Accueil Monde Devant l’ambassade d’Algérie, le soutien à Boualem Sansal se fait entendre

Devant l’ambassade d’Algérie, le soutien à Boualem Sansal se fait entendre

L’Algérie bâillonne, la France chuchote


Devant l’ambassade d’Algérie, le soutien à Boualem Sansal se fait entendre
© Arnaud Vrillon

Les courbettes du quai d’Orsay et les numéros de charme de l’Élysée n’ont hélas rien pu y faire : six mois après son arrestation à Alger pour délit d’opinion, notre ami et concitoyen Boualem Sansal est toujours détenu par le régime despotique d’Abdelmadjid Tebboune. Ce vendredi, le comité de soutien de l’écrivain est allé dire sa colère et son soutien sous les fenêtres de l’ambassade d’Algérie à Paris.


Triste anniversaire ! Ce vendredi 16 mai marque les six mois d’incarcération en Algérie de Boualem Sansal. À cette occasion symbolique, plusieurs amis de l’écrivain se sont rassemblés, devant l’ambassade d’Algérie à Paris pour exiger sa libération immédiate, alors qu’il vient d’être condamné à cinq ans de prison au terme d’un procès fantoche.

Plaidoyer vibrant de Jean-Michel Blanquer

De nombreuses personnalités ont pris la parole : Jean-Michel Blanquer, Pascal Bruckner, Alexandre Jardin, Noëlle Lenoir, Shannon Seban (présidente de Renaissance en Seine-Saint-Denis, Eve Szeftel (directrice de la rédaction de Marianne) et Jean-Marie Laclavetine, l’éditeur de Boualem Sansal chez Gallimard. Tous sont venus à l’appel d’Arnaud Benedetti, directeur de la Revue politique et parlementaire et président du comité de soutien à Sansal. Signalons aussi la présence remarquée dans le public de Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger.

Parmi les discours, celui de Jean-Michel Blanquer a résonné comme un plaidoyer vibrant pour la liberté d’expression. « Cette affaire n’est pas simplement une affaire franco-algérienne, a-t-il affirmé. C’est une affaire universelle, car on parle d’un homme de 80 ans, malade, emprisonné arbitrairement pour ses idées, pour ce qu’il a écrit, alors qu’il n’a fait de mal à personne. Il n’a commis aucun délit caractérisable dans un pays démocratique. »

A ne pas manquer, Arnaud Benedetti: Sansal: le martyre doit cesser

Pour l’ancien ministre de l’Éducation, l’enjeu dépasse le sort individuel de Boualem Sansal : « C’est un combat entre une démocratie et un autoritarisme. Nous aimons les Algériens, et c’est précisément parce que nous les aimons que nous soutenons les Algériens libres — c’est-à-dire Boualem Sansal. »

Emprisonné pour des idées

Pascal Bruckner a eu quant à lui des paroles plus tranchantes : « Le pouvoir algérien, en tout cas, nous déteste. Mais il ne peut pas vivre sans nous. Il adore nous détester. » S’en prenant directement au président de la République, il a lancé : « Qu’est-ce qui empêche Emmanuel Macron de faire enfin le geste nécessaire pour obtenir la libération de Boualem Sansal ? Le sort de ce dissident algérien est entre les mains de notre gouvernement. »

Une interpellation reprise par l’écrivain Alexandre Jardin : « Il faut que tous nos citoyens sachent que s’ils sont emprisonnés pour leurs opinions dans le monde, leur État va les défendre. Il faut qu’on sache qu’on a un président qui est vraiment derrière. Donc on lance un appel à cet homme qui est le président de la République : garantissez la sécurité de chacun des Français emprisonnés pour leur opinion ! »

Même Shannon Seban, pourtant membre de la majorité présidentielle, a exhorté à un changement de ton : « Il faut durcir le ton face à ce régime algérien qui n’a de cesse de nous défier chaque jour. Je suis déterminée, totalement, à faire bouger les choses. »

À défaut d’avoir fait trembler le régime algérien, ce rassemblement aura réveillé quelques consciences, espérons que celle du président de la République en fasse partie…



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Jean Raspail, la pythie de Patagonie
Article suivant Tant qu’il y aura des films

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération