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Macron: deux fillonistes disent non


Macron: deux fillonistes disent non
Emmanuel Macron. Sipa. Numéro de reportage : 00785161_000009.
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Emmanuel Macron. Sipa. Numéro de reportage : 00785161_000009.

En militants fillonistes, c’est sans amertume – et sans surprise, au fond – que nous avons pris connaissance des résultats du premier tour de l’élection présidentielle. François Fillon n’a pas réalisé un score à la hauteur de nos attentes. Ainsi va la démocratie, et c’est tant mieux. En revanche, nous sommes profondément atterrés de la tournure qu’a pris cette drôle de campagne.

Les médias ont tué Fillon

Atterrés de s’être fait voler, non pas l’élection qui n’appartient qu’au peuple souverain, mais le débat qui la précède. Sans nous prononcer sur le fond des dossiers, car nous n’y avons pas accès, n’étant ni magistrats ni journalistes chez Mediapart, mais attachés à la présomption d’innocence qui, rappelons-le, demeure un principe constitutionnel, nous regrettons que les aboiements de la meute aient couvert la parole démocratique et l’échange d’idées à un moment où notre pays en avait tant besoin. Doit-on rappeler les enjeux de cette élection ? Transition écologique, terrorisme, emploi, construction européenne… La campagne s’annonçait si riche d’idées à l’heure où chacun avait pris conscience qu’il était indispensable de changer de paradigme. Et Benoît Hamon, inaudible sur le revenu universel, ne nous démentirait pas.

Atterrés de constater que les médias se sont enfin assumés comme le premier pouvoir ! Le vainqueur annoncé depuis deux ans à la primaire de la droite et du centre avait été battu par une vague démocratique que nul n’avait su prédire. Après tout, Chirac avait raison de dire « prédire est très difficile, surtout lorsqu’il s’agit de l’avenir ». Qu’à cela ne tienne ce serait la curée médiatique, jusqu’à finir par parler amour, fringues et bracelets ! Ainsi, la campagne s’est-elle achevée sur les exclusivités hautement politiques de l’hebdomadaire Closer… Entre-temps, une unanimité affichée pour Emmanuel Macron faisait jouer ensemble dans une harmonie déconcertante les premiers violons des grands médias. En contrepoint, le traitement des affaires dans la campagne de François Fillon donnait le sentiment d’un acharnement. Pas de fausse note sur les chaines d’info en continu !

Le dauphin de Hollande

Par ailleurs, comment ne pas soupçonner l’Elysée d’avoir orchestré la chute du candidat de la droite pour favoriser l’ascension du dauphin de François Hollande ? Un Président ne devrait pas faire ça… surtout lorsqu’il ne parvient pas à égaler le génie machiavélien d’un Mitterrand qu’il n’a jamais réussi à pasticher.

Atterrés, et même déçus, de voir certains cadres de notre parti lancer un appel presque unanime à voter pour Emmanuel Macron après avoir justement martelé au long la campagne qu’il n’était autre que l’héritier du quinquennat Hollande. A croire que certains élus, et même, certains militants n’attendaient que l’élimination du candidat Fillon pour rallier le chouchou des sondages. Une défaite de leur candidat à la primaire de novembre leur avait laissé un goût amer. A tel point que certains d’entre eux avaient déjà essayé de retrouver la super pêche au mois de mars, semant la division au sein de la droite. C’est cette division qui a coûté l’élection à François Fillon. Aujourd’hui, beaucoup au sein des Républicains appellent à se mettre en marche ; ce faisant, ils nous tirent une balle dans le pied. Arriverons-nous aux législatives en rampant ? D’autres, ailleurs, ont compris la vertu qu’il y a à demeurer insoumis.

Atterrés par la droite française qui se cache et n’ose pas son coming-out idéologique. Gênée sur sa droite par un Front national toujours plus fort, et sur sa gauche par une culpabilisation morale permanente, pourquoi la droite ne revendiquerait-elle pas une ligne propre et assumée ? La mémoire de la droite est plurielle, René Rémond l’avait parfaitement décrite ; il s’agit néanmoins d’une réalité sociologique solidement installée dans notre pays. Nous nous voyions déjà en haut de l’affiche, nous nous sommes épargnés le nécessaire combat idéologique, nous voilà désormais défaits. Nos convictions divergent de celles d’Emmanuel Macron. Comment pourrions-nous nous opposer demain à sa politique si nous lui offrons un blanc-seing aujourd’hui ? Participer à l’élection d’Emmanuel Macron, c’est, pour nous, hors de question !

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sont étudiants à l'IEP de Bordeaux.

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