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Comprendre François grâce à Charles


Comprendre François grâce à Charles

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La revue Charles, pour sa huitième livraison, a eu le nez creux. Ce magbook trimestriel dédié à la politique sort ces jours-ci dans les bonnes librairies et les principaux magasins de presse. Comme l’a confié son rédacteur en chef Arnaud Viviant, dans sa petite allocution pour le lancement du numéro à la Libraire L’Acacia (33, boulevard du Temple), le soir même de la conférence de presse présidentielle, l’idée de consacrer un dossier à François Hollande remontait à quatre mois. Et il y a quatre mois, quand il avait eu ce projet, on l’avait regardé avec la commisération que l’on réserve aux gens qui ont des conduites automutilatoires voire suicidaires. François Hollande ne faisait pas vendre, mais alors pas du tout.

Revanche éclatante : on lira Charles comme l’indique le titre de ce dossier substantiel pour « Comprendre François Hollande » sans qu’il ne soit dans pourtant question ni du virage libéral ni du virage libidinal du Président. Ce qui n’est pas plus mal car on oublie que bien avant ces revirements politico-sentimentaux qui mêlent amour, gloire, beauté et câlins appuyés au Medef, François Hollande était déjà un mystère, à force de transparence doucement amorphe, de plasticité sans aspérité, de présence bizarrement vaporeuse. Pas de révélation fracassante donc, mais une multitude d’éclairages qui sont tous extrêmement intéressants.

Et d’abord ce long récit de Rachid Kasri recueilli par Julien Chabrout.  Rachid Kasri fut le chauffeur et le garde du corps de Hollande dans les dix années qui précédèrent son arrivée à l’Elysée.  Il n’y a pas de grand homme pour son valet disait Hegel mais comme Rachid Kasri n’est pas un valet et François Hollande sans doute pas un grand homme, on se retrouve en présence d’un texte où la proximité de deux hommes permet de saisir Hollande dans une manière d’intimité « extime ». Un Hollande plus shooté à la lecture minutieuse de  la presse qu’aux gâteaux au chocolat,  et qui ne s’énerve jamais même quand Kasri ne voit rien venir lors de l’enfarinage de son patron en plein meeting de campagne. Kasri n’est pas dans les alcôves mais il est présent lors des coups de barre, des doutes et aussi des fous rires, des vacheries sur les copains, de la complicité avec un journaliste du Canard enchaîné que Hollande a fourni en échos pendant des années.

On trouvera aussi, dans Charles, une interview fleuve de Jean-Pierre Mignard, membre du Parti socialiste qui fut l’avocat et l’ami du couple Hollande-Royal, au point même de présider l’association Désirs d’avenir de Ségolène. Mais là, c’est de Hollande qu’il parle et comme il en parle sur les trente-cinq dernières années, on a aussi en creux une histoire instructive du Parti socialiste et de sa lente mue social-démocrate, via la création des « transcourants ». Mue dont la conférence de presse présidentielle du 14 janvier apparaît soudain comme une conclusion logique.

Tout cela est accompagné de portraits du président vu par Franz-Olivier Giesbert ou Julien Dray qui déclare sans trop prendre de risque, « On ne le transformera pas en Johnny Hallyday.» On retiendra aussi la fascination agacée de Raymond-Max Aubert, ancien camarade de promo à l’ENA,  qui s’est fait souffler la ville de Tulle et la députation par ce socialiste plus chiraquien que Chirac quand il s’agit de faire campagne localement.

Et on laissera le mot de la fin à Christian Brugerolle, ancien des MJS qui réussit l’exploit d’être jeune et socialiste, et même jeune et Hollandais : « François Hollande est le président le moins populaire de la République depuis que les sondages d’opinion existent. Je continue de m’accrocher au bastingage, le ciel va se dégager. Vous  verrez. »

Ça, pour se dégager, depuis dix jours, ça se dégage…

Charles n°8, « Comprendre François Hollande », La Tengo Editions.

 

*Photo : Charles.



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