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Asie : le libre-échange, mais ailleurs


Asie : le libre-échange, mais ailleurs
Le protectionnisme fleurit au pays du président Mao.
Mao
Le protectionnisme fleurit au pays du président Mao.

C’est un des mythes les plus tenaces de la théorie économique : le développement du Japon, de la Corée du Sud et de la Chine démontrerait les bienfaits du libre-échange. Et si c’était l’inverse qui était vrai ?

Libre-échange chez les autres, protectionnistes chez eux

En fait, la réalité du développement économique de ces pays est tout autre. Les plus grandes puissances économiques du Sud-est Asiatique comptent sur l’ouverture commerciale des autres pays pour pousser leur exportation le plus loin possible tout en protégeant fortement leur marché intérieur et leurs entreprises. Ce n’est pas un hasard si plus de 95 % des voitures vendues dans ces trois pays sont produites localement, contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis et en Europe.

L’exemple de la Chine est particulièrement parlant. Il y a une vingtaine d’années, ce pays a décidé de développer une industrie automobile. L’Etat a donc mis en place des droits de douane de plus de 100 % sur les importations de véhicules, imposant à tous les constructeurs d’ouvrir des usines de montage sur place. Et pour s’assurer un transfert de technologie, la Chine a également imposé qu’un partenaire local détienne la moitié de l’entreprise. Dans un second temps, la Chine a remonté les droits de douane sur les pièces détachées pour faire venir l’ensemble de la filière sur son territoire.

Ensuite, une fois la pompe amorcée, les droits de douane sur les véhicules importés ont été diminués (à 35 % tout de même) et les anciens partenaires des constructeurs occidentaux se sont lancés eux-mêmes dans la production leurs propres véhicules, souvent des copies de modèles occidentaux au démarrage. Finalement, la filière s’apprête à passer bientôt à la phase ultime – l’exportation.

Un modèle dirigiste, protectionniste et patriote

Même si le chemin n’est pas exactement le même, il est difficile de ne pas voir dans la politique de la Chine une réplique du modèle japonais. Les pays asiatiques ont compris qu’une ouverture anarchique et dogmatique de leur marché intérieur les empêchera de construire une forte industrie locale. Comme une jeune pousse, une Il une industrie naissante a besoin de protection pour lui permettre de se développer, se renforcer et, en fin de processus, se tourner vers l’exportation. Voilà ce que montre le modèle asiatique.

Et d’ailleurs la douane n’est pas le seul outil utilisé par les pays asiatiques conservent une protection de leur marché intérieur. Comme le montre l’article de Hexaconso publié par Marianne2, normes et des règlements sont aussi mobilisées pour favoriser les industries locales au détriment des industriels occidentaux. Ce patriotisme économique donne une base arrière solide aux entreprises locales, qui, grâce aux prix plus élevés obtenus sous le parapluie protecteur de l’Etat, assure une stabilité propice aux investissements pour l’avenir.

Le modèle de développement asiatique, bien loin des idéaux néolibéraux, est dirigiste, protectionniste et patriote. À travers une politique industrielle menée dans la durée, l’Etat donne une direction ferme à l’économie et protège son territoire national de l’anarchie commerciale. En gros, ce modèle de développement est l’exact contraire de la voie suivie par l’Europe d’aujourd’hui, libérale, libre-échangiste et supranationale. La divergence des taux de croissance donne sans doute une bonne indication de la pertinence des deux modèles



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Laurent Pinsolle tient le blog Gaulliste libre.

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