Islamo-gauchisme : la filière belge


Peu de choses me hérissent autant que l’amalgame systématique entre gauchisme, islamisme et antisémitisme, ce dernier surgissant ici et là comme la maladie infantile du marxisme. Il arrive néanmoins qu’un article bouscule notre confort intellectuel, comme le portrait que La Libre Belgique consacre à un certain Abdellah Boudami. Cet illustre inconnu s’est fait connaître en février 2012 en perturbant une conférence de son université bruxelloise (ULB) à laquelle participait Caroline Fourest.

Avec son escouade de grands démocrates réunis au sein du Collectif Réflexions musulmanes (CRM), Boudami avait réussi à faire capoter le débat en scandant « burqa bla-bla » pour faire taire ce symposium d’affreux islamophobes. Depuis, l’étudiant s’est mué en globe-trotter « humanitaire », « sillonnant » la Syrie de septembre à décembre 2013, sans combattre, nous dit-il, mais en signe de soutien à « la résistance contre le régime meurtrier de Bachar, et le projet d’une résistance islamique avec un projet islamique » (sic). Complètement à l’ouest du pays, les groupes armés salafistes Ahrar-Cham, Jeysh-al-islam, et Jeysh-al-Fatah, ainsi que le Front al-Nosra, émanation syrienne d’Al-Qaïda, incarnent à ses yeux une « résistance islamique solide et cohérente, héritage d’une méthode et d’une pensée qui se sont construites en réponse aux agissements des Etats occidentaux sur les décennies précédentes ». Comme ces djihadistes tendance nineties, le jeune belge ne tarit pas de critiques contre l’Etat islamique, que la nébuleuse salafiste classique accuse de dévoyer l’islam à travers son califat autoproclamé.

Si le spécialiste de l’antiterrorisme belge perçoit en Abdellah Boudami « le chaînon manquant entre l’extrême gauche et le salafisme », celui-ci n’est jamais que  le surgeon belge d’une mouvance islamo-gauchiste aux multiples avatars historiques, de Malcolm X à la Révolution iranienne. Sur le front syrien, les miliciens chiites du Hezbollah ainsi que pasdarans iraniens emploient d’ailleurs une rhétorique islamo-révolutionnaire voisine de la prose du CRM. Dans le sillage de l’Imam Khomeini, qui avait abondamment puisé dans l’œuvre du penseur islamo-marxiste Ahmed Shariati pour soulever les masses de jeunes déshérités, les supplétifs chiites de l’armée syrienne mènent en effet un combat contre les « orgueilleux », « apostats » et autres « infidèles » salafistes. Quitte à mourir en « martyrs ». Je ne sais pas ce qu’Abdellah Boudami a retenu de son passage sur les bancs de l’université. Mais j’aimerais bien savoir ce qu’il pense du concept de « rivalité mimétique »…



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent L’émasculée conception
Article suivant La mob’ pour tous
est journaliste.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération