Accueil Brèves Le mage Raffarin craint le retour de la lutte des classes

Le mage Raffarin craint le retour de la lutte des classes


Ce qu’il y a de bien, avec Jean-Pierre Raffarin, ce ne sont pas seulement les immortelles raffarinades, « Les veuves vivent plus longtemps que leur mari », c’est qu’il est centriste. On peut se moquer des centristes mais ils sont tellement habitués à humer le sens du vent pour rallier le plus fort – et pile au bon moment ! – que cela développe chez eux une manière de sixième sens politique.
Dans un entretien donné aux Echos mercredi 27 mars, l’ancien premier ministre a des propos qui ne sont pas sans rappeler sa jeunesse giscardienne, quand tout ce petit monde-là adorait la chine de Mao. On a l’impression de lire, à certains moments, un poème de Wang Wei : « Aujourd’hui, les capitaux sont nomades, les talents sont mobiles, les entreprises sont voyageuses. » Ce n’est pas difficile, on en arriverait à trouver belle la mondialisation financière. Bien sûr, juste après arrive le mot « compétitivité » et « attractivité », ce qui incite beaucoup moins à la rêverie. On apprend aussi que Raffarin votera le crédit d’impôt compétitivité-emploi proposé par le gouvernement, ce qui prouve bien qu’il n’y a qu’une seule et même vision de l’économie du PS à l’UMP, mais ça on s’en doutait.
Pour le reste, il indique qu’il faudrait que Hollande écoute la rue. On remarquera qu’il avait dit à peu près le contraire à l’époque où il était à Matignon, mais le plus amusant n’est pas là. On pourrait penser qu’il parlait des manifestations des anti-mariage pour tous. Il ne les évoque qu’implicitement. Non, ce qui inquiète Raffarin, c’est la colère sociale : « La vision de Français résignés est une vision qui ressemble à celle que certains avaient du pays en janvier 1968. La colère aujourd’hui est sourde. Elle est très personnelle et elle ne se déclenchera que sur des événements exceptionnels mais dans tous les départements français il existe un dossier du type de « Vilvoorde, Lu ou Moulinex » qui peut enflammer la situation. » Et il sait que dans ce cas-là, les victimes des affreuses violences policières de la manif du 24, Christine Boutin en tête, pourront comparer ce que ça donne quand la police se met vraiment à cogner. Allez savoir pourquoi on a l’impression que leur indignation sera beaucoup moins bruyante quand on dégagera les piquets de grève ou  qu’on dispersera les manifs pour l’emploi à coups de canons à eau et de tirs horizontaux de grenades lacrymogènes.
Mais, comme le disait Raffarin en son temps : «  Si on met la voiture France à l’envers, nous n’aurons plus la capacité de rebondir. »



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