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La diversité, cette maladie chronique de la démocratie française

Un billet de Driss Ghali


La diversité, cette maladie chronique de la démocratie française
L'essayiste Driss Ghali. D.R.

Plusieurs voix s’élèvent contre l’offensive d’Éric Zemmour en lui reprochant d’ignorer les véritables préoccupations des Français. Elles avancent que les Français sont inquiets de l’érosion du pouvoir d’achat, de la hausse du chômage et du changement climatique. L’Islam et l’immigration seraient des problèmes parmi d’autres. C’est drôle : les mêmes n’ont pas dit un mot lorsque Macron et Castex ont éteint les lumières sur le débat public pour cause de pandémie ! Cela fait presque deux ans que le covid est la seule priorité que le gouvernement daigne aborder, le seul problème dont il se sent responsable.

Taquinerie à part, la question est extrêmement intéressante sur le fond. En effet, la diversité est une machine à polluer le débat public : elle intoxique l’agenda politique et détourne l’attention des sujets les plus nobles et fascinants.  Elle met sur le devant de la scène des thèmes à la charge symbolique explosive et d’autres, moins sensibles, mais tout à fait stériles.

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En tête des sujets explosifs qui phagocytent le débat : l’islamisme et l’ensauvagement. Ce sont deux « cadeaux » que l’immigration a fait à la France. Par leur nature, ils déstabilisent totalement la société qui se retrouve, pour la première fois depuis longtemps, confrontée à la peur. La peur primaire que ressent la proie face à son prédateur, la peur de perdre son habitat et son territoire ; la peur de la femme face au risque du viol ; la peur de l’homme qui mesure qu’il ne peut plus défendre sa famille d’une agression extérieure, ce qui le rend absolument « inutile » sur le plan symbolique ; la peur causée par le spectre de la mort violente pour des raisons futiles (le « mauvais regard »), la terreur suscitée par le fanatisme religieux et la perspective d’une guerre religieuse sur le sol français. N’oublions pas que la France est un pays de guerre civile : les Huguenots contre les Catholiques, les révolutionnaires contre les monarchistes, Vichy contre la gauche. Tous ces conflits ont été habités par le fanatisme idéologique et religieux, cette expérience a laissé des traces, et elles sont réveillées à chaque « escarmouche » entre le peuple de souche, déchristianisé, et le peuple immigré, majoritairement musulman.

Cette peur s’empare des esprits et des coeurs. Elle relativise tous les autres sujets, même les plus structurants comme la politique énergétique ou environnementale. La peur nous « dégrade » et nous remet à notre condition animale : je survis ou pas ? je suis une proie ou bien un prédateur ?

Impossible de demander aux passagers du bus de Bayonne dont le chauffeur a été lynché par des jeunes immigrés de se préoccuper du changement climatique ! Ils ont été durablement traumatisés et exigent que justice soit faite avant de penser à autre chose. Impossible de demander à une femme qui se fait harceler dans la rue du matin au soir de se passionner pour des questions d’urbanisme ! Quand l’intégrité physique et morale est en jeu, les sujets techniques deviennent soudain étonnement lointains et futiles.

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D’autres sujets moins dramatiques polluent tout autant les esprits des Français et les détournent des grandes questions de notre époque. Je pense par exemple aux querelles minables sur la représentativité et qui se réduisent au final à calculer le taux de mélanine dans le sexe de l’ange. Quand on ne se chamaille pas sur les « discriminations », on se dispute sur les violences policières prétendument infligées à un voyou. L’on perd un temps « de dingue » sur des polémiques stériles impliquant des racailles dont le Q.I et la contribution sociale sont nulles.

Parmi les questions minables, il y a le sujet du Ramadan. La France, au lieu de réfléchir à la relation avec la Chine ou à la conquête spatiale, se retrouve à aménager les horaires des écoles ou à modifier les dates des examens académiques. L’on peut dire la même chose de la fête du mouton et de ses querelles éternelles sur la protection des animaux, les lieux d’abattage et l’hygiène. Ça ne vole pas très haut…

Donc si l’on veut réellement renouer avec les sujets qui importent vraiment, il convient de régler le problème de l’immigration. Sinon, la France aura de moins en moins de temps et « d’espace cerveau disponible » à consacrer aux enjeux qui en valent vraiment la peine.




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Ecrivain et diplômé en sciences politiques, il vient de publier "De la diversité au séparatisme", un ebook consacré à la société française et disponible sur son site web: www.drissghali.com/ebook. Ses titres précédents sont: "Mon père, le Maroc et moi" et "David Galula et la théorie de la contre-insurrection".

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