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La guerre contre la guérilla


La guerre contre la guérilla
Welcome to Guantanamo (photo Paul Keller, flickr.com).
Welcome to Guantanamo (photo Paul Keller, flickr.com).

Une récente enquête du Washington Post rappellent à ceux qui en ont besoin de quoi le chemin qui mène vers l’enfer est pavé. Si l’on en croit les deux auteurs de l’article, Karen deYoung et Joby Warrick, l’Administration Obama préfère souvent tuer les personnes suspectées de terrorisme plutôt que de les capturer. L’une des raisons – et pas la moindre – en est que la fermeture des prisons secrètes, et bientôt de Guantanamo, ne permet plus de les accueillir. Effet pervers que le candidat Obama ne pouvait prévoir, mais que le président ne saurait ignorer. Il est trop facile, comme l’a fait Jean-Michel Apathie l’autre soir sur le plateau du « Grand journal » de Canal+ de moquer « le prix Nobel de la paix qui essaie de décrocher celui de la guerre ». Comme trait d’esprit, on a vu mieux. L’antisarkozysme et l’antiobamisme ne sont plus, parait-il, si éloignés l’un de l’autre : Obama essaie d’apporter des réponses concrètes à l’un des défis stratégiques les plus ardus auxquels les sociétés occidentales (Amérique du nord, Europe, Australie et la Nouvelle-Zélande) font face aujourd’hui : les guerres asymétriques.

Les pacifistes comptent au nombre des bienheureux qui prétendent échapper aux dilemmes liés aux nouveaux conflits qui opposent des Etats de droit et des sociétés démocratiques à des organisations qui peuvent tout se permettre. Ceux qui pensent que les faibles ont, par définition, raison (ou que les forts ont toujours tort) sont eux aussi exempts de ce casse-tête. Quant aux autres, ils sont bien obligés de réfléchir et de proposer de solutions. Vous pensez que le Hamas a raison et qu’Israël a tort ? C’est votre droit, mais comment agir quand une organisation utilisant les méthodes du Hamas a tort ? Quelles règles appliquer à une guerre contre une guérilla qui a tort ?

Les récentes guerres en Irak, au Liban, en Afghanistan et à Gaza démontrent que même des militaires bien entraînés, encadrés et disciplinés, équipés de matériel de guerre sophistiqué, ne peuvent pas éviter erreurs, bavures et dérives. On est forcé de constater que, quelques soient les objectifs stratégiques – qu’il s’agisse de l’opération approuvé par Lionel Jospin en 2001 ou des opérations menées ces dernières années dans le cadre d’une stratégie différente –, la guerre contre la guérilla exige aujourd’hui tout ce que nos opinions publiques détestent.

Ces opérations de grandes envergures devraient donc être le dernier recours, seulement quand les autres options sont épuisées. Mais justement, quelles sont ces autres options ? Il y a évidement l’issue politique ; comment faire quand cette voie n’est plus possible, que les positions des faibles sont inacceptables et leur violence aveugle insupportable ? Est-ce que l’emploi de drones et le recours à l’assassinat sont plus ou moins moraux que des enlèvements et des emprisonnements secrets ? Et quid des opérations à la Mossad ? Vaut-il mieux laisser pourrir la situation jusqu’à ce qu’une opération de grande envergure soit inéluctable ?

Bref, est-il plus moral d’envoyer la troupe qu’une lettre de cachet ? Là est la question.



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est historien et directeur de la publication de Causeur.

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