duras que Moix déteste à cause de son passé collabo durant l’Occupation. C’est encore le débarquement en Normandie en compagnie du photographe Robert Capa. Détail : « Ses pellicules sont stockées – original – /Dans des préservatifs ; cette astuce présente/ L’intérêt de les garder au sec (…) » On croit revivre le débarquement salvateur avec explosions, giclures de sang et cervelles. Ses vers charrient la viande humaine. L’Indochine, l’Algérie, la balle prise par JFK, « le bouquet de fleurs de Jackie » filant vers le néant. Ça s’accélère, crawl, respiration, tension du muscle. On oublie que c’est de la poésie, on lit comme si c’était de la prose survitaminée. Au passage, Moix reprend son souffle avec le présent : « Cet État d’Israël qui vient enfin de naître,/L’État palestinien qu’on doit reconnaître (…) »
Le narrateur n’oublie pas quelques grandes figures du XXème siècle. Citons Sacha Guitry – que Moix révère – Sartre, Raymond Roussel, Simone Weil, et beaucoup d’autres encore parmi les merlus hébétés et les lachnolèmes siamois. Mention spéciale pour l’évocation de Soljenitsyne en taule. Il n’est plus rien alors, réduit à « une mouche de cabinet ». En taule, parce qu’il ne valide pas « cette fausse révolution par le bas. » On le bat parce qu’il a osé cracher sur la faucille et le marteau.
Comme le narrateur, on s’inquiète de devoir remonter à la surface pour retrouver la « société liquide », concept emprunté au sociologue Zygmunt Bauman. Peut-on échapper aux « dimanches d’été et leur horrible foule » ? Sourire, tant les calamités sont légion et autrement plus corrosives. Réponse : « un seul antidote est possible : l’art. » Réfugiez-vous dans votre musée imaginaire et jetez la clé à la mer.
L’interprétation d’Angelina Jolie ne rend pas justice à la mémoire de Maria Callas. On s’ennuie terriblement dans le film du Chilien Pablo Larraín
Dans un immense salon cossu, trois pandores en uniforme, deux types en blouse blanche, et autres comparses – un médecin, un inspecteur de police ? Personne ne dit mot. Posée sur le tapis au pied des hautes croisées, une civière. On distingue, au centre, derrière un meuble, le corps allongé d’une femme vêtue d’une simple nuisette : c’est la Callas ; elle est morte. Ses deux caniches la pleurent.
Ainsi s’ouvre Maria, sur une séquence muette, dans la lumière mordorée d’un jour parisien. Pablo Larraín s’était employé, en 2016, à démystifier l’épouse du président Kennedy, avec le film Jackie – Natalie Portman dans le rôle-titre. Comme le monde est petit et que la petite histoire rejoint toujours la grande, voilà notre cinéaste chilien qui, cette fois, se retourne sur cette autre icône planétaire, dont les derniers jours nous sont ressuscités, empruntant aux traits d’une autre star : Angelina Jolie.
Anorexique, droguée aux cachets de métaqualone (plus connus sous l’appellation de Mandrax), Maria Callas, en ces années 1970, se survit donc solitairement à elle-même, cloîtrée dans son gigantesque appartement parisien de l’avenue Georges Mandel encombré de bustes gréco-romains et d’antiquités kitsch, d’un mauvais goût ostentatoire. L’attention quotidienne et inquiète de Ferrucio, son chauffeur-majordome (Pierfrancesco Favino) et de Bruna, sa cuisinière-femme de chambre (Alba Rohrwacher) se porte sur la santé physique et mentale déclinante de la capricieuse et instable soprano lyrique : elle fait déplacer son piano à queue dix fois par jour, et s’exhibe à l’occasion sur telle ou telle terrasse de café, mue par le besoin avoué, compulsif, « d’être adulée » encore et toujours. Pas plus qu’elle n’écoute les objurgations du docteur Fontainebleau, son médecin (Vincent Macaigne), elle ne se range aux conseils de Jeffrey, son répétiteur (Stephen Ashfield), lequel accompagne au clavier, dans une salle vide, les cris de crécelle de la cantatrice déchue. Avouons qu’il faut un courage quelque peu masochiste à Angelina Jolie pour endosser cet emploi de diva en bout de course, jusqu’à vous vriller les tympans dans les arias massacrées d’Anna Bolena ou de Tosca.
En contrepoint des séquences fictionnées – en couleur – alternent authentiques images d’archives, et reconstitutions – en noir et blanc. Dans cet assemblage, Maria exhume, nappés d’extraits de Norma ou de La Wally, comme une remémoration de sa destinée, quelques « moments forts » de « La Callas »: entre autres, sa rencontre avec Aristote Onassis et, quinze ans plus tard, ses visites à l’armateur lorsqu’il se meurt à l’hôpital américain de Neuilly. Campé ici par le comédien turc Haluk Bilginer dont la moumoute chenue lui assure une ressemblance physique plutôt convaincante avec son modèle, le fameux milliardaire grec nous est ici montré sous l’aspect grotesque d’un vulgaire parvenu se vantant en public de sa fortune, havane au bec, puis comme un sigisbée transi et sentencieux : la caricature est poussée un peu loin.
De même confine au ridicule achevé le passage (toujours en noir et blanc) nous dévoilant « Maria » adolescente, plantureuse et mal attifée, flanquée de sa sœur aînée Yakinthi, et prostituant sa voix plutôt que ses fesses à deux officiers SS hypnotisés, dans la Grèce alors occupée par les nazis. Que dire du petit interviewer américain qui, magnéto en bandoulière et bientôt entraîné par Callas dans ses baguenaudes des beaux quartiers, finira, dans le no man’s land photogénique des jardins du Palais Royal, par lancer – plan serré sur sa frimousse juvénile – un « I love you » à son idole ? Idem, JFK (Caspar Philipson) et Jacky (la future épouse d’Onassis comme l’on sait), effleurent l’écran dans une scène expéditive. Non, franchement, Maria ne rend pas justice à la mémoire de la légendaire prima donna.
Peut-être quelques-uns des lecteurs de Causeur auront-ils vu La Mort de Maria Malibran, œuvre-culte du cinéaste et metteur en scène d’opéra Werner Schroeter (1945-2010), éclos dans la mouvance de ce qu’il est convenu d’appeler le « Nouveau Cinéma Allemand », qui eut son heure de gloire dans les années 1970. C’était quand même autre chose ! Au moins l’idolâtrie lyrique se donnait-elle des ailes.
Maria, film de Pablo Larraín. Avec Angelina Jolie. États-Unis, couleur/noir et blanc, 2024. Durée : 2h04. En salles le 5 février 2025.
Calixto Bieito transpose l’opéra de Wagner dans une mise en scène futuriste, brutale et visionnaire…
Les trois filles du Rhin en combinaison de plongée ; le maître des dieux, Wotan, en costard noir de patron de multinationale ; son épouse Fricka, vamp en toilette léopard ; Loge le rusé demi-dieu du feu arborant un tee-shirt clinquant sous son deux-pièces ; le nain concupiscent Alberich bardé de câbles de connexion (fibre optique ?), tel un Lucifer de data center, tandis que Mime, son frère forgeron, comprime son obésité dans un débardeur loqueteux… Quant aux deux géants du Ring : Fafner déguisé en cow-boy de foire, son frère Fasold aux allures de banquier tiré à quatre épingles … Costumes signés Ingo Krügler.
Un vaste rideau de plastique translucide ne tarde pas à se lever sur une muraille de plaques métalliques au pied duquel, sur une très longue banquette, commenceront à s’affronter les figures mythologiques de L’Or du Rhin – comme l’on sait, d’une seule coulée, sans entracte, le « prologue en quatre tableaux » des opéras qui consécutivement parachèvent la Tétralogie wagnérienne : La Walkyrie, Siegfried et enfin Le Crépuscule des Dieux.
Ici, le Ring, l’anneau qui donne son titre à la « saga », est un collier, et non pas une bague : son étau d’or massif enserre carrément le cou d’Alberich. Quant au heaume qui devra achever de couvrir Freia, disparue sous l’amoncellement des piécettes de la rançon, il prend forme humaine sous l’aspect d’un masque de résine… Nous voilà transportés dans l’univers de la virtualité numérique et du transhumanisme, des robots humanoïdes et des implants, régi par l’intelligence artificielle, au cœur d’une civilisation technicienne implacable, brutale, en proie aux catastrophes naturelles. La froide, mobile carapace du décor (signé Rebecca Ringst), structure aveuglée de vives clartés, nimbée de vidéos en arrière-plan (dont un travelling parcourant les coffres de la banque, où s’entassent les lingots) se greffe d’un pont-levis, seuil d’un Walhalla du troisième type… Dans l’apothéose finale apparaît en gros plan le visage innocent d’un petit enfant, le crâne percé de capteurs.
Ainsi s’amorce visuellement, sous les auspices de Calixto Bieto, le cycle Des Ring des Nibelungen. Le « Ring » aura su se faire attendre sur la scène parisienne : la dernière production, avec Philippe Jordan au pupitre et Jürgen Krämer à la régie, remonte à 2013. Le metteur en scène catalan a dû ronger son frein, la funeste pandémie importée de Chine ayant ajourné jusqu’à aujourd’hui un projet initialement promis pour 2020. Voilà donc que nous arrive enfin, à l’Opéra-Bastille, le spectacle le plus attendu de la saison lyrique. Attente largement nourrie du suffrage porté à ses deux précédentes mises en scène, applaudies à tout rompre l’an passé dans cette même enceinte : Simon Boccanegra et The Exterminating Angel. L’Or du Rhin inaugure ainsi une programmation du « Ring » appelée à se continuer jusqu’en 2026.
Votre serviteur a parfois fait l’éloge, dans les pages de Causeur, des opéras proposés en version concert. Il va sans dire qu’avec L’Anneau de Nibelung, cette option est inconcevable, tant la musique a partie liée avec le texte et sa prosodie, et l’action avec sa représentation scénique. Les parti-pris très francs de Calixto Bieto ont le mérite d’une lisibilité, que d’aucuns jugeront fruste et candide, mais dont cet Or du Rhin « big data » préfigure au moins les développements : ils s’épanouiront dans les trois stations suivantes du « Ring » – un peu de patience !
L’OR DU RHIN Herwig Prammer / OnP
En attendant, notre gloire nationale Ludovic Tézier ayant déclaré forfait il y a tout juste quelques semaines, le baryton-basse écossais Iain Paterson hérite du rôle redoutable de Wotan, qu’il assume avec moins de puissance dans l’émission vocale que d’étonnante subtilité dans le registre medium – où il se montre le plus à l’aise. Eve-Maud Hubeaux campe une Fricka étincelante, tandis que le pitoyable Nime s’incarne magistralement dans le jeu scénique du ténor allemand Gerhard Siegel, habitué du rôle, et qu’on avait pu admirer déjà l’an passé à l’Opéra-Bastille en Hérode, dans Salomé. C’est sous les traits de l’émérite baryton nord-américain Brian Mulligan, familier des rôles wagnériens, qu’Alberich déploie une éloquence vocale où résonne la tyrannique cruauté, l’arrogance fielleuse de celui qui se transformera en dragon et en crapaud… Dans l’emploi du sombre et rusé Loge flamboie le célèbre ténor néo-zélandais Simon O’Neill, encore un « wagnérien » d’exception. Sous la baguette du chef Pablo Heras-Casado (lequel, là même, l’an passé dirigeait Cosi fan tutte) sonne, cogne, rutile un Orchestre de l’Opéra de Paris décidément inégalable.
La malédiction du Niebelung n’en est qu’à ses prémisses. Attendons de voir ce que le talentueux et controversé Calixto Bieito nous réserve, lui qui, justement, se réserve de ne venir saluer son public qu’au terme du quatrième et ultime opéra, quand tombera le Crépuscule des dieux.
L’Or du Rhin, Opéra de Richard Wagner. Avec Iain Paterson, Brian Mulligan, Gerhard Siegel, Matthew Cairns, Mika Kares, Kwanghul Youn, Eve-Maud Hubeaux, Eliza Boom, Marie-Nicole Lemieux, Margarita Polonskaya, Isabel Signoret, Katharina Magiera… . Direction : Pablo-Heras-Casado. Mise en Scène : Calixto Bieito. Orchestre de l’Opéra national de Paris.
Opéra Bastille, les 5, 8, 11, 14, 19 février à 19h30, le 2 février à 14h30.
Ça ne passe toujours pas. L’élection de Donald Trump continue de filer des boutons aux plus allergiques de nos représentants politico-médiatiques de gauche, lesquels n’ont visiblement pas compris deux choses essentielles. La première : Donald Trump a été élu par le peuple a-mé-ri-cain, lequel a plébiscité un projet clairement défini comprenant des actes forts dans des domaines comme l’industrie, la recherche scientifique, l’immigration, le wokisme, l’écologie, etc. À l’inverse de nos politiciens bavards qui, une fois arrivés au pouvoir après avoir promis le meilleur, ne font rien ou font pire que leurs prédécesseurs en faisant l’inverse de ce qu’ils avaient promis, le président américain, quoi que l’on pense de lui, a décidé de respecter ses engagements et de passer immédiatement à l’acte. La seconde : les Américains se soucient comme d’une guigne des rodomontades, des insultes, des invectives et des injonctions des journalistes et des artistes français dont ils ignorent jusqu’à l’existence.
Jacques Weber perd son sang froid
Ils ne savent rien, par exemple, de Jacques Weber. Cet acteur semble avoir définitivement perdu la boule. « Il y a une feuille de cigarette entre le nazisme et Trump. C’est une ordure absolue. […] Il faut que le monde descende dans la rue pour sortir cet horrible individu », s’est-il en effet époumoné sur RTL, le visage déformé par la haine. Puis de conclure en bavant : « Donald Trump est un gros dégueulasse qu’il faut supprimer littéralement. » Avant de se retrouver dans un Ehpad pour vieux comédiens devenus séniles, M. Weber pourrait bien se retrouver devant un tribunal pour incitation au meurtre. Maître Gilles-William Goldnadel, estomaqué par la brutale crétinerie de l’acteur, prépare sa plaidoirie sur le réseau social X (qu’il n’a nullement l’intention de quitter, lui) : « Le jour de la commémoration des camps nazis, il faut se taper leur banalisation par l’artiste gauchiste le plus stupide d’une bande qui n’est pourtant pas étincelante. Avec un appel au meurtre en prime. » En 2017, sur France 2, à Catherine Ceylac qui lui demandait si elle avait déjà souhaité la mort de quelqu’un, « l’humoriste » Florence Foresti avait répondu : « Donald Trump,je pense qu’il va se faire descendre,j’aidécidé qu’ilallait se faire descendre ». Laurent Ruquier, la même année, pronostiquait, le sourire aux lèvres, l’assassinat du président américain :« S’il continue comme ça, la CIA ne devrait pas tarder à lui organiser une petite balade en décapotable à Dallas. » Réaction de la direction de France TV : néant. Réaction du CSA : néant. Réaction de la presse mainstream : néant. Je vous laisse imaginer ce qu’il se serait passé si, quelques années plus tôt, le président Obama avait été la cible de ce même genre de « blagues », dans une émission de télévision supposément de droite…
Le 18 janvier 2025, la bêtise crasse était à nouveau conviée sur le plateau de “Quelle époque”, l’émission boboïsante de Léa Salamé sur France 5. Devant un Thierry Breton luisant de fatuité et un Christophe Dechavanne plus courbé que jamais devant ses nouveaux maîtres, Charline Vanhoenacker, qui est à l’humour ce qu’Annie Ernaux est à la littérature, traite Elon Musk de… « gros connard ». Le public ricane, M. Breton invite Mme Vanhoenacker à co-écrire ses messages sur X, Christophe Dechavanne, toujours aussi inspiré, tient à ajouter que « Muskest atroce ». Christine Ockrent, à qui on demande de dire quelle question elle aimerait poser à Elon Musk s’il était devant elle, ne se fait pas prier pour rejoindre la pitre belge dans la fange : « Vous avez déjà douze enfants. La prochaine portée… combien ? » Mme Salamé glousse et est ravie : chacun de ses hôtes repus de haine et de rancœur a éructé une insanité pour amuser la galerie ; elle-même tressaute ridiculement et pousse des glapissements de petite fille faussement gênée. Après avoir vu cette misérable émission, le mot le plus doux qui nous vient à l’esprit est le mot vulgarité.
Le politiquement correct veille
Tout ce petit monde profite depuis des années du compérage médiatique et de la connivence politique pour obtenir des privilèges de caste en se payant sur la bête, c’est-à-dire sur le dos des contribuables. Cette caste est persuadée que cela durera le temps que dureront les impôts. Peut-être a-t-elle raison. Elle s’est dotée, avec la complicité d’une bonne partie de la droite qui lui prête allégeance depuis vingt-cinq ans, d’un pouvoir qui semble indestructible et a pris ses quartiers dans tous les lieux et tous les domaines lui permettant de s’imposer : l’éducation nationale, les universités, les syndicats, les partis, les associations, la justice, le monde des arts et de la culture et, bien entendu, celui des médias.
Les déclarations insultantes et débiles de Jacques Weber et consorts, la vulgarité des humoristes et des journalistes du service public et leurs appels incessants à la censure sont les symptômes d’une intolérance qui ne connaît plus de limites. France Inter, France Info et France TV ne font même plus semblant : ils ne sont plus que les porte-paroles de l’écologisme, de l’immigrationnisme et du wokisme – aucune réalité ne vient perturber les idéologies proclamées : ni celle de notre économie malade, ni celles de notre système social en ruines, de notre école effondrée, de notre jeunesse névrosée, de la criminalité, de la paupérisation de tout un pays, de l’islamisme, de la délinquance de plus en plus juvénile, de plus en plus meurtrière. Surtout ne pas en parler. Et faire en sorte que personne n’en parle. La Radio-télévision belge francophone montre le chemin : sa directrice a officiellement admis l’utilisation d’un « cordon sanitaire médiatique » (sic), c’est-à-dire la retransmission en différé de certains événements, comme la cérémonie d’investiture de Donald Trump, afin de « contrôler » et de censurer les propos de tel ou tel intervenant si ceux-ci s’écartent du politiquement correct. En France, c’est plus subtil. Pour le moment. Des fact-checkers nous expliquent que nous ne voyons pas ce que nous voyons, des journalistes subventionnés nous sermonnent quotidiennement et Patrick Cohen remonte les bretelles de notre Premier ministre qui, revenant de Mayotte où il a pu constater de visu les dégâts provoqués par une immigration massive, a eu l’audace d’utiliser le mot « submersion », « avec toute l’idéologie moisie que cela trimballe », selon le journaliste (France Inter, 29 janvier 2025). Dans les médias privés, ce n’est pas mieux : Philippe Carli, qui dirigeait le groupe de presse régionale Ebra (Le Dauphiné libéré, Le Progrès, L’Est républicain, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, entre autres), a été « dénoncé » par Mediapart. Son crime ? Avoir liké un propos de Sarah Knafo et partagé des extraits de l’émission de Pascal Praud sur LinkedIn. Résultat : sous la pression de la CGT et du SNJ, Philippe Carli a dû démissionner. Matthieu Pigasse s’en tire mieux – mais ce n’est pas le même niveau de jeu et il est dans le camp du Bien. Cet homme d’affaires dirige Radio Nova et administre le groupe Le Monde (Le Monde, Le Nouvel Obs, Télérama, Courrier international) ainsi que le quotidien Libération dans lequel il déclare : « Je veux mettre les médias que je contrôle (sic) dans ce combat ». Quel combat ? Celui contre l’extrême droite, bien sûr. On ne voit pas très bien ce que cela changera tant il semblait évident que ce combat était déjà bien engagé – Libé, entre autres choses, propose chaque mardi une « newsletter qui passe au crible l’extrême droite, du RN aux groupuscules violents » – mais au moins les choses sont dites. Les journalistes des médias progressistes n’ont de cesse d’attirer l’attention du public sur l’influence des médias « bollorisés » en omettant de dire que ces derniers ne représentent pas le sixième de l’ensemble de l’offre médiatique qui penche depuis des décennies au centre-gauche, à gauche, à l’extrême gauche. Ils rêvent que ne subsistent en France que des médias labellisés « progressistes ». Sachant que, pour nombre d’entre eux, Le Figaro est un journal réactionnaire…
La vérité est ailleurs
L’élection de Donald Trump et l’adhésion des dirigeants de « la tech » au programme du nouveau gouvernement américain continuent de provoquer chez les journalistes de l’audiovisuel public des démangeaisons cérébrales. Ça gratte… Pour tenter de soulager un peu ce prurit, Radio France vient de lancer un podcast intitulé “Les Oligarques de la Silicon Valley : anatomie d’un pouvoir sans limite”. Ce podcast est animé par l’impayable Thomas Snégaroff, le journaliste spécialiste des États-Unis qui avait pronostiqué la victoire de Kamala Harris, seule capable, selon lui, de battre « un vieux mâle blanc ». Le sujet n’est pas inintéressant mais on s’étonnera qu’il n’ait pas été abordé plus tôt, par exemple lorsque les Démocrates étaient au pouvoir et contraignaient les propriétaires de Twitter et de Meta à caviarder des messages ou à fermer arbitrairement des comptes sur leurs réseaux sociaux respectifs. C’est au moment où ces réseaux redeviennent des espaces de liberté, que nos surveillants médiatiques se réveillent et leur trouvent tous les défauts du monde. Des défauts, les réseaux sociaux et le monde numérique n’en manquent pas – mais là n’est pas le sujet. Une chose, par-dessus tout, irrite en vérité l’oligarchie médiatique qui fait la loi depuis quarante ans : les gens se défient de plus en plus des militants de gauche déguisés en journalistes et multiplient les sources d’information afin de tenter de comprendre ce « monde tel qu’il ne va pas » (Chesterton). En plus des réseaux sociaux, des plateformes et des podcasts contrecarrant les discours dogmatiques assénés par la propagande officielle se sont multipliés ces derniers mois sur Internet et sur YouTube. Ces nouveaux médias attirent des centaines de milliers de Français. Certains réalisent un véritable travail journalistique, celui que ne font plus les journalistes mainstream se contentant de reproduire les messages orientés de l’AFP, les boniments sur le climat des écolos, les directives autoritaires de l’UE, les injonctions wokes, féministes ou diversitaires.
Ne pas croire, cependant, que la forteresse médiatique progressiste est près de tomber – France Inter, son principal cerbère, se porte très bien et, hier matin encore (31 janvier), a pu tranquillement asséner son discours woke, pro-diversité et anti-Musk grâce à la militante féministe et créatrice de la très subventionnée Fondation des Femmes, Anne-Cécile Mailfert ; puis son argumentaire immigrationniste grâce au démographe et grand manipulateur de chiffres, Hervé Le Bras. Invité exceptionnel de la matinale france-intérienne, celui-ci a tenu à rassurer ses compatriotes : en France, l’immigration n’est pas aussi importante qu’on le dit et le racisme anti-blanc n’existe pas, c’est un « oxymore », une « contradiction dans les termes ». Il a d’ailleurs écrit à ce sujet un livre au titre éloquent, Il n’y a pas de race blanche, titre d’autant plus curieux qu’il contredit tous les concepts que ses amis racialistes, décolonialistes et soi-disant antiracistes manipulent à longueur de temps pour légitimer leur combat : le suprémacisme blanc, les privilèges blancs, la pensée blanche (Lilian Thuram), la fragilité blanche (Robin DiAngelo), le problème blanc (Léonora Miano), la blanchité, etc. Dans le podcast de Rokhaya Diallo et Grace Ly, “Kiffe ta race” (sic), ces dernières demandent systématiquement à leurs invités de « se situer sur le plan racial » – là encore, essayez d’imaginer une émission « réactionnaire » où l’on demanderait aux intervenants de « se situer sur le plan racial »…[Si le cœur vous en dit, n’hésitez pas, dans vos commentaires – que je lis assidûment – à décrire ce que pourraient être les réactions outragées de nos amis progressistes si une telle émission venait à voir le jour ou à échafauder la trame de l’argumentaire d’un démographe – Hervé Le Bras, tiens, par exemple – expliquant que oui, mais non, c’est pas pareil, faut pas confondre, ça dépend d’où on parle, et de quoi, tout ça à cause du racisme systémique qui fait rien qu’à embêter toujours les mêmes, donc voilà.]
Avec Driss Ghali, Eliott Mamane, Céline Pina et Jeremy Stubbs.
Cette semaine, François Bayrou a parlé d' »un sentiment de submersion ». Il citait – sans le savoir – Margaret Thatcher qui, en 1978, avait déclaré dans un entretien télévisé : « Les gens ont plutôt peur que ce pays soit dans une certaine mesure submergé par des gens d’une autre culture ». Dans les deux cas, la gauche a eu la même réaction d’horreur. Pourquoi? Parce qu’elle n’a pas pu échapper au choc du réel. Une grande partie des électeurs – qui comprend dans une certaine mesure l’électorat traditionnel de la gauche – ressent une forme d’insécurité culturelle. C’est pour s’attaquer à ce problème existentiel, que le nouveau président américain a pris autant de mesures vigoureuses dès le début de son mandat. Et que Friedrich Merz, le chef du parti conservateur allemand, la CDU, a accepté le soutien de l’AfD pour voter une proposition de loi destinée à limiter l’afflux de réfugiés en Allemagne.
Driss Ghali vient de publier L’identité d’abord : Lettre ouverte d’un immigré aux Français qui ne veulent pas disparaître (L’Artilleur, 19,00€, 256 pages, voir lien en fin d’article). Il nous explique pourquoi, afin d’aborder la question fondamentale de l’identité, il commence son ouvrage par une discussion très personnelle de sa propre identité et de la manière dont il en est venu à l’assumer. Car pour brûlante que soit aujourd’hui la notion d’identité, elle reste nébuleuse. Comme elle est vague, elle est facilement exploitée par des militants politiques à des fins idéologiques. Mais cette instrumentalisation de l’identité, qui est présentée comme positive quand il s’agit de communautés d’immigrés, et négative quand il s’agit de la France, nuit autant aux intérêts nationaux qu’aux intérêts communautaires. Les identités de tous sont privées de leur profondeur historique. La conséquence, c’est que nos institutions sont tombées entre les mains de personnes diplômées mais incapables, des « enfoirés »…
Le ministre de l’Économie Éric Lombard s’est dit surpris par la récente fronde des grands patrons, comme Bernard Arnault et le président du Medef, contre la hausse des taxes, soulignant que l’effort demandé aux grandes entreprises serait limité à un an… Après avoir assisté à l’investiture de Donald Trump aux États-Unis, le patron de LVMH, habituellement discret, avait effectivement fustigé la hausse des taxes aux entreprises prévue dans le Budget, qualifiée de « taxation du made in France » qui « pousse à la délocalisation ».
D’ordinaire extrêmement discret sur les sujets de politique française, Bernard Arnault est sorti pour la première fois de sa réserve lors de la conférence de presse relative aux résultats du groupe LVMH. Visiblement courroucé, l’entrepreneur a déclaré la chose suivante : « Aux USA, les impôts vont descendre à 15%. En France, on s’apprête à augmenter de 40% les impôts des entreprises qui fabriquent en France… Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal ! » Il a ensuite ironisé sur le poids de l’administration en France, se demandant s’il ne serait pas bon que nous nous dotions d’un DOGE national, et fustigé une « taxe qui ne dit pas son nom sur le Made In France ».
Arnault, contributeur majeur de la balance commerciale
Quand l’homme dont le groupe paye le plus d’impôts sur les sociétés en France et qui dirige le groupe leader du luxe dans le monde s’exprime avec une telle virulence, le gouvernement a le devoir d’écouter. D’autant qu’il n’est pas le seul à faire part de cette inquiétude. Les entrepreneurs, petits et gros, n’en peuvent plus de payer. Ils sont devenus la roue de secours d’un État qui a endetté les Français et qui détruit méthodiquement notre industrie. Comme l’État est mal géré depuis plusieurs décennies, il n’a trouvé comme solution que le racket des derniers producteurs de richesses. Mais quand il n’y aura plus de richesses produites, qui va payer ? Qui va maintenir les courbes ?
Pour rappel, un groupe comme LVMH a réalisé à lui seul 23 milliards d’exportations depuis la France en 2023 et est un contributeur majeur de notre balance commerciale qui était sur la même année déficitaire de 100 milliards d’euros. Le groupe emploie aussi 40 000 personnes en France et en a recruté 3 500 pour la seule année 2024 ! Il a aussi payé 13 milliards d’euros d’impôt sur les sociétés depuis 10 ans, sans compter les dons comme celui pour Notre-Dame de Paris ou le financement des Jeux de Paris.
Trop tard ?
La gauche peut toujours aiguiser ses faucilles, le départ d’un groupe comme celui-ci pour la Bourse de New-York serait une défaite majeure pour la France et une victoire pour les États-Unis. D’aucuns ont même prétendu vouloir nationaliser LVMH, comme si un groupe de luxe était comparable à Lada… Soyons un peu sérieux. Nous ne faisons pas les règles du commerce mondial et la France se met d’elle-même en déficit complet de compétitivité. Afin de complaire à une gauche totalement minoritaire dans le pays, nous renforçons chaque année un peu plus un corset fiscal qui finira un jour par assécher toutes les forces créatrices françaises et nous fera ressembler à l’URSS. Agissons avant qu’il ne soit trop tard. Qui sait mieux ce qui augmenterait la richesse des Français : Bernard Arnault et le PDG de Michelin ou Éric Lombard ? Comme dirait l’autre, « la question, elle est vite répondue ».
Après bien des errements, un non-lieu définitif rend justice au comédien
Le fantaisiste, ce jeudi 30 mars, a été définitivement mis hors de cause en appel dans une fumeuse affaire d’agression sexuelle. Camouflet cinglant pour le tribunal médiatique, peu enclin à reconnaître ses errements, et certains collectifs féministes, qui ont du « mâle » à désarmer…
Les magistrats de la Cour d’appel ont donc définitivement tranché, en confirmant le non-lieu qui opposait le comédien à une ex-compagne. Le couperet est tombé mais pas celui que journalistes empressés et bouillants collectifs féministes avaient hâtivement – ou habilement, c’est selon – aiguisé. L’information a été relayée par l’AFP et reprise par de rares titres, dont Le Figaro.
La jeune femme, qui connaissait Ary Abittan depuis quelques semaines, soutenait que l’artiste lui avait imposé un rapport sexuel divergent à son domicile privé, en octobre 2021. Avec une étonnante célérité, l’artiste avait été mis en examen pour ces faits, qu’il réfutait avec une belle constance. Très vite l’entrain médiatique et la frénésie de collectifs féministes en avaient fait un coupable de fait, se riant de la présomption d’innocence. Sans doute un nouveau gros mot… Mais la justice ne se rend pas dans les colonnes des journaux, encore moins au fil des miasmes des réseaux ou sous les banderoles enflammées d’excitées de l’outrage. Après trois années d’investigations en tous genres, les sept magistrats qui se sont penchés sur cette malheureuse affaire ont unanimement constaté l’innocence du comédien. « Absence d’indices graves et concordants, mis en cause respectueux sans pulsions sexuelles agressives, déclarations évolutives de la plaignante assorties d’une certaine équivocité dans sa conduite envers le prévenu » : cette liste à la Prévert n’a pourtant rien de poétique et pourrait faire sourire si le comédien n’en avait pas été si cruellement affecté et sa carrière figée. L’homme s’était alors réfugié dans un assourdissant silence, lui qui bruissait d’espièglerie bon enfant, dans la vie, sur les réseaux, la scène ou à l’écran. Un véritable enfer pour lui et ses proches. Le métier qui lui tourne le dos, les « amis » qui le fuient… Seuls quelques-uns, dont son producteur de toujours, lui feront confiance pour l’aider à surmonter l’indicible.
Au printemps dernier, un premier non-lieu avait été prononcé. L’artiste volubile avait alors repris les tournées. Et le public – qui ne l’avait jamais abandonné à dire vrai, interpellé par ce curieux hallali – avait suivi, au fil de représentations bondées en Hexagone mais aussi à l’international.
À qui imputer de telles dérives, en laissant de côté les assertions d’une victime qui ne l’était pas et dont les accusations flirtent avec la dénonciation calomnieuse ? Recherche effrénée de scoops journalistiques mettant à l’index les stars incriminées, vénération imbécile du buzz mais surtout sacralité immédiate et sans appel de la plainte féminine, qu’elle soit fondée ou non… Sans autre forme de procès, oserait-on ajouter. « La calomnie tue plus sûrement qu’une arme à feu » : prévient le vieil adage populaire.
Vos larmes ont séché M. Abittan. Faites-nous rire encore…
Le légiste, star des séries télévisées, est en réalité en voie d’extinction dans la réalité. Le docteur Philippe Boxho, légiste belge, a expliqué pourquoi et déploré le déclin de sa profession…
Dans les fictions policières télévisées, il apparaît dès les premières images, emballé façon surgelé. La tenue est de convention comme le détachement avec lequel il prend les choses. Macabres, les choses. Il s’agit du médecin légiste. Spectateurs, nous pourrions penser que cela est le reflet de la réalité et que, dans la vraie vie aussi, l’homme de l’art est quasiment omniprésent. Il n’en est rien, semble-t-il.
La discipline, figurez-vous, a sa star. Le docteur Boxho, légiste belge, auteur de livres à succès, dont le dernier La Mort en face. Docteur en criminologie, diplômé en anthropologie judiciaire de l’université de Leyde, directeur de l’institut de médecine légale de l’université de Liège, membre de l’Académie royale de médecine de Belgique, l’homme, qui se crut d’abord une vocation ecclésiastique, sait de quoi il parle. Invité le 9 janvier sur LCI, il enchanta son monde en rapportant quelques anecdotes.
Ainsi de ce désespéré qui, ayant les bras trop courts pour ajuster le canon de sa carabine à hauteur du cœur, tira à 14 reprises avant de réussir son coup. Plus important, l’invité dresse un constat assez inquiétant de la situation. Pour raison d’économies, le recours à l’expertise du légiste tendrait à se raréfier.
« Pour que nous intervenions, encore faut-il qu’on nous appelle ! » déplore-t-il. « On », les autorités judiciaires bien sûr. Apparemment, on rechignerait. D’ailleurs on ne compte en France que 161 praticiens. En effet, dix années d’études pour un revenu brut mensuel d’environ 4 500 euros en début de carrière et 10 000 en toute fin n’est guère alléchant. Si la tendance se confirmait, entrevoit Boxho, les chances de réussir le crime parfait augmenteraient d’autant. Ce serait déjà le cas dans son pays. Ce qui lui permet de glisser, avec cet humour si caractéristique de sa corporation : « Vos assassinats, venez donc les commettre en Belgique. » À bon entendeur…
Pensée unique. Face à Mediapart et à la meute, il est toujours préférable d’assumer ce qu’on a dit, ou pensé. Parce qu’il s’est excusé pour avoir partagé sur des canaux personnels des idées non politiquement correctes, le patron de presse a finalement dû démissionner. Il aurait mieux fait de dire à ses contradicteurs que ses opinions politiques n’affectaient en rien son travail, estime notre chroniqueur.
Philippe Carli, le président du groupe de presse Ebra (1er groupe de la presse quotidienne régionale, avec les Dernières Nouvelles d’Alsace, Le Dauphiné libéré, L’Est républicain etc.), a démissionné. « Dans l’intérêt du groupe Ebra, j’ai décidé de quitter mes fonctions de président ». Cet homme est bien complaisant.
Son départ résulte d’une lâcheté ordinaire, de sa soumission au médiatiquement correct. Quelle faute gravissime avait-il commise ? Il avait « liké » sur LinkedIn des messages émanant de personnalités comme la députée européenne Sarah Knafo par exemple. Mediapart qui met un acharnement compulsif à détruire la liberté d’expression de ceux qui ne partagent pas ses combats et n’adhèrent pas à sa vision hémiplégique, a évidemment épinglé le président Carli.
Ne jamais s’excuser pour ses idées
La CGT, comme il se doit, a réclamé le lundi 27 janvier son départ « en raison de sa proximité affichée avec des figures d’extrême droite ». Et elle l’a donc obtenu. Philippe Carli avait pourtant à sa disposition d’autres solutions, des réponses plus personnelles et déterminées.
Plutôt que de s’excuser d’abord, pour être en définitive renvoyé ensuite avec la pire des offenses : son consentement apparent. Avec des justifications filandreuses destinées à masquer une déroute.
Il pouvait dire qu’il était certes le président du groupe Ebra mais qu’adulte, il faisait ce qu’il voulait et qu’avoir « aimé », à titre personnel, certains messages de Marion Maréchal, d’Éric Zemmour ou de Sarah Knafo ne le disqualifiait pas pour son activité principale. Il pouvait, au lieu de s’aplatir, réagir vigoureusement. Mettre, sans y être contraint, sa démission dans la balance et défendre des principes auxquels le groupe Ebra aurait dû être sensible autant que lui. Il pouvait élégamment rétorquer à Mediapart que ce n’était pas cette inquisition honteuse qui lui ferait jeter l’éponge. Il pouvait poliment suggérer à la CGT de s’occuper de ce qui la regardait et de ne pas imposer son idéologie syndicale à ce qui relevait de la liberté de pensée et d’expression.
Résistance !!
Il pouvait, en résumé, n’être même pas un résistant mais juste assumer ses idées. Au contraire il a accepté d’être dépouillé de sa liberté, de sa responsabilité. Profondément, au détriment de ceux qui se battent pour ne pas voir sacrifier les valeurs foulées aux pieds par Mediapart, la CGT et les éradicateurs d’opinions et de comportements qui ne leur plaisent pas.
Même si modestement je n’ai rien à voir avec la présidence d’un grand groupe de presse et que mes écrits ou mes paroles n’ont évidemment pas la même incidence, il ferait beau voir qu’on prétendît m’interdire, si j’en avais envie, de dire ponctuellement du bien de Jean-Luc Mélenchon, de certains députés LFI, de tel ou telle écologiste, de personnalités avec lesquelles je ne suis pas naturellement accordé !
Je n’aurais pas proposé ce post si l’attitude de Philippe Carli, poussé par d’autres frileux, n’était pas révélatrice de la perte d’une vertu capitale dont le manque est dévastateur dans beaucoup de domaines : intellectuel, politique, social, judiciaire ou médiatique. On a compris qu’il s’agit du courage. Être courageux ne fait pas de vous un héros mais tout simplement un homme.
À Madame Isabelle DEFOURNY, Présidente de MSF 34 Avenue Jean Jaurès 75019 Paris.
À Monsieur Jean-Francois CORTY, Président de MDM 84 Avenue du Président Wilson 93200 Saint-Denis.
Madame la Présidente,
Monsieur le Président,
Chers confrères,
Les signataires souhaitent attirer l’attention de votre organisation sur la situation de l’écrivain français Boualem Sansal, actuellement emprisonné en Algérie depuis plus de deux mois.
Aucune visite n’est autorisée (ni celle de l’ambassadeur de France ni celle de son avocat). Il est affecté d’un cancer de la prostate dont ni le stade ni les symptômes ne sont connus et dont on ne sait s’il est traité.
Nous vous prions de bien vouloir organiser dès que possible une visite d’une de vos équipes compétentes dans ce domaine car nous sommes très inquiets de son état de santé.
Nous savons que vous aurez à cœur de considérer l’urgence de la situation médicale de cet homme, citoyen français, âgé de 80 ans.
Avec nos sentiments confraternels
Dr Richard ROSSIN, ancien secrétaire général de MSF et cofondateur de MDM
Dr Jacky MAMOU, ancien président de MDM
Dr Pierre FOLDES,Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes
Les chirurgiens urologues : Marc MAIDENBERG, Jean Romain GAUTIER, Aladin GOUT, Frederic VAVDIN,Sebastien NOVELLAS,Didier LEGEAIS, Bruno d’ACREMONT, Jean-Christophe BARON,Alberto DOMINGUEZ, Olivier ROUSSEAU,André BENZAQUIN,François VALENTIN,Alain BESANCENEZ,Philippe HERITIER,Franck DUCHENE,Michel CLARACQ
Les 600 membres du comité des blouses blanches
Le Comité de soutien international à Boualem SANSAL
Yann Moix revient avec une « histoire subaquatique du XXe siècle » en alexandrins.
Avec Yann Moix, il faut s’attendre à tout, mais dans la qualité et l’originalité. Pas question de s’endormir sur les lauriers de la renommée littéraire. Le lecteur doit être surpris, malmené parfois. Les dividendes du boursicoteur pépère de la littérature, très peu pour lui. Ici, il nous livre une traversée du XXème siècle, sous l’eau et en alexandrins, excusez du peu. Ce n’est pas Le Bateau ivre de l’éternel gamin turbulent, Rimbaud, avec le regret de « l’Europe aux anciens parapets », c’est direct une plongée parmi de drôles de poissons, un voyage en apnée – titre de l’ouvrage – qui oblige à s’ébrouer efficacement une fois retrouvée la terre ravagée par les multiples fléaux. C’est en quelque sorte une odyssée sous-marine. Le narrateur est accompagné de l’énigmatique Emmanuelle. Ils nagent en eaux troubles, se moquent de celles dites territoriales. Ça bouillonne en permanence, aucun temps mort, au milieu des millions de morts de l’Histoire d’un siècle qui a vu l’effacement de Dieu et la toute-puissance du diable, l’acmé étant la construction des camps d’extermination nazis. Le style de Moix, corseté par le bel alexandrin, prend de la vigueur et de l’allure. Ça tourbillonne, ça éclate, ça pense au bout de la rime jamais trop riche. Poète Moix, vos papiers ! Vous sentez de la tête. Le rythme ne faiblit jamais, avec orgie d’assonances et d’allitérations. On est emportés par ce livre fou, complètement à contre-courant d’une production littéraire qui exhale le poisson crevé.
« Réfugiez-vous dans votre musée imaginaire »
Bien sûr c’est une vision accélérée de l’histoire. Moix ne va pas jouer les profs de collège. On ne rabâche pas, on nage souple et efficace. Le narrateur évoque, mais de quelle façon, les grands événements, comme la Grande guerre, avec la figure de Péguy, un ami de Moix, on évoque 39-45, avec la Collaboration, le duo infernal Pétain/Laval, et tous les vendus au régime hitlérien. Il évoque la Shoah. Extrait de l’évocation de la déshumanisation : « D’un baraquement, dans la lumière/Verte, un squelette voûté, presque horizontal,/Marche, très hagard, dans le monde végétal ;/Il boite. Ses souliers lui font mal ; la pénombre/Cache son visage décharné, son œil sombre. » Puis c’est au tour d’Hiroshima, sans Duras que Moix déteste à cause de son passé collabo durant l’Occupation. C’est encore le débarquement en Normandie en compagnie du photographe Robert Capa. Détail : « Ses pellicules sont stockées – original – /Dans des préservatifs ; cette astuce présente/ L’intérêt de les garder au sec (…) » On croit revivre le débarquement salvateur avec explosions, giclures de sang et cervelles. Ses vers charrient la viande humaine. L’Indochine, l’Algérie, la balle prise par JFK, « le bouquet de fleurs de Jackie » filant vers le néant. Ça s’accélère, crawl, respiration, tension du muscle. On oublie que c’est de la poésie, on lit comme si c’était de la prose survitaminée. Au passage, Moix reprend son souffle avec le présent : « Cet État d’Israël qui vient enfin de naître,/L’État palestinien qu’on doit reconnaître (…) »
Le narrateur n’oublie pas quelques grandes figures du XXème siècle. Citons Sacha Guitry – que Moix révère – Sartre, Raymond Roussel, Simone Weil, et beaucoup d’autres encore parmi les merlus hébétés et les lachnolèmes siamois. Mention spéciale pour l’évocation de Soljenitsyne en taule. Il n’est plus rien alors, réduit à « une mouche de cabinet ». En taule, parce qu’il ne valide pas « cette fausse révolution par le bas. » On le bat parce qu’il a osé cracher sur la faucille et le marteau.
Comme le narrateur, on s’inquiète de devoir remonter à la surface pour retrouver la « société liquide », concept emprunté au sociologue Zygmunt Bauman. Peut-on échapper aux « dimanches d’été et leur horrible foule » ? Sourire, tant les calamités sont légion et autrement plus corrosives. Réponse : « un seul antidote est possible : l’art. » Réfugiez-vous dans votre musée imaginaire et jetez la clé à la mer.
L’interprétation d’Angelina Jolie ne rend pas justice à la mémoire de Maria Callas. On s’ennuie terriblement dans le film du Chilien Pablo Larraín
Dans un immense salon cossu, trois pandores en uniforme, deux types en blouse blanche, et autres comparses – un médecin, un inspecteur de police ? Personne ne dit mot. Posée sur le tapis au pied des hautes croisées, une civière. On distingue, au centre, derrière un meuble, le corps allongé d’une femme vêtue d’une simple nuisette : c’est la Callas ; elle est morte. Ses deux caniches la pleurent.
Ainsi s’ouvre Maria, sur une séquence muette, dans la lumière mordorée d’un jour parisien. Pablo Larraín s’était employé, en 2016, à démystifier l’épouse du président Kennedy, avec le film Jackie – Natalie Portman dans le rôle-titre. Comme le monde est petit et que la petite histoire rejoint toujours la grande, voilà notre cinéaste chilien qui, cette fois, se retourne sur cette autre icône planétaire, dont les derniers jours nous sont ressuscités, empruntant aux traits d’une autre star : Angelina Jolie.
Anorexique, droguée aux cachets de métaqualone (plus connus sous l’appellation de Mandrax), Maria Callas, en ces années 1970, se survit donc solitairement à elle-même, cloîtrée dans son gigantesque appartement parisien de l’avenue Georges Mandel encombré de bustes gréco-romains et d’antiquités kitsch, d’un mauvais goût ostentatoire. L’attention quotidienne et inquiète de Ferrucio, son chauffeur-majordome (Pierfrancesco Favino) et de Bruna, sa cuisinière-femme de chambre (Alba Rohrwacher) se porte sur la santé physique et mentale déclinante de la capricieuse et instable soprano lyrique : elle fait déplacer son piano à queue dix fois par jour, et s’exhibe à l’occasion sur telle ou telle terrasse de café, mue par le besoin avoué, compulsif, « d’être adulée » encore et toujours. Pas plus qu’elle n’écoute les objurgations du docteur Fontainebleau, son médecin (Vincent Macaigne), elle ne se range aux conseils de Jeffrey, son répétiteur (Stephen Ashfield), lequel accompagne au clavier, dans une salle vide, les cris de crécelle de la cantatrice déchue. Avouons qu’il faut un courage quelque peu masochiste à Angelina Jolie pour endosser cet emploi de diva en bout de course, jusqu’à vous vriller les tympans dans les arias massacrées d’Anna Bolena ou de Tosca.
En contrepoint des séquences fictionnées – en couleur – alternent authentiques images d’archives, et reconstitutions – en noir et blanc. Dans cet assemblage, Maria exhume, nappés d’extraits de Norma ou de La Wally, comme une remémoration de sa destinée, quelques « moments forts » de « La Callas »: entre autres, sa rencontre avec Aristote Onassis et, quinze ans plus tard, ses visites à l’armateur lorsqu’il se meurt à l’hôpital américain de Neuilly. Campé ici par le comédien turc Haluk Bilginer dont la moumoute chenue lui assure une ressemblance physique plutôt convaincante avec son modèle, le fameux milliardaire grec nous est ici montré sous l’aspect grotesque d’un vulgaire parvenu se vantant en public de sa fortune, havane au bec, puis comme un sigisbée transi et sentencieux : la caricature est poussée un peu loin.
De même confine au ridicule achevé le passage (toujours en noir et blanc) nous dévoilant « Maria » adolescente, plantureuse et mal attifée, flanquée de sa sœur aînée Yakinthi, et prostituant sa voix plutôt que ses fesses à deux officiers SS hypnotisés, dans la Grèce alors occupée par les nazis. Que dire du petit interviewer américain qui, magnéto en bandoulière et bientôt entraîné par Callas dans ses baguenaudes des beaux quartiers, finira, dans le no man’s land photogénique des jardins du Palais Royal, par lancer – plan serré sur sa frimousse juvénile – un « I love you » à son idole ? Idem, JFK (Caspar Philipson) et Jacky (la future épouse d’Onassis comme l’on sait), effleurent l’écran dans une scène expéditive. Non, franchement, Maria ne rend pas justice à la mémoire de la légendaire prima donna.
Peut-être quelques-uns des lecteurs de Causeur auront-ils vu La Mort de Maria Malibran, œuvre-culte du cinéaste et metteur en scène d’opéra Werner Schroeter (1945-2010), éclos dans la mouvance de ce qu’il est convenu d’appeler le « Nouveau Cinéma Allemand », qui eut son heure de gloire dans les années 1970. C’était quand même autre chose ! Au moins l’idolâtrie lyrique se donnait-elle des ailes.
Maria, film de Pablo Larraín. Avec Angelina Jolie. États-Unis, couleur/noir et blanc, 2024. Durée : 2h04. En salles le 5 février 2025.
Calixto Bieito transpose l’opéra de Wagner dans une mise en scène futuriste, brutale et visionnaire…
Les trois filles du Rhin en combinaison de plongée ; le maître des dieux, Wotan, en costard noir de patron de multinationale ; son épouse Fricka, vamp en toilette léopard ; Loge le rusé demi-dieu du feu arborant un tee-shirt clinquant sous son deux-pièces ; le nain concupiscent Alberich bardé de câbles de connexion (fibre optique ?), tel un Lucifer de data center, tandis que Mime, son frère forgeron, comprime son obésité dans un débardeur loqueteux… Quant aux deux géants du Ring : Fafner déguisé en cow-boy de foire, son frère Fasold aux allures de banquier tiré à quatre épingles … Costumes signés Ingo Krügler.
Un vaste rideau de plastique translucide ne tarde pas à se lever sur une muraille de plaques métalliques au pied duquel, sur une très longue banquette, commenceront à s’affronter les figures mythologiques de L’Or du Rhin – comme l’on sait, d’une seule coulée, sans entracte, le « prologue en quatre tableaux » des opéras qui consécutivement parachèvent la Tétralogie wagnérienne : La Walkyrie, Siegfried et enfin Le Crépuscule des Dieux.
Ici, le Ring, l’anneau qui donne son titre à la « saga », est un collier, et non pas une bague : son étau d’or massif enserre carrément le cou d’Alberich. Quant au heaume qui devra achever de couvrir Freia, disparue sous l’amoncellement des piécettes de la rançon, il prend forme humaine sous l’aspect d’un masque de résine… Nous voilà transportés dans l’univers de la virtualité numérique et du transhumanisme, des robots humanoïdes et des implants, régi par l’intelligence artificielle, au cœur d’une civilisation technicienne implacable, brutale, en proie aux catastrophes naturelles. La froide, mobile carapace du décor (signé Rebecca Ringst), structure aveuglée de vives clartés, nimbée de vidéos en arrière-plan (dont un travelling parcourant les coffres de la banque, où s’entassent les lingots) se greffe d’un pont-levis, seuil d’un Walhalla du troisième type… Dans l’apothéose finale apparaît en gros plan le visage innocent d’un petit enfant, le crâne percé de capteurs.
Ainsi s’amorce visuellement, sous les auspices de Calixto Bieto, le cycle Des Ring des Nibelungen. Le « Ring » aura su se faire attendre sur la scène parisienne : la dernière production, avec Philippe Jordan au pupitre et Jürgen Krämer à la régie, remonte à 2013. Le metteur en scène catalan a dû ronger son frein, la funeste pandémie importée de Chine ayant ajourné jusqu’à aujourd’hui un projet initialement promis pour 2020. Voilà donc que nous arrive enfin, à l’Opéra-Bastille, le spectacle le plus attendu de la saison lyrique. Attente largement nourrie du suffrage porté à ses deux précédentes mises en scène, applaudies à tout rompre l’an passé dans cette même enceinte : Simon Boccanegra et The Exterminating Angel. L’Or du Rhin inaugure ainsi une programmation du « Ring » appelée à se continuer jusqu’en 2026.
Votre serviteur a parfois fait l’éloge, dans les pages de Causeur, des opéras proposés en version concert. Il va sans dire qu’avec L’Anneau de Nibelung, cette option est inconcevable, tant la musique a partie liée avec le texte et sa prosodie, et l’action avec sa représentation scénique. Les parti-pris très francs de Calixto Bieto ont le mérite d’une lisibilité, que d’aucuns jugeront fruste et candide, mais dont cet Or du Rhin « big data » préfigure au moins les développements : ils s’épanouiront dans les trois stations suivantes du « Ring » – un peu de patience !
L’OR DU RHIN Herwig Prammer / OnP
En attendant, notre gloire nationale Ludovic Tézier ayant déclaré forfait il y a tout juste quelques semaines, le baryton-basse écossais Iain Paterson hérite du rôle redoutable de Wotan, qu’il assume avec moins de puissance dans l’émission vocale que d’étonnante subtilité dans le registre medium – où il se montre le plus à l’aise. Eve-Maud Hubeaux campe une Fricka étincelante, tandis que le pitoyable Nime s’incarne magistralement dans le jeu scénique du ténor allemand Gerhard Siegel, habitué du rôle, et qu’on avait pu admirer déjà l’an passé à l’Opéra-Bastille en Hérode, dans Salomé. C’est sous les traits de l’émérite baryton nord-américain Brian Mulligan, familier des rôles wagnériens, qu’Alberich déploie une éloquence vocale où résonne la tyrannique cruauté, l’arrogance fielleuse de celui qui se transformera en dragon et en crapaud… Dans l’emploi du sombre et rusé Loge flamboie le célèbre ténor néo-zélandais Simon O’Neill, encore un « wagnérien » d’exception. Sous la baguette du chef Pablo Heras-Casado (lequel, là même, l’an passé dirigeait Cosi fan tutte) sonne, cogne, rutile un Orchestre de l’Opéra de Paris décidément inégalable.
La malédiction du Niebelung n’en est qu’à ses prémisses. Attendons de voir ce que le talentueux et controversé Calixto Bieito nous réserve, lui qui, justement, se réserve de ne venir saluer son public qu’au terme du quatrième et ultime opéra, quand tombera le Crépuscule des dieux.
L’Or du Rhin, Opéra de Richard Wagner. Avec Iain Paterson, Brian Mulligan, Gerhard Siegel, Matthew Cairns, Mika Kares, Kwanghul Youn, Eve-Maud Hubeaux, Eliza Boom, Marie-Nicole Lemieux, Margarita Polonskaya, Isabel Signoret, Katharina Magiera… . Direction : Pablo-Heras-Casado. Mise en Scène : Calixto Bieito. Orchestre de l’Opéra national de Paris.
Opéra Bastille, les 5, 8, 11, 14, 19 février à 19h30, le 2 février à 14h30.
Le démographe Hervé Le Bras sur France inter, 31 janvier 2025. Capture.
Eux, ils peuvent tout se permettre…
Ça ne passe toujours pas. L’élection de Donald Trump continue de filer des boutons aux plus allergiques de nos représentants politico-médiatiques de gauche, lesquels n’ont visiblement pas compris deux choses essentielles. La première : Donald Trump a été élu par le peuple a-mé-ri-cain, lequel a plébiscité un projet clairement défini comprenant des actes forts dans des domaines comme l’industrie, la recherche scientifique, l’immigration, le wokisme, l’écologie, etc. À l’inverse de nos politiciens bavards qui, une fois arrivés au pouvoir après avoir promis le meilleur, ne font rien ou font pire que leurs prédécesseurs en faisant l’inverse de ce qu’ils avaient promis, le président américain, quoi que l’on pense de lui, a décidé de respecter ses engagements et de passer immédiatement à l’acte. La seconde : les Américains se soucient comme d’une guigne des rodomontades, des insultes, des invectives et des injonctions des journalistes et des artistes français dont ils ignorent jusqu’à l’existence.
Jacques Weber perd son sang froid
Ils ne savent rien, par exemple, de Jacques Weber. Cet acteur semble avoir définitivement perdu la boule. « Il y a une feuille de cigarette entre le nazisme et Trump. C’est une ordure absolue. […] Il faut que le monde descende dans la rue pour sortir cet horrible individu », s’est-il en effet époumoné sur RTL, le visage déformé par la haine. Puis de conclure en bavant : « Donald Trump est un gros dégueulasse qu’il faut supprimer littéralement. » Avant de se retrouver dans un Ehpad pour vieux comédiens devenus séniles, M. Weber pourrait bien se retrouver devant un tribunal pour incitation au meurtre. Maître Gilles-William Goldnadel, estomaqué par la brutale crétinerie de l’acteur, prépare sa plaidoirie sur le réseau social X (qu’il n’a nullement l’intention de quitter, lui) : « Le jour de la commémoration des camps nazis, il faut se taper leur banalisation par l’artiste gauchiste le plus stupide d’une bande qui n’est pourtant pas étincelante. Avec un appel au meurtre en prime. » En 2017, sur France 2, à Catherine Ceylac qui lui demandait si elle avait déjà souhaité la mort de quelqu’un, « l’humoriste » Florence Foresti avait répondu : « Donald Trump,je pense qu’il va se faire descendre,j’aidécidé qu’ilallait se faire descendre ». Laurent Ruquier, la même année, pronostiquait, le sourire aux lèvres, l’assassinat du président américain :« S’il continue comme ça, la CIA ne devrait pas tarder à lui organiser une petite balade en décapotable à Dallas. » Réaction de la direction de France TV : néant. Réaction du CSA : néant. Réaction de la presse mainstream : néant. Je vous laisse imaginer ce qu’il se serait passé si, quelques années plus tôt, le président Obama avait été la cible de ce même genre de « blagues », dans une émission de télévision supposément de droite…
Le 18 janvier 2025, la bêtise crasse était à nouveau conviée sur le plateau de “Quelle époque”, l’émission boboïsante de Léa Salamé sur France 5. Devant un Thierry Breton luisant de fatuité et un Christophe Dechavanne plus courbé que jamais devant ses nouveaux maîtres, Charline Vanhoenacker, qui est à l’humour ce qu’Annie Ernaux est à la littérature, traite Elon Musk de… « gros connard ». Le public ricane, M. Breton invite Mme Vanhoenacker à co-écrire ses messages sur X, Christophe Dechavanne, toujours aussi inspiré, tient à ajouter que « Muskest atroce ». Christine Ockrent, à qui on demande de dire quelle question elle aimerait poser à Elon Musk s’il était devant elle, ne se fait pas prier pour rejoindre la pitre belge dans la fange : « Vous avez déjà douze enfants. La prochaine portée… combien ? » Mme Salamé glousse et est ravie : chacun de ses hôtes repus de haine et de rancœur a éructé une insanité pour amuser la galerie ; elle-même tressaute ridiculement et pousse des glapissements de petite fille faussement gênée. Après avoir vu cette misérable émission, le mot le plus doux qui nous vient à l’esprit est le mot vulgarité.
Le politiquement correct veille
Tout ce petit monde profite depuis des années du compérage médiatique et de la connivence politique pour obtenir des privilèges de caste en se payant sur la bête, c’est-à-dire sur le dos des contribuables. Cette caste est persuadée que cela durera le temps que dureront les impôts. Peut-être a-t-elle raison. Elle s’est dotée, avec la complicité d’une bonne partie de la droite qui lui prête allégeance depuis vingt-cinq ans, d’un pouvoir qui semble indestructible et a pris ses quartiers dans tous les lieux et tous les domaines lui permettant de s’imposer : l’éducation nationale, les universités, les syndicats, les partis, les associations, la justice, le monde des arts et de la culture et, bien entendu, celui des médias.
Les déclarations insultantes et débiles de Jacques Weber et consorts, la vulgarité des humoristes et des journalistes du service public et leurs appels incessants à la censure sont les symptômes d’une intolérance qui ne connaît plus de limites. France Inter, France Info et France TV ne font même plus semblant : ils ne sont plus que les porte-paroles de l’écologisme, de l’immigrationnisme et du wokisme – aucune réalité ne vient perturber les idéologies proclamées : ni celle de notre économie malade, ni celles de notre système social en ruines, de notre école effondrée, de notre jeunesse névrosée, de la criminalité, de la paupérisation de tout un pays, de l’islamisme, de la délinquance de plus en plus juvénile, de plus en plus meurtrière. Surtout ne pas en parler. Et faire en sorte que personne n’en parle. La Radio-télévision belge francophone montre le chemin : sa directrice a officiellement admis l’utilisation d’un « cordon sanitaire médiatique » (sic), c’est-à-dire la retransmission en différé de certains événements, comme la cérémonie d’investiture de Donald Trump, afin de « contrôler » et de censurer les propos de tel ou tel intervenant si ceux-ci s’écartent du politiquement correct. En France, c’est plus subtil. Pour le moment. Des fact-checkers nous expliquent que nous ne voyons pas ce que nous voyons, des journalistes subventionnés nous sermonnent quotidiennement et Patrick Cohen remonte les bretelles de notre Premier ministre qui, revenant de Mayotte où il a pu constater de visu les dégâts provoqués par une immigration massive, a eu l’audace d’utiliser le mot « submersion », « avec toute l’idéologie moisie que cela trimballe », selon le journaliste (France Inter, 29 janvier 2025). Dans les médias privés, ce n’est pas mieux : Philippe Carli, qui dirigeait le groupe de presse régionale Ebra (Le Dauphiné libéré, Le Progrès, L’Est républicain, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, entre autres), a été « dénoncé » par Mediapart. Son crime ? Avoir liké un propos de Sarah Knafo et partagé des extraits de l’émission de Pascal Praud sur LinkedIn. Résultat : sous la pression de la CGT et du SNJ, Philippe Carli a dû démissionner. Matthieu Pigasse s’en tire mieux – mais ce n’est pas le même niveau de jeu et il est dans le camp du Bien. Cet homme d’affaires dirige Radio Nova et administre le groupe Le Monde (Le Monde, Le Nouvel Obs, Télérama, Courrier international) ainsi que le quotidien Libération dans lequel il déclare : « Je veux mettre les médias que je contrôle (sic) dans ce combat ». Quel combat ? Celui contre l’extrême droite, bien sûr. On ne voit pas très bien ce que cela changera tant il semblait évident que ce combat était déjà bien engagé – Libé, entre autres choses, propose chaque mardi une « newsletter qui passe au crible l’extrême droite, du RN aux groupuscules violents » – mais au moins les choses sont dites. Les journalistes des médias progressistes n’ont de cesse d’attirer l’attention du public sur l’influence des médias « bollorisés » en omettant de dire que ces derniers ne représentent pas le sixième de l’ensemble de l’offre médiatique qui penche depuis des décennies au centre-gauche, à gauche, à l’extrême gauche. Ils rêvent que ne subsistent en France que des médias labellisés « progressistes ». Sachant que, pour nombre d’entre eux, Le Figaro est un journal réactionnaire…
La vérité est ailleurs
L’élection de Donald Trump et l’adhésion des dirigeants de « la tech » au programme du nouveau gouvernement américain continuent de provoquer chez les journalistes de l’audiovisuel public des démangeaisons cérébrales. Ça gratte… Pour tenter de soulager un peu ce prurit, Radio France vient de lancer un podcast intitulé “Les Oligarques de la Silicon Valley : anatomie d’un pouvoir sans limite”. Ce podcast est animé par l’impayable Thomas Snégaroff, le journaliste spécialiste des États-Unis qui avait pronostiqué la victoire de Kamala Harris, seule capable, selon lui, de battre « un vieux mâle blanc ». Le sujet n’est pas inintéressant mais on s’étonnera qu’il n’ait pas été abordé plus tôt, par exemple lorsque les Démocrates étaient au pouvoir et contraignaient les propriétaires de Twitter et de Meta à caviarder des messages ou à fermer arbitrairement des comptes sur leurs réseaux sociaux respectifs. C’est au moment où ces réseaux redeviennent des espaces de liberté, que nos surveillants médiatiques se réveillent et leur trouvent tous les défauts du monde. Des défauts, les réseaux sociaux et le monde numérique n’en manquent pas – mais là n’est pas le sujet. Une chose, par-dessus tout, irrite en vérité l’oligarchie médiatique qui fait la loi depuis quarante ans : les gens se défient de plus en plus des militants de gauche déguisés en journalistes et multiplient les sources d’information afin de tenter de comprendre ce « monde tel qu’il ne va pas » (Chesterton). En plus des réseaux sociaux, des plateformes et des podcasts contrecarrant les discours dogmatiques assénés par la propagande officielle se sont multipliés ces derniers mois sur Internet et sur YouTube. Ces nouveaux médias attirent des centaines de milliers de Français. Certains réalisent un véritable travail journalistique, celui que ne font plus les journalistes mainstream se contentant de reproduire les messages orientés de l’AFP, les boniments sur le climat des écolos, les directives autoritaires de l’UE, les injonctions wokes, féministes ou diversitaires.
Ne pas croire, cependant, que la forteresse médiatique progressiste est près de tomber – France Inter, son principal cerbère, se porte très bien et, hier matin encore (31 janvier), a pu tranquillement asséner son discours woke, pro-diversité et anti-Musk grâce à la militante féministe et créatrice de la très subventionnée Fondation des Femmes, Anne-Cécile Mailfert ; puis son argumentaire immigrationniste grâce au démographe et grand manipulateur de chiffres, Hervé Le Bras. Invité exceptionnel de la matinale france-intérienne, celui-ci a tenu à rassurer ses compatriotes : en France, l’immigration n’est pas aussi importante qu’on le dit et le racisme anti-blanc n’existe pas, c’est un « oxymore », une « contradiction dans les termes ». Il a d’ailleurs écrit à ce sujet un livre au titre éloquent, Il n’y a pas de race blanche, titre d’autant plus curieux qu’il contredit tous les concepts que ses amis racialistes, décolonialistes et soi-disant antiracistes manipulent à longueur de temps pour légitimer leur combat : le suprémacisme blanc, les privilèges blancs, la pensée blanche (Lilian Thuram), la fragilité blanche (Robin DiAngelo), le problème blanc (Léonora Miano), la blanchité, etc. Dans le podcast de Rokhaya Diallo et Grace Ly, “Kiffe ta race” (sic), ces dernières demandent systématiquement à leurs invités de « se situer sur le plan racial » – là encore, essayez d’imaginer une émission « réactionnaire » où l’on demanderait aux intervenants de « se situer sur le plan racial »…[Si le cœur vous en dit, n’hésitez pas, dans vos commentaires – que je lis assidûment – à décrire ce que pourraient être les réactions outragées de nos amis progressistes si une telle émission venait à voir le jour ou à échafauder la trame de l’argumentaire d’un démographe – Hervé Le Bras, tiens, par exemple – expliquant que oui, mais non, c’est pas pareil, faut pas confondre, ça dépend d’où on parle, et de quoi, tout ça à cause du racisme systémique qui fait rien qu’à embêter toujours les mêmes, donc voilà.]
Avec Driss Ghali, Eliott Mamane, Céline Pina et Jeremy Stubbs.
Cette semaine, François Bayrou a parlé d' »un sentiment de submersion ». Il citait – sans le savoir – Margaret Thatcher qui, en 1978, avait déclaré dans un entretien télévisé : « Les gens ont plutôt peur que ce pays soit dans une certaine mesure submergé par des gens d’une autre culture ». Dans les deux cas, la gauche a eu la même réaction d’horreur. Pourquoi? Parce qu’elle n’a pas pu échapper au choc du réel. Une grande partie des électeurs – qui comprend dans une certaine mesure l’électorat traditionnel de la gauche – ressent une forme d’insécurité culturelle. C’est pour s’attaquer à ce problème existentiel, que le nouveau président américain a pris autant de mesures vigoureuses dès le début de son mandat. Et que Friedrich Merz, le chef du parti conservateur allemand, la CDU, a accepté le soutien de l’AfD pour voter une proposition de loi destinée à limiter l’afflux de réfugiés en Allemagne.
Driss Ghali vient de publier L’identité d’abord : Lettre ouverte d’un immigré aux Français qui ne veulent pas disparaître (L’Artilleur, 19,00€, 256 pages, voir lien en fin d’article). Il nous explique pourquoi, afin d’aborder la question fondamentale de l’identité, il commence son ouvrage par une discussion très personnelle de sa propre identité et de la manière dont il en est venu à l’assumer. Car pour brûlante que soit aujourd’hui la notion d’identité, elle reste nébuleuse. Comme elle est vague, elle est facilement exploitée par des militants politiques à des fins idéologiques. Mais cette instrumentalisation de l’identité, qui est présentée comme positive quand il s’agit de communautés d’immigrés, et négative quand il s’agit de la France, nuit autant aux intérêts nationaux qu’aux intérêts communautaires. Les identités de tous sont privées de leur profondeur historique. La conséquence, c’est que nos institutions sont tombées entre les mains de personnes diplômées mais incapables, des « enfoirés »…
Le ministre de l’Économie Éric Lombard s’est dit surpris par la récente fronde des grands patrons, comme Bernard Arnault et le président du Medef, contre la hausse des taxes, soulignant que l’effort demandé aux grandes entreprises serait limité à un an… Après avoir assisté à l’investiture de Donald Trump aux États-Unis, le patron de LVMH, habituellement discret, avait effectivement fustigé la hausse des taxes aux entreprises prévue dans le Budget, qualifiée de « taxation du made in France » qui « pousse à la délocalisation ».
D’ordinaire extrêmement discret sur les sujets de politique française, Bernard Arnault est sorti pour la première fois de sa réserve lors de la conférence de presse relative aux résultats du groupe LVMH. Visiblement courroucé, l’entrepreneur a déclaré la chose suivante : « Aux USA, les impôts vont descendre à 15%. En France, on s’apprête à augmenter de 40% les impôts des entreprises qui fabriquent en France… Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal ! » Il a ensuite ironisé sur le poids de l’administration en France, se demandant s’il ne serait pas bon que nous nous dotions d’un DOGE national, et fustigé une « taxe qui ne dit pas son nom sur le Made In France ».
Arnault, contributeur majeur de la balance commerciale
Quand l’homme dont le groupe paye le plus d’impôts sur les sociétés en France et qui dirige le groupe leader du luxe dans le monde s’exprime avec une telle virulence, le gouvernement a le devoir d’écouter. D’autant qu’il n’est pas le seul à faire part de cette inquiétude. Les entrepreneurs, petits et gros, n’en peuvent plus de payer. Ils sont devenus la roue de secours d’un État qui a endetté les Français et qui détruit méthodiquement notre industrie. Comme l’État est mal géré depuis plusieurs décennies, il n’a trouvé comme solution que le racket des derniers producteurs de richesses. Mais quand il n’y aura plus de richesses produites, qui va payer ? Qui va maintenir les courbes ?
Pour rappel, un groupe comme LVMH a réalisé à lui seul 23 milliards d’exportations depuis la France en 2023 et est un contributeur majeur de notre balance commerciale qui était sur la même année déficitaire de 100 milliards d’euros. Le groupe emploie aussi 40 000 personnes en France et en a recruté 3 500 pour la seule année 2024 ! Il a aussi payé 13 milliards d’euros d’impôt sur les sociétés depuis 10 ans, sans compter les dons comme celui pour Notre-Dame de Paris ou le financement des Jeux de Paris.
Trop tard ?
La gauche peut toujours aiguiser ses faucilles, le départ d’un groupe comme celui-ci pour la Bourse de New-York serait une défaite majeure pour la France et une victoire pour les États-Unis. D’aucuns ont même prétendu vouloir nationaliser LVMH, comme si un groupe de luxe était comparable à Lada… Soyons un peu sérieux. Nous ne faisons pas les règles du commerce mondial et la France se met d’elle-même en déficit complet de compétitivité. Afin de complaire à une gauche totalement minoritaire dans le pays, nous renforçons chaque année un peu plus un corset fiscal qui finira un jour par assécher toutes les forces créatrices françaises et nous fera ressembler à l’URSS. Agissons avant qu’il ne soit trop tard. Qui sait mieux ce qui augmenterait la richesse des Français : Bernard Arnault et le PDG de Michelin ou Éric Lombard ? Comme dirait l’autre, « la question, elle est vite répondue ».
Après bien des errements, un non-lieu définitif rend justice au comédien
Le fantaisiste, ce jeudi 30 mars, a été définitivement mis hors de cause en appel dans une fumeuse affaire d’agression sexuelle. Camouflet cinglant pour le tribunal médiatique, peu enclin à reconnaître ses errements, et certains collectifs féministes, qui ont du « mâle » à désarmer…
Les magistrats de la Cour d’appel ont donc définitivement tranché, en confirmant le non-lieu qui opposait le comédien à une ex-compagne. Le couperet est tombé mais pas celui que journalistes empressés et bouillants collectifs féministes avaient hâtivement – ou habilement, c’est selon – aiguisé. L’information a été relayée par l’AFP et reprise par de rares titres, dont Le Figaro.
La jeune femme, qui connaissait Ary Abittan depuis quelques semaines, soutenait que l’artiste lui avait imposé un rapport sexuel divergent à son domicile privé, en octobre 2021. Avec une étonnante célérité, l’artiste avait été mis en examen pour ces faits, qu’il réfutait avec une belle constance. Très vite l’entrain médiatique et la frénésie de collectifs féministes en avaient fait un coupable de fait, se riant de la présomption d’innocence. Sans doute un nouveau gros mot… Mais la justice ne se rend pas dans les colonnes des journaux, encore moins au fil des miasmes des réseaux ou sous les banderoles enflammées d’excitées de l’outrage. Après trois années d’investigations en tous genres, les sept magistrats qui se sont penchés sur cette malheureuse affaire ont unanimement constaté l’innocence du comédien. « Absence d’indices graves et concordants, mis en cause respectueux sans pulsions sexuelles agressives, déclarations évolutives de la plaignante assorties d’une certaine équivocité dans sa conduite envers le prévenu » : cette liste à la Prévert n’a pourtant rien de poétique et pourrait faire sourire si le comédien n’en avait pas été si cruellement affecté et sa carrière figée. L’homme s’était alors réfugié dans un assourdissant silence, lui qui bruissait d’espièglerie bon enfant, dans la vie, sur les réseaux, la scène ou à l’écran. Un véritable enfer pour lui et ses proches. Le métier qui lui tourne le dos, les « amis » qui le fuient… Seuls quelques-uns, dont son producteur de toujours, lui feront confiance pour l’aider à surmonter l’indicible.
Au printemps dernier, un premier non-lieu avait été prononcé. L’artiste volubile avait alors repris les tournées. Et le public – qui ne l’avait jamais abandonné à dire vrai, interpellé par ce curieux hallali – avait suivi, au fil de représentations bondées en Hexagone mais aussi à l’international.
À qui imputer de telles dérives, en laissant de côté les assertions d’une victime qui ne l’était pas et dont les accusations flirtent avec la dénonciation calomnieuse ? Recherche effrénée de scoops journalistiques mettant à l’index les stars incriminées, vénération imbécile du buzz mais surtout sacralité immédiate et sans appel de la plainte féminine, qu’elle soit fondée ou non… Sans autre forme de procès, oserait-on ajouter. « La calomnie tue plus sûrement qu’une arme à feu » : prévient le vieil adage populaire.
Vos larmes ont séché M. Abittan. Faites-nous rire encore…
Le légiste, star des séries télévisées, est en réalité en voie d’extinction dans la réalité. Le docteur Philippe Boxho, légiste belge, a expliqué pourquoi et déploré le déclin de sa profession…
Dans les fictions policières télévisées, il apparaît dès les premières images, emballé façon surgelé. La tenue est de convention comme le détachement avec lequel il prend les choses. Macabres, les choses. Il s’agit du médecin légiste. Spectateurs, nous pourrions penser que cela est le reflet de la réalité et que, dans la vraie vie aussi, l’homme de l’art est quasiment omniprésent. Il n’en est rien, semble-t-il.
La discipline, figurez-vous, a sa star. Le docteur Boxho, légiste belge, auteur de livres à succès, dont le dernier La Mort en face. Docteur en criminologie, diplômé en anthropologie judiciaire de l’université de Leyde, directeur de l’institut de médecine légale de l’université de Liège, membre de l’Académie royale de médecine de Belgique, l’homme, qui se crut d’abord une vocation ecclésiastique, sait de quoi il parle. Invité le 9 janvier sur LCI, il enchanta son monde en rapportant quelques anecdotes.
Ainsi de ce désespéré qui, ayant les bras trop courts pour ajuster le canon de sa carabine à hauteur du cœur, tira à 14 reprises avant de réussir son coup. Plus important, l’invité dresse un constat assez inquiétant de la situation. Pour raison d’économies, le recours à l’expertise du légiste tendrait à se raréfier.
« Pour que nous intervenions, encore faut-il qu’on nous appelle ! » déplore-t-il. « On », les autorités judiciaires bien sûr. Apparemment, on rechignerait. D’ailleurs on ne compte en France que 161 praticiens. En effet, dix années d’études pour un revenu brut mensuel d’environ 4 500 euros en début de carrière et 10 000 en toute fin n’est guère alléchant. Si la tendance se confirmait, entrevoit Boxho, les chances de réussir le crime parfait augmenteraient d’autant. Ce serait déjà le cas dans son pays. Ce qui lui permet de glisser, avec cet humour si caractéristique de sa corporation : « Vos assassinats, venez donc les commettre en Belgique. » À bon entendeur…