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Face à Marine Le Pen, ils touchent le fond !


Face à Marine Le Pen, ils touchent le fond !

caroline roux marine le pen

Comme il convient grammaticalement, ce « ils » est bisexuel ! En tout cas, pour ce billet, il l’est.
Marine Le Pen, occupée à du jardinage, est tombée dans une piscine vide et les conséquences de cette chute auraient pu être très graves. Heureusement pour elle et ses proches, le pire a été évité, et son courage a fait le reste.
On pouvait craindre, à cause de la pauvre inventivité de notre classe politique, une série de plaisanteries douteuses sur cet accident. A ma grande surprise, nous avons eu droit, sur ce plan, au calme plat.
Jusqu’aux tweets de Jean-Luc Mélenchon. Comment une personnalité aussi évidemment fine et cultivée peut-elle se laisser aller au point de violer ses propres règles de courtoisie et de décence en assumant, en revendiquant même, une grossière singularité qui, de fait, la distingue tristement et choque même beaucoup de ses partisans ?
A peine l’ai-je félicité d’être allé au Festival de Cannes, pour mettre du réel dans cet univers qui se repaît de sa représentation et d’un artificiel tellement déconnecté du dur métier de vivre évoqué par Cesare Pavese, qu’il s’est abandonné à cette goujaterie sans allure.
Même Benjamin Biolay la lui a reprochée en regrettant que Mélenchon tombe au niveau de Marine Le Pen comme si celle-ci s’était jamais permis de telles indélicatesses à la suite de mésaventures intimes ou familiales. Je vais finir par croire que le leader du Front de gauche laisse monter en lui une exaspération inversement proportionnelle à ses succès électoraux et et à la réussite de sa stratégie à l’encontre du FN.
On est toujours le nul de quelqu’un.
Nathalie Arthaud s’est déchaînée contre François Hollande, encore plus vilipendé que Nicolas Sarkozy, et sur Mélenchon renvoyé dans la catégorie des politiciens traditionnels à la pensée et au langage creux. Le bonheur des extrémismes est de pouvoir s’abandonner sans retenue à un jeu de massacre : plus le pouvoir est loin, plus l’insulte et l’outrance sont proches (Le Monde).
Heureusement, dans cette descente vers la bêtise, il y a toujours de l’UMP qui rôde quelque part. C’est souvent le même qui s’illustre et ne fait regretter à personne de ne pas y être. J’ai nommé Guillaume Peltier. De la droite stupide prétendue forte.
Il paraît qu’il faudra abolir, toutes affaires cessantes, la loi sur le mariage pour tous ou la réécrire quand l’opposition reviendra aux responsabilités. Alors qu’au sein de ce parti qui n’est plus dirigé, personne n’ignore que cette attitude de Matamore avant l’action se dissoudra le moment venu parce que tant d’autres chats à fouetter seront mis à la disposition de la droite incarnée, je l’espère, par d’autres lumières.
Guillaume Peltier aggrave son cas en prescrivant un boycott de NKM lors de la primaire pour les municipales à Paris. Elle a eu le tort de s’être abstenue pour le mariage gay, elle est incurablement intelligente et elle pourrait devenir, qui sait ?, une candidate plausible pour 2017, en tout cas pour 2022. En ce sens, qu’un Guillaume Peltier s’en prenne à elle relève d’une logique limpide : il faut chasser la meilleure.
C’est cet homme jeune qui prétend faire la loi au sein de l’UMP, imposer ses exigences et couvrir de ridicule ce conglomérat de force inexploitée, d’ambitions et d’ajustements erratiques à une actualité, qu’est devenu ce parti.
Je voudrais terminer sur une excellente nouvelle médiatique. Alors que Marine Le Pen avait déjà subi son épreuve, quand Jean-Luc Mélenchon tweetait bassement sur son infortune personnelle, Caroline Roux, sur C politique, recevait la présidente du FN. Je n’étais donc pas fou : il était possible de la questionner et de réagir à ses réponses sans faire à chaque seconde une surenchère dans l’agressivité, ton et visage compris. Aucune complaisance de la part de cette journaliste mais une courtoisie efficace et compétente tellement sûre d’elle qu’elle n’avait pas besoin de montrer pour la frime, à tous ceux susceptibles de la juger idéologiquement, comment elle était capable d’être à chaque seconde hargneuse et partiale (France 5).
Pour la première fois, Marine Le Pen a eu droit à un entretien qui n’a pas cherché à persuader que le FN était interdit ou qu’il devait l’être. Sur un autre registre que celui du grand Serge Moati, mais la démarche d’honnêteté, d’impartialité et d’intelligence était la même !
Cette responsable politique d’un parti quantitativement important a été accueillie, enfin, comme tous les autres reçus ailleurs, généralement, par contraste avec elle, dans une ambiance à la fois superficielle et bisounours.
Caroline Roux n’a pas touché le fond. Ouf !

*Photo : C politique.



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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