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Joli mois de mai

Le regard libre d'Elisabeth Lévy


Joli mois de mai
DR.

Même le 1er mai, Elisabeth Lévy travaille. C’est peut-être pour ça que c’est elle notre chef…


Causeur vous propose d’écouter sa chronique radio de ce matin…


C’est le 1er mai, mais plus personne ne parle de revendications sociales. Pourtant, il y aurait de quoi. Pour la seule journée d’hier : 1000 suppressions d’emplois chez ST Microelectronics/ faillite de Jennifer. La consommation régresse, l’investissement stagne, les salaires ne décollent pas.  

Faites une recherche « 1er-mai » sur Internet, vous trouverez trois angles.

  • Avec le beau temps, les professionnels du tourisme sont contents ;
  • Polémique sur les boulangers/fleuristes. Charmes de l’absurdistan français. Pour protéger les salariés des méchants patrons qui les obligeraient à travailler, on pénalise tous ceux qui veulent travailler plus et gagner plus. Et aussi ceux qui veulent apporter un saint-honoré à leur grand-mère. Le gouvernement a feint de vouloir changer la loi (c’était un coup de com). Ne peuvent même pas empêcher les contrôles ;
  • Violences. Depuis dix ans, elles pourrissent non seulement les 1ermai mais toutes les manifs sociales: retraites/loi travail etc. On annonce quelques centaines de blacksblocks. Des insoumis (comme Ritchy Thibault, l’assistant d’Ersilia Soudais) ont appelé à déborder le dispositif. Mais on n’arrive toujours pas à les neutraliser.

Manifs d’antan : plusieurs centaines de milliers de personnes. Aujourd’hui, on est sur le pied de guerre pour seulement 30000 personnes annoncées à Paris et 150000 en France.

A lire aussi, Stéphane Germain: La guerre sans effort de guerre ?

Comment expliquez-vous cette désaffection ?

Les images de violence ne donnent pas envie d’aller manifester en famille. Mais ce n’est pas la raison principale. La gauche et les syndicats ont abandonné le social pour le sociétal, la défense de la Palestine etc.

Mots d’ordre CGT aujourd’hui : Pour la paix, nos retraites et nos salaires.

  • Pour une paix juste et durable, droit des peuples etc.
  • Agir face à l’internationale réactionnaire
  • Augmenter les salaires
  • Abrogation retraite 64 ans

La gauche a abandonné les classes populaires, trop franchouillardes, trop blanches, trop réacs pour la coalition arc-en-ciel, les minorités, les migrants etc. Le mot « production » ne figurait pas dans le programme NUPES. Il y aura peut-être plus d’ouvriers au meeting du RN à Narbonne que dans les cortèges syndicaux.

À part peut-être les fonctionnaires, plus personne ne croit qu’une mobilisation sociale puisse changer quoi que ce soit.

La seule chose que les Français qui n’ont pas foutu le camp attendent de ce 1er-mai, c’est de ne pas avoir des images de villes dévastées demain. Il parait que Dieu est mort. Il faut croire que Marx aussi.  


Cette chronique a été diffusée sur Sud radio



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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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