Ensauvagement. Face à l’insécurité dans les rues et face à l’insécurité culturelle qui s’installe dans les esprits, toute une haute bourgeoisie intellectuelle laisse la situation pourrir, laisse brûler, et laisse le peuple subir, observe notre chroniqueur…
Qui propage le mensonge ? Qui le fait circuler, le glisse dans les esprits comme une traînée de poudre, le travestit sous les atours de la vérité morale et du savoir éclairé ? Ce ne sont pas les gens du peuple. Non, le peuple n’a ni le temps ni la prétention de comprendre ce qui se joue, à mille lieues de ses préoccupations immédiates, au cœur de Gaza ou de Ramallah. Ce peuple-là — ou ce qu’il en reste — vit les yeux dans le gris, préoccupé par sa survie, sa sécurité, la déchéance d’un quotidien rongé par l’insécurité, par la misère, par le délitement du lien social. Il ne lit pas Le Monde, il n’écoute pas France Inter, il ne consulte pas les éditos du Monde diplomatique. Il vit. Il endure.
Demi-sachants
Ce sont les élites qui propagent. Les élites intellectuelles, médiatiques, universitaires, administratives. La France Insoumise, bien sûr, porte flambeau d’une gauche qui s’est dévoyée dans l’antisionisme paré des oripeaux du progressisme. Mais elle ne fait que cristalliser ce que pensent tout bas bien d’autres segments de la société cultivée : enseignants, magistrats, chefs de service dans la police ou le social, hauts fonctionnaires, journalistes, directeurs de conscience dans les ONG et les grandes écoles. Tous ces demi-sachants, engoncés dans leur bonne conscience, persuadés de comprendre le Moyen-Orient à force de lectures biaisées, de colloques creux et d’un entre-soi moral qui ne supporte ni la nuance ni la contradiction.
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Ils ne vivent pas les réalités qu’ils commentent. Ils ne subissent pas la montée de la violence dans les quartiers. Ils ne voient pas ce que le peuple voit : la transformation lente mais certaine de pans entiers du territoire en zones de non-droit, le recul du droit commun face à des logiques communautaires. Et dans leur aveuglement, ils enseignent. Ils formatent. Ils éduquent des générations de lycéens, d’étudiants, d’apprentis fonctionnaires à haïr l’Occident, à voir en Israël le diable, en Netanyahou un criminel, en chaque Palestinien une victime pure et désincarnée. La vérité devient suspecte, la complexité est chassée comme hérétique. L’histoire elle-même est triturée, inversée.
L’autorité n’est pas la haine
Et pourtant, il existe des mesures de bon sens. Il y en a. Elles ne relèvent ni du fantasme, ni de l’extrémisme, mais d’un souci élémentaire de survie collective. Des mesures à prendre sur l’immigration de masse, sur la délinquance, sur l’insécurité quotidienne, sur la restauration d’un ordre minimal dans les rues, les écoles, les tribunaux, les hôpitaux. Mais qui résiste à ces mesures ? Qui les bloque ? Ceux-là mêmes qui, au nom d’une idéologie issue du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, voient dans tout étranger un nouveau juif pourchassé. Ce prisme moral, aussi dévoyé que paralysant, confond la fermeté avec la persécution, la lucidité avec le racisme, l’autorité avec la haine.
Ce sont eux encore, cette caste — non seulement la haute bourgeoisie intellectuelle, mais aussi toute la hiérarchie intermédiaire des institutions — qui empêche toute réforme réelle. La magistrature, les médias, les rectorats, les directions de la police, les hautes sphères du social et de la santé : tous formatés à cette idéologie victimaire, persuadés qu’agir serait céder à la bête immonde. Alors ils laissent pourrir. Ils laissent brûler. Ils laissent le peuple subir. Et ils s’enorgueillissent d’être du bon côté de l’Histoire, alors qu’ils n’ont même plus la décence de regarder le pays en face.
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C’est là que je dis — oui, je le dis sans honte — que je suis populiste. Parce que je crois, comme en 1942, que le peuple est resté digne, quand les élites se sont couchées. Ce ne sont pas les paysans du Limousin ou les ouvriers des faubourgs qui ont organisé les rafles, rempli les autobus, tenu les registres. Ce sont des magistrats, des préfets, des commissaires, des fonctionnaires zélés. Ceux-là même que l’on trouve aujourd’hui à la tête des grandes institutions, prompts à s’émouvoir de Gaza mais muets devant le sort des femmes violées à Lyon ou des enfants tués à Marseille.
Ce peuple que l’on accuse aujourd’hui de racisme, parce qu’il résiste — dans le silence et parfois dans la colère — à l’ensauvagement de son environnement, à l’islamisation qu’il voit progresser chaque jour sans pouvoir la nommer. Ce peuple humilié, moqué, invisibilisé, qui pourtant recèle encore en lui les vestiges d’un courage ancien, d’un instinct de conservation que la bourgeoisie a depuis longtemps sacrifié sur l’autel de son confort. C’est ce peuple qui demeure l’honneur de la France. Et ceux qui l’insultent aujourd’hui sont les mêmes que ceux qui trahissaient hier. L’histoire se répète, non comme farce, mais comme honte.
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