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Grâce au Medef, Marion Maréchal se forge une image populaire

Elle en rêvait, Geoffroy Roux de Bézieux l’a fait!


Grâce au Medef, Marion Maréchal se forge une image populaire
Marion Le Pen, avril 2017. Auteurs : Laurence Geai/SIPA. Numéro de reportage : 00819202_000008

Grâce à sa déprogrammation de l’université d’été du Medef, Marion Maréchal va devenir encore plus sympathique auprès des classes populaires.


Si vous en doutiez encore, le patronat français a définitivement choisi son camp. C’est Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, qui vient d’en faire l’éclatant aveu. Ce matin pour justifier l’annulation de la venue de Marion Le Pen à la Rencontre des entrepreneurs des France (REF), celui qui est aussi le propriétaire de la marque d’huile d’olive pour bobos « Oliviers & Co » a lâché ce tweet faussement tranchant : « Vue l’interprétation politique qui est faite du débat sur la montée des populismes, j’ai décidé de le supprimer purement et simplement. Il n’y aura donc ni intervenants RN ni intervenant LFI. »

Appel macronien au boycott 

Passons sur le fait qu’il n’y a rien de plus illibéral que d’empêcher un débat entre citoyens raisonnables, c’est-à-dire n’ayant jamais été condamnés pour diffamation ou incitation à la haine. Passons aussi sur l’erreur d’étiquetage du censeur Roux de Bézieux, qui semble ignorer le nouveau statut de Marion Maréchal, désormais en dehors du Rassemblement national (de sorte qu’elle pourrait légitimement estimer que son invitation tient toujours).

Dans cette affaire, le plus confondant est ailleurs. Bafouant tous les principes de séparation des pouvoirs et démentant tous les bienfaits des corps intermédiaires, le patron du Medef s’est « purement et simplement »  – pour reprendre son expression – couché devant les ordres de la macronie, qui, en l’espèce, avaient pris la forme d’un appel au boycott émanant du parti présidentiel.

Pire encore, cette éviction, moralement et politiquement honteuse, est en outre parfaitement contre-productive. Pour ne pas donner l’impression de cibler la seule Marion Maréchal, le président du Medef a en effet déprogrammé tous les participants de la table ronde à laquelle elle était conviée. Oh, pas une table ronde sur le moindre des sujets. Il s’agissait de débattre de « la montée des populismes ». Autrement dit de l’événement politique et social le plus important de l’année : le mouvement des gilets jaunes.

La prochaine idole des (gilets) jaunes ?

Or la directrice de l’ISSEP ne passe pas pour une amie des gilets jaunes. En off, elle confiait même durant la campagne des européennes ne pas approuver le programme économique de sa tante, qu’elle juge trop dépensier. Autant dire que son nom ne faisait pas, jusqu’à une date récente, s’enflammer les foules sur les ronds-points. C’était sans compter sur la bêtise du Medef, qui vient d’un seul coup corriger ce déficit d’image. Voilà désormais Marion Maréchal inscrite par les milieux d’affaires sur la liste des « déplorables ». Un sérieux atout politique pas les temps qui courent…

Notons au passage que Geoffroy Roux de Bézieux a rendu son mouvement encore plus sectaire que du temps de son prédécesseur Ernest-Antoine Sellière, qui lui n’hésitait pas à inviter à son université d’été des penseurs anticapitalistes comme Henri Weber, ex-dirigeant de la LCR, ou Roland Castro, ancien militant maoïste. Chapeau Geoffroy !



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