Messieurs les curés, tirez les premiers!


La nature a horreur du vide. L’islam aussi. Les mosquées en France sont pleines à craquer et on en manque cruellement pour étancher la soif de Dieu de centaines de milliers de fidèles. Les églises en France sont vides, sans parler de celles, fort nombreuses, qui sont désaffectées, faute de catholiques vraiment pratiquants. Fort de ce constat, Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, a suggéré qu’on remplisse ces édifices religieux de musulmans qui n’ont pas où prier. Une sorte de DAL (droit au logement) dont bénéficierait l’islam sans abri…

Pour appuyer sa supplique, le saint homme a expliqué que les deux religions révéraient le même Dieu et que leurs rituels étaient, somme toute, très proches. Je vais souvent dans les églises. Je n’y ai vu aucun catholique déchaussé et prosterné. En revanche, j’ai pu constater la très forte présence, tableaux et vitraux, de la maman de Jésus, ce dernier étant également représenté les bras en croix. Je vais parfois dans les mosquées. Je n’y ai vu aucune image de Mahomet, le Jésus de chez eux : c’est interdit sous peine de mort. Et je n’y ai entendu aucun équivalent oriental du Dies irae ou du Te Deum. Mais bon, M. Boubakeur doit savoir des choses que moi, pauvre mécréant, j’ignore…

Les propos du recteur de la Grande Mosquée de Paris ont suscité une mini-tempête à droite. Non, non et non ! Jamais ça ! La charge symbolique de la suggestion de M. Boubakeur est en effet tout sauf légère. On pouvait s’attendre à voir des curés révoltés arborer un badge « Touche pas à mon clocher ». On pouvait imaginer que des cardinaux et des évêques indiqueraient à M. Boubakeur en termes amicaux (la guerre n’est pas à leur ordre du jour) que sa suggestion est « inopportune ». Rien. Nib de nib. Que dalle. L’Eglise de France s’est habituée à tendre l’autre joue. Et elle respecte scrupuleusement l’enseignement du Christ, « Rendez à César ce qui est à César », même si César s’appelle en l’occurrence Mahomet.

Maintenant il nous faut faire appel à un autre sage que Dalil Boubakeur : M. de La Palice. Si les églises sont vides, c’est qu’elles ne sont pas pleines, aurait-il dit. Si elles étaient pleines, M. Boubakeur n’aurait pas essayé d’exercer sur elles un droit de préemption. C’est aux catholiques de les remplir ! C’est à l’épiscopat français de dire que la foi catholique lui paraît préférable à toute autre (c’est quand même le job pour lequel ils sont payés).

Nous ne sommes pas à Fontenoy avec sa guerre en dentelles. Messieurs les curés, tirez les premiers ! La maison brûle et ne croyez pas que c’est avec de l’eau bénite que vous allez éteindre l’incendie. Sinon ne venez pas pleurnicher quand vos églises connaîtront le sort de Sainte-Sophie de Byzance devenue Constantinople.



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est journaliste et essayiste

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