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France/Qatar: gros contrat d’armement en vue?

Visite de l’Émir du Qatar en France: le renforcement de la coopération militaire en jeu


France/Qatar: gros contrat d’armement en vue?
Tamim ben Hamad Al Thani à Paris, 15 février 2023 © Jacques Witt/SIPA

La 2e visite officielle à Paris de l’Émir en 12 mois témoigne de la bonne entente entre la France et l’émirat dans le domaine de la défense et de la sécurité.


L’Emir du Qatar Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani effectuera une visite d’État en France mardi et mercredi, la première depuis 2013. C’est une tradition pour le dirigeant qatari qui connaît bien la capitale et pour lequel les enjeux économiques bilatéraux ont toujours été très importants. Si les échanges vont beaucoup porter sur la guerre à Gaza, l’hypothèse d’un cessez-le-feu et l’avenir entre Israéliens et Palestiniens, des discussions sont prévues sur le renforcement de la coopération entre Paris et Doha. Des échanges qui pourraient même s’accélérer notamment dans le domaine militaire dont l’industrie française reste un fleuron mondial.

Contexte géopolitique très tendu

Ce déplacement se fait dans la continuité du passage d’Emmanuel Macron à Doha en décembre dernier, dans un contexte géopolitique tendu au Moyen-Orient, et où la guerre à Gaza était au cœur de la discussion. Le site de l’Élysée précisait :  « Le président de la République et l’Émir ont enfin échangé sur la nécessité d’œuvrer aux conditions d’un retour de la paix et de la stabilité au Proche-Orient avec l’ensemble de nos partenaires. Le président de la République a répété sa disponibilité à y contribuer, en rappelant que la seule solution était celle de deux États, Israël et Palestine, vivant côte-à-côte en paix et en sécurité. » On parle même de l’envoi d’aide humanitaire par les deux pays à Gaza prochainement.

Deux mois après, on en est toujours loin mais les négociations se poursuivent et le Qatar est toujours largement à la manœuvre, disposant du contact direct avec les dirigeants du Hamas. On y parlait de la nécessité d’une désescalade, mais malgré l’action appuyée du médiateur qatari, des Egyptiens et des Américains, rien n’y a fait à ce jour : Israël continue à bombarder inlassablement Gaza. Cette guerre comme d’autres pousse nombre de pays à se réarmer ou à renforcer leur arsenal. L’épreuve de la guerre en Ukraine et celle de Gaza inquiètent les acteurs de la communauté internationale. C’est un mouvement global de réarmement qui s’opère sur la planète. Pour participer activement au jeu du multilatéralisme et à la diplomatie, il faut aussi des équipements militaires pour participer aux actions collectives de paix ou soutenir des pays en difficulté. 

Un bon signe

Jeudi dernier, le ministre de la Défense Sébastien Lecornu, recevait le ministre d’État aux Affaires de la Défense qatari, en amont de la visite de l’Emir. Le Qatar est un des plus gros importateurs d’armes au monde avec l’Inde : les deux pays se placent devant l’Ukraine. Au-delà de la diplomatie, le Qatar a multiplié les visites dans l’hexagone pour tenter de nouer plusieurs accords commerciaux qui auraient dû aboutir depuis dix ans avec Nexter, le groupe français qui propose aux forces armées qatariennes des VBCI (véhicules blindés). C’est aussi l’un des enjeux de la visite de l’Emir, alors que Doha hésite encore avec l’allemand Rheinmetall qui produit le Boxer et les véhicules du groupe turc BMC. On parle de centaines de blindés et de contrats de plusieurs centaines de millions d’euros.

Tout à tour, Nexter s’est retrouvé bien placé puis rétrogradé dans l’appel d’offres du Qatar. Il est revenu dans la compétition après que les relations entre Paris et Doha se soient réchauffées. Il faut dire que la période royale des relations franco-qataries du temps de Nicolas Sarkozy, avait laissé la place à une ère de dynamisme sous Hollande avec l’Arabie Saoudite, et qu’au cœur de la crise du Golfe de 2017, Emmanuel Macron avait penché largement dès son arrivée à l’Elysée en faveur des Emirats. Aujourd’hui, le rétropédalage a fonctionné, malgré les crises, de-ci, de-là, qui règnent à Paris autour du Qatar, et notamment du PSG et du refus d’Anne Hidalgo de vendre le Parc des Princes au club sportif. L’Émir du Qatar ne se déplace pas pour rien : s’il vient, il y a fort à parier que ce soit plutôt très bon signe pour l’industrie militaire française. 



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est chercheur en sciences politiques associé à l’ULB (Bruxelles) et à l’UQAM (Montréal). Publications récentes: "Les Emirats Arabes Unis à la conquête du monde" (2021, MAX MILO), "Les nouvelles menaces mondiales: La grande pandémie du déni" (2021, Mardaga).

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