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Roms : ne faites pas comme les Roumains


Roms : ne faites pas comme les Roumains

Voleurs de poules, assistés sociaux voire exploiteurs de gosses transformés en mendiants professionnels : les clichés sur les Roms sont régulièrement dénoncés. À raison bien sûr dès lors qu’ils reposent sur la généralisation malheureuse de fragments de réalité : comme toujours, les braves gens payent pour les délinquants. Je crois cependant pouvoir déclarer scientifiquement que les Roms (en l’occurrence je parle de ceux de Roumanie et de Bulgarie) sont complètement idiots. Et peut-être structurellement masochistes.

Le Times sent un parfum de Gestapo

Je ne vois pas d’autre explication au fait qu’ils s’obstinent à quitter en masse des contrées merveilleuses où règnent la tolérance et les droits de l’homme pour venir – et même revenir – se faire maltraiter dans un pays raciste, xénophobe, menacé par un « dérapage populiste ». Et quand il dit ça Tedor Baconschi, le ministre roumain des Affaires étrangères, est poli. C’est que, comprenez-vous, il a peur qu’on ressuscite des « souvenirs déplaisants ». Pour les mal-comprenants, le Times de Londres a été beaucoup plus clair en affirmant que les expulsions de Roms rappellent « les déportations » et « la Gestapo ». Qui dit mieux ? Désolée, mieux dans l’horreur, on n’a pas.

On peut dire que la politique du gouvernement français est une gesticulation absurde puisqu’elle consiste à expulser des gens qui seront autorisés à revenir mais n’auront pas le droit de travailler ce qui revient à leur donner le choix entre délinquance et assistanat – ce joli montage ayant été négocié sous la houlette européenne. Les clameurs de vertu outragée qui, de Washington à Bruxelles, s’élèvent contre la France, n’en sont pas moins insupportables. Rappelons simplement que les déportés – notamment tziganes – ne se voyaient pas remettre un pécule pour repartir et que les menaces qui pesaient sur eux n’avaient pas grand-chose à voir avec un contrôle fiscal.

Bucarest, la paille et la poutre

Il était déjà un fort agaçant que l’ONU réprimande la France quand on se rappelle que sa propre commission Théodule des droits de l’homme est contrôlée par des pays aussi irréprochables que la Lybie, la Syrie ou l’Iran. L’hypocrisie de la commissaire européenne récitant le catéchisme de la libre circulation alors qu’elle sait parfaitement que la « question rom » relève de l’Union (qui n’a évidemment aucune idée pour la régler) avait de quoi énerver tout comme les froncements de sourcils du Département d’Etat américain. Mais que le gouvernement roumain fasse l’indigné, voilà qui est carrément indécent. Vieille histoire de paille et de poutre.

Si les Roms de Bulgarie et de Roumanie ne souffraient pas dans leurs pays de discriminations, voire, qui sait, de racisme, peut-être seraient-ils moins enclins à émigrer. Certes, les Roms de Roumanie ne sont pas expulsés du pays, mais comme le pointe Amnesty International, de leurs maisons : voilà qui qualifie Bucarest pour jouer l’arbitre des élégances antiracistes. Quant à l’accueillante Bulgarie, elle peut s’enorgueillir d’avoir un parti politique qui a fait campagne il y a quelques années en réclamant qu’on « transforme les Tziganes en savon » – vous avez bien lu. Pour le reste, il vous suffira de chercher. Mais tout cela n’est rien comparé aux atrocités commises par l’odieux gouvernement français avec la complicité passive d’un peuple de collabos. Entre nous, si un gouvernement fascistoïde sévit à la tête d’un pays européen et que cette bonne Union ne fait rien, c’est qu’elle est bonne à jeter dans les poubelles de l’Histoire. Mais ce n’est pas le sujet.

La France montrée du doigt, les médias adorent

Le plus consternant est la délectation, la joie mauvaise comme disent les Allemands, avec laquelle les propos les plus outranciers sont repris en boucle. La France montrée du doigt, quelle aubaine ! Bien sûr, il s’agit toujours de la France des autres, celle des Dupont-la-joie qui ne hurlent pas de bonheur quand un campement rom s’installe à côté de chez eux. De plus, il est si bon de se battre la coulpe sur la poitrine du gouvernement. Et plus facile que de se demander ce que pourrait être une politique migratoire humaine, réaliste et cohérente – ce qui, il est vrai, n’est pas une mince affaire. Seulement, l’objet de cette effervescence indignée n’est pas de réfléchir à des solutions mais de gagner le concours de la plus belle âme.

Il faut donc rappeler une fois de plus que la France prend sa part de la misère du monde. Sans doute pas très bien, peut-être pas assez mais elle le fait. Les citoyens maugréent parfois, il leur arrive d’avoir de mauvais sentiments mais les contribuables financent – et c’est heureux. Les prêchi-prêcheurs professionnels devraient trouver une autre ritournelle : brandir les années noires ne fera pas d’eux des Jean Moulin. En revanche, à force de se faire insulter, les Français vont s’énerver. Et quand ils s’énervent, ils ne sont pas plus malins que les autres.



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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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