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On l’a échappé belle !


photo : Parti socialiste

Il y a du Stavisky dans cette affaire. Je fais ici allusion au fait divers qui a failli emporter la IIIème République en 1934. À propos de DSK, on a sans doute raison de parler de séisme, mais on sait désormais qu’après le séisme vient le tsunami qui peut être plus dévastateur que le séisme lui-même.
De quoi s’agit-il ? Tout simplement de la faillite des élites.

Ceux qui croient pouvoir exonérer la droite se trompent lourdement. Nicolas Sarkozy confiait en privé à qui voulait l’entendre qu’il ne craignait absolument pas DSK comme challenger car il était certain qu’une affaire de mœurs sérieuse ruinerait son image avant la fin de son mandat au FMI. En plus de témoignages directs, le Président disposait sans doute de fiches des RG étayant sa conviction. Et sachant cela, il a tout fait pour faciliter sa nomination au FMI ? On mesure aujourd’hui toutes les conséquences de cette irresponsabilité: le spectacle atterrant du Directeur général du FMI menotté et encadré par deux policiers est une humiliation ressentie par tous les Français.

Venons-en aux hiérarques de gauche. « Ça ne ressemble absolument pas à DSK », « ce ne correspond absolument pas au Dominique que nous connaissons » . Ces phrases tournent en boucle depuis dimanche dans le logiciel socialiste. Or il semble bien que, justement, « ça ressemble à DSK » ! Ça lui ressemble même tellement que depuis plusieurs années, de nombreuses affaires allant du harcèlement à la tentative de viol pur et simple sont connues de tous. C’est précisément à ces affaires que faisait allusion Sarkozy dans ses conversations privées. Sans savoir exactement, personne ne les ignorait complètement, mais nous étions tous complices, soulagés de nous soumettre à la chape de plomb imposée. Au nom du sacro-saint respect de la vie privée. Mais s’agissait-il de vie privée ou d’affaires délictueuses voire criminelles ?

On ne saurait, enfin, disculper les médias qui n’ont jamais enquêté sérieusement sur ces affaires. Cette discrétion de violette ne s’explique pas seulement par le respect dû à la vie privée, surtout en France, mais aussi par une espèce de gauloiserie qui voit en tout dragueur un champion potentiel sans admettre qu’au-delà de la drague, certains comportements relèvent de soins intensifs en établissement psychiatrique.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Nous ne savons pas ce qui s’est passé dans la chambre 2806 du Sofitel de Manhattan. Mais la probabilité pour que quelque chose de grave ait eu lieu est franchement élevée. Il y a quelques mois, DSK déclarait aux journalistes de Libé qu’il s’attendait à toute provocation de cette nature du fait de sa réputation sulfureuse, ce qui prouve qu’il lui arrivait d’être lucide. Mais d’où venait cette réputation, d’un complot ? Cette fumée était-elle née par génération spontanée en l’absence du moindre feu ? Et puisqu’il se savait attendu au tournant, n’aurait-il pas dû se montrer plus irréprochable que la femme de César elle-même ? En supposant même qu’il soit tombé dans un piège, cela prouve au minimum son incapacité à maîtriser sa propre destinée. Un acte manqué en quelque sorte. Selon l’hypothèse la plus extrême (et probable), DSK aurait cédé à une pulsion incontrôlable et commis l’irréparable. Dans tous les cas on tremble à l’idée que cet homme aurait pu devenir Président le République. Et on se félicite que la pulsion ait contrarié l’ambition à temps.

Le bilan est pour le moins atterrant. Voilà donc des mois que le microcosme médiatico-politique fabrique un champion présidentiel présenté comme le Messie venu nous délivrer du sarkozysme. Les sondages lui promettent une élection à 60 % des voix, on vante son action exemplaire au FMI, on salue sa vision d’une gauche moderne et rénovatrice… Depuis Jacques Delors, on n’avait pas vu un tel engouement. Bref, on était au nirvana et on se retrouve avec un psychopathe présumé complètement irresponsable. Et tous savaient au moins que le « terrain DSK » était complètement miné et que chacune de ces mines pouvait nous péter à la gueule à tout instant. L’explosion a eu lieu samedi et elle détruit tout sur son passage.

Comment ne pas comprendre que cette duperie va provoquer des ravages énormes dans une opinion déjà travaillée par le populisme, et favoriser la montée en puissance de Marine Le Pen ? Elle a été la première à comprendre tout le parti qu’elle pouvait tirer de ce scandale planétaire. Le tsunami travaille aujourd’hui dans les profondeurs de la société. Où s’arrêtera-t-il ?



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Xavier Théry travaille dans un grand groupe de communication.

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