«Le temps est venu». Le 22 septembre 2025 à New York, par la voix d’Emmanuel Macron, la France a reconnu l’existence de l’État de Palestine. La France pourra «décider d’établir une ambassade auprès de l’État de Palestine, dès lors que tous les otages détenus à Gaza auront été libérés, et qu’un cessez-le-feu aura été établi», a-t-il ajouté. « J’attends aussi de nos partenaires arabes et musulmans qui ne l’ont pas encore fait, qu’ils tiennent leurs engagements de reconnaître l’État d’Israël et d’avoir avec lui des relations normales » a-t-il également précisé. Les opposants au président français ont dénoncé une démarche diplomatique symbolique ne permettant en rien une paix à Gaza, ou, pire, une prime au terrorisme palestinien. L’avis d’Elisabeth Lévy.
C’est fait : la France a reconnu la Palestine. Beaucoup de bruit pour rien. Le discours d’Emmanuel Macron devant l’Assemblée générale des Nations Unies, hier, s’inscrivait dans une initiative franco-saoudienne prévoyant aussi la reconnaissance par Ryad d’Israël. Sauf que cette reconnaissance n’a pas eu lieu, et que MBS avait semble-t-il piscine. C’est donc de l’étalage de vertu diplomatique. Reconnaître la Palestine, ça ne mange pas de pain et ça vous rend populaire dans une grande partie du monde. Emmanuel Macron songerait-il au Secrétariat général de l’ONU ?
Blessure vive
Cependant, ce n’est pas non plus le blanc-seing au Hamas que beaucoup (dont votre servante) redoutaient et dénonçaient. Les premiers mots du président français ont été pour les 48 otages encore détenus à Gaza. Il a condamné sans ambiguïté le 7-Octobre et le Hamas. «La barbarie du Hamas et de ceux qui ont collaboré à ce massacre a stupéfait Israël et le monde. Le 7-Octobre est une blessure encore vive pour l’âme israélienne comme pour la conscience universelle.»
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Est-ce à dire que finalement je l’approuve ? Non, mais peut-être a-t-il moins péché par cynisme que par angélisme et légèreté. Comme tous les partisans de la solution à deux Etats, peut-être y croit-il vraiment encore. Un territoire, deux États, c’est évident sur le papier ; mais ça n’arrivera pas, en tout cas pas avant une génération. Le 7-Octobre est irréparable. Pour nombre d’Israéliens, l’assassinat et la torture de kibboutzniks épris de paix prouvent que c’est nous ou eux, et que s’ils ont un État demain les Palestiniens recommenceront. Et tous les islamo-gauchistes occidentaux qui veulent libérer la Palestine « de la mer au Jourdain » leur donnent raison. De plus, en Israël aussi, l’extrémisme religieux a prospéré sur le désastre.
Polémique autour des drapeaux palestiniens sur quelques mairies françaises
Cependant, j’ai changé d’avis sur les drapeaux. Le président de la République reconnait la Palestine à New York, et le ministre de l’Intérieur interdit les drapeaux palestiniens en France. Sans faire une thèse de droit, il y avait quelque chose d’incompréhensible. Retailleau voulait peut-être prendre position sur la question, sans s’opposer frontalement au président – mais au-delà de quelques petites sanctions judiciaires, il n’a pas vraiment le pouvoir d’interdire. Personne n’avait râlé pour les drapeaux ukrainiens ou tibétains.
Dans la rue, le drapeau palestinien est souvent l’alibi de la violence, de la haine des juifs, de la police et de la France. Mais, je veux croire qu’au fronton des mairies, il traduit un vrai désir de paix. En particulier quand il est mis à côté du drapeau israélien. Certains maires pavoiseurs ont certainement des arrière-pensées dégoûtantes, mais on ne va pas faire la police des arrière-pensées. La liberté d’expression doit profiter à ceux avec qui on n’est pas d’accord.
Beaucoup de juifs sont évidemment heurtés par la décision d’Emmanuel Macron et inquiets du climat. Mais dire qu’ils vivent dans la peur est exagéré. Hier, ils ont fêté le Nouvel an et aujourd’hui comme chaque samedi, ils prieront pour la France et pour la République dans toutes les synagogues du pays.
Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale de Patrick Roger
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